Tu n'étais pas revenu le lendemain, ni le surlendemain.
Une petite voix t'avait pourtant hurlé pendant ces deux jours de monter au premier étage pour le rejoindre dans la chambre. Celle-ci bien gardée par un membre du personnel. Après tout... le moulin était grassement payé durant cette semaine. Alec travaillait, même en ne faisant rien.
L'ironie qui rendait le sort réservé à ton amant encore plus jubilatoire.

Au début, tu étais parti du principe que tu ne reviendrai que le vendredi, t'offrant la possibilité de ne pas revenir du tout. C'était ta manière de le punir, de te venger - de lui inculquer les valeurs du respect. Il n'y a qu'en frustrant un animal qu'on arrive à le dresser.


Jeudi matin, tu salues Lior et étires un sourire malicieux quand il aperçoit ta tenue un peu particulière. Si tu te montres aussi tôt c'est parce que tu as une idée en tête (tu finis toujours par en avoir, et elles sont toujours terrifiantes).
Tu grimpes les trois marches qui te conduit au couloir des chambres de joie, te glisse jusqu'à la dernière porte, sort la serrure récupérée au garde qui te laisse passer et entre.

Tu entends sa voix et frissonnes, pénètres la chambre et bloques la porte en t'y collant. T'es habillé d'une tenue particulière. La silhouette d'un vrai prince charmant avec la cape et les cheveux blonds plaqués.
Tu étires un sourire denté et passes ta langue sur tes lèvres pour les humidifier.

— « Bon matin Alec. Est-ce que je t'ai manqué ? Question idiote, évidemment que je t'ai manqué. Tu n'es plus rien sans moi, désormais »

Tu te perds à détailler sa silhouette, dont la position qu'il tient décuple l'érotisme. Dans ta main droite tu tiens un cintre reliée à une housse de rangement pour vêtements.
Tu t'avances vers le lit, sans honte ni remords imprimés sur le visage toujours doucereux.

— « J'ai un cadeau pour toi... pour me faire pardonner de t'avoir abandonné pendant deux jours. »

Tu ouvres lentement la housse, qui dévoile une jolie robe blanche.
Lèves le regard cruel vers lui, lui laisses le temps de comprendre et d'assimiler. Sans une seule fois diminuer l'intensité de ton rictus malfaisant. A croire que tu n'es jamais rassasié...

Il a pas la réaction que t'attends. Il aurait du se décomposer, réaliser à quel point tu n'as aucune limite dans ta cruauté. Comprendre ce qu'il en coute de jouer avec toi, que tu joues toujours mieux et plus fort.
Mais non. Il se jette sur toi, te plaques contre un mur pour t'embrasser. T'as même pas le reflexe de fermer les yeux, trop secoué pour faire quoi que ce soit d'ailleurs pendant les premières secondes. T'es à l'image d'un pantin désarticulé, n'opposes aucune résistance quand sa langue force le passage entre tes lèvres pour venir te lécher le palais. T'as besoin d'air, tu le tiens par les épaules, prêt à le repousser. Mais qu'est-ce qu'il lui arrive bordel ?!
Est-il à ce point en manque ? Est-ce qu'il a tellement l'habitude de baiser toute la journée qu'il devient fou quand il en est privé ? Est-ce qu'il se serait jeté sur le premier venu ?
Sans pouvoir le conscientiser, cette pensée te dégoute.

Quand il s'éloigne, t'as son haleine mentholée qui s'échoue contre ta bouche. Tu fronces les sourcils, un peu déstabilisé.
Tu te forces à sourire pour ne pas totalement perdre pied.

— « Tant mieux... tant mieux si t'as détesté ça... »

Parce que toi, t'as adoré l'imaginer seul et abandonné dans cette pièce vide et insonorisée.
T'as adoré le fantasmer te haissant - et se languissant (de toi).

— « Qu'est-ce qui te prend tout à coup ? Hm. Toi aussi tu sens bon... »

Mais bon, tu te prends au jeu, visiblement flatté de l'attention qu'il t'accorde. Tu enroules tes bras autour de sa nuque et l'enlaces à sa guise. Bon, c'est qu'il est en train de retourner la situation non ? Il t'éloigne de ton but, il t'amadoue. C'est insupportable comme ça fonctionne si bien - oh Alec est trop malin pour son propre bien.

Sans bouger, tu murmures.

— « Dis-donc... Tu serais pas comme... ma chose ? Je veux dire... T'agis pratiquement comme telle. »

Sourire narquois et malveillant qui s'étire dans son dos, tu lui donnes un coup de pied dans l'arrière de ses genoux.

— « Allez lâche-moi maintenant. Tu me la suceras plus tard. »

Tu en profites pour te dégager et redescendre, le toises un peu avant de changer d'expression. T'as l'air tout innocent d'un coup, aussi beau qu'un angelot.

