Il y a de ces jours où le ciel nous tombe sur la tête, de ces jours où tout est bouleversé sans qu’on en ait conscience.

Balth a toujours agi à l’instinct, Balth a toujours été de ceux qui réfléchissent pendant mais surtout après, de ceux qui suivent cette intuition cachée dans les recoins obscurs de leur crâne. Balth est une bête.

Balth est bête.

Parce que parfois, les actes ont des conséquences. Et, si celles qu’on subit quand on a baisé le roi de cœur sont évidentes et attendues, celles qui vont s’abattre sur les épaules du Bandersnatch lui sembleront là, totalement surprenantes.

Il y a cette voix dans sa tête qui s’agite, qui siffle. Le monstre roule des épaules, agacé, souffle du nez et regarde méchamment tous ceux qui passent devant lui (enfin, plus que d’habitude disons). Il va se passer quelque chose.

Là.

Maintenant.

Le bruit dans son dos précède d’un millième de seconde le coup derrière ses genoux. Il tombe à terre, les mains en avant, ses muscles déjà tendus, ses griffes déjà acérées, prête à se venger de l’imbécile qui l’attaque. Mais l’imbécile est préparé et le second coup envoie la conscience de Balth tutoyer les étoiles pour quelque temps.

Quand il se réveille, la première chose qu’il sent, avant même son corps endolori, avant même les chaînes à ses bras, la première chose qu’il sent, c’est le vide à son cou. Il en suffoquerait presque de ne pas sentir ce poids contre la gorge, pour la première fois depuis des siècles. Puis, il réalise que la moindre parcelle de son corps le fait souffrir, la personne qui l’a libéré n’a pas eu grande considération pour sa personne et les effets du collier restent dévastateurs.

Puis, non. Non, il n’est pas libre. Il se débat avec toute la force dont il est capable. Déjà la colère monte dans la gorge, la haine aussi (encore, toujours), on fait à nouveau miroiter l’impossible devant ses yeux. Sa vision s’éclaircit et ses yeux se posent sur celui qui est assis face à lui. Le grondement devient rugissement et les chaînes gémissent alors qu’il tente de se ruer sur lui.

- Toi mais TOI ! Bordel de merde qu’est ce que je fous là !? Libère-moi bâtard, libère-moi fils de pute !

Opal, tu ne le sais pas, mais tu fais partie de ceux que Balthazar égorgera quand il sera libre. Parce que c’est ta faute s’il en est là. Et cette situation ne va pas arranger ton cas.

Balthazar ne comprend pas. Il ne saisit pas ce qu'il fait enchaîné avec ce lapin complètement barré. L'inverse aurait été cohérent, c'est à cause de cette saloperie de boule de poil que la Reine de Cœur a décidé de le faire sien. Mais là, que lui a-t-il fait pour se retrouver ici ?

Il se débat, tire sur les chaînes, forçant ses muscles endoloris à bout. Mais rien ne vient, ce salaud a préparé son coup. Et dans un sens, c'est inquiétant.

Presque la bave aux lèvres, Balth foudroie le lapin du regard, si ses yeux avaient pu tuer, comment tu serai mort mille fois Opal, mille morts toutes plus douloureuses les unes que les autres. Mais le lapin s'amuse et le sourire qui étire ses lèvres donne envie de gerber. Sa prise ferme sur la barre de fer en revanche, envoie dans le dos de Balth des frissons de mauvaise augure.

Le coup est précis et net, le sang envahit la bouche du Bandersnatch qui gronde, halète. Ce foutu goût de sang, le métal qui remplit son monde, encore une fois. Quelque part, au fond de lui, il ne sait pas de quoi on l'accuse, mais avec toutes les horreurs qu'il a commis, peut-être qu'au fond, ces coups, il les mérite.

Alors, aussi étrange que cela puisse paraître, il se tait. La colère gronde, la colère rougeoie, mais la haine (de soi) est plus forte (pour l'instant).

À la question du lapin, Balth serait tenté de répondre, les deux. Grands manitous, joueurs invétérés qui l'ont posé lui pour être jouet de la reine et toi, lapin, pour être un fou, plus fou que nous tous. Les deux sont des putes, non les deux sont des connards (on a trop de respect pour Ciriel pour les comparer à elle).

