On se perds en fourmillement, on le sait, on le sent. Abus irrévérencieux de confiance probablement, et plus on avance, plus on lui ressemble, et qu’on hait lui ressembler. On se demande quand tu viendras nous voir Alastor, parce que tu vas venir. Tu dois venir. Probablement que l’on veut que tu vienne. Le piquant. Le brûlant. Nous manque autant qu’on le redoute. Tapi dans l’ombre malléable de nos songes.

Étale de papier qui jonche ce bureau qui est le notre, Earle n’est plus. Judas est découvert. Les pions qu’on s’évertuent à placer ne font que s’effriter, tombe du château de carte. Déception. On se serait bien passé de ces coups du sort, de ces fourmillements de vérité qui nous ont placé en désagréable posture. Surement autant qu’on est excité à l’idée, qu’on jubile de la tête que tu as du faire en apprenant qu’on t'as pris cette manche. Rictus à nos lèvres.

Il nous faut d’autre plans. Plus de plans. Se croisent nos doigts ensemble sur notre bouche déposés, adossé alors qu’en leur sein nous y avons toujours notre plume d'encre imbibé.

Jusqu’au froid de la lame qui se niche contre notre gorge et ta voix qui filtre à nos oreilles.

« Haunting, Je ne savais pas que vous aviez changé d’employeur, le chaos n’est plus votre voie de prédilection ? »

Nos doigts qui glissent autour de ton poignet, force pour ne pas laisser ta lame nous trancher, déglutie difficilement, on a pas prévu de mourir Haunting. Pas ce soir. Comme on a pas l’envie de te montrer que ça nous importe. Ne pouvait-on pas choisir adversaire moins similaire à nous.

« Je savais que vous viendriez, malheureusement j’oublie parfois que certains parlent trop. Ironique pas vrai ? »

On doit sortir de ce putain de fauteuil. On plante vif notre plume dans le dos de ta main, pour s’extirper à ta prise, et sortir d’un bond de notre chaise et te faire face. Recule d’un pas, masse notre gorge, avec un de nos rictus qui pue le faux.

« Je trouve la Mort bien trop en avance. J'imagine que ce n'est pas le bon vent qui vous amène. L'affaire Judas ?»

Si on peut bien l'appeler ainsi. On t'a eu Alastor. Mais on sait que toute médaille à ces revers.

Rictus en nos lèvres alors que tu dépeins parfaitement notre tableau, celui qui repeint notre âme bien qu’on s’en cache avec l’allégresse des sourires et du clinquant de nos entrées. Ils se laissent tous berner, pourquoi pas toi ? Parce que tu es bien plus malin pas vrai. Toujours plus malin. Avec toi la victoire n’est toujours qu’un coup. Car ne laisse nullement place à la défaite.

On te toise, t’observe alors qu’on sent à quel point le sujet te déplaît, tu ne peux nier Haunting que sur ce coup-là on a gagné.

« Ils y reviennent toujours, c’est là qu’on voit à quel point ils sont fidèles non ?»

On entends ton changement de ton, cette rage, haine entre l’inflexion de tes lettres, notre dos contre la vitre acculé, on se veut serein, roi, mais chaque médaille tiens son revers comme on le disait. Notre esprit par tes mots distraits, notre corps trop lent ne parvient pas à esquiver qui dans notre œil vient se planter.

Hurlement de la douleur qui nous assassine que notre main tremblante sous l’impact cherche notre poignard.


Je veux te planter. Je veux ouvrir lentement le fond de tes entraines et laisser les corbeaux s’en repaitre pendant que ton cœur bat encore. Ma lame qui fends l’air quand mes jambes chancèlent, mon autre main sur mon œil détruit de sang imbibé je le sais, je ne pense qu’à te tuer, t’éloigner, t’éloigner. Mon œil gauche pour seul appuit qui peine à rester ouvert. Mais qui cherche tes iris. Alors que la douleur brule les restes de mon âme.

« Ne perds pas de vue qui…qu-i tu a-as en face n-non plus. »

Tu pourrais me tuer. Mais je te planterai en retour, un rire entre mes lèvres détraqué, détruit. Fou.

« A-avec ça tu no-ous c-c-onsidère quitte pro-probablement ? »

Je me vengerai Alastor, si je survis, je traquerai le moindre de tes chiens de faïences, je les pendrais les uns après les autres, en ferait de la pature que je t’enverrai morceau par morceaux dans des cartons. Je brulerai Halloween City jusqu’à la rayer de la carte. Ma main qui se sent obligé de s’appuyer sur mon fauteuil, je me refuse de choir à tes pieds. Mon iris valide qui tente vainement de capter la tienne. Tente de mon don de t’atteindre.

