En retrait derrière la reine blanche, Azazel contemple, écoute, les prétentions dans lesquelles se vautrent réincarnations qui l'entourent. Enjolivements et politesses sont au rendez-vous et il les avise patiemment sans piper mot.

Il lui semble qu'une définition plus soutenue, que des alinéas élaborés (des pages et des pages pour appuyer un traité absurde tracé de sa main) soient nécessaires au bon déroulement des intentions rédigées. Tout n'est que parure, cela dit, tout n'est que farce dans la frisque millénaire de l'existence des réincarnés. Ce traité n'est qu'un guet-apens et Azazel, fourbe, patient, se promet d'attendre, de voir de quel côté les dés tomberont.

Sa parole n'a pas de place, ici, sur le carrelage de la scène de batailles que d'autres ont imaginés. Son rôle est simple, vassal des intentions d'êtres plus puissants que lui, et consiste à offrir (en plus des pirouettes) un bout de papier auréolés de parures cousinées et reposant humblement sur une surface limpide, solide. Son rôle est simple, poussière empreinte de mortalité, et consiste à tendre un pot d'encre et une plume laiteuse pour que tous (ceux dont le statut n'est pas équivoque au sien) affirment à l'écrit leur complicité à cette idiotie.

Un traité de prétention pour servir les uns et ruiner les autres. Un traité qu'il exècre, exècre, tout comme il hait ces réincarnations qui le rende nauséeux. Ne laisse rien paraitre cela dit, demeure bienséant, presque souriant.

Il s'incline donc bien bas, suivant les propos d'Absolem. Il s'incline d'abord pour Eldeweiss, ensuite pour Roméo, Juliette et finalement pour Absinthe. La cavalerie se voit épargnée ses manières.

" Ma reine. ", commence-t-il en tendant traité, plume et encre vers son autorité. " À vous l'honneur d'intimer le commencement de cette ère de paix. "

Si Eldeweiss signe, il se tounera ensuite vers Juliette et s'inclinera à nouveau. Jolies prétentions pour masquer la vérité.

Il incline la tête face aux remerciements d’Eldeweiss, appréciatif de ses considérations à son égard malgré la compagnie présente (des réincarnés haut perchés). Des deux reines, Eldeweiss est assurément la seule qui se mérite un règne, même si Azazel (pernicieux renard) est d’avis qu’un pouvoir centralisé n’avantage jamais personne d’autre que ceux se tenant en haut de la pyramide. Eldeweiss est une réincarnée, l’un des rêves matérialisé par des géniteurs complètement désaxés, mais toutes les réincarnations ne se valent pas, toutes ne s’offrent pas les mêmes prétentions. Eldeweiss est cette trainée de blanc de laquelle il doute souvent, de laquelle il se méfie, mais qu’il sait respecter. Il la sait, en retour, ne pas être dupe à ses états d’âme et à ses manipulations. Un sourire est donc apposé à l’intention de sa reine, un sourire pas tout à fait faux.

Puis il se tourne vers la reine rouge. De toutes les figures d’autorité de Wonderland, elle est celle pour laquelle il ne considérerait jamais retourner sa veste. Prétentieuse et horripilante créature. Droit devant Juliette qui tarde à signer, Azazel se tâche de conserver la douceur de ses apparats.

Ce qui est difficile lorsque heurté au discours de Roméo. Une autre bévue, un autre caprice. Il a envie de demander à tous ces êtres prétendument supérieurs de r é f l é c h i r. Ou de s’entretuer maintenant quitte à réellement vouloir se montrer insensés.

Il lui semble qu’il vaudrait mieux pour le roi de Cœur de demeurer à la capitale blanche, car il n’est pas impossible pour un roi de régner à distance. Pour cela faire, toutefois, il faudrait que ce roi soit en mesure d’exercer une quelconque autorité sur ses sujets. Azazel croit que Roméo bénéficierait de faire campagne auprès des sujets de Crims pour mieux usurper le pouvoir à Juliette plus tard. Il laisse, cela dit, la partie se jouer en s’emmurant dans le silence.

Les opinions s’enchaînent, celles du valet, puis celles d’Absinthe, mais Azazel garde le silence, tend le traité à Juliette.

Immobile, immobile. Patient.

Il se promet de s’entretenir avec sa reine au sujet de ses inquiétudes, mais l’heure n’est pas à ses mots.

Il faut attendre.

Résumé: