Trois coups délicats, trois coups que tu reconnais, on n'en doute pas. On n'avait pas franchi la porte de ton bureau depuis trop de temps, Esthef. L'observatoire oblige, ton travail et le nôtre aussi, les séparations avaient à la fois le goût amer du manque et la douceur des futures retrouvailles. On avait plus eu cette sensation depuis des siècles déjà, mais on s'y refait petit à petit. On avait bien reçu ton mot, Esthef, on avait bien reçu ta demande. Pile à l'heure pour le rendez-vous, parce qu'on ne saurait être en retard quand ça te concerne.

— Tu voulai-lais me voi-voir ?

Ferme la porte derrière nous, d'un seul regard on sait que tu as dormi là, probablement que tu dors là depuis plusieurs jours en vérité. Froncement de sourcil, que faut-il faire pour que tu acceptes de monter les terribles marches de ton appartement ? Doit-on loger sur place pour que tu daignes allonger ton dos sur la surface prévue à cet effet ? Mais on se passe de commentaire, on sait que nos soupirs parlent pour nous.

— Promi-mis, je ne te dirai ri-rien.

Lève les mains, innocente, on sait que tu n'as pas besoin d'entendre ce qu'on pense de la fameuse "perte de temps" que représente pour toi le fait de monter dormir dans un vrai lit et non dans ce fichu canapé. À la place on se contente d'aller déposer un baiser sur ta joue, promesse à ton oreille que ce soir tu iras dormir dans ton lit sans quoi on repartira aussitôt cet entretient finit à nos archives. Sourire espiègle et doux, parce que tu sais qu'on ne t'en veut de toute façon jamais longtemps. Quand enfin on se pose en face de toi, se permet de se servir une tasse de thé avant de commencer.

— Tu ne me récla-clamerai pas pour le sim-simple caprice de me-mes caresses, tu as appris que-quelque chose ?

Pas de cette façon-là, pas avec un mot gribouillé dans la précipitation. On garde l'anxiété au fond de la gorge, boule présente mais que pour toi on se donne un mal fou à refouler. Mais tu dois la sentir, hein, mon aimé ?

— Parle-moi, Es-Esthef, tu as l'ai-air souci-cieux.

C'est donc ça. On avoue, on plaide coupable, mais s'en est presque rassurant. Alastor semble menace bien moins terrible comparé à tout ce qu'on appréhende. Alors le soulagement qui vient détendre nos traits, on se donne les moyens de le cacher. On sait, on sent, que pour toi, Esthef, c'est une peur aussi terrible que celle qu'on a de vous voir disparaître. On ne la perçoit pas comme toi mais on se refuse de la décrédibiliser non plus. On veut prendre au sérieux, parce qu'on sait, Esthef, que la peur c'est toujours sérieux.

— Je te ra-rassure, je n'ai-n'aime pas spéci-cialement l'idée qu'on me fa-fasse mal non plus. On tente un sourire quand tes yeux s'ouvrent de nouveau, vient chercher tes mains qu'on presse de la plus tendre des façons. Mai-Mais Esthef, est-ce qu'Ala-lastor serai-rait un adver-versaire aussi bête pou-pour m'attaquer de fron-front ?

On t'indique du menton le plateau d'échec posé dans un coin. On t'invite du regard à visualiser les choses non sous l'angle des émotions, mais sous celui de la logique. Cet angle avec lequel tu dois jouer, Esthef, celui avec lequel tu gagnes.

— Adme-mettons que cet homme sor-sorte de sa prison, adme-mettons qu'il en vi-vienne à te faire payer le-les pots cass-ssés par pure frustra-tration... Pourquoi s'atta-ttaquer à moi ? Je sui-suis la peti-tite sœur d'O-Opal, je suis immor-mmortelle, il risque-querait de perdre beau-beaucoup pour des gains mini-nimes... Est-ce que cet Ala-lastor est le genre d'homme à jou-jouer à perte ?

