Tout s'était passé trop vite ; à peine le bal terminé, on t'avait fait comprendre que pour toi aussi ça l'était. Fini les escapades à Neverland, fini de se pavaner dans le château - tu serais confinée. En punition à ton insolence grandissante qu'ils ont dit, au manque de confiance face à la générosité de Sa Majesté de t'avoir sortie de ta condition déplorable. Les mots ont fusé et à peine tu avais pu prêter ta clé envoutée à Anaël que les gardes t'escortèrent à tes appartements.

Tu avais pleuré sur le lit pendant plusieurs heures avant de te redresser sur les draps, mue d'une détermination à ne pas te laisser abattre.
Un peu tard après avoir mouillé ton oreiller mais tu pris un livre et fis comme tu pouvais t'occuper.


Assoupie les bras écartés, les doigts faiblement agrippés à la couverture du bouquin qui manque de se casser la figure, tu sursautes lorsque tu entends du bruit dans la serrure. Tu te redresses et te frottes les yeux - qui s'illuminent à la vue de la charmante tête brune. Tu sautes du lit et vas pour te jeter dans ses bras quand tu te stoppes net face au bouquet de fleurs.

Restes bouche bée pendant quelques secondes face à ce qu'il te souhaite - happy captivité ???
Puis tu éclates de rire, te tient le ventre pour ne pas t'écrouler. Dix secondes qu'il est là et tu en peux déjà plus. Anaël est vraiment trop drôle et tu t'en veux d'avoir pleuré pour si peu. Il réussit juste avec son sourire et son humour à te faire te sentir mieux.

— « Bahahahaha, n'importe quoi ! »

Tu attrapes les fleurs et les déposes sur ta petite table. C'est pas grave s'il est séché tu t'attendais pas à recevoir quoi que ce soit de sa part.

— « Merci d'être venu... Je sais pas comment t'as déjoué les gardes mais au pire tu pourras repartir par le balcon. »

Tu hésites un peu, puis déposes un baiser sur sa joue.

— « J'aime quand tu prends des risques. »

Et tu en es désolée, aussi.
Car c'est de ta faute s'ils le punissent lui - aussi.

Rire un peu timide quand il dit qu'il sera assigné à te surveiller. Ton regard devient presque pervers alors que tu tapes son torse avec ton coude d'un air graveleux, ricanant salement.

— « Oh yes, surveille-moi Anaël. Au cas où je pourrais m'enfuir. »

Wink wonk - et tu t'assagis alors que tu observes du coin de l'oeil le détail des fleurs qui fanent déjà sur la table. Du blanc et une noire au milieu, tu te demandes s'il y a une signification particulière ou si Anaël est juste chaotique comme d'habitude. Tu te sens d'un coup comme une fleur sombre ; au milieu d'un halo de pureté. Baisses les yeux pour réfléchir, lèvres entrouvertes alors qu'il déblatère. Est confus quand tu tentes de mettre de l'ordre dans tes pensées.

Il parle de personnes, énumère des noms dont certains ne te disent rien. Bandito... doit être Balt... Romane sa cheffe... je t'ai aimé - j't'aime.
Tu ne réagis pas tout de suite. Tes yeux s'écarquillent et ton coeur palpite. Tes doigts viennent chercher les siens et tu avances ton visage.
Souffles contre ses lèvres et vient y déposer un baiser.

— « Je t'aime bien aussi. »

Tu rougies, plaquant soudainement tes mains sur tes joues. Tu trembles comme une feuille Andy et recules de quelques pas pour te laisser tomber sur les draps.
Assise les fesses sur le lit. Le menton relevé vers lui.

— « Haha... J'aurai cru que pour les garçons comme toi l'amour c'est nul. Mais c'est toi qui me propose le premier... de sortir ensemble. »

Tu es choquée.

— « ON SORT ENSEMBLE ???? »

Avant de réaliser.

— « Oki pour moi. »

Ah bon c'était bien rapide tout ça.
A peine le temps de réaliser ce qu'il se passe - il est juste venu te poser la question fatidique et il repart déjà ? Frustrée Andy, de cette prison dorée mais tu sais être raisonnable (tu l'es pour vous deux habituellement). C'est un bien grand réconfort dans ce petit malheur.

— « Haha, sois mon ashitaka Anaël et je serais ta Mononoke. »

Plisses les lèvres et hausses les épaules d'un air de dire oupsi, spoiler alert puis te laisses tomber en arrière sur le lit, cette fois totalement allongée. Le temps va être long - combien de temps vas-tu rester enfermée ?

Tu ne veux pas l'inquiéter non plus - Anaël est dans son monde. Tu ne lui diras pas tout de suite que l'oiseau de malheur t'a menacé de t'arracher les bras, que la Reine elle-même a proposé de te couper les jambes. Le Chasseur les regarderait surement faire sans broncher.
Frissons alors qu'il s'éloigne déjà.
Te laissant là dans cette prison qu'il juge peut-être légitime... sinon, il te sortirait de là ou pas ?

— « A plus tard baby. »

Voix qui se meurt alors que quand la porte se ferme de nouveau tu te roules en boule, poings contre le coeur qui bat à cent à l'heure.
Dans ce désespoir ambiant, heureusement qu'il y a Anabanana et les sentiments.