Cela faisait quelques temps que tu n’avais pu profiter d’un de tes repas favoris, non pas nécessairement un plat précisément mais plutôt une viande des plus plaisantes. Une envie qui était toujours mieux partagée à deux tout bonnement là où tu aurais pu te délecter seul de ton met favori mais le plaisir seul n’était il pas parfois des plus coupables ? Tu offrais donc en cette éternelle nuit une vision singulière, aussi étrange que profondément dérangeante en ce manoir don tu n’avais quitté la cuisine depuis plusieurs heures. Tu ne préparais pas un festin mais plutôt un repas d’exception où la qualité prônait sur la quantité comme toujours avec toi. Tu avais donc passé des heures à préparer un plat des plus communs, non pas extravagant en sa composition mais des plus exquis. Soignant les multiples détails tel que la cuisson ou encore le vin qui accompagnerait le tout, tu étais peut-être un hôte des plus mortels mais aussi des plus respectables en les attentions qu’il savait accorder à ses invités. Tu étais un peu impatient d’en venir enfin à ce repas, ce petit échange gastronomique là où il avait toujours été rare de trouver des individus au palet assez fin pour savoir apprécier tout ce que ce monde pouvait rendre de comestible et délicieux une fois bien préparé.

Tu vins donc bien rapidement rejoindre le salon lié à la réception en ton humble demeure, une pièce en laquelle trônait un unique piano et un mobilier riche. Sofa, fauteuils afin de profiter d’un appréciable apéritif avant de donner lieu à la suite des festivités à la table. Tu pris place auprès de l’instrument entre ces murs pour doucement commencer à jouer afin de tuer le temps et patienter là où ton invité ne tarderait à arriver. Les morceaux s’enchaînant d’époques différentes de par les partitions que tu avais pu glaner de la mémoire d’Alices de différentes époques. Tu finis par t’attarder sur une certaine composition d’un Yann Tiersen appelée comptine d’un autre été. Un morceau non pas des plus complexes mais relativement apaisant c’est ainsi que tu entendis des pas faire écho à tes notes au fur et à mesure. Deux individus, sans doute ton collègue gastronome et l’un de tes servants qui se devait de l’accompagner.

Tu avais donc continué alors que ton laquais avait fini par s’éclipser vous laissant entre vous, continuant et terminant ton morceau avant de finalement concéder ton attention à ton invité. Dundee, l’un des rares individus en Halloween City qui n’était pas très regardant sur l’origine de la viande, carnivore à souhait comme toi là où la seule chose qui importait était la qualité du tout. Tu te levas donc pour doucement te diriger vers lui, ce masque doré toujours auprès de ton faciès alors que le moment était venu de le saluer en bon et due forme.

« - Je suis heureux de te voir, il est toujours appréciable de recevoir des personnes de goût. »

Une réplique qui pouvait sonner de biens des façons même si tu souriais sous ton masque ceci témoignant d’une satisfaction.

« - Souhaites-tu boire quelque chose ? »

Ne perdant que très peu de temps alors que tu te serais déjà abreuvé d’un bon Gin ou alors d’un délectable Whisky. Tu t’étais dirigé vers le meuble qui contenait tes multiples bouteilles en cette salle, attendant sa réponse avant de ne faire quoi que ce soit.

« - Comment s’est passée ta nuit ? »

En ce monde éternellement bercé par l’obscurité.

Ta main finit donc par extirper deux verres du meuble que tu posas sur celui-ci. Tu avais attentivement écouté sa demande ou plutôt sa réponse tout comme sa seconde prise de parole. Il y avait tant d’individus au sommeil tout sauf calme en Wonderland, surtout lorsqu’ils arrivaient à le trouver que sa réponse ne t’étonna point. Tu expérimentais toi-même bien des cauchemars, des terreurs nocturnes que tu ne pouvais que prendre au sérieux malgré tout ses propos.  

Qu’importe ses paroles tu avais clairement remarqué son sourire sincère et donc plus que tout votre futur amusement, plaisir gustatif. Tu gardais pour l’instant toujours jalousement le plat que tu avais toi-même préparé pour vous deux. Chaque chose en son temps, tu vins donc te saisir d’une bouteille de whisky en le meuble avant de verser le tout en son verre. Tu hésitas un moment sur ta propre boisson avant de doucement te saisir d’une bouteille de rhum.

« - On dit que le rhum est pour l’amusement et baiser, que le whisky lui est pour le business et qu’enfin le gin lui amène la mélancholie. »

Finissant par remplir ton verre de rhum avant de te retourner vers le crocodile pour lui apporter son verre et lui tendre, tu ne tardas à lui tendre en ponctuant le tout d’une nouvelle parole sur les bienfaits de l’alcool.

« - Il parait aussi que le rhum incite la violence mais te libère de tes propres doutes… Mais… »

Trinquant lorsqu’il récupéra son verre avec lui tu rajoutas cet ultime détail.

« - Il y a une chose commune à tous les alcools, ils ont le pouvoir de délier les langues. »

Et faire savoir qui est faut tout bonnement. Tu vins donc prendre place sur ces propos en un des fauteuils de la pièce invitant ton invité à faire de même, à s’installer confortablement d’un signe de main.

« - Je suppose que tu préfères le whiskey pour autre chose malgré tout à moins que tu penses que les alcools n’ont pas de propriétés ou d’identités en quelque sorte. »

Mais qu’est ce qui allait le plus délier la langue du crocodile, les eaux de vie issues de céréales fermentés ou alors la délicieuse viande tranchées en le corps de vos semblables car les vrais prédateurs ne crachaient sur rien.

