Il y a ici dit-on, Valentina - au coeur de l’ailleurs, dans cette contrée toxique bien trop toxique aux sifflements de laideur dissimulée une identité, une existence. Et Valentina sur la pointe des pieds qui sillonne les terres façonne, trace son immondice ; ici les fleurs se fanent et la lumière se meurt entre les feuillages, reste-t’il assez de noirceur pour serpenter la terre cependant ? Il est l’oiseau incertain qui serpente à la recherche de mets capables de satisfaire sa bête pensée et sa curiosité périlleuse ; son âme désastreuse qui s’éprend la vilaine désireuse. Plume qui s’élance là où trop rien ne séjourne et se dépose - repose sur les cadavres mortifères des pas.
Il n’y a que du silence sur les traces et c’est se nourrir de cette captivité des sens qui nourrit son coeur infatué. Aux bords des lèvres la chute, le débordement de difformité s’exécute en une courbe disgracieuse d’infamie et qu’ils sont viles ses muscles, ainsi distordus quand ses pas s’enfoncent dans l’humus qui se retourne s’oblique à chaque houle.

Et c’est une sérénade sur ses lèvres, bien pourtant un oratorio dans l’âme qui s’éprend et jusqu’à ses pas qui séjournent là devant.
Les Hommes ont fondé des portes - protection de l’existence. Les Hommes se sentent protégé mais quel Diable - quel Diable ne fait que s’asseoir devant à attendre, il ne s’y tient pas Cerbère à quoi bon ; il n’y a que derrière un fragment d’éternité et session d’humanité peut-être bien-même. Ne sait pas Valentina pourtant derrière bien plus - et sur ses pas, sur ses doigts dansent les lames de la dérision frotte avec ardeur contre ce rectangle de bois.

— Dis-moi plutôt Sur la harpe chante la mélopée funèbre - il n’y a rien Valentina ; rien de si sage dans cette voix qu’il élève, et ô ! Si seulement les portes n’étaient pas si chagrinées d’être ainsi simplement frôlées,
Dis-moi plutôt Et si seulement les portes sous son toucher tombaient ; ça serait déjà les orbes délicatement jouées.
Ravageur démon de luxure - ici dans les terres inexplorée sous son toucher arrache les haies et les roses saignent sous le derme, quelle bénédiction peuvent-ils dirent ! Merci, c’est le passage de la débauche et de l’impureté qui s’achemine.
Où tu te caches. Et arpente le vice les mains sages les doigts arachnéennes sur la poignée, dansent les vilaines la présence sentie à l’intérieur - pourrait jouer si longtemps comme ça pour chanter en tétrasyllabes derrière cette fine pierre qui séjourne.

Que sa cache-t’il ici - dit-on eux disent, il y a des cartes,
Des cartes un Oracle - que répond le Diable ; donne-moi donc les cartes, que je les essarte.

Caresse des courbes de ses doigts sur le vieux bois qui l’encadre et là, tapis dans l’ombre se distingue entre quelques tintements l’oeillade discrète, l’oeillade patiente pourtant l’oeillade méfiante, c’est ce savoir qui fait creuser le sourire du démon qui patiente devant la porte entrouverte. Les orbes coulent sur son visage sillonnent ses traits ; d’une partie moindre qu’il distingue jeune démon sait pourtant, croit même tout savoir de son regard étriqué sur les arabesques de sa physionomie.
Les iris azurées se posent déposent et se reposent plus cruellement encore sur ce visage aux traits séraphins et de ses doigts, jouerait probablement en notes douces sur le piano de ses traits ainsi sculptés, mais le temps n’est pas à la contemplation quand déjà sa voix résonne et s’éprend de tous ses sens - le silence de là où ses pas rôdent lui offre cet écho divin qu’il capture entre ses songes.

— Et vous devez être Uriel. Gratte sur sa lyre d’une voix conciliante Orphée qui en son sein ricane déjà - il sait derrière ce visage qui se dépeint d’une soudaine vive douceur, il sait qu’il se sied pourtant d’une brutalité incommode qu’il pourtant dissimule.
Et ses yeux se noient des ténèbres qu’il vivement ausculte, ce que Valentina désigne son éther - ce visage qui dans l’ombre se découpe. Ne rien savoir des cartes et des tirages et pourtant se savoir curieux de percevoir dans son antre tireuse - Oracle qu’ils disent dans les rues noires plus noires encore.