— « Même pas tu me remercies pour mon cadeau. Sale ingrat. »

Ah ! Revoilà Alec et sa colère naturelle. A croire que cet enfant est né dans la rage... T'as même pas conscience que s'il s'énerve à ce point c'est parce que tu le cherches. Tu le penses honnêtement de mauvaise foi, à ne faire aucune conciliation. Ça te frustre et en même temps ça t'excite. T'es complètement tordu Aslan.

— « Crève ? Pas très gentil. Merci de ta considération mais je pense m'abstenir. »

Toi aussi tu peux être sarcastique. Toi aussi tu peux te foutre de sa gueule. Ah ce que tu le giflerai bien quand il agit comme ça.
Mais tu hausses les épaules, mimant une mine désintéressée. Tu craques pas tout de suite, non il a pas encore poussé jusqu'à la limite de ta patience.

Tu te pavanes, roucoules quand il t'appelles prince et bombes le torse d'un air fier et supérieur. Quand il a enfin terminé de râler, tu t'approches de lui pour lui caresser le bras, poses un doigt sur ses lèvres.

— « Chuuut... » Que tu murmures. « J'ai compris. Tu contestes avec véhémence. »

Tu le forces à s'assoir sur le lit, glissant ta main sur sa cuisse. Tu le fixes sans détourner une seule fois le regard, aussi intrusif qu'imposant. Les doigts viennent effleurer l'entrejambe avant de remonter sur le torse pour le tapoter.

— « Tu vas enfiler cette robe. Et tu sais pourquoi ? Parce qu'on est jeudi et que je suis toujours ton client. Tu dois obéir à mes caprices, même les plus fous. C'est pour ça que je paie le moulin. »

Tu murmures à son oreille.

— « Tu rêves que je te saute dans cette tenue. »

Mais tu n'essaies pas de l'amadouer voyons ! C'est plutôt l'inverse... Ah décidément Alec voit le mal partout... Tu soupires, amer, avant d'écarquiller les yeux de surprise.
Qu'est-ce qu'il a dit, là ?
Tu le gifles froidement, et c'est plus sec que réellement douloureux. Tu saurais pas dire pourquoi cette remarque t'a piqué à vif mais l'insolence a des limites. Tu détournes les yeux sans rien répondre, faisant fi de tout tes efforts pour ne pas rougir et lui accorder ne serait-ce qu'une semi-victoire - même si la baffe a trahi ta perte de sang-froid.

— « Tais-toi. »

Tu inspires, expires. Tu redistribues ton énergie et cela dans tout ton corps. T'as besoin de le regarder, alors tu viens saisir son visage entre tes mains, l'extrémité de tes doigts à l'arrière de ses oreilles se perdent dans ses boucles brunes. L'intensité de ce moment est réservée, parce que tu te donnes jamais complètement Aslan, même dans la plus intime parcelle de ton intégrité. Dans le fond de tes pupilles glacées, il y a bien plus que de la cruauté... pour ceux qui s'y attarderaient vraiment. Il faut fouiller.

— « Si tu refuses... »

Ta voix est suave.

— « Tu ne peux rien me refuser. Rien du tout. Pas tant que tu seras dans cette pièce à ma merci. »

Tu murmures à son oreille, viens en lécher le lobe, grimpes sur lui malgré toi pour te placer sur ses cuisses.

— « Et tu veux que je te dise un secret ? Au fond de toi, tu n'attends plus que ça. »

Je vais la mettre.
???

Tu recules légèrement, les mains posées sur ses épaules pour te maintenir. Tu cherches à comprendre s'il se moque de toi ou s'il est sérieux. Décèles une pointe d'ironie, un air de défi. Tu fais claquer ta langue sur ton palais et descends de ses genoux pour t'installer en tailleur par terre sur la moquette.

— « Très bien. Je te regarde. »

Tu n'as pas répondu à la question Aslan.

— « Allez, déshabille toi. Pas de pudeur entre nous. »

Tu attends, la tête accoudée sur tes cuisses. Tu le fixes d'un air étrange, aussi lourd de sens qu'impénétrable. Un demi-rictus à la commissures de tes lèvres fines. Tu inspires, expires et le manège toxique est reparti. Alec semble à l'aise, déterminé à peut-être te provoquer faisant fi de tes plaisirs malsains à le torturer. Evidemment, voyant que ça ne marche pas, tu pestes intérieurement, intériorises doucement ta frustration.

— « Pressé tu dis ? Peut-être bien. »

Tu l'observes retirer ses vêtements, notamment les différentes couches de ses bas. Tu te délectes de la vue de son intimité, te pinçant la lèvre alors qu'il enfile la robe par le haut. Quand il t'embrasse, tu te retiens de rire, ignorant ses questions encore une fois puis exploses d'un rire moqueur. Tu te roules limite au sol de rire, Aslan, n'ayant aucun scrupule à rire de lui et du ridicule de la situation.

— « HAHAHA ! Tu as l'air si... si... Hahaha ! Tu as l'air si... doux, dans cette robe. Aussi doux et fragile qu'un agneau. »

Tu te redresses, un genou toujours à terre et essuies tes larmes d'hilarité d'un coup de manche contre tes yeux. Inspires, expires, tu dois reprendre ton souffle.

