« Ernest ! »

Que Cole clame avec enthousiasme lorsqu’il fait son entrée t’en attendu. S’adresse à lui comme un bien vieil ami, bras grand ouvert attendant une accolade sincère qu’il aurait de toute manière esquivé au dernier moment.

Mais rien n’y fait, rien ne s’approche si ce n’est le début des problèmes.

« Bonne route ? »

Parcours du regard la pièce dans laquelle il a été convié. Bien trop solennel à son goût, mais fait un grand tour pour observer tous objets qui retiendraient inutilement son attention.

« A ça oui très plaisant, on suppose cependant que ce ne soit pas le cas du soldat… Gilbert, Albert, Hubert ? »

Une légère moue se dessine sur son faciès, décidément, Cole n’était pas doué pour les noms qui finissaient en bert.

« On pense qu’il n’a pas trop apprécié se retrouver dans la jungle toxique… À moins que ce soit le lac agité ? Enfin, une bonne balade afin de pouvoir retourner à son, trait de dégoût très distinct, mais qui s’efface aussitôt à l’évocation de ce mot, travail. »

Qu’il rigole alors, finissant enfin le tour de la pièce pour faire face à Ernest et au siège qu’il lui avait été présenté quelques secondes auparavant. Le conseiller avait-il réellement pensé que Cole avait fait le voyage jusqu’ici de manière officielle. Qu’il réponde déjà présent de cette façon pouvait clamer l’exceptionnel, alors l’échange pour s’y rendre semblait bien plus opportun.

« Et le vôtre ? »

De voyage. Un brin de sourire au creux des lèvres, le regard appuyé alors qu’il commence à s’asseoir sur le siège qui devait être le sien. Mais alors que ses fesses s’apprêtaient à rentrer en contact avec la banquette, Cole fini là où était assis Ernest, un échange simple et délicat. Rapide aussi, car le sien paraissait plus confortable. Après tout, c’était le siège du conseiller de la reine rouge.

Et alors prend simplement ses aises, s’étire comme si rien ne s’était passé.

« Pourquoi devrions-nous nous défendre sur ce qui s’est déjà déroulé ? »

De plus, lorsqu’on y réfléchissait tant que personne n’était pris la main dans le sac, qui pouvait affirmer qu’ils étaient fautifs ? Plus encore lorsque l’on sait que souvent, les souvenirs et la mémoire peu fait défaut à ceux qui ne venaient pas d’ici.

« Où même nous défendre de quoi que ce soit ! À ce que je sache, Juliette ne vous a pas coupé la tête, à vous. »

Acquise de la tête, bras croisés. Il se voulait boudeur.

« Et plus d’une fois, en plus. »

Ahaha. 

Le sourire d’Ernest ne l’enchante guère. Cole aurait tout de même dû s’en douter, en tant que conseiller de Juliette, il était normal qu’il soit capable de garder un certain self-control. Tout autant que de savoir répondre, d’une manière simple, mais tranchante face aux moqueries. Une façon de garder la tête sur les épaules, car suffisamment qualifié pour être aux côtés de la Reine de Cœur. Malgré cette déception, c’est le sourire moqueur qui s’étire, écho au rictus de l’homme qui lui fait face. Les bras qui se lèvent, paumes vers le plafond dans le but d’agrémenter son haussement d’épaule.

« Si vous l’avez encore accroché au reste du corps, c’est tout simplement que vous avez encore un quelconque intérêt. Même si c’est pour passer la serpillère ou nettoyer les chaussures de Juliette. »

Glisse alors au fond du siège et serait à rien de disparaître avec le bureau qui lui fait face. Reprend cette attitude boudeuse, ses bras tombent pour se croiser de nouveaux contre son torse. Enfantin, la tête se tourne sur le côté pour détourner son regard du conseil.

« Evidemment c’est de notre faute. C’est toujours les enfants qu’on accuse, c’est bien plus facile ! »

Qu’il râle d’une voix maladroite.

« Bien plus facile. »

Un murmure cette fois-ci, qu’il répète. Qu’importe leur action, on avait toujours quelque chose à leur redire. Jamais les habitants n’étaient heureux de leur décision, et jamais ils n’appréciaient jouer avec eux. Au fond, les Tweedle étaient délaissés et ça, personne ne s’en rendait compte. Oh non ! Ils préféraient être mécontent de leur existence, eux qui ne cherchent pourtant qu’à s’amuser pour passer le temps.

« Oh, vous seriez prêt à nous écouter ? »

Qu’il semble être intéressé, tout en gardant son regard braqué sur l’horizon.

« Cloe est très difficile vous savez. »

Très difficile à apaiser, comme lui l’était. D’ailleurs, était-il seulement possible de calmer les deux enfants qu’ils étaient ? Car depuis leur création, seul Time y était arrivé.  

