Les vêtements posés discrètement dans un coin de la pièce, le jeune domestique attend patiemment l'arrivé du Valet. Allongé sur le lit, observe le plafond de la pièce avec un sourire béat aux lèvres, Ayden a le cœur qui bat fort (si fort). C'est qu'il pourrait attendre des heures, des mois et des années dans l'espoir de le voir. C'est que la raison l'a quitté depuis bien longtemps, c'est que ces rencontres interdites ont le goût d'un fruit défendus et néanmoins exquis. Porte qui s'ouvre, Knave entre et après un certain temps, l'interpelle.

Se relève, croisant les jambes, avant de prendre la parole.

Par ici ! Qu'il dit gaiement.

Ayden ne laisse pas le temps au Valet de dire la moindre chose, quittant le confort du lit pour venir frôler son ami - il est dans le chemin, eh -  avant d'aller chercher ses habits. Prenant exemple sur ses parents adoptifs, il a su développer depuis un côté assez joueur avec les personnes proches de son entourage. Et Knave en fait parti, prenant le temps de l'observer en enfilant son sous-vêtement.

Et le voilà qui redevient visible, s'empressant de remettre le reste de sa tenue. Passant une main dans ses cheveux verts, il sourit à Knave en s'approchant. Lui prenant la main, il le force à s'asseoir sur une chaise, se plaçant derrière lui en commençant à lui masser les épaules.

Dites-moi, maître, vous semblez vous tuer au travail. Vous devriez vous rep-reposer...? Bégaiement léger qui refait surface, par Chase que c'est pénible.

Le jeune domestique continue de masser les épaules du Valet, l'écoutant attentivement. Et lorsque ce dernier penche la tête en arrière pour mieux le voir, quelques rougeurs viennent colorer les joues d'Ayden. Cœur qui bat à cent à l'heure, papillon dans le creux du ventre, il ne connaît que trop bien cette sensation. Il vaux mieux ne pas s'y attarder pour le moment, pense-t-il.

Hochant la tête d'un air las, c'est qu'il n'aime pas voir Knave dans un tel état. Il se saignerait en deux pour la Reine Rouge, une telle dévotion est admirable. Le massage se fait plus tendre, plus doux, alors qu'il plonge son regard dans celui du Valet de Cœur.

- Effectivement,  je le sens bien... Vous méritez de nombreuses récompenses pour votre dévotion, elle est réellement admirable. Dit-il en lui offrant un sourire joueur et sincère, c'est qu'on l'admire plus que tout. Toutefois...  Si vous me permettez, maître Knave, ne négligez pas votre santé. Vous seriez plus performant en vous reposant de temps en temps, croyez-moi, j'en sais quelque chose en tant que domestique !

Un autre sourire qui se dessine sur les lèvres, Ayden arrête les massages. Il en profite donc pour légèrement s'étirer avant d'aller de nouveau s'asseoir sur le bord du lit. C'est qu'il n'a pas pour habitude d'avoir un confort aussi incroyable, lui qui n'est qu'un simple servant à la cour d'Edelweiss.

Il fait si chaud dans votre royaume, je me demande bien comment vous faites pour rester de marbre ! Mimant d'un geste de la main le fait de s'éventer, il laisse un petit rire s'échapper.

Observant le Valet quitter le confort de la chaise pour venir le faire face, Ayden avale difficilement sa salive en entendant les propos de son hôte. Il sent son cœur brûlé, son être s'enflammer rien que par le regard fixe de Knave sur lui. Et pourtant, il ne laisse rien paraître. Il apprend de Belial et Blanche, garder le contrôle est primordial. Alors, il se permet même de commettre un acte d'insolence.

Sa main gauche vient se poser sur la joue du Valet, alors qu'il plonge de nouveau son regard dans le sien. Sent-il à quel point il l'ai-

Foutaises.

- Me permettriez-vous de brûlé à votre contact dans ce cas, maître Knave ? Qu'il dit, accentuant bien le "maître".

Se penche lui aussi pour venir frôler les lèvres de son compagnon, joue avec le feu, avec l'interdit. Océan de passions proscrites qui traverse son corps, il veux goûter à ce fruit défendu qu'est Knave. Et dans un élan de taquinerie, il vient saisir le Valet de sa main droite pour le faire basculer sur le lit.

- Oops, je suis si maladroit...

Contact près - trop près dirait la raison mais cette dernière a quittée la pièce. Souffles qui s'entremêlent, une main vient retirer une mèche de cheveux du Valet, alors qu'Ayden admire le visage. Il ne peut s'empêcher d'avoir le rouge qui lui monte aux joues, de laisser quelques caresses dans le dos de Knave. Il reste là, à simplement observer le moindre détail.

Néanmoins, il se reprend assez vite. Le domestique venant mordiller la lèvre inférieure de son compagnon, d'un air taquin. Puis, il rompt rapidement le contact pour ajouter.

- Je ne le cache plus devant vous, maître Knave. Qu'il vient murmurer au creux de l'oreille, confession presque honteuse.

Et - prenant son courage à deux mains - vient sceller leurs lèvres dans un baiser fiévreux, passionnel. Goûte à ce plaisir interdit, laisse libre-court à la passion défendue, les caresses se faisant plus aventureuses.

Délivre Knave pour reprendre son souffle, un rictus satisfait peint sur son adorable visage.

Oublions Marmoreal et Crims,
Oublions qui nous sommes,
que seule la passion survive.

Il y a les frissons qu’il ressent au contact du Valet, la chaleur qui le consume, s’embrassant dans une explosion de mile couleur. Les joues qui prennent une couleur rosée, le regard intense et confus. Le cœur prêt à s’échapper de la poitrine, et ah ! Il connaît bien ce sentiment, c’est celui des amants. Il a tant rêvé d’avoir son prince charmant, prêt à le délivrer des maux du monde…

Restant un instant muet, perd son sourire, Ayden. Mais la passion, elle, demeure intacte. Le jeune homme pose sa main sur la joue de Knave, scelle de nouveau leurs lèvres dans un doux baiser. Un baiser pur, d’une innocence qu’il ne possède plus.

- Je vous en prie, maître Knave, éclairez ma lanterne. Qu’il dit dans un murmure contre les lèvres du Valet.

Déchanterait certainement s’il se rendait compte qu’il pactise avec un ennemi, qu’importe… Trop longtemps il a résisté à cette passion déferlante, trop longtemps il a été celui privé de tout bonheur. Plus maintenant. Jamais plus.

Lis-tu dans son regard, Knave ? Ses yeux implorant que tu oublies ta tâche ne serait-ce qu’un instant ? Que tu ne penses plus qu’à lui, lui qui t’aime. Lui qui brûle à ton contact, lui qui vient t’offrir un autre baiser. Lui dont les caresses se font plus fiévreuses, possessives.  Lui qui a tant peur de te perdre, lui qui…

Oublie tout, Knave.
Oublie la Reine,
Oublie les têtes coupées.