C'est une vraie question, on ne le connaît pas comme toi tu peux le connaître. Du gourou des Dark Shadows on a eu que des échos, des témoignages, des rumeurs, rien de visible, rien de concret, rien d'intime, on ne saurait parier sur le genre de personne qu'il peut être.

— Sans com-compter mon don, Esthef, s'il es-est un tant soit pe-peu renseign-gné prendrait il au-autant de risque pou-pour le simple plai-plaisir de te mettre plus ba-bas que terre ?

Oh, il pourrait bien nous enlever, nous droguer, se servir de ses gens, se servir de ses dons à lui pour déclencher la peur et ravager ce qu'il veut bien ravager. Mais en a-t-il les moyens techniques ? Humain ? On prend le pari que non. C'est peut-être là une erreur, mais Esthef, on ne veut pas vivre dans la peur constante comme toi tu sembles vouloir le faire. Soupir, vient détacher nos mains pour contourner le bureau, s'accroupir près de toi, prendre tes mains de nouveau, en poser une notre à même ton cœur.

— De quo-quoi as-tu pe-peur ?

Ton esprit troublé, on ne t'a jamais vu comme ça. Pour la première fois, tu te montres vulnérable, même dans le pire tu as toujours eu cette envie de garder bonne figure, Esthef. Comme pour nous épargner. Mais aujourd'hui, tu ne nous épargnes pas et on t'en est reconnaissante. Vois ça comme une marque de confiance. Mais surtout, on a besoin de se confronter à la réalité, ta réalité. On a besoin de te voir tremblant, fou, désespéré. Pour bien comprendre que ça aussi ça te touche, que ça aussi ça te détruit. Et si on se sent démunie une seconde on n'en montre rien. Se contente presser nos paumes contre tes jambes. Te faire sentir qu'on est là, bien là.

— Esthef, regar-garde moi.

Ordre donné avec douceur, mais qu'on essaye de faire ferme. Quand tu sombres on veut être là pour te tendre la main, quand tu t'enfonces on veut être là pour te tirer vers le haut. Alors on tend la main, plonge dans la pénombre pour attraper ta paume, ne pas te laisser t'engouffrer plus en avant dans les ombres. Viens doucement écarter tes mains, comme pour ouvrir ton regard, tu laisses des choses néfastes entrer en toi, Esthef.

— Regar-garde moi.

Second ordre, on essaye de calmer les propres eaux troubles qui remuent en nous. Reste forte, pour toi, pour nous. Rester forte, quoi qu'il en coûte. Presse un peu tes mains contre les nôtres, cherche de regard, Esthef, on le cherchera des heures s'il le faut.

— Tu laisses en-entrer la peur, tu la lai-laisses contami-miner tout ce qui t'entou-toure et cela biaise ton ju-jugement. Judas n'en a peut-être pa-pas eu le tem-temps, Esthef. Dans ces mo-moments-là, il faut fai-faire app-ppel à ta raison. Dan-Dans quel état doi-doit se trouver les for-forces d'Alastor en ce moment-même ? Respi-pire, pense, tu trouve-veras les hypothè-thèses pour calmer tes crain-craintes.

Mais on se sait terriblement hypocrite. Ces mots ne font pas écho, on ne les applique pas nous-même. Mais c'est aussi le luxe des plus âgés, Esthef, de dispensé des sagesses qu'on ignore consciemment ou non.

— Tu as peu-peur de la traîtri-trise, n'est-ce pas ? Dans ce ca-cas assure tes arri-rrières. Je ne peux pas par-parler pour ceux qui t’entou-tourent mais moi-moi, je ne te trahi-hirai pas.

Maigre sourire, quand on caresse du pouce tes mains.

— Appréhende, mai-mais ne te pétrifi-fie pas face aux om-ombres. Alastor est morte-tel, loin d'être invinci-cible. Et toi tu es for-fort, bien plus fort que tu ne le pen-penses.

