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stasis w/ camael
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stasis w/ camael Dim 21 Mar - 2:30

musique

y a-t-il encore un dieu ?
nous ne croyions pas en dieu
des mots étrangers en bouche

comme les ronces et les ramures
qui couvent sous nos chairs

nous ne croyions pas en dieu
vous nous l'avez montré
l'étrangeté de sang noir mort noire
ramper ramper ils disent

dieu n'existe plus
y a-t-il encore un dieu ?
il y a notre dieu

dieu-maison dieu-pardon
maison-dieu pardon-dieu

pardonnez-nous
pardonnons-nous

soudain

je crache
nous crachons

c'est la bile des perdrix au cou fin sous le craquement de la main. la bile de leurs peaux nous avions si froid il nous fallait les dévorer. vérifier sous la chair bosselée ces milliers de petites bosses n'étaient des essaims vrombissant de mots sans augure

(alastor même la fin vous nous la refusez)

qui allaient nous déchirer le visage
pratiquer leur perforation jusqu'à la dernière racine
de notre maison-dieu
forêt forêt

je crache sur l'herbe à ta porte
nous sommes à ta porte
c'est la bile des perdrix manger manger
jusqu'à notre propre cou sur le bord de tomber

forêt forêt
à ta porte il y a des lumières de peaux de cerf humaines. forêt forêt ils sont ici pour t'envahir
comme ils ont déjà creuser leurs milliers de nids sous nos chairs
manquer te déloger de notre nous
à nous

forêt forêt nous sommes ici pour t'avertir
la nuit éternelle marche court forêt forêt nous reconnais-tu ?
accueille-nous
où es-tu

nous sommes peut-être hors de nous
nous allons peut-être encore
cette nuit
tuer tuer tuer
tuer
tuer

(T U E R)

aide-nous
cache-nous

pourquoi forêt
ne trouvons-nous plus ta porte
la porte maison-dieu
nous voulons redevenir ton enfant
forêt montre-toi
aime-nous

nous ne sommes pas monstre

je

hurler
nous crions dans la nuit
nous alertons nos frères nos sœurs nous sommes de retour
nous voulons rentrer
où êtes-vous

crier crier
(ne savons pas où dans la plaine la nature nos pieds se trouvent)

JE HURLE

déchirons poumons jusqu'à ce que respirer brûle.

y a-t-il encore un dieu ?
[ vie cerf ]
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Camael Saramago
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stasis w/ camael Dim 21 Mar - 23:15
his eyes
are homes of silent prayers



▬ musique
En effet, puisque la mort est venue à travers un homme, c'est aussi à travers un homme qu'est venue la résurrection des morts. Corinthiens 15:21


alors il attendit que de l’ombre surgisse la bête et la bête avait des yeux d’homme et l’homme avait des mains de bête - voici ce que ses yeux lisent sur le blanc du parchemin, vestige d’un récit fantasque et baroque, voici sa lecture du soir au chevet des crépitements du feu

hommes et bêtes, les muses de son spleen lorsque son spleen est à museler de littérature - ah, qu’il s’amourache de cette heure solitaire, de ce plaisir bibliotaphe
les souvenirs et les revenants n’auront pas permission d'exhaler leurs sinistres desseins
cette nuit, énième nuit - il veillera les heures à la cheminée, il comptera les chuchotis des criquets

la cigarette aux lèvres, il expire sa danse grise quand
soudain -
le regard alerte, le silence désiré pour mieux écouter - écoute
la forêt s’anime de cris et de plaintes qui ne sont pas siennes

le grincement du fauteuil, l’appui de ses coudes, il se redresse puis pose le livre écorné sur la table basse ; le mégot dans le cendrier, les traits tirés

camael, une prière, un appel

il enfile son blouson, allume la lucarne illuminant le portillon de bois au bas des dalles amenant à son logis ; passe la porte, s’arrête un instant, regarde les silhouettes de pins et de chênes mordues de bleu et de noir

les cris toujours, les hurlements encore, les râles terreurs, terribles, terrifiants - la forêt qui l’interpelle ceci n’est pas ma voix
alors il s’avance et cherche, cherche, te cherche - te trouve

