once upon a time ★
je t'ai souri la première fois que je t'ai vu, je sais que c'est mon cœur qui t'avait reconnu.


En retard comme toujours…
Mais bon, ce n’est pas comme s’il y avait des alices tous les jours non plus ?
Cependant, tu te devais d’être la meilleure.
Celle qui éclate le maire et Juliette.

Robe blanche vaporeuse à bretelles, dos dégagées et volontairement plus courte pour ne pas gêner tes mouvements, Opal.
Tu te présentes ainsi à la Porte d’Entrée.
Attendant, une, puis deux minutes.
Fixant ta montre à gousset.

Soupir qui t’échappe après la cinquième.
Regard vermeil qui se détourne et observe la forêt.
C’est là que tu captes un mouvement…
Plissant les yeux, juste avant de les ouvrir en grand.
Cet air hagard, tu le connais par coeur, Opal.
Voilà ta proie.

Un portail qui s’ouvre.
Glissant juste dans son dos.
Bout des doigts qui frôle son épaule.
Attire son attention.

▬ Bien le bonjour cher Alice !

Grand sourire, ton enjoué.
Le regard qui glisse sur sa silhouette.
Le détaillant un instant.
Pas mal, pas mal…
Et tu glisses dans un autre portail.
Soudainement.
Pour atterrir de l’autre côté.

▬ Je suis ton guide, le Lapin Blanc.

Ce rôle, cette mise en scène… des siècles que tu la répètes et qu’est-ce qu’elle t’insuporte !
Mais elle a le mérite de fonctionner.
Visiblement.

once upon a time ★
je t'ai souri la première fois que je t'ai vu, je sais que c'est mon cœur qui t'avait reconnu.


Léger sursaut.
Tu aimes les surprendre, Opal.
Ça étire deux fois plus ton sourire.
Et tu bondis de l’autre côté.
Pièce de théâtre en place.
A nouveau, tu t’attarde sur sa silhouette.

Tableau rouge.
Hémoglobine qui coule.
Imbibe ses cheveux, ses vêtements.
Il est si poisseux.
Et ça ne te fais ni chaud, ni froid.
T’as vu pire, t’as vu mieux.
Même si tu reconnais qu’il a quelque chose.
Dans sa façon de passer sa main dans ses cheveux, comme s’il n’avait rien à faire de tout ce sang.
Dans la façon dont il pose son regard sur toi, Opal.

Sourire en coin qui s’étire.
Faux contact avec son regard.
C’est ce que tu attendais.
Risette qui se fait plus carnassière.
Ses mains qui caresse son cou… c’est de là que le sang semble avoir le plus coulé.
La source de tout.
Et tu retiens un rire dans ta gorge.
A cause de tes pensées, Opal.
De part ses mots.

▬ Oh ça non, tu n’es pas LA Alice. Elle est… Tu fais la moue. Plus petite et surtout plus blonde. Sans parler du fait que c’est une sacrée conne, mais ne lui dit pas. C’est notre secret, OK ? Clin d’œil taquin. Enfin, tu es quand même un alice, Erin.

C’est joli.
Tu n’as pas la moindre idée de ce que cela pourrait signifier, mais ça sonne bien.
Ça roule bien sur la langue.
Et quelque chose te dit que ça lui va bien.
Comme un subtile contraste.
Impression et sensation.
Bien que tu les méprisent plus que tout, il y a tout de même alices qui marquent étrangement ton esprit, Opal.

▬ Je suis le Lapin Blanc, mais cela fait maintenant quelque temps qu’on m’appelle Opal. Je suis là pour te guider, parce qu’il ne faut pas se fier aux panneaux. Grimace sur ton visage. Ils sont blagueurs et ont tendances à ne jamais indiquer la bonne route. Enfin, bref. Tu viens ?

Mouvement de la tête vers la droite.
Oreilles basculant sur le côté.
Tu l’invites à te suivre, sans savoir encore où tu vas le conduire.
Un pas dans l’herbe.
Verte et que pourtant, tu vois… vermillon.

once upon a time ★
je t'ai souri la première fois que je t'ai vu, je sais que c'est mon cœur qui t'avait reconnu.


Tu aimes cela, Opal.
Les voir essayer de comprendre.
Cela s’agitent toujours dans le fond de leur yeux.
Toujours essayer de démêler le vrai du faux.
Donner de la logique à l’illogisme.
C’est en cela que les alices sont amusants.
En cela qu’ils sont tout autant épuisants.

Tu fais un pas, Opal.
Il en fait un aussi.
Et comme s’il prenait enfin conscience de l’environnement, Erin observe.
Du peu que tu peux en tirer, il ne te semble pas idiot. Juste largué, comme tout les autres.
Sale impression qu’il ne tombe pas dans le panneau.
Et en même temps.
La risette s’étire en avance.
Parce qu’il va le demander.
Poser LA question.

Comme toujours, tu as envie de crever de rire.
Parce que tu sais quelle réaction il va avoir.
Tu sais que tu vas encore plus le perdre.
Au fond, t’adore faire ça et tu détestes tout autant.
Sans pouvoir te lasser de ce manège incessant.
Après tout… c’est bien ta faute si les alices existent.
Normal que tu t’en occupes, Opal.

▬ Nous nous trouvons actuellement à Nulle-Part.

Bien droite, mains dans le dos.
Tu le fixe, regard l’un dans l’autre.
Laissant le temps à l’information de monter.
D’être digérée et assimilée.
Attendant de voir son expression.
La fameuse.
Et d’ajouter, en tendant un bras.

▬ Si tu continue tout droit dans cette direction, tu finiras certainement par atteindre Ailleurs. Peut-être même que tu pourras visiter le fabuleux village de Partout.

En réalité, tu ne le lui conseille pas du tout.
Parce qu’il n’y a rien de plus creepy que ce bled maudit.

once upon a time ★
je t'ai souri la première fois que je t'ai vu, je sais que c'est mon cœur qui t'avait reconnu.


Sourire carnassier.
Parce qu’elle est là cette expression que tu chérissais tant.
Le trouble, l’incompréhension et le début de la folie.
C’est tout ce qui te fait encore vibrer dans ce travail, dans ce rôle qu’on t’as malgré toi imposé, Opal.

Et la colère.
Parce qu’elle irradie chez cet alice.
Comme un feu ardent.
Cela t’amuse encore plus, Opal.
Faisant s’élargir la risette sur tes lèvres.
Plaisir sadique.

Sauf que tout se stoppe quand il te saisit ton bras.
Pas celui qui lui désigne le paysage, non, l’autre.
Tu te crispe sous sa poigne.
Le sourire qui ne s'évapore donc pas.
Et les mots qu’il prononce, sur un ton qui sonne si sec et si froid, te font éclater de rire.
Un rire dément.

▬ Le Temps, je l’emmerde.

Tout comme toi et tout le reste.
Plus forte que tu n’en a l’air, tu te dégages, Opal.
Ouvrant un portail dans son dos et le poussant.
Le faisant tomber dans un marécage.
Et de ta stature, tu le domine un instant.
Risette toujours en place.

▬ J’espère que tu trouveras le temps de réfléchir au milieu de la vase et des têtards.

Un pas en arrière et cruelle, tu l’abandonnes.
Ce n’est ni le premier, ni le dernier.
Tu le sais bien, Opal.
Un regard à ta montre et tu siffles.
Déjà en retard pour ton rendez-vous chocolat chaud avec Daphnis.
En un éclair tu t’éclipses.
Sans te douter un seul instant que cet alice, un jour, il allait changer toute ton existence.