Égarée, toujours autant laissée traînée sur le sol, tel un chat abandonné...
Daisy a les cheveux qui trempent dans l’eau, tandis que le reste de son corps paresseux est au sec.
C’est calme ici, et c’est ce qu’elle a toujours désiré. Pouvoir déguster le moindre mets sans être entourée de personnes ; être seule et avec elle-même — déjà trop complexe à supporter.

Les autres l’agacent, sauf lui, Jean. Qui est-il pour Daisy ?
Elle a oublié, mais la seule chose qu’elle sait c’est qu’elle ne peut pas vivre sans sa présence. Une dépendance inexplicable. Certainement un frère ou bien plus ; elle sait juste qu’elle est toute aussi folle que lui, et qu’il est tout aussi perdu qu’elle.

Alors le fil entre eux ne sera jamais rompu.

Qui est-il vraiment ? Seul son passé a la réponse à la question.  
Mais elle ne veut plus de réponse. Elle veut juste sa tranquillité, et pouvoir se confier à son seul allié.
Elle veut juste exprimer une rage qu’elle ne comprend pas, un mal-être qui la ronge ; une douce folie qu’elle a fini par accepter en guise de punition.

Son semblable arrive enfin dans ce refuge secret, et Daisy montre son impatience dans un soupir accentué.
C’est capricieux de se comporter ainsi, surtout envers le seul jeune homme qui arrive encore à la soutenir, mais elle s’en fiche — parfois, elle essaye de voir s’il finira aussi par la détester.

« T’as pris de quoi grignoter ? J’ai les crocs. » Une traditionnelle question qui aura forcément sa réponse.

Daisy raffole des plats de Jean. Elle en rêve la nuit ; c’est son petit paradis, sa méthode d’évasion.
Pourtant, quelque chose l’interpelle dans cette rencontre pas si inattendue. Elle tourne la tête vers lui pour analyser ses expressions.

« J’te vois venir… Tu vas encore me faire la morale, c’est ça ? »

Parce qu’elle s’isole trop du monde qui l’entoure, elle se prive de bien des choses que beaucoup ont besoin.
Mais Daisy n’a plus besoin de rien — c’est sa folie qui lui a dit.