Un bon souvenir, bien des choses pouvaient rappeler un bon souvenir tant qu’on arrivait à les associer. Il était même aisément possible de rattacher cicatrices et blessures à de délicieux moments comme tu le faisais. Il était possible de rattacher chair humaine au souvenir d’un merveilleux repas comme celui qui se profilait. Sourire amusé donc alors que pour toi le rhum rappelait surtout des lendemains difficiles, des soirées aux jeux aussi mortels qu’amusants… L’alcool était rattaché qu’à des vices te concernant tout bonnement. Il y avait peut être deux trois choses de merveilleuses mais étonnement… C’était le vin rouge, un alcool que tu consommais que très peu mais qui t’apportait de belles réminiscences.

« - J’espère alors qu’en plus d’une agréable rencontre ce whisky te rappellera aussi un délicieux repas. »

Car tu avais omis de faire une entrée, juste un plat principal généraux accompagné d’une bonne bouteille et d’un dessert.

« - Il est complexe toujours d’avoir une bonne pièce de viande… Je pense que tu en es conscient. »

Buvant sur ces mots avant de reprendre la parole pour détailler ton raisonnement.

« - Tu sais qu’une viande apeurée au moment de sa mise à mort est dure, stressée sachant qu’en plus il faut trouver la bonne personne à tuer. Ce fut complexe mais j’ai pu engraisser comme il le fallait une belle bête, je l’ai nourri avec autant d’attention que je me nourris. »

Façon bien abjecte de parler d’un humain, un simple comestible que vous alliez bientôt apprécier. Tu avais offert une alimentation des plus équilibrées au malheureux que vous alliez dévorer ce soir, de l’alcool en bonne quantité, sucre, sel, légumes ou viande. Quantifier judicieusement le tout fut complexe.

« - Pour la mise à mort heureusement j’avais mon pouvoir, il faut dire qu’il est très utile pour faire s’envoler les angoisses, pour que les muscles se délient. »

Un sourire satisfait naissant sous tes traits factices et d’or.

« - Cela sera le meilleur morceau que tu mangeras, ni trop tendre ni trop dur car une bonne viande se doit d’avoir un peu de… Corps et de caractère. Tu vas adorer Dundee. »

Tu sentais l’impatience croître au fur et à mesure alors qu’il était aisé de deviner le fait qu’il humait chaque senteur perceptible. Tu te demandais même si l’alcool n’avait pas comme un effet d’anesthésiant en quelque sorte, un moins de tempérer ses sens qui en demandaient toujours plus. Le tout devait être vraie torture pour lui et il ne manqua pas de le montrer en quelque sorte…

« - La pratique permet de se perfectionner. Je fais juste attention au fait de ne pas faire des essais hasardeux quand j’ai un invité qui a du goût. »

Tu avais donc fini par te redresser pour te diriger vers la table tirant tantôt la chaise pour inviter d’un mouvement de main à ton invité de s’y asseoir.

« - Si tu veux bien prendre place je vais chercher les plats. »

Car tu préférais que vous soyez tranquille plutôt que de compter sur tes serviteurs. Tu t’orientas ensuite vers la porte qui donnait sur le couloir et la cuisine, l’ouvrant pour te diriger en la pièce où l’odeur se faisait de plus en plus forte. Tu ne tardas à en revenir avec le tout, déposant les deux assiettes respectivement à vos places. Le tout étant sous coupole, tu les relevas ensuite pour dévoiler le tout. Un tournedos Rossini se trouvant dessous à l’exception qu’il n’y avait point de bœuf ou de canard, d’oie pour la tranche de foie gras mais un tout exclusivement issu d’un humain. La portion était généreuse à défaut d’avoir un accompagnement car vous n’étiez pas ici pour vous délecter de verdure ou féculents.

Il y avait une bouteille de vin rouge qui trônait sur la table, entamant de la déboucher tu t’étais permis ce commentaire confiant quant à la qualité de ta préparation culinaire.

« - J’espère que le vin correspondra à tes goûts aussi je n’aime pas faire les choses à moitié. »

Le vin finissant par couler à flots en vos verres respectifs alors que tu vins prendre ensuite place sur ta chaise. Les différentes odeurs finissant par se marier merveilleusement en l’atmosphère ambiante alors que tu étais curieux de savoir si une nouvelle fois tes talents culinaires étaient à la hauteur de ce que tu présageais. Tu ne tardas donc à couper un premier morceau et à le porter à tes lèvres alors qu’une sonorité ne tarda à se faire ouïr. La satisfaction se faisant clairement ouïr alors que tu étais conforté en tes choix en matière d’élevage pour l’origine de cette viande. Tu t’étais empressé ensuite de profiter de ce vin rouge qui se mariait à merveille tandis que ton invité semblait plus qu’heureux en cette dégustation.

« - Je suis plutôt content d’avoir choisi la bonne bête à abattre. Certaines créatures ne font pas nécessairement une bonne viande malgré une bonne attention mais ici le tout est parfait. »

Alors que tu faisais attention à te limiter en les portions que tu ingérais afin de ne pas avaler le tout goulument, pour pouvoir profiter du mieux possible des arômes.

« - J’espère réussir à retrouver de la viande aussi tendre et gouteuse même si parfois un morceau avec du caractère n’est pas mauvais. Elle est délicieuse. »

Elle, la viande ou la personne que tu avais engraissé et travaillé pour la tuer et enfin la déguster ? Au final vous en reveniez simplement à la viande car elle ne ressemblait plus qu’à un morceau tout simplement.

« - Je me demande si les gens se rendent compte de ce qu’ils manquent. »

Car on semblait vous considérer comme des monstres, n’importe qui pouvant être choqué de la vision actuelle en ce salon. Présentement il n’y avait pas de fous mais juste deux prédateurs.