Tourne un peu à droite puis à gauche, fait les cent pas, simplement fatiguée par tous les événements. Elle réfléchit faussement au plan qui avait été donné, à la façon dont ils comptaient récupérer Alastor des mains de la Reine de Cœur.

Alors Braxton active, tournaille un peu pour finalement se jeter sur le canapé qui était là. Après tout, ils étaient déjà tous partis et elle ne tarderait pas à les rejoindre avec ses bottes. Du moins, tous sauf lui.

« Laurie tu sais que c’est fatiguant. »

Qu’elle s’exprime avec simplicité. Comme si c’était une réalité actée et admise de tous. Alors qu’au fond, il n’y avait aucun sens à cette intervention. Aucun but quant à ses propos, car ses paroles étaient bel et bien dénuées de sens premiers.

« On a l’impression que tu fais exprès et ça te rend désagréable. »

Alors, Braxton avait soupiré. Un long soupir qui aurait semblé sans fin. Laurie était bizarre, là était le fait. Du moins, aux yeux de la jeune native. Décalé, étrange, ailleurs finalement. Elle n’était pas capable de le comprendre, ni de l’apprécier et encore moins de le détester. Il était juste là. Un membre comme un autre, une existence qui n’avait pas grand intérêt sauf peut-être de l’occuper dans son ennui.

« Tu en as conscience parfois ? »

Que vivant ou mort, on se demanderait si tu changerais grand-chose.

Un frisson qui parcourt la totalité de son épiderme. Malaisant, désagréable. C’est ce que tu lui faisais ressentir Laurie. Lorsqu’elle serre ses bras contre sa poitrine et s’engouffre totalement dans le moelleux du canapé, comme pour espérer vaincre ce désagrément que ta simple parole a créée.

« Waaaaaaaaah. »

Qu’elle élève alors la voix, d’une manière enfantine tandis qu’une grimace de dégoût s’affirme sur son visage. Resserre un peu plus son étreinte, comme si Braxton voulait s'engouffrer totalement de sa propre aura. Clamerait presque qu’il était flippant, dégoutant. D’une manière abstraite seulement, que ses pensées utilisaient ces mots. Car la réalité était tout autre, Braxton qui était difficile, incomprise. Un peu comme toi finalement, Laurie.

« C’est flippant que tu saches ma vie comme ça là. »

Les dents qui claquent. Braxton qui venait de lui coller l’étiquette de stalker. Mais n’était-il pas logique qu’en tant que membre de la brigade fantôme, au même titre que la native, Laurie soit au courant de la mission de sauvetage. Qu’il soit au courant des groupes ainsi que de la stratégie adoptée. Qu’il soit au courant, car lui ne venait pas. Qu’il soit au courant, que Braxton devait être partie comme tous les autres. Car après tout, ils étaient seuls. Face à face sur les canapés du manoir sans le moindre bruit au alentour.

« Encore plus quand on sait qu’on est seul. Oh non. »

Désespoir surjouée, qu’elle disparaîtrait presque pour de vrai, cette fois-ci, au fin fond du divan.

« Je sais pas si je me ferais à l’idée que tu es fan de moi. »

Bien sûr que Braxton adorait être le centre du monde d’autrui. D’être la raison pour laquelle ils se levaient le matin, pour laquelle ils souriaient, bien que les pleures étaient préférables. Être la raison des souffrances et des larmes, le plus beaux des cadeaux qu’on pouvait lui faire. Mais Laurie n’était pas l’un de ceux qui pouvait lui apporter une telle satisfaction. Car là était le sens même de cette interpellation qui n’avait, en vérité, aucun sens.

« Comment ça tu ne sais pas si tu en as conscience ? »

Dramatique alors, qu’elle sépare ses bras pour déposer le haut de sa main sur son visage, affalée comme prête à s’évanouir.

« C'est pas vrai, ne me dit pas que tu es idiot en plus. Lau-rie. »