Clickity-clacking through the night I'm carrying my bag of bones

la nuit avait cette manière d'envelopper ta peau, de te rassurer par sa couverture de ténèbres. dans l'obscurité, tu voyais moins les reflets de son visage à la place de celui de chaque jolie blonde qui croisait ton chemin. wonderland, cependant, manquait de bien des éléments rendant la nuit aussi agréable que ce dont tu avais l'habitude. adieu le bruit des vagues, adieu le sable qui crisse sous les pieds, adieu son odeur de jasmin, adieu la sensation rêche de la pierre sous tes doigts lorsque tu faisais le mur. tu n'avais pas de foyer vers lequel te tourner et tu avais probablement erré trop longtemps pour retourner décemment chez diane.

tu levas le menton, l'orienta vers le ciel pour essayer de repérer quelques constellations mais en vain. si elles avaient été identiques, parce que ça, tu l'ignorais, elles auraient été de toute façon camouflées par l'épaisse grappe de nuages qui flottait tout là-haut. tu pouvais à peine apercevoir l'éclat d'au moins une lune alors plus aurait été trop demander. rageusement, tu donnas un coup de pied dans un déchet qui traînait et tu vins t'asseoir par terre, adossée à une vitrine dont les néons colorés se reflétaient sur le sol légèrement humide. tu tiras la fermeture de ce hoodie que tu avais volé un peu plus tôt jusqu'à ce que le curseur atteigne ton cou et un soupire t'échappa.

est-ce que ça vaudrait le coup d'éclater cette vitrine en mille morceaux de verre pour y entrer, te réfugier ? prendre le risque de te faire surprendre en plein acte ? un peu dépitée, tu observas l'oiseau que tu avais apprivoisé se poser sur la surface pour y dessiner quelques traits d'encre, esquisser une forme enfantine et quelques peu indécente. cet oiseau ne pouvait pas s'en empêcher et tu ne faisais rien pour l'arrêter non plus. au fil de tes nuits d'errance, songeas-tu, peut-être que toutes les façades de la ville finiraient décorées de ses oeuvres d'art. tu rabattis la capuche sur ta tête et tendis la main afin que pijako vienne s'y poser. tu caressas sa petite tête de moineau du bout de l'index et laissa échapper un petit soupir.

peut-être qu'on devrait trouver une boulangerie pour fouiller les poubelles ? je suis sûre qu'ils auraient du pain pour toi.

ça te faisait du mal de l'admettre mais c'était un fait. le dernier phare au milieu de ta nuit avait des plumes et un tempérament de collégien. peut-être qu'au final, ta santé mentale n'était pas trop grand sacrifice pour un confortable niveau de stabilité financière. peut-être que tes parents n'étaient pas si mauvais que ça lorsque la culpabilité les poussais à t'apporter des assiettes de tes fruits préférés, découpés en morceau. la pensée te fit grimacer et tu te mordis la joue si fort qu'un goût métallique glissa sur tes papilles. c'était trop tard pour te poser toutes ces questions maintenant.

tu reposas tes yeux sur l'emplumé et te dis qu'au final, maintenant, il était certainement ce que tu avais de plus proche d'une famille. tu t'apprêtas à te relever pour agir sur la proposition que tu venais de lui faire mais en redressant la tête tu t'arrêtas net dans ton élan.

ah.

quelqu'un.