Le pas nu dans la neige des terres reculées du royaume d'ivoire et les lèvres doucement étirées, Babylone murmure à la forêt des douceurs enchantées. Un air guilleret qu'elle entonne les yeux fermés tandis qu'elle avance lentement. Il fait si frai qu'elle ne sent qu'à peine le froid lui brûler la peau, mais ça ne la dérange au contraire ! Elle a besoin encore d'apprivoiser l'endroit, de lui dire avec tendresse à quel point elle l'aime, à quel point il est magnifique. Alors Babylone se fiche bien des égratignures, ce ne seront pas les premières à venir gratter son épiderme.

Le craquement des brindilles et la si légère couche de blanc sous ses pieds lui arrachent un soupir léger. Elle pose un nouveau pied au sol alors, et puis un autre, encore un autre ! Pleins de petits pas, de petits bruits qui, couplés aux chants des oiseaux et à sa bonne humeur créent l'une des plus belles symphonies. Inspire lentement tout l'air si pur dont elle est capable, elle étend ses bras prête à accueillir l'univers entier en son sein avant de soupirer d'aise bruyamment.

Ouvre les yeux finalement, tourne lentement pour contempler les bois tout autour d'elle avant de se laisser tomber soudainement, elle et son petit sac, sur un tronc tout près.

— Oh ! Ce n'est pas bien beau tout ça... lâche-t-elle en posant un regard sur ses pieds.

Leur couleur virait entre le bleu, violet et le rouge -elle ne prête pas attention à la douleur, mais elle sait que si elle souhaite les garder encore un peu, il est grand temps de les couvrir.

— Bon.

Le geste tranquille, elle s'affaire à sortir de son sac sa paire de bottes fourrée qu'elle pose au sol ainsi qu'un peu de fourrure qu'elle enroule autour de ses pieds pour les réchauffer progressivement.

Il est discret, le doux mouvement de la neige sous tes pattes mais elle l'entend, tu sais ? Babylone concentrée n'aurait su en louper la moindre intonation, alors tandis qu'elle se réchauffe activement il y a ce sourire qui s'étire joyeusement à ses lèvres. Si tu savais comme elle est contente de te voir Cassie, elle ne peut même s'empêcher de d'exclamer ton nom à haute voix, l'intonation chaleureuse tandis que ses doigts se perdent dans ta fourrure presque trop tendrement. Ton museau la chatouille, ça lui arrache un petit rire avant qu'elle ne vienne y frotter doucement sa joue.

Et puis, tu demandes, Cassie si belle humaine que tu es redevenue.
Alors Babylone pose une main sur ta tête et laisse l'autre glisser de ta joue sous ton menton qu'elle ne peut s'empêcher de chatouiller, tout en fronçant son nez d'un air amusé.

— Ma condition d'humaine mortelle exige quelques concessions.

Car si son âme n'a jamais froid, son corps est effectivement congelé.
Après avoir récupéré un peu de chaleur, elle enfile prestement ses chaussures pour te suivre, ses doigts entrelacés aux tiens dans un silence tranquille, simplement coupé d'une douce mélodie chantonnée du bout des lèvres. Elle est heureuse Babylone.

Entre dans la grotte alors, après un moment. Elle au centre qui s'installe, en tailleur, la fourrure glissée sur ses genoux, face à toi restée à l'extérieur.

— Pourquoi t'es là ?
Un sourire à ses lèvres.
Je te manque ?

— Tu me manques, Cassie.
Je te manque aussi ?

Douce Babylone au regard si tendre lève une main vers toi.
Dis Cassie.

— Tu es si loin... Tu n'entres pas ?

Elle aimerait pourtant que tu sois si proche d'elle, le museau contre sa joue comme avant. Mais à la place tu te retrouves si loin, si loin que ça lui en fendrait presque le coeur si elle était sûre d'en avoir un.

Repose sa main sur la fourrure.

— Pourquoi ?

Tu n'as pas besoin de te cacher jolie Cassie. Pourquoi retiens-tu cette tristesse ? Il ne faut pas ! Ce n'est pas bien. Montre-lui, Cassie. Montre-lui tout de toi -comme tu as besoin d'elle (comme elle a besoin de toi).

— Morts...

Ce mot a une consonnance si particulière à ses yeux qu'elle doit le répéter. Une fois tout haut et des dizaines de fois à l'intérieur de sa tête. Ils sont morts. Morts morts morts morts morts. Ils ne reviendront pas, ils t'ont abandonnée.

Tes lèvres que tu mords, elle a un léger bruit de langue agacée. Babylone déteste te voir comme ça, tu ne le mérites pas. Il ne faut pas, Cassie, tu n'as pas le droit ! Toi tu dois réchauffer son coeur tu comprends ? C'est si triste de te savoir si mal. Ils sont fantômes.

— Non je n'en ai pas. Mes fantômes à moi sont tous en vie.

Alastor.
Toi.

Vous êtes ses fantômes et elle ne supporterait pas votre disparition.
Ça la rendrait folle.

Un petit sourire vient repeindre ses lèvres précédemment crispées tandis qu'elle lève de nouveau sa main pour la tendre vers toi.

— Rejoins-moi, s'il te plaît...
Il faut affronter tes fantômes jolie Cassie.

— Il ne faut pas que les esprits te perdent, Cassie. Sinon il sera trop tard !

Ne me laisse pas toute seule ici...
Viens avec moi.