avance & recule
arrêt & bouscule
comme un somnambule
en quête du crépuscule

la neige obstrue sa vision, elle tombe inlassablement, percutant son corps qui s'enfonce au fur et à mesure. chacun de ses pas est un supplice lui rappelant les sévices de la nicotine sur ses poumons désormais fragile. éternel vagabond, blake ne sait pas où il va, il ne reconnaît rien, ne sait pas où il est. ses yeux vont et viennent, mais le paysage ne change pas, tout est différent, mais également pareille. ses prunelles aimeraient s'arrêter et profiter du panorama qui s'offre à elles, mais ses jambes en décident autrement, lui rappelant la véracité de l'instant ((tu ne sais pas où tu te trouves, tu es perdu, mis en déroute.))

et il déteste ce sentiment d'impuissance. oui. il déteste ce qui est en train de tourner à plein régime, lui comprimant le coeur, lui glaçant l'échine. pourquoi n'arrive-t-il pas à se rappeler ? pourquoi des bribes lui parviennent sans pouvoir mettre de visages ni même de mots sur ses pensées ? black ne sait pas, il ne sait plus ; et depuis qu'il est arrivé dans ce monde étrange, les souvenirs qui afflux, lui donne envie de fuir, de courir comme un dératé. il ne sait plus vraiment ce qu'il cherche, ni même ce qui est important. le froid étrique ses membres, la neige lui arrivant désormais jusqu'aux genoux ; le jeune homme ne sait pas.

le cœur raisonne
la raison déraisonne
les pensées s'empoisonnent
blake n'est plus personne

alors il avance, en quête d'une raison de vivre, ou plutôt de survivre ; parce qu'il ne se fait plus d'illusions, la "vie" n'existe pas ici. il se souvient de cette sensation, celle de la mort qui le rappelle à elle ; il se rappelle de la douleur avant le noir complet, avant l'extinction d'une véritable lumière. c'est la vérité, il est mort, mais il ne sait pas pourquoi, ni comment ; blake en a seulement l'intime conviction. son nid douillet lui apparaît comme un mirage, mais ce n'est justement qu'une illusion que la fatigue lui fait miroiter. il pourrait presque sentir la caresse de doigts sur son crâne, il pourrait presque entendre cette voix lui murmurer comme chaque soir en rentrant du travail, qu'il mérite le repos du guerrier.

qui est-tu ?
un prénom qui lui démange les lèvres
une silhouette qui l'a rendu mièvre
qui est-tu ?
où est-tu ?

mais il aura beau te chercher, blake ne te retrouvera pas de sitôt. car tu continues ta vie - alors que la sienne s'est arrêté. ((un enfer ou sa nouvelle félicité ?)) genoux heurtant le sol, corps s'étalant dans la neige, vidé. blake est éreinté, usé, fatigué. s'il est vraiment mort, qu'on le laisse se reposer ; à jamais.  

et la lune haute
surplombe avec bienveillance
ce pauvre spationnaute
en proie à sa malchance