bête ? non un homme murmure, réalise - et l’effroi, et la peur
les cieux en soient témoins - c’est un homme qui parle comme parle les bêtes
sa bouche n’articule pas - sa bouche déverse
gueule à douleur

camael, une prière, un appel

il s’agenouille et ses yeux peinent à recueillir les tiens et son souffle peine à apaiser les morsures paniques sous ses côtes - il aimerait fuir, fuir, te fuir
tu es comme eux, tu lui rappelles, tu es comme eux, comme eux - eux, ceux que la guerre a damné

quelle est ta bataille ? il se questionne
es-tu ce que tu lui rappelles ou n’est-ce là qu’une triste et divine moquerie à sa mémoire dont tu te fais malgré toi, l’artisan ?

camael, tu n’es pas dieu, tu réponds aux prières

il inspire - 1 seconde, 3 secondes, 7 secondes - faire le vide
paupières closes
ses mains sur ton visage, il se penche - son front sur le tiens, il t’épanche
il n’y a aucun mal ici, tu es en sécurité voix douce - et les félicités de ta magie qui s’écoulent comme l’or s’écoule d’un soleil ; à cette paix que le paradis jalouse, à cette allégresse que les enfers répugnent - une ode

et sans rompre le toucher de ses mains, il se redresse et s’assied à tes côtés - l’humide de l’herbe, les lucioles figées dans le manteau stellaire ; quel étrange tableau

je me prénomme camael les prémisses d’un sourire ; méfiance et soulagement sont en cet instant, les singuliers compagnons de son faciès qui es-tu ? toi qui a surgit des ténèbres ?


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stasis w/ camael Lun 22 Mar - 4:07

musique

inspiration
expiration

après le cri
les hurlements à nos chairs délovés
nous les voyons
voyez-vous
voyez-vous

des empreintes qui s’échappent
notre peau en morceaux en morceaux par les cris

forêt forêt accueille-nous

suinte de nos pores ouverts
viscosité du sang grêle
leur sang grêle infusé dans nos veines

mais forêt forêt accueille-nous

pardon pardon nous avons mangé les racines-dieu
pour mieux te préserver

entends-tu

inspiration
expiration

il respire
à la manière des fous


croyons-nous
forêt
tu nous as entendu

croyons-nous sentir présence
de cerf humain
présence de cerf tout court
des sabots bien mous sur l’herbe
avec la luciole floutée

inspiration
expiration

regardez cette bouche apathique
respirer s’écoule


forêt nous t’entendons près de nous.
sommes-nous rentrer

inspiration
expiration

non, il râle.
l’homme trop près
il râle contre toi


cerf
tâtons vers toi
cerf s’il-te-plaît ne t’éloigne pas

inspiration
expiration

pars. PARS
il a sa main
il va te toucher
TE TOUCHER
soudain homme que tu fais de même
vague maladive qui peste sur l’herbe de toi
soudain


je dis
aucun… m-mal. aucun.

aucun.
inspiration





















c’est doux sur nous.
moins flou. tâter la peau. notre peau fine
avec ses odeurs de pluie terreuse
c’est doux sur nous.

expiration

en sécurité

comme les bras de mousse en été de nuit. un lit de paix parmi les ours. nous l’avions
o u b l i é

comment.
nous redressons le regard pour vous rencontrer. camael a les yeux aussi claquant que les lettres de son nom. camael a les yeux aussi coulant que les lettres de son nom.

je dis
notre nom c’est laurie. nous sommes chez nous ? vous êtes notre frère ? frère chasseur.

serrer fort-doux vos mains contre nous.
vous êtes si près. nous ne voyons plus le monde.
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Camael Saramago
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stasis w/ camael Ven 2 Avr - 20:14
his eyes
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▬ musique
En effet, puisque la mort est venue à travers un homme, c'est aussi à travers un homme qu'est venue la résurrection des morts. Corinthiens 15:21


tu dis « notre nom », tu dis « laurie » - et camael sourit, soulagé de voir que son don fasse effet et qu’il soit parvenu à chasser les démons qui sévissaient et dans ta gorge, et dans tes yeux, et dans tes gestes… ne dit-on pas des âmes en peine qu’elles sont les festins favoris des plus sinistres afflictions ?

