Les pas sont lourds pour ceux d'une minus qui franchit les portes du moulin rouge. Nullement impressionnée par les corps dévêtus (quoiqu'un peu admirative et jalouse), c'est ceux des beaux garçons qui provoquent l'émoi adolescent. Tu déglutis mais fronces les sourcils, serres la poigne sur ton épée que tu ranges à ta ceinture puis entres.
Te fais tout de suite recaler par le garde à l'entrée.

— « T'as pas l'âge requis. »

Tu recules d'un bon, agressive d'être ainsi infantilisée. Les mains derrière le dos, tu bombes le torse et articules d'un ton agaçant et fort.

— « Je suis soldat de la deuxième division de l'armée de sa Majesté la Reine. Me manquer de respect, c'est manquer de respect à Juliette de Crims elle-même. Tu ne voudrais pas qu'on te coupe la tête n'est-ce pas ? »
— « Pas de ça avec moi gamine, tu rentres pas ici c'est tout. C'est pas un moulin. »
— « C'est un moulin... MON AMI TRAVAILLE ICI ET JE SUIS DEJA VENU ! »
— « M'oblige pas à te dégager à coup de pied aux fesses. »
— « ALEEEEC ON REFUSE DE ME LAISSER ENTRER ! »

Tu tapes du pieds et croises les bras sur ta poitrine, attends qu'il se ramène. Il t'a forcément entendu, t'as fait exprès d'utiliser ta voix stridente et nasillarde.
Quand enfin, tu l'aperçois se rapprocher derrière l'armoire à glace du garde, tu te faufiles telle une souris et te jettes dans ses bras.
Rougis un peu alors qu'il est torse nu, aaah les hormones de la jeunesse. Tu te reprends et sautes au sol, faisant couiner ton armure.

— « Yo mec, ça va ? »

Tu plisses les yeux quand il avoue les aimer jeunes. Il te fait quoi là ? Et pourquoi t'as le coeur qui bat à cent à l'heure ? Ah ouf. C'était une blague. Genant un peu quand même.
Tu lâches ton plus beau sourire au dénommé Gale, qu'il se la ferme avec un nom aussi à chier. Tu le détestes, t'espères qu'il mourra bientôt ce sale type. Qu'il se cassera la figure accidentellement dans les escaliers par exemple. Ah ! Alec t'interpelle.

Tu passes tes mains derrière ton dos et minaudes un peu (en parodiant les belles dames), passes une main dans tes cheveux en surjouant.

— « Ouai t'as vu ça me va bien hein ? »

Il n'est pas comme d'habitude. Il a des cicatrices pas jolies sur le corps, et il a moins la tchatche que d'habitude. Tu fronces les sourcils en voyant les marques puis te rapproches de lui quand il t'entraine vers la cuisine du moulin.

— « Entier oui, mais abimé quand même. Enfin, je sais pas. Il t'est arrivé quoi pour que tu te la joues plus ténébreux que d'habitude ? »

Il va te payer un jus, tu te sens presque outrée du fait qu'il ne t'offre pas une bière. Mais bon, l'attrait des trucs gratuits.

— « Ok je te suis. Mais je peux boire de l'alcool tu sais ? Comme avec vous la dernière fois avec John, c'était super bon. »

Tu le suis dans la cuisine et t'assois sur une petite chaise, à une table de bois. L'observes préparer et se servir dans les placards.

— « Tu m'inquiètes t'as mauvaise mine. »

T'as l'impression qu'il fait semblant, qu'il te ment ou qu'il joue un rôle. Mais d'un autre côté, pas tellement. Tu comprends pas trop Judy mais il est drôle alors tu rigoles.

— « Evidemment ! Je suis juste trop forte en fait. Hier avec Knave, j'ai exécuté mon premier traitre ! »

Tu lèves la bière à cette information !
Il doit célébrer avec toi, tu ne te rends pas compte. Pour toi c'est normal Judy, et même que c'est vraiment exceptionnel. Le valet te fait confiance, ça te rend vraiment toute chose. Tu exultes de confiance Judy - en toi mais pas en lui. Alec te cache quelque chose alors tu secoues le menton de haut en bas pour approuver. Si Mère Grand arrive pas question de dénoncer ton super grand frère.

Tu fais la grimace quand l'alcool coule dans ta gorge mais tu dis trop rien. Fais la grande, fais la grande.
Alec parle de prince charmant tu hausses un sourcil et grimaces, n'arrivant pas à savoir si c'est une métaphore ou une réelle information.

— « Le vrai prince charmant ? Mais de quoi tu parles je pige rien putain. »

Il rayonne pas du tout, il a des cernes qui plongent jusqu'au centre de la terre. Mais quand il concède sa préoccupation, tu claques le bas de la bouteille sur la table en bois, en renverse un peu partout.

