Doucement déçue de la chasse de ce jour, Braxton qui pourtant avait été plus patiente que d’ordinaire. D’abord la porte, car c’était là l’endroit le plus simple pour récupérer les objets d’alice encore perturbé par leur arrivée dans ce monde. Mais rien. Comme si le Chapelier avait fermé la porte, empêchant quiconque d’arrivée à Wonderland tant qu’elle se tiendrait devant. Qu’importe-les soupires, les tapements de pieds insistants et les menaces pestiférées à son encontre, rien ni personne n’était venu à la rescousse de son ennui.

Pauvre Braxton.

Bien heureuse cependant, de pouvoir se rendre au cœur de nulle-part avec une grande facilité qu’elle n’avait pas auparavant. Ses bottes, bien qu’horriblement laides, étaient comme un don du ciel pour ses activités éloignées d’Halloween City. C’est d’ailleurs pour cette unique raison qu’elle s’était autorisée des détours. Une promenade, tourner en rond. Se perdre sans doute, si elle n’était pas capable de s’échapper de la forêt d’un simple bond pour se retrouver au pied de sa demeure.

Guidée par les bruits et les couleurs comme une enfant perturbée. Un centre d’intérêt changeant sans la moindre raison, avec comme seul espoir de tomber face à un alice, qui comme elle, serait perdu. Un désir malsain qui ne serait ainsi jamais comblée, Braxton qui s’engage, qui s’enfonce encore et encore sans même faire attention à ses arrières. Car le territoire n’est pas le sien, il n’appartient à aucun humain.

Nez à nez avec un ours brun. Deux fois sa taille, peut-être trois même.

Qu’il était adorable cet ours. L’idée alors germe dans son esprit durant une fraction de seconde, celle de l’adopter et de l’élever pour qu’il devienne son animal de compagnie. Braxton qui de tristesse, avait dû prendre la vie d’un tigre dans les montages, pour sauver le cul de Belial… Alors elle n’avait rien pu faire pour l’animal, tandis que là. Peut-être. Pensive alors, oubliant presque qu’elle faisait face à un carnivore. Dans ses esprits, s’interrogeant si Alastor accepterait une telle compagnie. Sans doute que non, mais elle était bien persuadée du contraire.

C’est finalement un hurlement qui l’incite à revenir dans la réalité. Non pas les grognements d’un ours, mais des mots humains. Car un homme, qu’elle n’avait jusqu’alors jamais aperçu de sa vie qui court en sa direction pour attaquer l’ours. La bête prise d’assaut de ses coups d’épée, détourne son attention sur le nouveau venu qui semble être beaucoup plus dangereux que la demoiselle.

Ah. Pourquoi est-ce toujours lorsque Braxton convoitait quelque chose que quelqu’un d’autre venait lui dérober ? Alastor et Selene, le tigre et Belial, maintenant l’ours et l’inconnu. Un soupir las. Elle n’était pas jalouse, mais son amusement méritait d’être le centre d’attention. Qu’on la comble de ses désirs pour que l’ennui n’arrive jamais.  

L’homme était agile dans ses coups, semblait savoir se qu’il faisait. Peut-être que la présence des ours était plus habituelle qu’elle le pensait, bien que Braxton n’eût pas souvenir d’en avoir autant croisé dans le passé. Et c’est alors qu’un « dommage » s’échappe de ses lèvres avec une grand sincérité. Un murmure délicat que l’homme n’aurait sans doute pas pu entendre car l’ours venait de détaler par peur de périr de sa lame.

Tristesse sans fin, pourtant très vite rattrapée lorsque l’homme se dirige vers elle. Semble inquiété, l’invite à partir en lui tendant sa main. Donnait-elle vraiment l’impression d’être une demoiselle délicate qui avait besoin d’aide ? Qui nécessitait qu’on s’inquiète pour sa personne au point d’être guidé hors d’un territoire d’ursidé ?

Ah ! Evidemment.

Qu’elle s’écroule alors au sol, comme si ses jambes tremblotantes n’étaient plus capables de la porter. Un ours ! Un ours qui aurait pu, d’un coup de patte lui découper la tête !

« Je-… Je… »

Qu’elle peine à articuler. Force un peu les choses, car il était compliqué pour Braxton de paraître désemparer.

« V… Vous m’avez sauvé la vie ! »

Ou plutôt celle de l’ours. Mais c’était un détail.

Force alors, pour remonter sur ses jambes. Se redresser afin de s’enfuir avec cet inconnu. Si son divertissement n’était plus là, Braxton n’avait qu’à se rabattre avec ce qui lui faisait dorénavant face.

Mais son poids bascule une seconde fois, rendant le statut debout impossible.

« Je n’arrive pas à… »

Elle lui tend la main à son tour pour essayer d’attraper celle qu’il lui présentait.