sans qu’il ne rompe le toucher de ses mains sur les tiennes, il inspire longuement et cherche dans tes mots des cohérences et vérités qui se font désirer - simplement parce qu’il n’arrive pas à s’enlever de l’esprit cette souffrance ô combien grande qui t’a amené à faire geindre les arbres et leurs ramages, simplement parce qu’il n'arrive pas à concevoir « chasseur » et « frère » comme des réponses censées

camael, perdu entre ses émois galbés d’empathie et la peur de l’inconnu que tu soulèves, sent lentement son ventre se nouer

laurie… il souffle
se lève, t’invite à l’imiter avec lenteur et précaution vous n’êtes pas chez vous sourire doux vous êtes devant ma maison, dans la forêt bordant neverland pincement au coeur je ne suis pas votre frère, je ne suis pas chasseur comprend enfin vous avez dû vous perdre depuis longtemps, n’est-ce pas ?

se perdre est une douleur inévitable en ce monde pour ceux et celles qui viennent de l’autre

ne restons pas ainsi en proie au vent et à l’humidité et non sans patience et prévenance, il te guide jusqu’à sa demeure. le petit portillon s’ouvre, s’enfuient des grillons et une grenouille ; les jonquilles et tulipes sont closes mais vous allouent volontiers leurs parfums discret

un instant, il vous arrête
là, sur la première marche de pierre menant à sa porte d’entrée

les bruits alentours et la magie de ce ciel plus noir que bleu, n’en déplaise à la lune et son auréole, sont trop enivrants pour ne pas être savourés

la fraîcheur de cette heure contraste d’avec les fortes chaleurs de l’après-midi dont les roches et la taule d’ardoise bordant les fenêtres sont encore imprégnés

il y’a des odeurs d’été dans ce minuit de printemps

pardon le sourire qui s’étire, penaud je suis aisément distrait par les bienfaits de mère nature venez ses doigts qui pressent les tiens, le grincement du bois, la clenche qui claque.

quelques pas encore et le salon vous accueille de sa sympathie ; le feu crépite tranquillement dans la cheminée ; trente secondes, il rompt votre lien - cherche une couverture et t’en recouvre les épaules avant de renouer tes paumes aux siennes et de vous inviter à épouser le moelleux du divan

je ne cherche pas à vous séquestrer les joues un soupçon rouges d’embarras à l’idée que ses élans romanesques puissent être mal interprétés il me semble préférable que vous restiez en ma compagnie jusqu’à demain car il redoute que, si tu repars parmi les ombres, l’effet de son don ne s’estompe trop vite et ne t’alloue pas la sécurité de rentrer chez toi sain d’esprit et sauf de corps avant les aurores

aimez-vous le thé à la menthe ?

il ne sait pas qui tu es - tu es laurie mais qui
qui est laurie ?
il ne sait pas comment te parler - il veut te parler
alors il te parlera comme on parle à soi
sans interdits, sans retenue, sans jugement


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stasis w/ camael Dim 11 Avr - 0:27
pas chez nous.

nous en aurions crever
nous pensons que c’est bien. dans une forêt, après tout vous savez

nous sourions.
et oh
à vous suivre sous l’humidité
retrouvons sous nos pas

nos pas
des pieds que nous avions oubliés. la peau si nous regardons la peau nous la savons sous nos bottes elle

se recoud. notre peau à nous. nous sommes
sommes nous.

à vous suivre dans notre tête des chairs seulement chairs. oh

camael.

nous n’avons plus de ronces. racine-dieu mère-racine. nous revoici. camael. nous revoici. aux grillons notre peau nouvelle. frottons le bras pour en sentir l’élasticité. elle est douce. nous savons. elle est douce sans mauvaise couture. une peau sur mesure. une peau pour nous. sentir la chaleur des grillons, leur bruit qui fait partie de notre forêt-maison. nous sommes chez vous. vous êtes chez nous. la forêt, la forêt immense.

sentir l’odeur tulipes qui ne sont pas en floraison. mais les fleurs dans leur sommeil, les fleurs dégagent des odeurs maintenant nous les reconnaissons, car

à l’entrée. camael. maison. à l’entrée nous pouvons endormir
nous rendormons ces maladies invasives. oh nous le pouvons car notre peau renouvelée notre coquille sait à nouveau contenir.

respirer la forêt. mère. de retour. il ne manque plus que la horde. nos frères si vous n’en êtes pas un. nos sœurs. à travers les arbres si nous levons les yeux – nous avons des yeux nouveaux palper paupière sentir sentir – nous avons le ciel. un ciel de ciel. les cerfs sont de retour.

votre voix qui ne sonne pas comme un glas. semble-t-il que des râles en écho s’évanouissent.

