of course que milo n'est pas là, quand on a besoin de lui.
renifle, jay, alors que t'es étalé sur le canapé, à attendre des nouvelles de
de
de
mmh.
problématique d'oublier le nom de ton potentiel (futur) coloc-
s a s h a
ouais, voilà.
à qui t'avais proposé, sans aucun chill, de venir habiter chez toi (vous), s'il obtenait un emploi à christmas town. vite en affaires, surtout désespéré — le fric ne pousse pas dans les arbres, encore moins quand ils sont vivants, doués de parole et radin par-dessus le marché.
pourquoi est-ce qu'ils auraient besoin de plus de guirlandes, alors qu'on est coincé à la veille de noël depuis... trop longtemps.
et milo n'est pas l à.

grognement de frustration, étouffé dans les plis du hoodie trop grand chapardé à on-ne-sait-qui (comme si voler un truc te pesait sur la conscience anyway) qui te remonte sous le nez.
c'est que ça a beau être ton nom sur le bail de la propriété, t'es pas le seul à vivre entre les quatre murs de la bicoque, et que t'aurais vraiment eu besoin de l'avis du navet.
tant pis.
quand on toque à la porte, c'est limite si tu ne t'éclates pas au sol dans ta précipitation pour ouvrir.
observe sasha, doit lever le menton pour le faire — tiens, ça allait augmenter la moyenne de taille de l'endroit, usuel shit-eating grin aux lèvres.
hey te décale, lui fait signe d'entrer, entre, j'ferais un bien piètre hôte de te laisser dehors comme ça.
petite considération pour les pauvres gens qui sont malheureusement affectés par le froid
what a shame.

tourne les talons, jay, retourne à ton vieux canapé pour t'y affaler — désigne l'autre d'un mouvement de la main.
faut get comfy, avant de rentrer dans le vif du sujet.
j'espère que tout s'est bien passé ?
pas que ça te ferait bien chier et que le temps, c'est de l'argent, mais si, un peu quand même.
puis, grave la flemme de devoir trimer dur, alors que la première personne intéressante dans cette ville te file entre les doigts.

confirme que l'entretien s'est bien déroulé, sasha, alors que toi, tu masques ta joie derrière un léger sourire.
attrapant le contrat, histoire de faire bonne figure, tu survoles les lignes, fait mine de t'y intéresser plus sérieusement que tu ne l'es réellement
promis mec, c'est pas contre toi et tes accomplissements, t'es pretty much déjà accepté pour peu que ça me concerne
sauf que ce ne serait pas drôle, de ne pas jouer un peu.
cool cool cool
tu déposes la feuille, sur la table basse, pousse celle-ci du bout des doigts vers lui.
nope, abonné aux absents, milo. j'sais pas où il est, mais bon, faut pas trop s'en faire.
il revient toujours, après tout.

tu laisses le silence s'étirer un peu, à le considérer sans piper mot.
à peine oppressant, de le fixer comme un rapace sans rien dire — sauf que tu fais même pas un mètre soixante-dix et que t'es littéralement engloutis par une veste trop grande pour toi.
c'est pas tout à fait intimidant, mais la resting bitch face ferait l'affaire.
tu finis par t'étirer, t'appuyer un peu plus confortablement contre le sofa.
alright, j'vais pas passer par quatre-chemins
parce que faire dans la dentelle et la douceur, c'est pas ton truc.
mes anciens colocs sont repartis, d'un coup, pouf comme par magie. j'suis content pour eux, faut pas croire le contraire, esquisse un sourire, jay, en pensant à tes potes qui ont pu retrouver leur vie d'antan, mais on est un peu dans la merde, les factures ne se payent pas toute seule. sauf qu'on est pas complètement désespérés pour prendre le premier random dans la rue, tu vois ?
ok, ta proposition avait été lancée à l'arrache à la taverne, mais là n'est pas le point.
prends ça comme ta deuxième entrevue.
faussement sérieux.