Quand leurs regards se croisent, Balth sent que son calvaire ne fait que commencer. La pince dans les mains fines d'Opal et une sueur atrocement froide descend le long de son dos. Le sang bat à ses oreilles, dans sa bouche.

Le sang le sang le sang le sang.

Pour une fois, son sang.

Cerveau éteint, douleur sans nom, douleur atroce, douleur folle. Balthazar est fou, on arrache ses griffes, on retire le collier de la bête pour limer ses armes. On la met à genoux, la tête dans la boue.

Le hurlement qu'il lâche est empli de souffrance. De haine (pour toi). Il ferme ses poings, range ses griffes, phalanges blanchies pour protéger ses armes de toujours. Les dents serrées, le regard fou, un sourire mauvais et malsain sur les lèvres.

- T'es complètement barré mon pauvre lapin. Pire que nous tous ici putain. Qu'est-ce qui t'arrive ? Time t'a encore embêté et t'as pas su te défendre ? Pauvre petite bête … pauvre petite proie.

On oublie (presque) pas que fût un temps, Balthazar était le roi incontesté de ces terres, et toi, tu galopais en remuant ta petite queue touffue.

- Qu'est-ce que je t'ai fait ? Hein ? RÉPONDS PUTAIN !

Le prédateur s'agite, ses yeux (espèrent) pèsent sur ce qui était autrefois une proie. Réponds et je noterai sur ta énième tombe quelle folie t'a poussé jusqu'à moi.

Juliette a toujours été inventive dans ses jeux et ses punitions. Mais au moins, Balthazar savait pourquoi il avait mal, même si c'était juste pour son bon plaisir. Il savait.

Là, rien, juste son esprit en dérive qui tente de rester lucide. L'adrénaline et l'endorphine de la douleur rugissent dans ses veines, il se sentirait presque bien. Ses épaules convulsent alors qu'il se marre. Duel de regards fous avec le lapin blanc. Balthazar voit rouge, et pour une fois, ce rouge, il l'aime ô dieux qu'il l'aime. Il l'adore et il s'imagine en recouvrir ta sale blancheur, te souiller à tel point que même ta couleur favorite te reniera.

Tu vas crever Opal, mille fois.

Voilà ce que disent (hurlent) les yeux de Balthazar. Parce qu'il a beau être enchaîné et à ta soi-disant merci, tu es un lapin, il est une bête, le prédateur c'est lui et portails ou pas, le jour où il l'attrapera, tu te rappelleras cette peur au fond de tes tripes. Cette peur ancestrale et incontrôlée qui nous saisit quand on est une foutue proie. N'oublie pas ta place.

Réflexe humain (animal ?) Balthazar a protégé ses griffes, le lapin fou les a déterrées à coups de marteau. Et dans le craquement des os brisés, les fières armes du Bandersnatch ne valent plus rien. L'animal s'est cambré de douleur, les dents serrées et la respiration sifflante. Ses nerfs embrasés, sa raison vacillante.

Opal, Opal, Opal.

On s'était promis, pour Dundee qui semble t'aimer (un peu trop), que tu serai le dernier à mourir de la vengeance du Bandersnatch.

Oh Opal, tu viens de gagner un aller simple pour les premières places, celles avec le traitement spécial. Tu rejoins Jabberwocky et Juliette au Panthéon des morts douloureuses du Jour Sanglant.

Cinq griffes tombent sur le sol. Rage, adrénaline, humiliation. Balthazar se débat, les chaines gémissent. Ses yeux fous captent ceux d'Opal, et il ne le lache pas. Sa seule réponse est de lui cracher au visage, salive ensanglantée alors que le marteau détruit son autre main.

Il crie, il l'insulte de tous les noms, maudit ses (leurs) ancêtres sur milles générations inexistantes. Il halète, ses sens brouillés. Ses lèvres sont en morceaux et sa langue n'est pas mieux - on a contenu la douleur comme on a pu.