(évanouissez-vous)
(évanouissez-vous)
(oublions assassins)

suivre. suivre de gré de cœur. nous aimons sentir dans cette demeure douce notre peau humaine. comme avant se déplacer. nous sommes si léger.

(oublions assassins qui soudain dans un creux semble vouloir revenir)

alors soudain nous nous souvenons
que nous pouvons aussi
maintenant

parler.

oui. nous vous en prions. nous sommes bien. c’est une belle maison. nous voudrions découvrir. nous pourrions aider, aider oui.

que nos yeux sur vous
ne nous laissez pas partir.

nous aimions tant la menthe. nous l’avons oubliée.

serrer vos mains. serrer le cœur. nous sommes soudain fatigué. heureuse fatiguée.

vous nous avez ramené la forêt. y avez-vous déjà vu les lagomorphes ? ou bien les cerfs et leurs fleurs changeantes ? nous vous prions, racontez-nous les arbres. les bêtes.
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stasis w/ camael Dim 25 Avr - 22:14
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▬ musique
En effet, puisque la mort est venue à travers un homme, c'est aussi à travers un homme qu'est venue la résurrection des morts. Corinthiens 15:21


il te regarde avec ce recul qu’ont les vieilles gens sur leurs demeures - des familiarités connues et imprimées au soi depuis tant d’âges qu’ils ont pour elles des affections qui se passent de verbe et de dire ; il te regarde avec cette bienveillance qu’ont les jeunes gens sur les vieilles gens qui racontent leurs demeures - les vécus des temps qui deviennent cinéma sur l’écran noir de leur esprit et romans vivants dans l’imaginaire des couchés, qui se passent de silence et de larmes.

laurie,
être des bois qui demande qu’on lui raconte la forêt

ses mains se serrent un peu plus aux tiennes, désireuses d’y infuser les chaleurs ronronnantes du feu qui crépite, désireuses d’y cacher le regard profond et mystérieux du chat qui vous regarde depuis son trône de couvertures sur la pile de livres près de la table, désireuses d’y couler les tiédeurs des beignets à la pomme qu’il a cuisiné quelques heures plus tôt…

aider ? son sourire s’étire,
amusé par cet élan ô si spontané et enfantin ne te sens pas redevable de mon hospitalité, sinon elle perd tout son sens ! et son rire se meurt pour un rire léger

se perdent tensions et doutes,
questions et pièges de l’esprit frileux de se découvrir

tu respires le musc, la mousse, l’écorce, la vie
tu respires comme respirent les chênes et le vent qui les brave
tu respires comme la chouette perchée sur le rocher
tu respires comme le lierre qui serpente sur les vielles souches

tu remplis la pièce de ton respire

comment ne pas souhaiter t’offrir son amitié et ses bons soins ?

laurie,
être des bois qui demande qu’on lui raconte la forêt

camael rit
un peu plus, un peu plus fort
au secret de ses méninges de vielle âme
complice de la jeunesse de son coeur

cependant, j’avoue ne pas être contre l’idée de t’inviter à revenir souffrir ma compagnie, lorsque ta solitude le permettra bien sûr. il est bon de partager son quotidien et les tâches de celui-ci, je suppose ? à moins que je ne me prenne pour une sorcière en désire d’un familier

ne le prends pas mal, oh non ! surtout pas !
c’est qu’il a besoin de rire alors il rit
et tu es… tu ? tu inspires une légèreté d’automne
lorsque les ronces donnent des mûres et que les châtaignes tombent parmi les feuilles

laurie,
être des bois, tu pries comme il aimait à prier



avant



soupire


il remplit à ras-bord ta tasse, que la menthe se noie de la faïence et -
réfléchit que pourrais-je te raconter des arbres et des bêtes ? eux qui sont à l’image de sa demeure - une familiarité qui se passe de verbe et de dire oh ! il m’arrive souvent de rencontrer un cerf aux ramures fleuries, lorsque je vais à la cueillette aux champignons. nous nous connaissons bien. à force de tomber truffe contre nez au détour d'un cèpe charnu, nous avons développé une sincère amitié.