Sent-elle ce regard pesant ainsi offert à son égard mais du désarroi qu’elle ne peut manifester en percevant Valentina, démon qui toque à sa porte. C’est un plaisir. J’espère que je ne vous dérange pas. Fausse courbe qui étire ses zygomatiques, le démon se perche et même l’accule de haut ; pauvre entité déchue qu’il a choisi d’importuner dans son ennui. Il n’en est rien ; il n’y a dans ce corps ni espoir ni volonté de ne pas nuire - le plaisir est sournois dans sa chair, fait frémir son échine quand son regard plonge un peu plus encore dans les eaux sombres de son regard. C’est s’y noyer un instant se retrouver ainsi, pris d’une exaltation curieuse dissimulée au creux des poumons, le souffle chaud qui galvanise l’air froid. Saillie brutale de son corps dans l’encadrement - la témérité dans les doigts qui coulent contre le bois.
Regarde la vipère qui sillonne se joue de son regard sur ta chair,
Cartes entre tes doigts, elle regardera la chair voutée.

Pas longs sur le sol qui grince ; sillons de ses pas démons, sur ces lieux que de sa couverture de nacre il galvanise. Valentina du coin de l’oeil observe ; les orbes curieuses distinguent plus cruellement la silhouette, plus envieusement et les tympans s’éprennent, du moindre tintement de la porte grinçante à sa carrure qui dans l’ombre se découpe - à cet instant démon, plus grand sourit encore. À ses mots qui se découpent, sourit plus grand toujours plus grand dans le creux de la pensée. Il le sait au fond de lui ce Diable qui grouille d’envies dévastatrices ne désire chaque jour qu’un peu plus dévorer.
Et les pas encore sillonnent le chemin qu’elle tisse, jusqu’à cette table où déjà Valentina prend place. N’oppose ni gêne ni malaise dans son regard, dans sa gestuelle dans sa position - c’est se jouer aussi, démon, nymphe exaltée de ce fragment d’existence qui perdure face à elle. Alors les serres pianotent doucettement sur la petite table de bois - regarde pourtant Valentina du coin de l’oeil ses gestes avec grande précision, contemple la porcelaine et met un instant avant de laisser sa voix de nouveau, graduellement s’élever.

— Un thé fera parfaitement l’affaire, merci. Sourire écarlate, démon disent-ils. Et exaltation des sens à ses mouvements ; pour qui Diable es-tu venu ici démon ? T’émousser des gestes aussi fébriles soient-ils de l’Oracle ou pour se tirage qui t’importe probablement peu ? C’est cette curiosité grondante qui a porté ton corps jusqu’ici et à sa question, le silence n’est pas long. Il se tait lentement dans l’ombre ; car Valentina les cartes ne lui ont probablement jamais cheminé une utopie agréable, tout se déconstruit si aisément autour de lui. Je suppose qu’un tirage complet pourrait être plus enrichissant. Enrichissant - car c’est cette soif d’ennui que le démon nourrit à chaque fois que son oeillade distingue un peu plus chacun de ses mouvements. Car il n’y a rien de plus enrichissant que la contemplation des âmes et leur dépravation ; mais qu’as-tu réellement en tête à cet instant Valentina ?

— Du troc ? Je suppose que j’adapterais vos désirs de la sorte, si cette échange vous convient. Sous-entend déjà le sort qu’il lui réserve démon mais bien malheureux de le laisser si apparent. Se tait d’un mouvement de tête en sa direction alors que sa paume vient supporter sa tête ; ses yeux se figent, un court instant, sur ses cartes qui s’agitent entre les fines phalanges. Il a le regard le sourire aussi, patibulaire qui orne ses traits mais il se veut si commun puis admet. Je n’ai que très peu de connaissances en ce qui concerne les tirages. Et si ce qu’elles chantent en mélopée funèbre peut bien intriguer la nymphe, est-ce pourtant ce fameux tirage qui l’intrigue au point de trépigner d’impatience en cet instant ? Le regard curieux s’abat, plus encore dans le regard cette fois, de la maîtresse des lieux et derrière cette courbe qui étire ses zygomatiques il n’y a rien de rassurant rien de taraudant pourtant - peut-être les cartes déchireront-elles cette version torride qui sur ses traits s’évertue d’exister.