Logan ft. Gemma
La rencontre que nous allons vous raconter ici remonte à ce qui représenterait petit bout de vie pour une alice qui aurait encore la notion du temps, mais elle n'est pas si lointaine que cela en ce qui concerne celui qui, en ce monde, interprète le petit prince. Ceci étant dit, pas sûr que cette journée soit encore très fraîche dans la mémoire de celle qui n'était à l'époque qu'une alice dépourvue de rôle sur l'échiquier de cet univers tordu qu'est Wonderland.
Le petit prince avait pour sa part un long vécu sous son identité actuelle. Ainsi, ses pieds avaient déjà foulés le royaume se voulant blanc comme neige ainsi que celui aussi rouge que le sang. Il connaissait également les détours féériques de Neverland, les rues magnifiées par l'esprit d'un Noël qui tardait à arriver et celles plus sombres d'un Halloween se voulant aussi constant que la perfidie de ses résidents. Bref, la vie typique d'un vagabond se laissant porter sans véritablement se soucier de l'avenir. Une vie insouciante qu'il a abandonné le jour où il a décidé de rejoindre les rangs de la reine blanche.
C'est la lassitude de son poste qui le poussa à prendre le large loin du royaume d'Ivoire, l'envie de voyager comme à l'époque lui manquant beaucoup trop. C'est pour cette raison qu'il décida de retourner à la case départ que représente la forêt d'Hollywood et plus précisément la porte d'entrée. Cet endroit a toujours attisé sa curiosité, oui, mais il a également toujours fait en sorte de le fuir. Oh, il n'en avait pas peur, mais il ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise lorsqu'il s'en approchait. Son instinct d'entité ne devait pas avoir envie de se risquer à voir resurgir les souvenirs d'une vie oubliée. Quoi qu'il en soit, Logan refusait de se laisser dominer par la peur car c'était sûrement la dernière fois qu'il pourrait se permettre de venir : il était certain que son retour au poste signifierait pour lui plus de restrictions pour l'empêcher de n'en faire qu'à sa tête.
Enfin... C'est bien beau d'avoir pour objectif la porte d'entrée des alices, mais il fallait pour cela traverser l'immense forêt, chose plutôt compliquée même bien équipé car celle-ci avait tendance à n'en faire qu'à sa tête, j'en veux pour preuve le fait que notre cher ami en était maintenant à trois visites de l'échiquier géant alors qu'il était sûr d'avoir toujours avancé droit devant lui. Pas étonnant que les nouveaux venus mettent des heures à en sortir - pour les plus chanceux. Pire encore, la faune locale ne semblait pas être en mesure de lui indiquer un chemin précis : les animaux du coin avaient depuis longtemps abandonné les concepts que sont la logique et les cartes.
Plus tard, un interlocuteur à fourrure qui aurait fait un bon quatre-heures rétorqua à un petit prince impatient qu'il ne servait à rien de se débattre contre les lubies de la végétation et que de toute façon, Logan finira bien par arriver en temps et heure, la forêt n'avait juste pas décidé de quand tomberait le bon moment.
[...]
Depuis quand traînait-il dans cette foutue forêt ? Plus de deux journées, pour sûr. Le vagabond en avait assez. Il ne dégageait déjà pas une odeur de fleur en temps normal, mais de là à sentir le fauve ? Huh. Sale et fatigué, il s'estimait tout de même chanceux de trouver assez de ressources dans ces bois infinis pour esquiver la faim. Mais son optimisme s'arrêtait là. Trouver la porte d'entrée ne l'intéressait plus. Son objectif était maintenant de ne plus se retrouver une énième fois face à l'échiquier géant et s'extirper de ces foutus bois avant de céder à son désir montant d'y allumer un feu de joie (ne faites pas ça chez vous les enfants).
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Le petit prince avait de plus en plus de mal à se repérer dans le temps et l'espace, la taille des arbres l'empêchant même d'avoir une vague idée du lieu où il se trouve grâce au ciel. La fatigue et la lassitude faisaient également du bon boulot pour mettre à mal son humeur, au point qu'il ne prenait même plus la peine de discuter avec la faune locale. Ils étaient tous débiles de toute façon, pas étonnant qu'ils vivent dans une forêt toute aussi débile.
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C'est décidé, la prochaine bestiole assez stupide pour lui dire qu'il finira par arriver à l'heure finira dans son estomac.
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Quel jour sommes-nous ? Bah, on s'en tape. De toute façon rien n'a de sens dans ce monde tordu. L'important est de s'occuper l'esprit pour ne pas avoir à se soucier du des heures qui défilent. Logan avait heureusement trouvé non loin d'un sac d'os quelques effets personnels, dont une flûte traversière. Il ne savait pas en jouer, mais ce n'est qu'un détail : il avait tout le temps du monde pour s'améliorer. Autant s'y mettre maintenant.
[...]
Plus proche de l'enfant perdu que du petit prince, le jeune homme aux cheveux en bataille avait bien du mal à jouer les quelques mélodies qu'il avait pu entendre au fil de ses voyages. Les fausses notes retentissaient, accompagnées par les invectives enfantines du jeune roi des crasseux. Il était tant concentré sur le désir de délivrer une interprétation parfaite qu'il en avait oublié le monde autour de lui et, de fait, il ne réalisait pas qu'il était enfin arrivé à destination.
Enfin, ça, c'était avant qu'un voix ne vienne le sortir de sa bulle. Une voix humaine appartenant à un autre être humain. Une femme. Une femme en sous-vêtements. Oui oui, en sous-vêtements. Hum. En voilà une situation inhabituelle. L'idée que qui que ce soit se retrouve quasiment nu devant Logan est déjà burlesque, alors que ce soit en plus dans une forêt... Il y a des limites à l'incohérence, même Wonderland, et cette limite a été franchie en cet instant précis. Mais bon, faisons avec.
Le petit prince, d'abord absent, se mis à observer l'inconnue de haut en bas, perplexe. Il fronce les sourcils. Avait-il perdu la raison au point de s'inventer une amie imaginaire ? Peut-être bien. Mais pourquoi une amie en petite tenue ? Non, vraiment, c'est au-dessus de sa compréhension. Elle doit donc être réelle. Bien, il faut donc marquer cette rencontre par des paroles puissantes, impactantes, de celles qui peuvent forger une amitié éternelle. Allez champion, à toi de jouer !
– ... C'est une coutume des grandes personnes de chez vous de se promener les fesses à l'air ? Si vous voulez j'ai une couverture pour vous recouvrir, mais faut pas faire attention à l'odeur ! Et elle est pleine de puces... Mais ce n'est pas si méchant les puces, vous savez ?Sans attendre, le prince des clochards extirpe la dite couverture de son sac et la tend à l'inconnue, l'air faussement assuré.
– Alors, vous venez d'où ? Du Moulin Rouge ? C'est quoi votre nom ? On peut se tutoyer ? Moi c'est Logan, je suis le gardien de la fontaine !Bon. C'est un début et... c'est déjà ça.