C'est excitant comment il s'amuse à titiller, à faire subir au corps cambré des pulsations nouvelles. Les jambes en tremblent et les sens s'affolent. Tes doigts s'égarent dans les boucles brunes alors que ta crinière flamboyante se confond dans les draps rouges à l'effigie d'une couronne que tu as volé ce soir Andy - car si Anael est Roi tu t'es improvisé Reine du Bal.

Les bas s'égarent quand la peau est mise à nue. Sur le derme rougi par son emprise et ses ardeurs coule l'oisiveté du désir précoce. En effet, c'est de gémissements bruyants que s'épanche ta soif salace. Andy déjà au bord du gouffre quand Anaël t'a à peine poussé.

Est-ce que tu danses avec moi ?
— « Toute la nuit si tu en es capable. »

Tes yeux brillent de malice et le défient de faire toujours non pas mieux mais toujours plus. C'est à ton tour de jouer avec la peau quand la langue récolte le sel avec frénésie le long de la nuque, remonte à l'oreille pour la mordiller. Tu en profites et et lui murmures des viles insanités pour continuer de l'exciter, ne jamais arrêter de le provoquer. Si tu es avide Andy, c'est de ses punitions immatures, de ses mains qui claquent les hanches quand tu plantes tes serres à la pointe de ses omoplates.

Tes joues s'empourprent quand il te dépeint aussi belle que Venus - tes poings viennent s'accrocher aux pans de soie et tu glisses (serpentes) sur le tissu pour te tourner dos à lui. A la cambrure des reins est tracé un V pour vendetta mais ce soir pour vice, volupté et -
vivifiée par le choc des corps, tu t'abandonnes à tes cris étouffés par le matelas.
Ana n'entend pas.
Que tout tes sens lui hurlent que tu l'aimes.
Ana n'entendra pas.

— « Ana... »

N'entendra pas.

Jolie ref - qu'il dit quand il dessine le V dans le bas du dos, corps qui se soulève et se cambre. La sueur imbibée de parfum glisse sur la piste de peau et les gémissements s'intensifient à mesure que les chairs s'épousent et s'entrechoquent. Si le rythme te bouscule Andy, c'est une bonne fatigue qui s'alimente avec passion et désir.

Tu serres le plis des draps comme si tu allais les arracher, les déchirer. Y plantes tes ongles, les troues sous la balancement des coups. Quand les lèvres d'Anaël se posent sur ton épaule, ça t'arrache un frisson à en décoller l'épiderme.

— « Ça... va. »

On reprend son souffle Andy, et on est prête à repartir pour une nouvelle danse. Car ce n'est pas le désir qui se meurt sous les doigts d'Anaël le plus important mais le fait de désirer de nouveau. Le plaisir s'était évanoui il y a maintenant plus d'un an.
C'est qu'on se sent presque vivant, maintenant.


Les yeux mi-clos, la poitrine brûle à mesure que le souffle s'évapore. Mais c'est tout ton corps qui est en feu Andy, alors que tu es allongée sur le torse d'Anaël.
Vos jambes entrelacées.
Vos doigts aussi. Et tu vous sépares tristement quand tu prends appuis sur lui sans peine, caresse sa joue avec un sourire tendre.

— « Je suis heureuse que tu sois venu me trouver. »

Le visage est aussi intense que les pensées.

— « Ne pars pas. Demain je te rendrai au royaume. »

Mais ce soir tu es à moi.

Tes éclats de rire ils sont sincères Andy. Tu mimes le courroux lorsque tu fais semblant de le menacer, te pinces les lèvres pour ne pas partir en fou rire alors que tu imagines parfaitement Anaël regarder des bourreaux grand sourire arrogant aux lèvres.
Il est insensible à la douleur mais pas immunisé à la mort. A cette pensée tes malices se fanent en de sombres inquiétudes. Tu le caresses du bout des mains, rejettes (entêtée) l'éventualité qu'il te claque entre les doigts. Ça serait bête, non ? Qu'Anaël repousse les limites.

— « Eh. Fais attention quand même. Tiens ta promesse. »
S'il te plait.

Tu relâches la pression lorsqu'il te saisit par la taille et ris de nouveau - te laisses tomber sur le matelas, t'accroches à son cou pour venir embrasser sa joue.
Eloquente, tu fermes les yeux et prend la pose.

— « Hmm... Je me souviens... »

Tu te souviens de quoi, déjà ?
Les néons dans les bars ou le bureau de ta chambre étudiante ?
La chaleur du macbook sur les jambes alors que tu regardais des films jusqu'à très tard. Le cinéma, le popcorn. Le froid quand on sort de la salle tard.
Le métro londonien, c'était marrant aussi... ici tu n'as jamais vu aucun train.

— « La fête, surtout ! Les cinemas me manquent. »

Tu te mords la lèvre.

— « Les études aussi un peu... »

Tu lèves les bras de manière dramatique.

— « Mais bon ici, à quoi bon travailler et s'acharner ! On est morts et je me vois pas exercer à Wonderland. »

Puis tu pouffes de rire, ourle un smirk dans un rictus narquois.

— « Attends attends... et toi tu faisais quoi ? En vrai si on prévoit de rentrer, ça serait bête de tout oublier. »

Cette promesse est si belle ; parce que tu le sais sincère. Anaël si insouciant, si détaché, n'aurait pas juré des paroles en l'air. Et ça te rassure un peu de plus te savoir seule dans cette galère. Désormais lié jusqu'à la mort, jusqu'à la vie. Tu lèves le haut du corps pour lui voler un baiser passionné. Vous discuterez plus tard des termes de votre relation, pas besoin de mettre des mots clairs dessus, tu te sens juste bien Andy.

Du moins !
Tu fais la moue quand il te reprend sur les études.

— « Eh si on retourne dans le monde réel après ça, faut pas que j'ai tout oublié ! Faut que je travaille dur pour venir te rejoindre aux états-unis... »

Tu notes dans ta tete l'adresse du café ou il travaille.
Espères qu'il ne t'aura pas oublié à une époque où il ne te connaissait pas encore. Tu trouverais ça vache que Wonderland soit comme un rêve qu'on zappe petit à petit au réveil.

— « Deal. Je viendrai te commander un café, tu me serviras. Je te ferai des blagues nulles et je t'arracherai à cette vie pour t'en offrir une encore plus belle tu verras. »

Ou... On pourrait rester ici.
L'idée tu la considères un instant. Non, tu dois retrouver Brotchan, lui son père.
Tu veux pas que le tien meurt en ayant vécu avec l'idée qu'il ait perdu sa fille pour toujours.
Tu t'en veux de t'amuser même dans l'au delà, d'aimer quand lui est surement plongé dans le désespoir.

— « Bon. Viens on dort. »

Tu le chopes par le cou et vient le faire tomber à côté de toi. Tu te blottis contre son corps nu, en cuillère.

— « J'ai froid, réchauffe-moi. »

Fermes les yeux après avoir contemplé le mur rouge quelques secondes.