Enfant capricieux, tu nous appelles à toi, cherche le contact, cherche à noyer dans la chaleur les craintes, les doutes. Ah, Esthef, c'est presque drôle comme on se ressemble sur certains points. Tu es en proie à la spirale infernale des peurs, ça ne fait qu'un avec toi, ça te définit presque. Et tu veux en sortir, tu veux survivre. Rien de plus normal, rien de plus humain. Viens lover notre tête contre ton épaule, léger rire quand on vient jouer distraitement avec tes doigts.

— Comme je te com-comprends. Mais c'est peut-être la preu-preuve que tu es sain d'es-esprit aussi. De mon poi-point de vue, il n'y a que les fous pour recher-chercher ce qu'on ne peut con-contrôler.

Tu as peur, on le sent. Plus tendre dans nos caresses, on voudrait que tu t'apaises, mais la situation est plus complexe que cela, n'est-ce pas ? Tu parles déjà de plan et de conquête, tu te projettes déjà à demain. Cesse de te projeter, Esthef, c'est comme ça qu'on finit par craquer.

— Sans moi tu se-serais un homme avec des com-complications en moi-moins.

On pense à Opal, à Susan. Le défilée traditionnel quand on prend le risque de jouer. Parce que chaque jeu a été perdu, chaque partie nous a fait souffrir. Pourtant on a misé de nouveau et on sait l'inquiétude que ça soulève. Pourtant, Esthef, on pense gagner cette fois. Toujours niché au creux de ta nuque, on prend conscience que tu ne cesseras pas de retourner ton angoisse tant que tu n'auras pas élaboré une stratégie pour la contrer. Alors on joue le jeu, demande, Esthef, quelle pièce vas-tu bouger et comment.

— Tu ne pourras pas repren-prendre le terri-rritoire ou, du moins, lui fai-faire pleinement confi-fiance sans avoir élimi-miné les nuisi-sibles qui y vivent, Esthef. Tu au-auras beau repren-prendre la ville, elle ne se-sera pas un basti-tion sûr pour au(autant, pas tant que cette se-secte existera. Es-tu sûr d'avoi-voir les forces à ta dispo-position pour te lan-lancer dans un tel pro-projet ?

Tu devrais le savoir, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. D'ailleurs, en parlant de vitesse.

— ... Mon amou-mour ?

On n'a jamais été douée avec les surnoms.

C'est bien, Esthef, garde ton calme, fait appel à la logique. Pense au plus concret, ne traite que les faits, ne pense pas plus loin que nécessaire. Rien que la logique, juste la logique. On le pense encore, tu sais, que tu es bien plus fort que tu ne le penses, bien plus humain que tu ne le crois. Tu as ta propre existence, tu dis qu'on la rend concrète mais on reste intimement persuadée que tu es assez fort pour vivre pour et par toi-même. Alors on écoute chacun de tes mots, hoche la tête à tes idées. C'est ça, Esthef. Penser, penser encore pour ne pas ressentir. Juste penser, rien que penser.

Ce qu'on s'autorise à dire, c'est pour soulager encore un peu ton cœur. Petit caprice qu'on s'accorde, parce que tu le dis souvent, qu'on a aussi envie de te le dire aussi. Même si ça semble un peu brusque, même si c'est maladroit. Comme une façon de te dire que tu n'es pas seul, qu'on te soutiendra.

Et quand on voit la surprise dans ton regard on se dit qu'on a bien fait. Sourire sur nos lèvres quand on te regarde, viens presser ta nuque pour garder tes lèvres un peu plus longtemps encore.

— Mon a-amour.

C'est bien réel, Esthef. On est réelle. Tu es réel. Alors ne t'enferme plus, s'il te plaît.

— Tu n'es pas se-seul, Esthef. Pour-Pourtant quand je te vois co-comme ça, j'ai la sensa-sation que tu le pen-penses encore. Ce n'est pas toi con-contre le re-reste du mon-monde, c'est nous. Chaque perso-sonne autour de toi n'est peut-être pas un a-ami, mais ça ne veut pa-pas dire qu'ils sont des enne-nnemis pour au-autant.

