La quiétude ne dure jamais très longtemps lorsque l’on vit dans un château. Les murs sont faits de cette manière, qu’on entende le moindre pas qui vient du couloir alors que l’on est enfermée dans sa chambre. De telle façon même, qu’on puisse entendre les bourdonnements, le semi-brouhaha. Une façon alors de comprendre très rapidement ce qu’il peut se produire au sein de la demeure, ou du moins, ce qui pourrait inquiéter les gardes qui devaient veiller à la sécurité de tous.

C’est qu’il y en avait du monde, de ce palais finalement. Des gens importants, et d'autres un peu moins. Mais du coup, comme tout est incertain lorsqu’un petit étranger vient se faufiler au travers des mailles du filet, en tentant d’escalader ou bien même de s’infiltrer entre les gardes qui s’occupent de l’entrée. Très rapidement, même de sa chambre il est possible d’interpréter des beuglements. Parfois par moment, parce que la fourmillière est prise de court, alors qu’il essaye de comprendre et de réparer les erreurs avant que cela arrive jusqu’aux oreilles de la Reine.

Certains essayent de comprendre, connaître la vérité. D’autre n’en on rien à faire et donne simplement un coup de pied pour que toutes l’essence, aussi infime soit-elle, du problème disparaisse pour toujours. Qu’on ne t’y reprenne pas, s' ils étaient de bonne humeur. Un danger, s' ils l’étaient un peu moins.

Mais c’est surtout devenue une semi habitude. Car deux syllabes, assez simples, assez belles. Qu’on entend souvent, quotidiennement. Que les autres prononcés, mais aussi qui sont exprimées de ses propres lèvres très souvent.

Alors sans même réfléchir, c’est dans ce genre de situation qu’elle saute du lit sans même chercher plus loin, attrapant le peu d'affaires qui lui tombe sous la main - sans même en comprendre l’utilité.

« SOFIA ! »

Qu’elle s’écrit alors en sortant de sa pièce personnelle. Une façon d’y faire écho, car les gardes qui le retenaient devais sans doute en avoir marre. Alors, Anne devait se dépêcher, courir -bien qu’elle n’aimait pas trop ça en l’intérieur du château, pour confirmer la version de son ami. Si il était là aujourd’hui, comme souvent, c’était pour elle finalement.  

Presque essoufflée, parce qu’Anne n’est pas vraiment très athlétique, parce qu’elle court à toute allure. Les gardes ne devraient a priori rien lui faire de trop grave, mais plus tôt elle arriverait, mieux cela serait pour tout le monde.

« Il... »

Qu’elle s'étouffait presque au vue de la situation. Dans quoi tu t’es mis, qu’elle se demande simplement à la vue de la situation. Reprends son souffle, un signe de la tête lorsque les gardes l’observent avec de grands yeux.

« Sofia est avec Anne. »

Ou plutôt, il venait chercher Anne. Pourquoi ? Peut-être avait-il une histoire à lui raconter, où une aventure qui nécessitait sa présence.

« Il n’y a pas de problème, vous pouvez le laisser. »

Qu’elle confirme alors auprès des gardes. Ils pouvaient retourner à leur surveillance, et oublier tout ça.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Alors qu’elle l’interroge, pour savoir le sens de sa venue.

Elle rigole sincèrement pour une fois, comme souvent en présence de Sofia. Il avait ce petit quelque chose qui lui donnait l’impression de pouvoir oublier par moments. Il était sincère et surtout drôle, incontestablement l'amie en qui elle avait le plus confiance. Alors son sourire est grand et débordant le regard doux posé sur le garçon.

« Ahaha c'est bien pour cette raison qu’Anne est intervenue. Viens cacher quelques secondes sa bouche avec sa main. Pour qui penses-tu qu'elle était dans tous ses états ? »

Bouge un peu naïvement, instinctivement les mains qui tremblent, ne sachant que faire que toucher, comment réagir lorsqu'elle le voit s'agiter ainsi. Un genre d'instinct maternel qui existe sans même qu'elle ne s’en aperçoive.

« La kidnapper ?! »

Hurle un peu à son tour puis viens coller, ce sont deux mains sur sa bouche comme si elle venait de dire les mots interdits. D'un œil indiscret, regarde à droite puis à gauche pose son regard sur les gardes comme pour vérifier qu'il ne l'avait pas entendu. Quelle idée de venir clamer haut et fort que l'on venait kidnapper la favorite d'une reine. C'est pour ça qu'elle l'appréciait.

Et alors un soupir de soulagement lorsque Sofia revient sur ses paroles, tout comme ses épaules qui se desserrent, comme soulagé d'un poids. Mais cette fois-ci, le regard se veut distant interrogateur à l'égard de Sophia. Non pas qu'Anne venait à remettre sa parole en doute, mais elle semblait étonnée par la révélation.

Alors elle se laisse faire simplement tandis qu'il tire sur la manche de sa robe. Anne n'avait de toute évidence rien d'autre à faire, alors prendre l'air ou découvrir le tour de magie de son ami été sans nul doute la chose la plus intéressante qu'elle pouvait faire aujourd'hui.

« Un tour ? »

Qu’elle pourrait peiner à le suivre avec ses petites enjambées. Mais Sofia, Anne le suivrait jusqu'au bout du monde sans même poser la moindre question.

« Raconte ! »

Ils n'étaient pas très loin de la grande place, mais elle espérait que les chats n'avaient pas disparu durant l'absence du garçon, car oui, Anne était vraiment investie dans cette quête pour devenir maître chat.