- Bordel de merde putain d'enculé de ta race. Cours saloperie parce que putain le jour où tu vas m'avoir à tes trousses tu vas regretter tout ça.

Il tire sur les chaines (et sur ses os brisés) et se penche le plus possible vers le lapin, lui offrant presque son visage rougi de sang. Il arrive encore à sourire. Parce que l'autre en face garde sa risette, il ne quittera pas la sienne. C'est par l'insolence que Balthazar se condamne, c'est pas l'insolence qu'il reste encore indompté.

- Pourquoi ? Opal Whitear ? Pourquoi ?

La voix basse, doucereuse et grondante, la démence tapie dans l'ombre se montre et s'agite. On se demanderai presque s'il se rend compte de ce qu'il a subi ou s'il est déjà trop fou.

Donne moi une bonne raison à ce massacre, trouve une bonne raison à ce massacre.

Balthazar est endurant, très endurant. Il a des siècles et des siècles d'humiliation, d'amour-propre piétiné derrière lui. Pourtant, rien n'avait jamais secoué son intégrité à ce point, rien n'avait été aussi violent et pulsionnel. Il y a une sorte de désespoir dans cette agression, Opal tentait (vainement, Balthazar priait pour) d'exorciser quelque chose.

Les réincarnations sont si fragiles, émoussées par les siècles elles se laissent si facilement conquérir par leurs émotions, par leurs tourments sans fin et finissent par vriller. C'est un cercle sans fin, un cercle de violence et de tristesse sans fond.

Les doigts du lapin s'enfoncent dans sa gorge alors qu'il le provoque, alors qu'il le défie du regard. Il referme ses dents sur la main fine et délicate. S'il en arrache un bout, il ne le sent pas et Opal ne montre rien, monstre tourmenté, tueur sanguinaire.

Et on lui arrache la voix, on détruit sa langue. Il se tord dans tous les sens mais la chair déchiquetée finit en partie entre les sales pattes du lapin. Il halète, des sueurs froides descendent le long de son dos. La sueur perle sur son visage. Jamais il n'a été aussi mal en point, jamais ses nerfs n'ont autant brûlé.

Mais il y a une constance dans la douleur, celle de ne baisser les yeux qu'avec l'inconscience. Juliette le sait, Elias le sait, il le savent tous, le Bandersnatch ne détourne pas les yeux. Et aujourd'hui ne sera pas la première fois, surtout pas devant toi Opal.

Articuler avec une langue arrachée est particulièrement ardu. Alors il se concentrera sur un seul mot. Un seul mot en boucle, les yeux fixés sur Opal, des yeux bleus aciers brûlants de haine, brûlants de rage, consumés par une folle envie meurtrière.

Litanie basse et rauque, la voix cassée par les cris. Toute l'énergie du corps concentrée à inonder le corps ravagé d'adrénaline. Balth pourtant se penche sur Opal glacial face à lui, il tire sur ses chaines et ses mains en miettes glissent un peu entre les maillons. Juste ce qu'il faut.

Entre ses dents brisées (acérées), il attrape un morceau duveteux qui passait à sa portée. L'oreille animale du lapin termine elle aussi déchirée entre les crocs du Bandersnatch (et on regrette qu'eux non plus ne soient pas empoisonnés). Balthazar sourit et lui crache au visage, son lambeau de lui, des lambeaux de langues aussi peut-être et du sang, beaucoup de sang qui vient tâcher son blanc si parfait.

Qu'il est bon de te blesser, qu'il est bon de te souiller Opal.

Et la litanie rauque qui se poursuite, les yeux dans les yeux.

- Pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi p o u r q u o i . . .

Donne un sens à ce chaos, donne un sens à se massacre.
Que je puisse m'en moquer à l'infini.

Balthazar est déjà mort plusieurs fois. Il a déjà eu envie de mourir encore plus de fois. Une part de lui serait prête à disparaitre définitivement si cela le libérait. La liberté ou la mort. Pas de choix pour le Bandersnatch. L'éternité de servitude et seulement ça.

