attentive sans trop le lui montrer,
ses yeux de temps à autre pour le surveiller ;
lily-rose a dans ses mains des tiges
qu’il faut ranger dans leurs vases de fortune

mais ses oreilles lui sont entièrement dédiées,
tant qu’il est capable de rester ce gavroche au cœur léger
qu’on oublie un peu les malheurs qui guettent nos têtes
du moindre faux pas.

« je n’ai jamais entendu parler d’un griffon pourtant… »
l’idée saugrenue de contredire pour attiser la fougue juvénile
mais ses gestes lui font défaut
il a tapé dans un passant
et lily-rose leva une main par-dessus la tête de sofia

sans un mot ;
qu’il ose troubler son récit avec la moindre réprimande.

mais on ne se risquait jamais à déplaire à miss jacquet

trop énigmatique mais jolie
pour que l’on veuille lui trouver des ennuis.

et sans que rien ni personne ne vienne freiner l’épopée qu’il conte pour elle
elle termina enfin
plaçant un dernier bourgeon parmi ses sœurs.

« alors donc, tu montes le griffon.
il faudra me montrer ça ;
je suis curieuse. »

le mensonge habillé par son sourire taquin ;
ce n’est pas comme s’ils se disaient toute la vérité, entre eux deux.

« mais du coup, ma boutique vue d’en haut ;
elle rend bien ?
et alors; dis moi, tu as vu ce que je cache derrière mon bureau ? »

pour y déceler son mensonge
c’est qu’il existe un jardin secret, après l’arrière-boutique
là où le chaos (de ses colères)
n’a encore jamais frappé.

« jamais. » pour qu’une troisième fois on sache bien
que d’une telle créature lily-rose n’en connait que la légende.

et sans qu’il ne puisse vraiment répondre par un mensonge sec
le voilà qui
soudainement
oh, sofia ?
pourquoi l’audace l’abandonne-t-elle si vite ?

les yeux ne guettent plus l’enfant bavard
mais découvrent l’imposante stature qui vole son histoire au garçon.

et quand il se cache
elle n’ose exprimer
colère, dédain,
non
rose n’avait plus que cette envie
un peu bancale
d’apaiser les tensions
(de le défendre)

« ah, excusez-moi, madame ?
j’ai le sentiment que vous n’êtes pas ici pour écouter quelconque histoire. »
et puis elle se tourne,
juge impartiale
« sofia qu’as-tu fais pour qu’on te regarde si mal ?
tu connais cette personne ? »
ses mains sans toucher les épaules
pourtant y arrivent presque
les mains ouvertes
sans un contacte,
pourtant elle le protège, pas vrai ?

« sofia regarde-moi ? »
une dernière relance avant le sermon
s’il en faut un.

sans rien comprendre
lily-rose
elle a besoin de clarté
qu’on lui dise mot pour mot
qui est-elle, que veut-elle
qui s’immisce avec force
d’une fierté sans égale
pour bousculer le conte d’un enfant
heureux de ses mots, habilement tourné, selon sa langue.

« sofia. » d’une main sur ses cheveux
le gant pour la protéger de trop d’amour
c’est un rappel à la politesse,
pour qu’on ne soit pas trop coupable d’être insolents
(elle se ferme ; lily-rose
à ce qui ressemble à des actes maternels
non elle n’a rien de tout ça)

droite, grande
pourtant si petite face à cette invitée mystère
mais garde son ego, rosie
parce qu’elle en a malgré les peines.

« excusez-moi ;
qui êtes-vous ? »
qui se permet
de voler à son cœur
ce battement de bonheur
ce courant d’air heureux
cette légèreté insoupçonnée
jalousement gardée pour sofia et elle.

« quoi qu’il en soit,
je discutais avec lui
et nous n’avons demandé à personne
la moindre leçon ? »

le regard de la dame
si menaçant
oh
comme un pique envers
ce qu’elle protège ; mais,
on n’attaquait pas
une rose pleine d’épines
non
on ne devrait jamais s’oser
ni même prétendre
la déchausser de ses racines endiablées.

« merci pour vos corrections
et bon vent. »

par delà les champs
où les pétales
sont plus amoureuses du soleil
que de la moindre brise rancunière.