dans la nuit on jurerait l’entendre. le silence grésille. sur les voies ferrées susan, on sait
rien n’arrivera. debout sur le quai, que les vents de nuit en compagnie.
dans les poches
dans le jour
acheter billet sans retour.
dans les poches
dans la nuit, contre le bout des doigts savoir le papier qui ne s’égare pas. destination indiquée pour les siècles à venir. notons l’heure. ici ; ce sera notre seule liberté.
le train n’arrivera pas ; susan on l’inventera. descendre de la scène aujourd’hui, ne plus désarticuler le corps en arabesques pour le cirque des histoires humaines. croisées des chemins,
il faut choisir.
entre le contrat des alliances en rouge sang ou en blanc de neige.
entre le contrat du silence, pour seule liberté de savoir son ombre l’unique amie des pièces dépourvues d’allégeance.
de partout le choix des possibles. il y a à peine un siècle de poussière, susan, et on veut déjà s’écarter de la scène.
hors-temps. dans le néant on saura peut-être trouver le point d’origine de notre histoire. ou le créer quand le temps viendra. et alors
alors du nouveau point de départ, susan on se donnera bien le droit de vouloir
aussi avidement que tous les spectacles de cirque de rouge et de blanc
aussi avidement que les immortels se font la guerre
on se donnera bien le droit de vouloir
vivre.
le train n’arrivera pas ; susan on l’inventera.
notons l’heure. car le billet indique bel et bien la bonne destination.
lever les yeux et les étoiles en cartographie.
dans la nuit on jurerait l’entendre. le silence siffle.
l’heure du départ.
susan quitter la gare.
de partout où nous existions
aller se fragmenter nulle part
puis recoller un jour
les bouts de soi ; remonter le temps
s’approprier le temps.
de nulle part. revenir parmi les morts.
derrière, le rôle des vivants l'envahit de partout.