Caresse tendre sur ton cou.

— Je t'ai pro-promis tout un ta-tas de choses sur les toi-toits. Je tiendrai chacu-cune d'entre-elle. Mais j'ai-aimerai que tu me di-dises qu'est-ce qui t'es arri-rrivé toutes ces ann-nnées pour que tu sois capa-pable d'avoir autan-tant de détresse dans le re-regard ?

Elle est en vie. Sur le coup, on ne comprend pas. Il nous faut quelques secondes pour faire le lien, pour recoller les morceaux. Un passé pourtant si proche de nous, mais qu'on a fait si lointain par la suite. Et on se souvient oui, de cette petite fille à tes côtés, magnifique petit ange blond. On en culpabilise d'un coup, on n'avait pas demandé après elle, on n'avait pas interrogé sur son devenir. On était restée si éloignée de vous, parce que ton père a demandé à ce qu'on reste à l'écart, qu'on ne cherche pas à savoir. On ne savait pas, Esthef. On est désolée, Esthef.

Et le tragique de ce que tu racontes nous frappe. On avait connu un lot incalculable de drame, mais on a l'avantage d'avoir des siècles et des siècles pour les digérer, pour les accepter, pour se reconstruire derrière. Toi, en ce qui n'est qu'un souffle pour nous, tu as perdue mère, tué père, dit adieux à la sœur. Et on comprend soudain, Esthef, l'origine de ce vide dans tes yeux. Le socle stable que doit être la famille, n'existe plus pour toi. Il a été meurtre et drame, pas chaleur et soutient. Tu associes ton nom à la malédiction, ton être à quelque chose de sombre. Et on comprend, Esthef, que tu es autant a la dérive que nous, autant à la dérive que les âmes qu'on envoie parfois trouver refuge chez Ellen.

Et on ne sait pas quoi dire, Esthef. Quels sont les mots à prononcer pour refermer de telles blessures. On y réfléchit, quelques secondes dans le silence où on se contente de garder appuie sur ton épaule.

— Elle te man-manque ?

Lève les yeux vers toi.

— Tu vou-voudrais savoi-voir ce qu'elle est deve-venue ?

On s'en veut d'avoir obéi, tu sais. On s'est écartée en pensant bien faire, en se disant que maintenant qu'on sombrait on ne serait que boulet à vos pieds, danger bien plus présent encore. On voulait préserver le cocon qu'on a toujours idéalisé de loin, sans se rendre compte qu'il était déjà pourri bien avant qu'on ne parte.

— Je suis déso-solée, Esthef, je n'en sa-savais rien.

Et on sait que la question n'aura probablement pas de réponse mais on ose quand même.

— Est-ce qu-que je peux fai-faire quelque cho-chose pour t’apai-paiser ne serait-ce qu'un peu ? C'est la moin-moindre des cho-choses que peut fai-faire la perso-sonne que tu ai-aimes plus que ta propre vi-vie.

On comprend, la curiosité est sœur de l'obsession. Plus on se penche sur le pourquoi, plus on cherche le parce que. Comportement typiquement humain, encore dans des cas comme le nôtre. L'humain n'aime, de toutes les façons, pas le vide, pas le flou. Mais toi plus que les autres, tu aimes le contrôle, tu voir le jeu dans son ensemble. Penche-toi sur un mystère, une incertitude et tu iras déterrer la vérité à coup de danger. On le sait, on le comprend, dans un sens on admire presque tes choix. Fouiller serait si simple, mais tu décides malgré tout l'ignorance par respect pour les promesses que tu as pu faire. Tu as des principes, Esthef. C'est la différence entre l'homme et la bête.

— C'est tout à ton ho-honneur. Je me dou-doute ce choix te coûte et pou-pour ce que ça vaut, sache que je sui-suis fière de la force de cara-ractère dont tu fais preuve. Je suis sûre... Je suis sûre qu'elle va bi-bien.

