Il allait voir rouge celui-là, il allait voir très rouge… Aussi rouge que les pommettes agacées de la demoiselle. Quel vieux pèquenaud ! Était-elle énervée ? Absolument. Quelle enfluuuuure ! Était-elle mauvaise joueuse ? Assurément.

Mais pourquoi donc notre chère Dorothea, d’habitude si radieuse, semblait ronger du noir tout en gravitant autour d’un bâtiment bien spécifique de Neverland. Mais tiens donc, n’était-ce pas une pâtisserie ?

- Il va voir c’lui-la, il va voir ce que ça fait quand on dit à la grande Schokoladen que ses chouquettes sont trop cuites, ahahahahahah… Ahahahahahahah….

Accroupie et entourée d’une aura lugubre et terrifiante, elle déposait de petits dispositifs explosifs autour de la boutique, ricanant et ne prenant pas la peine de dissimuler sa bêtise. Elle n’avait rien à cacher contrairement à ce bandit de Francis. Des dommages collatéraux ? La lapine sera présente pour sauver les demoiselles en détresse, le reste peut bien aller se faire rôtir.

Continuant de pouffer à voix basse et de mettre en place son petit feu d’artifice, elle n’avait pas remarqué une quelconque silhouette derrière elle.

Oupsi ! La demoiselle venait de se faire repérer ! Arborant une belle tête livide et apathique qu’on ne lui connaissait que rarement, Dorothea deigna poser son attention sur l’inconnu passant malheureusement dans le coin. Pauvre de lui, il ignorait bien ce qui pouvait bien l’attendre, d’autant plus quand le Lapin de Pâques n’était pas dans ses jours les plus joyeux.

Dorothea répondit d’abord, et avant tout, par une grimace dégoutée. Bruh.

- Rhoooooo, est-ce que je vous ai demandé votre avis Herr Machin Chose ???

Quitte à devoir perdre son temps, autant le faire pleinement, Dorothea analysa son pauvre interlocuteur. Contrairement à bon nombre de bougres messieurs qu’elle avait pu croiser au cours de son existence, rares étaient les hésitants, les fébriles, se rendant sûrement compte dès le début de la conversation qu’il faisait erreur et auraient dû tracer son chemin.

C’était aussi les plus marrants à malmener.

Un éclat apparut dans le coin de ses lunettes noires et un sourire sinistre se dessina à ses lèvres.

- Quoi que… Vous pourriez m’aider avec cette si “dangereuse” installation ? Hein ? Hein ? Hein ? Vous avez l’air d’être si gentiiiiiil…

Raclement de gorge qui trahit son petit mensonge. Elle fit les yeux doux à peine trente secondes, avant de commencer à s’impatienter.

- Restez pas planté là, vous allez prendre racine ! Allez ! Hop ! Hop ! Hop !

Glissant dans le dos de l’inconnu, elle le poussa sans ménagement vers la boutique qu’elle comptait faire sauter.

Dorothea avait compris depuis longtemps que ce passant était du genre indécis, mais son niveau dépassait l’entendement. D’abord méfiant, voilà pas qu’il tenta de toucher l’un des œufs piégés. Quel impertinent.

D’un petit « Nein », elle tapa la petite main curieuse pour l’éloigner de son chocolat. Il allait quand même pas gâcher sa belle surprise dans le plus grand des calmes ?! Puis en plus avec ce sourire provoquant, là ! Bruh.

Ah, ces gugus qui croyaient pouvoir tout se permettre… C’est pas comme ça que ça fonctionnait dans la vie, LA VRAIE.

- Oulala, vous devriez attendre un peu, ma petit Cocorigan. Si vous voulez vous faire exploser, c’est votre choix, mais attendez au moins ma feu vert au lieu de tout saboter ! Rha la la…

Dorothea soupira dans sa pose faussement exaspérée, dramatique et théâtrale. Elle continua de disposer ses œufs aux quatre coins de la pâtisserie, résumant ses souvenirs « tragiques ».

- Si vous saviez… Ce… Ce Herr Bidule… Il m’a… Il m’a…

Petite larme venant s’agripper au coin de l’œil avant de lever son point, déterminée, vers l’enseigne du local.

- IL A OSÉ CRACHER SUR MES CHOUQUETTES !! Mes si délicieuses chouquettes ! Nana ni elle sont trop cuites ! Nana ni poubelle ! Abruti, t’es même pas capable de faire de bonnes chouquettes toi-même !

Elle se tourne, enjouée, vers sa pauvre victime du moment, les yeux brillant derrière ses lunettes.

- Et puis, vous n’allez pas faire votre rabat-joie quand même ! Il n’y a même pas un chat dans cette boutique tellement elle est impopulaire - enfin je crois, j’ai pas vérifié. Qu’est-ce qu’on s’en fiche ! Je vais juste transformer cette endroit pourri en magnifique feu d’artifice.

Elle posa un dernier œuf, un peu plus gros celui-là et recula un peu tout en ricanant. Elle sortit une obscure manette de son sac, équipée d’un gros bouton rouge - comme si ce n’était déjà pas assez criard.

- Vous allez voir, ça va être p-e-r-f-e-k-t !!

Et elle leva son doigt, prête à appuyer, alors que… Bah ils étaient à l’abri de rien du tout actuellement.