— « JE LE SAVAIS. Merde ! »

Tu t'empresses d'aspirer la mousse avec tes lèvres puis le regardes en rigolant. Immature.

— « C'est qui le fumier qui te cherches des noises ? Je vais l'envoyer à Juliette on va lui couper la tête direct. »

Tu souris, heureuse du fait qu'il partage ton enthousiasme. La mort est brutale, choquante mais insignifiante quand cela concerne des criminels. Ils ne sont même plus humain alors pourquoi les pleurer ?
Tu es encore trop jeune Judy, l'esprit souillé par des convictions qui dépassent la raison. La sensibilité de l'enfance a été avalée par des ambitions d'adulte (prématurées).

Tu renverses ta bière et tu lèves les yeux, il crie fort mais ça ne te fait pas trembler. Tu manques de t'étrangler en riant. Aspires la mousse dans un slurp bruyant avant d'attraper le torchon pour éponger.

— « AAAH OUI, désolée !! »

Mais sous les rires, tu le surveilles du coin de l'oeil. Ecoutes attentivement mais est rapidement perdue. Tu n'arrives pas à suivre ce flot d'informations qu'il te balance. T'as plus l'impression qu'il tente de noyer le poisson plutôt que d'assumer une vraie conversation.

— « Eeeeh. Arrête avec tes surnoms bizarres ! Mais du coup ce prince charmant c'est vraiment quelqu'un ? Et Malefique, tu parles de Lior c'est ça ? Mon pauvre t'as l'air complètement largué par ta propre histoire. »

Tu termines la boisson cul sec, la tête tourne un peu mais ça fait chaud dans la gorge. Ça fait du bien au gosier et tu te sens digne de l'écouter. Toi qui peut agir comme lui !

— « Si je peux faire quoi que ce soit, si je peux user de mon influence hésite pas ! »

Tu veux te faire mousser.
Un peu comme la bière que tu viens de descendre.

— « Moi ça se passe AU TOP ! J'essaie de me faire remarquer mais... je ne comprends pas pourquoi on a signé un traité de paix ?! A quoi on sert nous maintenant... »

Tu t'accoudes sur la table, boudeuse et préoccupée.

— « Je me suis pas engagée dans l'armée pour pas faire la guerre. »

Tu t'inquiète pas trop quand tu entends je suis trop sobre alors que tu devrais. Mais tu trouves ça cool de boire, tu trouves ça mature et t'as aucun recul pour comprendre que Alec a peut-etre un vrai problème et qu'il se réfugie dans la boisson.
Tu le regardes avec des petits yeux admiratifs, grand sourire et le coeur qui accélère un peu à cause de la déshinibition dû à la bière.

— « Ouai bah prince charmant ou pas, fais attention. J'ai rien compris mais le premier qui te fait du mal je le déglingue. »

John parle comme ça, donc ça doit être stylé.
Tu lèves ta bière et dans un éclat de rire immature tu la secoues en criant.

— « T'es de la dynamite babyyyyy »

Tu glousses et en fous partout encore, une petite moustache de mousse en dépôt au dessus de tes lèvres. T'as la mine sombre quand il mentionne la guerre, le traité, le plan de sa majesté la reine. Tu sais pas ce qui se prépare t'es juste soldat mais tu t'es engagé pour la servir et débarrasser le monde des traitres, des criminels, des infidèles, des Alices...
Coeur qui se serre en sachant que t'es ami avec l'un d'eux.
Avec John.

— « Oui tu as raison.. Je ne sais pas, je ne comprends pas pourquoi on s'allie avec la Reine Blanche, elle n'est même pas légitime à gouverner ! J'espère qu'un jour on pourra délivrer le royaume d'Ivoire de sa tyrannie. Et conquérir Dreamland, aussi ! »

Tu passes une main dans tes cheveux puis contracte les biceps.

— « Je veux trop des cicatrices ! Des souvenirs de combats immémoriaux... »

Il parle de Dreamland comme d'un terrain neutre mais tu n'es pas d'accord ! Pour toi, ce territoire devrait appartenir à Juliette de Crims, comme le reste de Wonderland, d'ailleurs.
A la mention de John, tu rougis un peu - baisses les yeux non pas par honte mais par gêne. Il est vrai que John est un Alice, le seul que tu tolères parce que c'est ton ami mais il n'en reste que ce n'est pas bien. Que feras-tu le jour où la Reine décidera qu'elle n'en voudra plus sur ses Terres ?

