secoue la tête, ariel, à sa question.
pourquoi ? parce qu'il arrive à lui faire entendre autre chose que ses doutes, avec ses jolies promesses. il se surprend à vouloir le croire, malgré son côté pessimiste, prêt à momentanément faire fi de tout le reste.

— de me rappeler que l'espoir existe.

surtout après s'être évertué à l'oublier, notion dangereuse qui n'a jamais été clémente à son égard.
mais les choses finissent éventuellement par s'améliorer, lui aussi, finirait par s'en remettre. pas tout de suite, pas demain, mais un jour.
il tourne la tête vers lui, quand il se redresse brusquement, hausse un sourcil.
marre de le voir ?
décamper ?
loin de là, il apprécie réellement sa compagnie.
s'il avait vraiment chercher à le faire partir, le faire fuir, ce serait chose faite depuis bien longtemps.
reste
ici. ne bouge pas.
r e s t e
s'il te plait.

papillonnant des yeux quand meliodas s'incline au-dessus de lui, éclipse le soleil, il ne peut que le fixer en silence.
on ignore l'appréhension, la culpabilité de se savoir égoïste en l'influençant ainsi.
les excuses sont étouffées, avortées avant même qu'elles ne dépassent le stade d'idées quand il l'embrasse.
il a l'habitude de se faire ruiner, et sa délicatesse le prend au dépourvu.
puis esquisser un sourire, contre ses lèvres. trop gentil, meliodas, plein de douceur, de rêves et d'optimisme.
ariel lève une main, effleure sa joue du bout des doigts avant qu'ils ne se posent sur sa nuque.
le contact est léger, lui offre la possibilité de se dégager s'il en avait envie.
et au fond de lui, il espère que ne serait pas le cas.

son sourire ne le quitte pas, quand ils se séparent, s'étire, même.
lueur amusée qui brille au fond des prunelles vermeilles, le regard oscillant entre le sien et ses lèvres — réprime l'envie de l'embrasser de nouveau.
c'est qu'il ne devrait pas plus s'aventurer sur cette pente glissante, surtout pas quand c'est lui qui l'y avait entraîné. un excès de faiblesse suffit.
mais meliodas est lumineux, chasse l'orage et dissipe temporairement sa morosité.
et comme un papillon de nuit attiré par la flamme, il caresse l'idée de se brûler volontairement. ce ne serait pas la première fois, pas la dernière-
train de pensée qui s'arrête, statique qu'il commence à reconnaître un peu trop facilement.
ah, peut-être qu'il ne devrait pas lui donner raison.

cligne des yeux, ariel, surpris, avant de rire.
il ne regrette pas sa présence, et lui ne regrette pas d'avoir pris un détour.
culpabilité qui s'apaise quelque peu, sans complètement disparaître.

— je m'avouerai un peu vexé, si ça avait été le cas.

son rictus fait maintenant écho au sien, moins délicat que celui qu'il arborait précédemment.
observe un instant les doigts qui dansent sur sa peau, frisson qui parcourt celle-ci au contact délicat, puis reporte son attention vers lui.

— oh, ne t'inquiète pas, lève la main pour la poser sur sa joue, note le contraste avec le rouge qui colore celles-ci, si ça avait été le cas, tu serais au courant.

après tout, ce qu'il attire peut être repoussé.
finis inexorablement par l'être.

son sourire se fige, se crispe.
sourcils froncés face à sa réaction, l'observe sans comprendre pendant quelques — sa main au sol-
écarquille les yeux, ariel, l'embarras bien visible sur son visage alors qu'il n'ose plus esquisser le moindre geste.
meliodas se relève, s'éloigne, et il ne lui en veut pas, comprend, et quand son regard croise le sien par inadvertance, il s'empresse de le détourner.
à son tour de voir ses joues de colorer, de gêne et de honte.
c'est à se demander lequel d'eux deux s'est trop approché du soleil.
pardon, pardon, pardon

— ça... semble être une bonne idée, oui.

il étire un faible sourire, quand il évoque sa situation — crécher ici, c'est bien le cas de le dire.
peut-être qu'il reviendrait le voir.
il doit se retenir de secouer la tête, arbore un air faussement calme, malgré la culpabilité qui pointe le bout de son nez, lui remet en plein visage son égoïsme.
ne dit ni oui, ni non, ariel.

— au revoir, meliodas.

au plaisir de te revoir.
contemplant sa silhouette qui s'éloigne, jusqu'à ce qu'elle disparaisse au détour d'un des murets des jardins, il expire.
inspiration qu'il n'avait pas conscience de retenir, chasse la tension de ses muscles.
lève distraitement une main, pose ses doigts sur ses lèvres — l'échange s'était terminé sur une note amère, teintait l'optimisme qu'il avait réussi à lui communiquer.
ferme les yeux, en laissant retomber son bras dans l'herbe.
les choses finissent par s'arranger, n'est-ce pas ?