« Sors de chez -m-moi H-Haunting. »

Energie en berne, mon don fonctionne-t-il seulement encore à la force d’une seule maigre iris alors que corps se meurt. Mon poignard que je repointe vers toi, mon corps baladé des tremblements.

Que je t’exècre Alastor, toi et ton putain de fou rire, je vous réduirais à néant, toi et ton chaos désorganisé, je pourrais attendre que tu te foute en l’air tout seul dans le sombre de ta connerie mais j’en jubilerai bien moins. Tu es une épine dans mon pied que je compte bien supprimer, éliminer, écraser à la lenteur de ma semelle pour entendre tes os craquer les uns après les autres.

T’en profite pour m’acculer, chien. Mon rictus qui s’étire, un rire qui s’échappe entre mes lèvres, la douleur qui me scie la moitié du visage ma mâchoire qui ne rêve que de se serrer avec violence, ma main qui s’oblige à se tenir quand mon corps menace de s’écrouler.

« Amusant, Amusant Haunting. »

Mon seul iris entre vivace qui s’écarquille de la folie qui me consume lié à ce rire que ma voix ne contient plus alors que le souffle se fait compliqué.

« Essaye donc de raser ma ville Haunting. Je ferai c-c-cendre de la tienne. Et.. Et… Et …même si je meurs j’aurais quelqu’un p-pour p-prendre ma p-place, continuer mes p-projets jusqu’à ce qu’Halloween City soit rayé de la carte, et que tes ouailles ne soient plus … q-q-que poussière. »

Mes dents qui claquent, alors que je ressers ma mâchoire pour les faire taire. Taisez vous. La confusion en tes prunelles, du moins surtout celle que je distingue. Tu me le paiera si cher.

« Qu’est ceee qu-que t’attends p-pour te barrer. U-Un café ? »

Un autre rire qui fends ma gorge, alors que ma vue unique se trouble un peu, le poignard que je sers toujours autour de mes doigts, fend l’air pour te faire reculer, loin d’être aussi précis qu’à l’accoutumé.

« Recule toi. J-J’ai assez de t-t-on a-a-air. »

Je veux une cigarette, et si t’approche encore. Je le jure Alastor, je laisserai mon corps tomber sur le tien juste pour te planter.

Le bruit désagréable de tes mains qui tapent l’une contre l’autre, ne peux-tu pas respecter mon temps de paroles Haunting, alors qu’il est déjà douloureux d’avoir à m’écorcher les lèvres pour te répandre ma sainte parole, à tes oreilles qui n’en mérite pas une goutte. Marcel ? C’était son nom ? Aucun foutre intérêt. Un autre jetable.

« J-je ne cherche que ton a-a-amour Alastor enfin. »

Et à me foutre allègrement de ta gueule parce que je ne supporte simplement plus ta vue. Que je n’ai plus que d’un seul œil désormais. Et par tous les démons de Wonderland que tu le paiera de la plus odieuse des façons.

« J-Je n’ai eu qu’à confirmer qu-que tu n’es pas invin-ci-cible. Au cas où…-t-u avais pas re-remarqué. T-Tes failles.»

De mon œil unique je te foudroie de mon iris, alors que je tente de reprendre de ma prestance dans un rire détracté, cassé, abusé.

« Su-rement pas au-aussi déplorable que t-t-oi dans les cachots de Ju-Juliette. M-Mon plus grand r-r-r-egret d’avoir ra-té ça. »

Aucun regret. Parce qu’à terme Alastor, c’est à mes chaines que tu seras cloué, les tortures de Juliette passeront pour vacances à coté de toutes les infamies que je te réserve. Je te garderai toujours pour la fin, ton corps que je planterai sur un croix à la vue de tous alors que pendant des jours tu te videra de ton sang en plein milieu du parvis de la mairie. J’en crève de jouissance par avance.

Et quand tu parles de peur, mon rire explose à nouveau sardonique. Oh Alastor, si peur j’eu, crois moi qu’après ce soir, elle est bien différente, alors que tu disparais dans les ombres.

« A très vite, mon ch-cher Alastor. »

Et mon corps attends que tes pas disparaissent dans le couloir pour s’effondrer au sol, me laisse le dos au sol, un seul œil pour regarder le plafond. Vivant. Je n’ai jamais été plus vivant. Alors qu’un rire mue à nouveau entre mes lèvres, jusqu’à ce que je perde finalement connaissance.

Oh Alastor. Je te bousillerai.