— « John n'est pas ma mère ! »

Tu t'emportes, gonfles les joues et croises les bras sur ta petite poitrine. Ah ça t'enrage cette histoire ! Tu espères que ça n'arrivera jamais mais il faudrait que John s'oublie un peu plus vite que cela. Qu'il cesse d'être une erreur dans ce monde, une erreur qui devrait rentrer chez lui plutôt que de dérégler Wonderland.

— « Et oui héhé... t'inquiète pas. Je risque pas de me faire tuer ! Je suis beaucoup trop forte. Toi et moi en 1v1 je suis sûre que je t'atomise. »

Regard de défi, yeux qui brillent à la lueur du néon de la cuisine.
Il montre sa cicatrice sur le flanc et tu hausses les deux sourcils, un peu choquée de l'ampleur de sa blessure. Comment il s'était fait un truc pareil ?

— « Mais... Quoi ? Un tigre ? Mais t'es un malade !! POURQUOI T'AS PROVOQUE UN TIGRE C'EST SUPER AGRESSIF ! »

Tu siffles, admirative.
Truc de ouf???

Avant de bug, son pouce au dessus de tes lèvres. Tu déglutis et le repousses, toute penaude. Joues rouges, tu t'essuies la bouche avec ta manche, un peu hystérique.

— « Roh mais arrête !! »

T'aime pas être infantilisé Judy, t'as trop de trucs à prouver - t'es trop instable pour tenir debout sans tomber. Tu supportes pas qu'on te rappelle que t'es encore une enfant car faire couler le sang n'a pas d'âge quand on tient l'épée de la justice.
Alors non ! John n'est pas une mère poule, pas question ! Tu t'empresses de corriger Alec en grognant, en boudant.

— « N'importe quoi... John est notre super bro ! On est un trio t'as oublié ? C'est mort, vous n'êtes pas mes papas de substitution. »

Ton coeur s'emballe, quand il est aussi prêt. Alec est un adulte, Alec s'adonne à des pratiques dont tu te refuses même d'y penser pour le moment. Alec semble si inatteignable pour une gamine comme toi. Prince du chaos ça te fait sourire nerveusement, alors que tu hausses un sourcil pour le toiser d'un rictus moqueur.

Toi aussi t'as de l'ego Judy.

— « Hahaha ! 1v1 dans la petite ruelle dans la cour ! On va voir qui est capable d'ouvrir les bocaux. Ne sous-estime pas la tigresse qui est en moi ! »

Petite référence à sa bataille inopinée avec un félin dans la jungle. Quelle idée aussi qu'il a de toujours provoquer...
Enfin, t'es pas mieux.
A ses moqueries, tu t'empourpres d'avantage. Lèves le regard pour l'observer assis sur la table. Il a vraiment la classe, tes yeux s'illuminent un instant.

— « La ferme Alec. Je suis pas pompette tu m'énerves. »

Tu gonfles les joues.

— « Arrête de faire le malin ça te va pas au teint. Un mot encore et je te découpe. »

Tu découpes que dalle.

Il n'a pas l'air spécialement convaincu pour se battre. Tu comprends que malgré les apparences, il te considère encore comme une enfant. Il est sûr de gagner, et il ne veut pas t'abimer - tu en es persuadée. Cette pensée est bien ancrée dans ta tête, empoisonne ton esprit immature pour soudain douter de tes capacités.
Alec est un adulte, certes, pourtant tu ne t'es jamais senti inférieure à lui. Au contraire, c'est parce qu'il a ce côté un peu gamin que tu l'apprécies. Malgré la différence d'âge, tu te sens proche de lui.

Le terme de minette te brusque et tu tapes le dessous de la canette sur la table avec violence pour lui intimer de reculer. T'es toute rouge parce qu'il en rajoute, avec ses histoires de fille, de crush et autres idioties.

— « N'importe quoi... »

Toi t'étais sérieuse - visiblement lui non. C'est un peu la honte. Tu tournes la tête, visiblement plus déstabilisée que réellement vexée.

— « Je crush sur personne... Et à vrai dire, la vérité c'est que j'ai pas trop de copain dans ma division. Ils sont tous vieux et même si j'ai fait mes preuves, on me voit encore comme un enfant. »

Tu fronces les sourcils.

— « J'ai rencontré le chasseur lors d'un entraînement ! Un jour je prendrais sa place tu verras. J'ai hâte. »

Tu ne veux pas mentionner Diane, dont tu n'as officiellement plus de nouvelles depuis deux ans, mais que tu aperçois parfois dans le château pour faire ses livraisons. Tu sais qu'elle veut reprendre contact mais tu ne veux pas.
Pas comme ça, pas avant de lui avoir prouvé qu'elle avait tort.

— « Et toi ? Une petite amie ? »

Sourire mesquin.
Bim, retour à l'envoyeur.