Je remue le ciel, le jour, la nuit ♫

la foule est dense, les gens vont et viennent
et je vais et je viens, entre leurs desseins inconnus et les seins des femmes qui
cachés sous les cotons, les laines, les corsets,
aiguisent ma curiosité et mes goûts pour la beauté

et je vais et je viens, entre ces passants et passantes
que la vie presse de choses, de trucs, de machins

je m’ennuie terriblement,
j’ai acheté du thé, j’ai acheté une blouse de facture luxueuse,
jour de congé, jour de repos - mère-grand a dit lior, je ne veux pas te voir aujourd’hui
tant mieux ?

la ruelle m’amène jusqu’à un petit attroupement de badauds
ils observent un danseur de rue
ah ?

mh
je m’arrête, me fond parmi eux
observe le danseur - souple de gestes, souple de corps
beau visage, le cliché du minet que les hommes en mal de fraîcheur aiment violenter et que les femmes désirent pour revivre leur adolescence au secret d’une chambre à coucher où le mariage les étouffe

à mes yeux, il n’est rien de plus qu’un rat ayant des qualités pouvant répondre à un certain contexte
je lui reconnais, en effet, un talent pour le mouvement et une disposition à la sensualité

ce n’est pas tous les jours qu’il m’est permis de rencontrer un rat aussi doué pour la danse, n’est-ce pas ?

je souris,
applaudis à la suite de mes comparses spectateurs lorsqu’il termine son petit numéro

une idée me vient -
je crois savoir que nous manquons de minets dans son genre au moulin
je crois savoir que nos clients les plus fidèles déplorent la présence d’un petit nouveau pour les distraire

je m’avance,
tout sourire, et lui tends une main pour le saluer vous êtes remarquable ! voix de miel quel est votre nom ? je dépose mes paquets et sac contenant mon thé, mes achats divers - entre nous, sur le bitume

je me prénomme lior mon sourire s’étire, charmant charmeur vous produisez-vous seulement dans la rue ?

il me faut prendre mon temps pour ferrer ma proie
alors avant de la piéger, les bonnes manières veulent que je la mette en confiance
mh ?