L'occasion était peut-être trop belle...
Le voilà qu'il joue le chien, l'a pris au pied de la lettre. Ses dents qui s'enfoncent dans ta chair t'arrache un soubresaut, alors que tu ne réagis pas tout de suite.
Trop surpris, trop choqué. Le regard est parti vers le ciel et le gémissement de douleur ne vient pas tout de suite. Quand la douleur fulgurante surgit, tu te crispes tout entier et le repousses violemment en plaquant tes mains sur son torse.
Paniques en comprenant que ça suffit pas à lui faire lâcher prise.

— « Lâche, espèce de malade ! »

Le frappes au visage pour qu'enfin il lâche ! Tu recules de quelques pas, la main plaquée sur la morsure, puis tu l'éloignes pour la regarder. Tâchée de sang, t'es sale sale sale.

— « Ordure... Tu m'as surement refilé la rage avec ta bave. Pas envie de devenir comme toi. »

Tu vrilles face à la vue de ton propre sang. Inspires, expires. Merde. Tu vois flou Aslan, tu vas faire un malaise.
Tu recules jusqu'au mur du bâtiment et te laisses glisser le long, les doigts appuyant sur la plaie pour limiter le saignement. Ça pique bordel ça pique.

— « J'aurai du te crever. »

Tu fais un malaise là.

Tu reprends peu à peu tes esprits, le contrôle de la situation, de ton expression. Comme d'habitude pour revenir à toi - tu
inspires. expires. Tu passes une main dans tes cheveux blonds pour les plaquer vers l'arrière et te redresses doucement, toujours en glissant contre le mur. Tu restes collé, distance de sécurité avec le molosse qui se trouve face à toi.

Mais t'es sur de toi Aslan. Tu sais mater les animaux violents. Tu lui as dit hier soir, comme une confidence. Il a besoin que tu lui rappelles.

— « Je vais te dresser. Tu as du mal avec les bases mais t'inquiète pas. Je saurais te mater. »

Tu tousses un peu, couvre ta bouche avec ton poing.
Puis reprends l'avertissement.

— « Tu peux me faire confiance pour ça. A partir d'aujourd'hui t'es plus rien. T'as plus d'identité t'as plus de liberté. Je te colle aux basques et je te laisse pas respirer. »

Regard haineux (pléonasme) regard sérieux.
Dos droit comme ce jour là. Main qui attrapes le manche de l'épée à la ceinture.
Rien a changé mais tout a changé.
Tu as fait d'Alec Gray ta proie et si son corps s'en souviendra, faudra tatouer l'esprit aussi, s'il faut aller jusque là.
Pour qu'il comprenne. Merde.

— « J'ai pas besoin de la force de tes poings pour faire de ta vie un enfer. »

Passes ta langue sur ta lèvre.

— « Tu la veux ou ta prochaine cicatrice ? Sur la joue ? »

T'attacher à lui ? Et puis quoi encore. Ça va pas bien non.
Genre. Non. Pas du tout.
Détournes la tête en fronçant les sourcils, petit air dédaigneux, on dirait une punaise. Il te dégoute Aslan. Dégoutant à en vomir. Tu craches par terre, et décides de rendre cette partie pour ne pas devenir complètement fou. De toute façon c'est une bête sauvage, tu l'as bien compris. Il lâchera pas l'affaire, a trop d'ego. Il fait chier.

— « La cage est psychologique. C'est dans ta tête la prison. Quand tu fermes les yeux c'est moi que tu vois n'est-ce pas ? »

Sourire diabolique et tu penches la tête sur le côté.

— « Heiiin ? N'est-ce pas ? »

Insupportable quand tu t'y mets.
Il est trop con et toi quand on te provoque tu peux devenir encore plus con.

A sa menace, tu te pinces l'arrête du nez. Le défie des yeux de seulement oser. Oser te toucher encore. Ici c'est toi qui définit les règles, pas lui. Lui il joue pas il subit. Puni d'être cet être infâme qui veut pas partir de tes pensées.

— « A tout à l'heure. La surveillance commence. »

Tournes les talons et retournes à l'intérieur du moulin.
Pour retrouver ton canapé, ton thé et tes jolies poupées. Acclamées dans des sifflements par les plus extraverties, tu t'amuses à déposer un baiser sur leur joue quand elles s'accrochent à ton cou.

Oh la la Aslan, heureusement que tu es là pour nous protéger.

Et à ce moment là quand Alec revient, tu le fixes d'un drôle d'air mais...
Le sourire est plus éclatant encore.