la table enfin complète après avoir accueilli quelques clients, d’une main habile il mélangeait les cartes avant de servir sous les yeux de toute la table.
c’est une disparition pour le moins théâtrale - le jeu de tarot qui s’envolait alors que le croupier se volatilisait - qu’il avait pu faire alors qu’il avait été téléporté à l’insu de son pleins gré auprès d’Ariel et Opal. C’était un mélange d’appréhension et de questionnement qui se lisait sur son visage. Les yeux gros comme des soucoupes.
Undine passait une main dans ses cheveux comme pour les replacer après cette intervention du lapin blanc. Son regard se posait rapidement où il se trouvait quelques secondes plus tôt, voir les clients paniqués de sa disparition était quelque peu amusant. S’il omettait le fait que Belial risquait de moins apprécier cela.
“ Je ne sais pas trop ce qui se passe mais la sirène a raison. ” pour ponctuer les dires de son collègue.

Ses sourcils formaient une arche avant de se froncer. “Ok ok ok on se calme. Tu veux quoi de nous exactement en disant ça là ? ”
Il savait très bien que le lapin blanc pouvait dire des choses bourrées de non sense. Undine n’en n’avait pas fait les frais jusque là.
“ J’ai clairement pas un rond pour payer une pension pour un gamin. Ça va pas. ” Il retroussait son nez en jetant un coup d'œil à Ariel, qui s’occupait déjà de lui comme s’il était un enfant - de temps à autres.
Il avait sans doute pas besoin d’un autre enfant.
Quelque soit le sens.
Sans parler de l’aspect financier, ils n’était pas pleins aux as, à son plus grand regret.

“ Wouah du calme Ariel. Tu y vas pas un peu fort d’un coup là ? ” L’idée que les entité précédentes avaient pu avoir des enfants n’était pas inévitable, mais ensemble commençait à être un peu gros.
C’était des éventualités qu’il n’avait jamais considérées.
Jamais voulu considérer.
Sa main passait sur son visage, fatigué à l’idée de se retrouver dans quelque chose qu’il n’avait pas demandé. Avoir un goût de ses propres complots n’était pas très plaisant. “ Quoi qu’il en soit, je n’en assume aucun qui ne vient pas de moi à proprement parler. ”
Une grimace qui déformait ses traits, il n’était clairement pas prêt à assumer ce genre de choses si cela devait se révéler vrai.

l’expression d’Undine se détendait légèrement à voir son collègue lui rappeler d’un regard que ce n’était qu’une blague. il était bien content de ne pas avoir besoin des mots pour comprendre ce qu’il voulait exprimer à son toucher ou sur son visage.
il pinçait ses lèvres alors qu’ils avaient bien plus de détails. partagé entre la curiosité et le doute.
son regard suit celui d’Opal alors qu’il parle de cette fameuse enfant - pour reconnaître la charmante sirène dorée dont il ne connaissait pas grand chose -  qui ne serait autre que la progéniture des précédentes entités. “ en effet elle est grande et autonome, elle est même bien plus vieille que nous. ” il était bien dubitatif et peu sûr, connaissant de loin le lapin blanc qui ne jouait pas dans les règles.
qui était fair play à Wonderland ? lui-même n’était pas dans les règles à mentir comme il respire.
peu convaincu de ce qu’il pouvait entendre. le lapin blanc semblait ne pas douter et être bien sûr de ses propos. l’auto-persuasion est pour sûr une belle chose, pensait Undine.

il était moins friand à l’idée d’entendre Opal tirer sur la corde sensible de son colocataire pour simplement arriver à ses fins. les traits de son visage se tiraient en une expression moins amicale. plus fermé, plus sérieux. Undine aurait bien rigolé si le lapin blanc n’avait pas dépassé une certaine limite qui lui plaisait guère. il est bon plaisantin Undine, il rigole bien. mais tout a des limites.
et atteindre ceux qu’il considère, qu’il apprécie, en est une.
il se mordait l’intérieur des joues avant de répondre.
laisser Ariel parler avant lui a été le choix le plus diplomatique, même s’il n’a pas vraiment choisi ça. ce qui était bien plus sûr pour lui.

le ton de son colocataire avait changé et n’était pas vraiment aussi agréable que plus tôt. chill out mom. Undine le fixait avec des grands yeux, à vivre avec l’autre sirène, il le connaissait bien désormais et savait ce qu’il en était.
il lui tapotait délicatement le bras pour lui rappeler que tout allait bien se passer.
“ non je te rassure opal, ça ne me fait pas peur. ” un léger sourire aux coin des lèvres qui se voulait légèrement crispé.
c’était la suite de cette conversation qui commençait à plus l’effrayer et lui laisser une sensation qu’il n’aimait pas vraiment.
il aurait préféré rigoler mais la tournure n’était pas celle escomptée.

les sourcils toujours froncés, il était bien trop méfiant de ce qui s’échappait des lèvres d’Opal. il en analysait les moindres mots qui sortait de ses lippes. la sirène cherchait à savoir ce qui en était malicieux, déceler le vrai du faux.
ses mots lui semblaient parfois venimeux et prêts à blesser - lui aussi les utilisait comme des couteaux - mais parfois c’était doux, mielleux. cacher toute l’animosité sous ces airs de lapin bien docile.
il ne savait pas sur quel pied danser avec le lapin blanc. et c’était quelque chose de bien trop frustrant.

son regard se glisse sur les mains qui se touchent et les doigts qui s’entremêlent. Les voix se faisaient plus douces. il ne disait rien, il restait interdit. simple spectateur de ces échanges. Undine ne cherchait pas à comprendre la situation. ça ne le regardait pas.
il attendait simplement.
silencieusement.
c’est là qu’il se décidait de parler. c’est là qu’il pouvait prendre la parole. “ j’ai bien l’impression que non. ”
délicatement il tapotait la tête de l’autre sirène, du bout de ses doigts. habitué à ces petits gestes pour le rassurer. “ t’inquiètes pas maman, ça nous engage en rien. on va juste gentiment échanger. ”