le temps s’était laissé passer. pouvait-on réellement dire ça, lorsqu’on était dans ce monde ? tu n’en avais pas la moindre idée, entre maintenant et avant, il y avait toute différence. d’un côté, tu avais l’impression que tu étais ici depuis toujours ; ton ancienne vie devenait peu à peu floue. d’un autre, c’est comme si ton arrivée venait d’arriver, il y a, à peine, quelques heures. confuse perception. les règles de ce lieu d’échappe encore. tu te sens imbécile.
ton reflet devenait une image distordue de toi-même. un idiot qui s’oublie peu à peu. un souvenir important, quelque chose d’essentiel, ça t’échappe, tu sais pas pourquoi. t’as cette impression stupide que tu es un épouvantail dans un champ délaissé, tu te sens abandonné. trop stupide pour changer, trop stupide pour comprendre. mais tu ne sais pas ce que tu dois comprendre.
tout ce que tu fais, c’est errer dans les rues, jours et nuits, car tu ne sais pas quoi faire. tout ce temps passé ici, et tu ne connais personne, tu es invisible pour un tas de gens. on te voit, mais on ne te connaît pas. tu es l’indifférence dans une foule. mais ce n’est pas important. pour le moment, en tout cas.
tout de suite, tu as faim. ou plutôt, tu as envie de manger plus que de subvenir à tes propres besoins. le délice sucré qui se loge sur ta langue. sucette, friandises, bonbecs et autres sucreries. c’est par un pas décidé que tu vas vers ce nouveau stand, désireux de découvrir de nouvelles saveurs et d’y revenir avec plaisir. (si elle se montre à la hauteur de tes attentes.)
tes habits sont simple, tes cheveux flottent au vent. il fait chaud. c’est agréable cette sensation. comme l’été qui enfin est arrivé. c’est peut-être signe d’un événement important ? mais cette idée ne te traverse même pas l’esprit. ce qui compte c’est la récompense au bout de la route. sans réfléchir, tu chantonnes, pour toi-même. un clown sans aucun doute. petit pantin, petit pantin que peux-tu donc bien chanter ? une berceuse sans aucun doute.
bonjour, bonjour !
tu débarques, t'as fait la file, et tu es devant le marchand. un endroit étrange pour un chariot à sucrerie. mais c'est agréable. c’est très certainement voulu. dans les compartiments, milles couleures ; un arc-en-ciel de saveur. tu es déjà hypnotisé par ces merveilles.
qu’est-ce que ça sent bon...
tu ignores quoi choisir, tu as envie de tout, de te noyer dans la douceur.