« On aimerait pouvoir faire un tour de Jabby, mais un long tour, deux fois Wonderland. »

S’arrête alors quelque instant. Espiègle qu’il était. Un rêve d’enfant finalement, pouvoir chevaucher un dragon et s’envoler avec lui durant quelque instant. Mais était-ce suffisant ? Certainement pas. Et alors que son regard se positionne enfin sur le conseiller, Cole se relève pour reprendre une position adéquate sur le siège qui était dorénavant sien. Les bras boudeurs se libère, et l’une de ses mains s’élève. Doigt crispé en un poing, seul le pouce est relevé.

« Voir votre visage, on a compris qu’il était assez secret. Et on aime les secrets vous savez ? »

L’index se libère pour rejoindre le pouce.

« Qu’une statue de nous soit érigée à l’entrée du château. »

S’ensuit le majeur.

« Organiser un chat pour tous les habitants ! Oh oui, un chat, qu’est-ce qu’on aime jouer au chat ! Mais les chats seront le valet et Bandy, ça serait beaucoup plus amusant, vous ne trouvez pas ? »

Grand sourire, l’annuaire est de la partie.

« Qu'on ait la couronne pendant tout un mois. On a jamais pu jouer au roi, ça pourrait être une bonne première fois ?»

Très rapidement, l'auriculaire qui se tend. La main complète, mais la seconde commence à la rejoindre.

« Que...-»

Le second pouce sur sa lancée.

Avait-il une raison d’être étonné ? Surpris ? Pas le moins du monde, Cole semblait d’ailleurs presque soulagé d’être ainsi stoppé dans son élan. Les idées fusaient et il était même convaincu que Cloe pouvait en avoir une bonne vingtaine supplémentaire. En bref, le simple fait de supposer que l’on pouvait accéder à leur demande les rendait inarrêtable.

De plus, le simple fait que le conseiller ne lui ai pas permis de finir sa seconde main, -et même la commencer- signifiait que l’offre était biaisée. L’envie de se débarrasser des mauvais plans des jumeaux, il n’en faisait aucun doute, mais personnes n’étaient prêt à répondre à l’ensemble de leur piètre exigence. Et c’était ainsi depuis la nuit des temps ; simple soupire.

Alors, il reprend une position un peu plus sérieuse. Ses coudes qui se positionnent sur les accoudoirs, tandis que ses mains sont jointes, doigts entremêlés.

« Un tour, d’accord. On peu le concevoir, mais alors chacun de nous aura son propre tour. »

Car l’un est l’autre, Cole est Cloe et vice-versa. Un tour chacun équivaut donc bel et bien à deux tours, mais deux tours séparés pour l’unique être qu’ils représentent.

« Andy est un joli prénom, on aimerait pouvoir rencontre Andy ! En plus c’est une enfant aussi ? Nous avons soudainement l’envie de jouer avec elle, alors ça serait une pierre deux coups. On la rencontre, et vous êtes là. Donc on verra votre visage, c’est bien ça ? D’ailleurs, comment peut-elle annuler votre flou pour vous rendre votre visage ? »

Tant de question, d’interrogation pour ses paroles. L’envie de rire, mais essaye de garder un semblant de sérieux. Une moue qui pourtant se dessine sur son faciès à l’idée de ne pas avoir sa statue, mais après tout, rien ne garantissait qu’elle resterait jusqu’à la fin à l’entrée du château. Juliette aurait pu ordonner l’ordre de la construction, rend les jumeaux joyeux pour finalement détruire leur reflet de pierre.

« Vous savez que nous pouvons attendre un an, même deux pourtant. »

Qu’il soulève alors pour le chat. Il aurait été appréciable de s’enfuir du touché de valet et du gros chien de la Reine dès le lendemain, mais convié l’ensemble du peuple pouvait prendre du temps. Beaucoup de temps.

Et alors que sa tête s’incline sur le côté, manquerait presque de s’en détacher au grand plaisir des Cœurs, Cole vient à s’interroger.

« Qu’est-ce qui nous assures que les discussions amèneront à quelque chose ? »

D’autant plus que dans le fond, ni lui ni Cloe n’appréciait les échanges officiels. Cole avait fait l’effort pour la forme, pour exprimer un grand retour dans leur nouveau cycle. L’envie peut-être de voir la raison de cet appel venant du conseiller de Juliette. Mais que pouvait vraiment apporter des discussions orchestrées de cette façon.

Surtout que cette première impression n’était pas très bonne, Ernest qui avait déclinée grand nombre de ses exigences.

« Justifier nos actes humhum… »

Un murmure qui sort tout juste de ses lèvres.

« Oui, c’est pour ça que l’on apprécie bien plus Crims que Marmoreal ! »

Tout sourire. Il n’était pas question de votre reconnaissance, mais bien des sauvageries de Juliette. Edelweiss qui était bien plus réservée, bien qu’ils étaient persuadés pouvoir un jour en tirer quelque chose de plaisant.