ton expression reste sérieuse, à le détailler alors qu'il se lance effectivement dans une description des atouts qu'il pourrait apporter à votre colocation.
note dans un recoin de ton esprit ses capacités à cuisiner — parce que, pour une raison obscure qui t'échappe encore, la maison n'est pas partie en fumée alors que milo et toi n'êtes clairement pas ce qu'on pourrait appeler des cuisiniers compétents.
tant que la nourriture est mangeable, ça va
motto de vie qui vous avez fait survivre jusqu'ici, mais sasha, c'est un peu une bénédiction des dieux at this point.
lui, au moins, semblait savoir comment se débrouiller — si ta vie entière a été oubliée, tu te souviens toutefois de ton lack of basic skills à ton arrivée, appris sur le tas.
ça fait ça de moins à se soucier.

t'inquiètes, j'préfère qu'ils aient récup' leur vie que de rester ici, hausse les épaules, mais merci.
c'est que t'as beau insister sur le fric qui se fait rare, au fond, t'espères, si c'est ce qu'il veut, qu'il reparte lui aussi.
muse silencieusement, quelques secondes, en te grattant le menton.
tu pourrais continuer de lui en demander, le mener en bateau encore un peu, juste pour voir le sourire s'effacer de son visage, mais t'en fait rien, jay.
te départis plutôt de la froideur précédemment adoptée, retrouve un air plus nonchalant.
j'm'attendais pas à une liste, probablement non-exhaustive, de tes talents. to be honest, tu m'as convaincu à "je sais cuisiner", mais c'est toujours bien de savoir qu'on a un apprenti médecin sous la main.
c'est qu'il va se retrouver avec deux cas sur les bras, sasha.
sauf que tu te gardes bien de le dire, faudrait pas l'effrayer dès le départ.
j'parlerai pas au nom de milo, mais j'pense que ça devrait aller, désigne vaguement le rez-de-chaussée et les escaliers d'un mouvement de la main, quand tu te redresses, et j'crois qu'une petite visite guidée s'impose.
welcome home my dude, you're in for a ride.

mène la progression, le temps d'arriver à l'étage, après ça, tu le laisse mostly explorer de lui-même.
précise ici et là où sont les trucs importants — ustensiles, vaisselle et tout le bordel que doit contenir une cuisine classique, modernité en moins.
mais bon, on ne s'ennuie pas de ce dont on ne se souvient pas, right ?
endosse le rôle du parfait colocataire, jusqu'à sa question qui te freine un peu dans ta lancée.
euh...
combien de temps ?
bonne question, excellente, même.
fronce les sourcils, forcé de réfléchir, pour une fois.
et ton cerveau ne semble pas très apte à te fournir quelconque idée des années, mois, semaines ou jours entre ton arrivée et maintenant.
pas très... longtemps ?
fort utile.
j'sais pas trop, précisément, mais t'es pas le premier à me faire la remarque. ravi de pas trop avoir l'air d'un old geezer comme la plupart des gens ici, même si on reste tous bien conservés.
certains mieux que d'autres.
notamment ceux qui ne ressemblent pas à un cadavre tout droit sorti d'un iceberg, but hey, it do be like that sometimes.

t'allais continuer, mais la porte, en bas, s'ouvre.
et ton expression se fige, sourire qui fond comme neige au soleil.
j'vais l'assassiner.
tourne les talons, sans un regard en arrière, alors que tu dévales les escaliers — marches qui deviennent une véritable patinoire sous tes pieds.
D'OÙ
retombe au sol après avoir traversé la moitié de la pièce
T'ES
à deux pauvres centimètres du visage de ton fellow jack
EN
index qui tape contre son torse, se fiche bien que ça fasse approximativement trois secondes qu'il est rentré
RETARD ?
croise les bras, sourcils froncés, l'air agacé d'un gamin pétulant à qui on a enlevé son jouet flottant sur le visage.
on a même pas pu faire le bon cop, bad cop, comme prévu.
parce que c'était moins drôle, de ne pas avoir milo à tes côtés pour jouer le jeu.