Mais jamais il n'a ressenti un tel harassement, jamais il n'a senti son esprit aussi près de se rompre. Et sa litanie, sa question qui ne trouve pas de réponse, c'est peut-être ça le pire. Il va crever comme le chien qu'il est sans connaitre la raison. C'est un guerrier, c'est une bête. Il a besoin de savoir, pour sa fierté pour son esprit détruit.

Opal est comme lui, sur le fil. Pas sur le fil de la folie, lui on l'a rompu, oublié depuis des siècles. Non, le fil de l'émotion, celle qui menace de déborder et d'exploser, celle qui va rompre toutes les barrières établies. Des émotions comme seules les immortelles en ressentent, si vieilles et enfouies qu'elles détruisent.

Et rendent terriblement vivant.

L'adrénaline, la douleur et la folie qui se confondent, la sensation terriblement grisante de ne pas avoir de collier autour du cou, un cocktail horriblement bon, qui rend atrocement vivant. Et au fond, tout au fond, il aime un peu ça avoir mal, il le mérite sûrement avec tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il accompli de monstrueux.

Pourtant, quand Opal se saisit de la barre de fer, toujours sur le fil de la chute, il laisse échapper un gémissement presque inaudible. Et les os se brisent et les cordes vocales articulent la même question au travers des cris. Pourquoi subir tout ça ? Il ne lâchera, il ne sera minable qu'après avoir su.

Le sol qu'on percute alors que les mains détruites glissent entre les chaines. Balthazar est si rouge. Si rouge, écarlate, carmin, vermeil, rouge. Sa tenue blanche imbibée à déborder. Le bleu des cheveux teinté d'éclaboussures, les yeux traversés de veines infinies. Pas de larmes, jamais de larmes. On ne pleure plus depuis longtemps.

La litanie est devenue un murmure. Lancinant.

Et Opal abandonne. Il ne voit sans doute pas le sourire qui étire les lèvres de Balth, pourtant la joue dans la poussière gorgée de sang. Mais il y a cette pause dans ses questions, ce silence dans lequel résonne une phrase. Une putain de phrase.

Tu es libre Balthazar.

On en a rêvé de cette phrase, on a fantasmé dessus plus que sur tout autre chose. Et pourtant, quand on l'entend, on a envie de gerber. Parce qu'on ne veut pas te la devoir, pas après tout ça. Tout ça, vraiment tout. Parce que tout est de ta faute.

T'as pas le droit de faire ça, t'as pas le putain de droit de faire ça. Plus que cette séance de torture (gratuite) c'est cette humiliation qui le rend fou. Il hurle et cette fois son cri est vide de douleur, c'est le rugissement de la bête qu'il fut et qu'il redeviendra. C'est le rugissement d'une bête enragée qui ne cessera d'être sur tes talons désormais.

Et dans son esprit ravagé qui panique et s'échauffe, cherche désespérément un moyen de le retenir. Une étincelle. Et la joie malsaine d'avoir trouvé. Il se rappelle de discussion, de noir qui cherche le blanc. D'un tic tac incessant. Il ricane.

- Dis ... au rev-voir à Dundee.

Parce qu'on a ni la force, ni la langue pour en dire plus. Mais Balth (quel idiot) a confiance en son amitié avec le crocodile. Il le consolera bien lui-même après qu'il se soit rendu compte que sa couleur complémentaire était si barge. Il se dit que Dundee sera en colère, terriblement en colère et qu'il jettera Opal. Et que le lapin souffrira.

C'est tout ce qui compte.

Pardon Dundee, mais j'ai prévu de ruiner ton amour.

(Mais au fond, n'as-tu pas déjà ruiné notre amitié ?)

Il n'a eu la force que d'une flèche, avant qu'Opal ne marche à travers un portail. Avant qu'il ne parte, laissant Balthazar pour mort au milieu de cette cabane. Mais quand soudain, tout devient blanc, infiniment blanc, alors il sourit. Le sang parait avoir reflué de partout et c'en est terrifiant. On est dans une bulle immaculée désormais.

- T-touché Opal.

