La jungle toxique.
De tout Wonderland, elle est sans nulle doute ornée de la verdure la plus singulière, forêt habitée par une aura de mystère. Une odeur étrange et inhabituelle flotte doucement dans les airs, un arôme si particulier que tu aimes qualifier de parfum d'aventure. Un parfum qui sait si aisément attiser un sourire ardent sur tes lippes amusées.

Les lourdes chaussures protégeant tes pieds foulent la végétation abondante, franchissent la lisière qui se dessine peu à peu dans ce paysage sauvage ; plusieurs variétés de champignons se tiennent fièrement dans les environs, marquant leur territoire que tu explores effrontément. Oh oui, il n'y a bien qu'en ces lieux que ces spécimens dévoilent leurs propriétés colorées, luminescentes ou bien des proportions étonnantes.

La jungle toxique,
une allure de défi,
une exploration que tu n'avais jamais finie.

Un périple qu'aujourd'hui tu n'entreprends pas seul, accompagné d'un autre sujet du Royaume d'Ivoire, chétif et craintif ; un équipier imparfait pour ses faibles qualifications, un allié parfait pour sa détermination. Tu ne réclames rien de plus, tu n'as jamais rien réclamé de plus que le dessein de cheminer les mêmes voies que toi, de sentir les frissons de la curiosité en imaginant ce qui se trouverait au bout. Sortir des sentiers battus afin de mériter ce que la liberté offrait si généreusement, simplement armé d'un sac à dos peu contraignant ainsi que de vêtements pratiques.

Vous continuez, encore et encore,
Du regard tu dévores,
La variété et l'immensité de cette flore.

D’humeur insolente, tu déambules fièrement dans cette atmosphère inquiétante, guidant la marche sans suivre de point de repère. Seul le son d'une chute dans les plantations parvient à attirer ton attention, tandis que tu étouffes un léger rire spontané ; aucune méchanceté, simplement une façon paradoxale de démontrer de la sympathie.

— Ah oui, j'avais oublié de te dire : fais attention où tu mets les pieds. On est bien loin des routes bien pavées de Marmoreal.

Une ironie insérée en toute amitié, accompagnée d’un rictus en coin. Tu salues sa faible assurance, ce progrès accompli dans cette douce transformation ; seuls les plus braves osent s’aventurer en terre inconnue après tout. La marche reprise, tes yeux se perdent dans ces paysages de plus en plus sombres alors que vous vous enfoncez.

— En passant, évite de trop paniquer ou de gaspiller de l’air inutilement. Pour être venu quelques fois ici, j’ai remarqué que les effets étranges arrivent plus vite quand tu respires trop fort. Un silence pensif, avant d’ajouter. Rien de bien dangereux, t’inquiète pas, juste étranges. Donc bien sûr, ne respire pas les plantes de trop près.

Un léger ricanement rocailleux s’échappe de ta gorge, peu à peu envahi par cette sensation d’euphorie ressentie à chaque expédition en cette jungle luxuriante. Un avertissement glissé, peut-être comme une tentative vicieuse d’accentuer son assurance et de réduire cette tendance lancinante au bégaiement. Les informations au sujet des différents effets aphrodisiaques, hallucinogènes ou même de malaise, seront amputées de tes commentaires jusqu’à ce qu’il demande des renseignements. C’est peu nécessaire.

Une petite clairière apparaît dans votre champ de vision, donnant vue sur plusieurs routes possibles. Tu pousses un profond soupir, empli d’un sentiment d’accomplissement, tandis que tu te retournes vers Ayden.

— Il y a un chemin qui te tente plus que les autres ? Sinon, si tu veux faire une pause, dis-le : la route sera encore longue. Enfin, sûrement.

Une multitude de possibilités qui ne tardent qu’à être découvertes.