la beauté de son poils brunit par la poussière et les années habillent momentanément ses iris.

il aime se plaindre des écureuils qui habitent dans un sapin sous lequel il a l’habitude de faire la sieste. récemment, ces écureuils se querellent pour des questions de noix - apparement, l’un en aurait chipé une à l’autre. leurs querelles sont bruyantes ! mon ami peine à savourer ses siestes comme il le faisait avant. je ne l'ai pas vu depuis quatre jours… j’espère qu’il a trouvé un moyen de signaler à ces malappris voisins son mécontentement.

l’une de ses mains se perd à l’orée de ta tignasse emmêlée - elle en retire une brindille, vestige de ta course folle… et cette brindille, il la dépose sur la soucoupe de sa tasse.

je parle beaucoup.
il parle toujours beaucoup.

dis moi plutôt… raconte moi… comment vis-tu la forêt qui est tienne ?



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stasis w/ camael Ven 4 Juin - 23:22
partager. il nous semble ce mot séculaire. un mot de goût et d’odeur sapinières, d’un lit d’épines mortes comme un drap ressort sur la pierre des forêts. quand nous partagions nos foulées avec celles d’un mange-couleur ou d’une femelle cerf. ses boutons de fleurs comme des bijoux.

nous pensons
nous rêvons d’un nouveau partage. d’un partage simplement.

il est bon de partager son quotidien
nous avons un sourire, nous croyons par les muscles sous les yeux qui s’étirent.

vous racontez
peut-être ne le remarquez-vous pas ; votre voix se porte comme un étendard. elle a les couleurs des ramures en fleurs. elle a la texture de ce cèpe et nous aimons penser que quelques bolets devaient l’accompagner.

nos chairs qui se cicatrisent, semble-t-il que nous pouvons vraiment nous penser. nous. laurie. nos chairs se souviennent de leur mémoire humaine où ces champignons avec morilles sous les odeurs sapinières nous faisaient saliver.

le sentez-vous
vous qui nous êtes pourtant étranger

mais votre sang ; nous le voyons, votre sang a des teintes douces. vivantes. vous n’êtes pas la mort.

le sentez-vous
notre nous se fait paisible. nous recueillons le bruit du thé. à son écho nous entendons le bruit des ruisseaux des rigoles. à l’aube fraîcheur qui nous réveillaient pour raviver le feu de bois. le feu de camp.

nous recueillons le goût du thé. nous disons merci, semble-t-il avec le cœur retrouvé.
nous recueillons récit et avec rires, nous pouvons parfaitement imaginer le cerf et ses voisins de mesquineries.

nous aimons vous entendre parler. vous parlez si bien les racines et les sources.

nous voulons dire davantage l’enchantement, mais

nous ?

nous vivions.
aujourd’hui,

je dis
les écureuils sont de bien malicieux chapardeur. ils aimaient bien leurs disputes de noix au-dessus de notre chien et nous aussi, il y a… il y a… longtemps. oui. nous… longtemps longtemps nous vivions les bois avec le cuir des vêtements l’odeur tannée au matin près des lacs nous saluait. en échange des restes de nos repas les oiseaux-miroirs nous offraient le reflet de notre toilette.

nous en rions encore. ils se plaisaient avec leur humeur taquine

ils leur arrivaient de se plaire à nous dérober notre visage. nous passions la journée une barbe à moitié rasée. maintenant… maintenant

nos doigts sur notre tasse qui se serrent. nous avions oublié
si vite
notre maintenant.

maintenant nous ne la vivons plus. elle nous manque. si vous saviez

tout nous manque,
que dirait-il si nous lui demandions de revenir
promettre de rester des leurs, notre maître. nous avons désormais un maître et les bêtes ne les quittent jamais. pourtant il doit exister pour notre confort

un peu de liberté dans cet amour nouveau. cette famille de mort.
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