— « Mon dieu... Si j'avais pu imaginer que tu le ferai vraiment ! J'ai bien fait de prendre ça avec moi. »

Tu sors de ta besace un petit polaroid que tu braques vers lui, mitrailles de photos instantanées qui glissent les unes après les autres sur la moquette.

— « Tu m'en voudras pas, mais si je ne ramène pas de preuves, personne ne va me croire. »

Tu t'empresses de les ramasser, du moins pas toutes et de les enfourner dans ton sac avec l'appareil, profitant de l'instant de confusion d'Alec.
Tu reviens finalement vers lui et le dévisages de haut en bas.

— « Epouser un garçon ? Epouser une pute ? Respecte-moi quand même. »

C'est juste méchant et cruel, mais le pire c'est que même si tu le penses, ça te fait mal de le dire à l'oral. Parce qu'Alec c'est Alec...
Et une partie de toi n'accepte pas l'option de passer le reste de l'éternité sans lui.

— « Retourne toi. »

Que ça commence.

Va te faire enculer, va te faire foutre... Ah. Alec est en colère, du genre pour de vrai. C'est surprenant mais pas désagréable. Non... en fait, c'est un peu horrible. Tu n'attendais que ça, qu'il t'envoie chier - et pourtant ça te fait un peu mal au ventre de le voir parler de démissionner. Tu te forces à sourire et le chopes par les hanches pour l'enlacer.

— « Alec... Je plaisantais, tu sais. »

Gros manipulateur, t'essaies de te rattraper pas vrai ? T'es comme ça, tu balances des trucs sans avoir vraiment conscience que c'est mal - tu fais du mal et c'est.. pas bien ? Merde.
T'apprends jamais, Alec cogne dans le lit et t'as l'impression de le revoir comme quand il était chez toi et qu'il a défoncé le mur. T'es exaspéré.

— « Arrête, tu vas te faire du mal. »

À défaut du fait que je t'en fais déjà.

Tu l'observes tenter de déchirer la robe et ça te met dans une colère noire que tu caches avec ton sang-froid. Elle t'a couté cher cette robe, dans le plus beau et le plus chic tailleur de Crims. Alec n'a vraiment aucun respect des choses... Mais toi non plus pas vrai ?

— « Calme toi. »

T'as la voix sèche, un peu enrouée comme si tu te retenais de pleurer. Détournes le regard en te pinçant la lèvre.

— « Moi ça m'irait que tu démissionnes. »

Tu le toises de haut, d'un air qui se veut moralisateur.
T'es sur le point d'avouer quelque chose de gros là - la sincérité se trouve là où on ne l'attend pas.

— « J'aurai plus à te savoir en train de sauter d'autres gens. »

Merde, ça te fout la gerbe.
Tu plaques ta main sur ta bouche pour retenir un haut-le-coeur, les larmes aux yeux et le drame au corps.
Toujours plus, hein ?

— « Allez, maintenant retourne toi ! »

C'est presque dit sur le ton de la supplication... Toujours plus, ouai.

Il te plaque contre le mur (Alec aime bien les murs, surtout t'y acculer) et tu fronces les sourcils. Tu te débats pas, tu n'oserais pas dans un moment aussi tendu. Tu lui sors ton numéro de calimero parce que c'est ce que tu sais faire de mieux.
Mais c'est étrangement sincère pour une fois, tu te moques pas. T'es toi même un peu dérouté, secoué par le conflit que tu cherchais pourtant au préalable.

— « Évidemment que ça me rend malade. »

Tu le toises avec sévérité, comme si c'était évident à comprendre ! Putain !

— « Qu'est-ce que tu crois ?! Tu me dégoûtes à... non, ce sont eux qui me dégoutent. Ceux qui te regardent comme ça. Je devrais être le seul ! Le fait que tu les autorises à te toucher ça me. »

Tu te stopes net. Il te regarde avec méfiance, puis finalement se retourne, non sans te menacer de définitivement partir si tu oses faire un truc de travers.
Moue renfrognée - il lit dans tes pensées.

Lentement tu passes tes mains sur son dos, le caresses d'une tendresse rare et attentionnée. Tu hésites, avant de déchirer brutalement le tissu dans un bruit sec. Tu t'empresses de déposer un baiser chaud contre sa peau.

— « Tu ne l'aimais pas de toute façon, j'ai bien vu. Retire tes manches, je vais t'aider à t'en débarrasser. »

Tu l'accompagnes dans ses mouvements, arrêtes finalement quand le haut de la robe s'échoue sur ses hanches. Il est nu en dessous n'est-ce pas ?
Tu ne fais plus rien, lui laissant le choix d'ôter totalement le vêtement ou non. Tu restes juste collé à lui, ton souffle s'échouant sur son derme en chair de poule.

— « Je t'aime. »

Tu t'étrangles. Les yeux s'écarquillent de folie.

— « bien. »

Merde.