Et le lapin réapparait par le plafond et lui tombe dessus comme une masse, chasse l'air de ses poumons et les côtes brisées se plantent dans la chair. On a rarement vu un puzzle aussi complexe que celui de ton corps Balthazar, que celui de tes os. Et il s'acharne encore et encore sur le corps inerte. Lui tient tant qu'il peut, accroché à ce mince espoir. Il a trouvé une réponse. Il a trouvé un début de réponse. Et elle est intensément ridicule.

On pense à Dundee une (fraction de) seconde, on pense aux remords qu'on a à l'utiliser comme outil pour briser Opal mais alors que les coups s'enchainent, on perd de vue l'amitié, engloutie par la haine et la rage, la colère d'être impuissant. Pas désolé Dundee, merci Dundee d'être tombé amoureux.

(Ou plutôt, sois maudit)

Le coup dans l'entrejambe le fait grogner, alors que son corps était perclus de douleur, cette zone avait été épargnée à son grand soulagement. Mais cela n'empêche pas les paroles d'Opal de parvenir à ses oreilles. Son corps amorphe est soulevé et secoué par les bras (étonnement puissants) du lapin mais rien oh non rien ne retire le sourire victorieux qui s'étire sur ton visage.

Pauvre petit lapin. Pauvre pauvre petite chose.

S'il avait eu ses griffes, Balth les aurait plantées dans la chair pâle du poignet qui enserre son cou (rappelant douloureusement un collier dont on se passe bien). Puis, soudainement, comme une illumination, les connexions se font. Il se rappelle de Dundee lui parlant d'Opal, de leurs cœurs attirés, étrangement connectés. Et la réaction du lapin au nom du crocodile, comme s'il était ... jaloux ? Qu'a fait Balth ?

- J'ai bai-sé Dundee.

La voix morte, la voix ahanante mais irrésistiblement victorieuse. Sa poitrine ensanglantée s'agite, ça monte, ça monte et ça explose. Un rire, un putain de rire bestial. Opal est jaloux, jaloux à en crever et cet animal fou n'a rien trouvé d'autre que de s'en prendre à celui qui l'a cocu. C'est pathétique, pitoyable.

Ridicule.

- Tu pues le s-eum Opal ...

Il lui crache dessus à nouveau éclats de dents et de sang (que le blanc absorbe en un rien de temps peau vivante et malsaine). Un jour, Dundee sera aussi atteint. Et il réalise qu'il s'en fout. Il s'en fout du crocodile et de ses putains de peines de cœur, y'a intérêt qu'il l'ait eu le cul du lapin blanc pour que ce dernier vienne le défoncer comme ça. Rancœur et colère s'invitent dans la danse, n'y a-t-il aucune relation, Balthazar, que tu ne pourriras de ta rage ? Condamné à errer seul, enchainé, condamné à souffrir de ceux qui lui sont chers.

Dundee. (Jabberwocky)
Allez au diable.

Et toi Opal, toi, tu as une faille et elle est béante. Elle ruisselle de larmes et de sang (en noir et blanc). Et on va la déchirer encore plus. Tant qu'Opal ne nous a pas tué, alors, on est encore apte à le blesser, on est encore apte à le détruire. Son rire s'éteint dans un gargouillis, sa vision est troublée et il ne voit pas ton visage (qu'il espère détruit). Il sent ses forces s'amenuiser, il sent l'inconscience le guetter.

- Ce sont vos couleurs qui s'aiment. Respiration sifflante, les yeux luisants. V-vous n'êtes rien l-l'un pour ... l'autre.

Sourire carnassier.

- S-sinon, ça ferait p-pas des ... années que ... j e l e b a i s e.

Et on laisse les mots s'effondrer alors que la tête roule sur le côté, haletante, bientôt sans force. On ne s'est pas assez vengé, non, pas encore. Mais on sait qui aller voir, quoi faire.

Opal, tu ne perds rien pour attendre.

Un dernier regard narquois et le corps du Bandersnatch se relâche, tombe face contre terre, inconscient.

Enfin on a plus mal, enfin on ne sent plus rien.
Un peu plus et on pleurait de souffrance.

(ces larmes sur tes joues, Balthazar ? sont-elles pour ton honneur perdu ?)
(ta fierté en miettes)

(ou pour cette amitié ruinée ?)