Pourtant, on sait Wonderland cruelle. L'esprit pessimiste voudrait dire qu'elle avait probablement quitté un piège pour en tomber dans un autre. Mais peut-être avait-elle été touchée par le miracle aussi. On l'espère, Esthef, de tout notre être. On s'accroche à ces gens qui créait les exceptions, ceux qui bousculent la roue du destin et nous prouve qu'il y a du meilleur, là, enfouie quelque part.

Sourire sur nos lèvres, si on pouvait prendre ta douleur et la faire notre, si seulement. On n'est pas douillette, tu sais. L'éternité nous a appris l'endurance, on pourrait supporter chacun de tes maux pour toi. On se dit que ce serait un don incroyable que de prendre le mal de quelqu'un.

— Tout de même, ça me na-navre de voir que tu as été en proie à la hai-haine et à la détre-tresse durant aussi lon-longtemps.

Soupir, regard qu'on détourne quelques secondes. On est restée terrée si longtemps par lâcheté au point d'en oublier que la souffrance continuait ailleurs. Lâche, un autre qualificatif à ajouter à la liste de nos défauts. Mais on ne veut plus, Esthef, on ne veut plus de ce dodo peureux et paresseux. Quand on vient englober ton visage de nos mains, poser un baiser doux sur ton front. Murmure à ton oreille.

— Autant que tu vou-voudras.

Toute une vie si c'est ce que tu veux. Parce que c'est tout ce qu'on peut t'offrir, notre présence, nous, aussi chétif et sot qu'on soit.

— Veux-tu que je res-reste avec toi ce soi-soir ? C'est le bon mo-moment pour te souve-venir d'où se trouve ton apparte-tement.

Sujet clos, comme une porte qu'il vient fermer, un accès qui se veut interdit, même à nous. Et c'est frustrant, tu vois, de se rendre compte qu'on n'a pas libre entrée à tout. Mais l'on suppose que c'est le jeu, qu'il y a même pour lui une barrière mu de fierté et de puissance qui se veut infranchissable. Est-ce que tu peux seulement le condamné pour ça, Charline ? Non, pas quand tes ambitions tendent à bouleverser le monde, quand ta propre guerre sera à l'échelle de cette terre dont toi et ta fratrie êtes les dieux. On ne doit pas forcer des portes sous prétexte qu'on  l'éternité de notre côté. Cet égoïsme, c'est l'égoïsme de Mad, l'égoïsme de notre créateur. C'est tout ce qu'on ne veut pas, tout ce qu'on rejette. Tu ne peux pas prôner la liberté tout en voulant outrepasser celle des autres. Leçon qu'il est parfois amer à comprendre. Mais pour lui, pour toi Esthef, on viendra appliquer scrupuleusement le règlement.

— Deman-mande le moi, alors.

Viens prononcer les mots, Esthef, vient nous demander de nous étendre à tes côtés. Fait nous rester. C'est un caprice puéril, mais Charline, on a envie de l'entendre. Cette douce supplique, reste, reste, reste. Qu'on ne mette pas fin au temps partagé ensemble tout de suite, qu'on puisse profiter l'un de l'autre encore un peu, qu'on puisse partager éclat de rire et tendre sourire car la vérité c'est que tu as manqué, Esthef. Étrange de se sentir si puissante et petite de nouveau. Ce n'était pas arrivé depuis si longtemps. À certains instants t'en viens à en être effrayée, ça fait tourner la tête, tambouriner dans le crâne des caprices que tu pensais d'un autre âge. Reste, reste, reste. Sentir l'amour juste un peu. Comme pour s'abreuver de nouveau. Les bras qu'on passe autour de son cou, le sourire que tu lui offres.

— Je me de-demande à qui je manque le plu-plus, à ton lit ou à toi ?

Sourire taquin sur nos lèvres, comme on t'aime Esthef. Laisse-nous, laisse-la, cueillir un peu de ton ciel ce soir encore.

— Tu m'as man-manqué.