Les pas sont lourds à travers les couloirs fantômes -Jabberwocky s'avance pressé alors le monde s'efface. Apeurés les domestiques se cachent et les gardes ne bronchent pas, ceux qui tenteraient s'en voient dissuadés bien rapidement car, si d'ordinaire Jabberwocky tolère (même avec grande peine), aujourd'hui il ne veut pas. N'a pas le temps pas l'énergie -ses sentiments (contradictions béantes aux creux du coeur) lui confèrent cette aura bien plus sombre, aiguisée par la colère des rumeurs qui circulent.

Le Bandersnatch.
Si les murmures sont vrais, les jours ont passés et rien ne s'est fait. Alors Jabberwocky affamé sort les crocs et-

Entre.
Dans la salle du trône.
S'invite avec la plus grande des impolitesses dans l'antre de sa reine qu'il sait seule à l'instant (ne se serait pas permit autrement).

— Juliette.

Les portes claquent (fermées).
Lui s'avance encore un peu, se place au centre puis s'immobilise sans même une salutation.

Juliette.
C'en est trop Juliette.

— Pourquoi tu ne fais rien.

Ils ont souillé ton jouet.
Ce lapin maudit a souillé ton jouet.
(et son coeur aussi, inconsciemment)

Juliette, oh Juliette.
Si tu savais comme il a envie de-
Trancher. Brûler.
Tout cramer lui toi ce château Wonderland tout entier elle chauffe la bête si mal si fort et ça le démange tellement.

Toi debout désormais, le sourire calme le soupir las et lui lui debout lui au centre de la pièce lui qui t'écoute et-
Time.
Serre les dents serre les poings mais ne dévie pas le regard.
S'agace l'homme s'agite la bête tandis que tu continues et si tu savais à quel point tu te trompes Juliette. À quel point il ne se permettrait jamais de ne rien faire de tes ordres. Pourtant tu es là, tu reproches.
Et lui t'en veut.
Tellement tellement Juliette.

Un temps de flottement avant qu'il n'enlève sèchement tes doigts de sa joue, sans les lâcher.

— Tu sais bien que je passe mes journées à chercher. Tu le sais, qu'il est introuvable. Time a disparu et toi. T o i.

Toi tu le perds plus encore, le temps.
Toi tu l'assassines.
Toi, Juliette.

— Tu es faible.
Parce que tu ne fais rien.

— Tu ne répares pas l'affront. Je ne veux pas suivre une Reine faible, Juliette.

Une reine qui ne prend pas soin de ses offrandes.
De ses alliés.