C’est long le chemin Angie qui sous ses pieds s’étend, c’est long et doux. Doux et prolixe, les pieds qui tracent la cartographie des étoiles en sillons constellés. Découvre le monde peut-être un peu plus à chaque fois, que ses pas foulent le sol et à chaque houle, le sourire plus grand ; le sourire peut-être histrion.
La vérité Angie ? Angie effrayé. De ce nouveau monde de ses nouveaux paysages ; mais angie se dit, peut-être a-t’il oublié ces paysages qui ont toujours existé. Il a bien oublié les couleurs des murs de la maison, la grande façade et les volets qui tapent quand le vent capricieux rabroue la bâtisse. Il a bien oublié l’odeur des fleurs qui embaumaient l’encolure de Maman, l’odeur des draps ajourés de lavande - tout a disparu dans la mémoire cruelle.
Alors, devant le grand bâtiment qui s’étend - Angie un instant contemple avec de grands yeux ; les poumons imprégnés de l’opium de la liberté et pourtant, sur ses deux jambes il fait un peu froid. Alors, Angie resserre un peu plus la cape sarcelle autour de lui, et alors l’idée germe en songes. Sort le cahier, tout petit carnet de souvenirs du sac et cherche dans les pages, à travers les pages les dessins qui parfois tordus se dessinent. Mais il n’y a rien, dans cet endroit en réalité nouveau, il n’y a rien dont la mémoire peut se souvenir ou bien-même oublier.

Alors ferme le livre Angie ; il aurait bien aimé la veilleuse pour le guider dans le chemin sinueux.
Il aurait bien aimé les bras de Maman, doux et chauds pour le porter - il verrait mieux devant lui le bâtiment, les étoiles aussi pour les attraper un jour. Mais grand garçon désormais laisse sa maternelle derrière lui, un pas après l’autre il faut bien avancer. Il faut bien avancer, en faisant attention à bien rester au milieu du chemin. Sans écraser l’herbe et les jolies fleurs.

— C’est quoi ce grand bâtiment.. Plisse les yeux doucement et avance, pas à pas lentement sur le chemin des étoiles. Puis observe, à sa droite - la fleur délicate et chétive ; une existence, comme lui, ici. Ooooh c’est ta maison ? Une grande maison comme ça Angie, on doit se sentir heureux de pouvoir regarder aussi joliment le ciel depuis aussi bas.

Elle serait bien belle la maison, pour lire et écouter crépiter les étoiles tout en haut. Comme à la maison, où au coin du feu chaud les étoiles parfois laissaient des sillons de poudre argentée dans le ciel nocturne. À la manière d’un séraphin du ciel. Lève le nez encore Angie pour admirer puis se détourne et regard, ce que l’on offre à la vue dans ce tableau pigmenté.
Sourit grand Angie, parce que le sien est contagieux et l’observe un court instant. Fièrement les bras écartés grand, qui on est, ça change toujours.

— Angie est le protecteur des étoiles !! Aujourd’hui se veut ; alors Angie regarde le ciel tout émerveillé comme si c’était la première fois. Là ici, c’est un beau refuge pour admirer les veilleuses du ciel.
Elle a dit ; observatoire. Puis balance d’avant en arrière la tête pour ricaner - dis, à quoi ça ressemble vraiment une étoile Angie ? Des petites lanternes diaphanes qui ornent le ciel. Et toi ? Toi aussi tu vas voir les étoiles ? Et plus Angie le bâtiment il regarde, plus de ses pas il veut voir et courir, et peut-être aussi y observer les étoiles.

Regarde avec émerveillement l’observatoire c’est comme une grande maison avec plein de choses, et les étoiles, Angie pense, peut-être c’est leur recueil. Peut-être qui sait, il aimerait bien regarder les étoiles briller au dehors un jour. Ou courir au dedans comme au dehors, parce que ça fait longtemps dis, qu’on a pas marché sur du plancher.
— Pourquoi tu vas pas avec madame la servante ? S’il y a des livres elle pourrait lire des histoires. Maman lisait beaucoup de livres, Maman aimait bien lire aussi, au chevet parfois avant de dormir. Mais c’est trop grand pour Angie, un long souvenir dans la mémoire. Il faut se souvenir de la bonne odeur des livres aux pages suintantes d’encre qui sentent bon la vieillesse. D’ailleurs, peut-être Angie peut lire tout seul ; peut-être les livres pas trop compliqués, faire comme Maman.

Angie les poings fièrement sur les hanches ; c’est vrai dis il protège les étoiles d’un regard bienveillant. Même si rien ne se prépare, c’est une sage attention Angie, quand parfois le sol est un peu trop brumeux pour y déposer les orbes.
Oeillade qui glisse vers elle à son grand tout grand wooooah et sa bouche qui s’étrécit.
— Contre les gens méchants qui ne les regarde pas assez. Angie est pas tout seul à protéger, tout le monde peut le faire ! Sourit grand aussi pour l’inclure dans ses mots ; si plus personne ne considèrent les étoiles, elles vont finir par se sentir tristes et seules.

Après tout Angie avec la cape dans le dos et tout autour comme un super héros, parfois s’imaginait il y a quelques temps protéger la galaxie. Mais il n’y a sûrement pas de vilains qui désirent les effacer du ciel ; en tout cas il l’espère. Pointe du doigt la petite, certains disent c’est impoli de pointer du doigt mais s’en souvient-il ? Pas vraiment. Oui tu peux, il faut juste les regarder et puis tu vois, tu t’occupes déjà bien d’elles. Quand elle leur dit bonne nuit comme à des gens.
C’est gentil se dit Angie alors qu’il s’accroupit à sa suite et la regarde arracher des brins d’herbes. Et ses yeux qui jonglent entre ses mains sur l’herbe et ses petits yeux qui scintillent. D’une traite dis tout. D’une traite Angie comprend un peu et oooh, sur la bouche qui s’étire. Le sourire large Angie qui comprend ce qu’elle veut dire, puis applaudit dans ses deux mains comme un grand enfant.

— Tu es si gentille avec madame la servante. Mais tu l’attends tout le temps ? Parce que Angie le regard troublé se demande ; si elle pense à elle aussi parfois et se demande en même temps, si elle est contente de rester là et si elle ne s’ennuie pas. S’ennuie souvent trop vite Angie. C’est pas drôle de rester tout seul. Dit plus pour lui que pour elle, mais un peu quand même car face à la solitude parfois Angie se poser dans l’herbe de tout son long et sent les insectes qui grimpent sur sa peau. Jamais vraiment tout seul mais dans l’esprit il manque les gens, les présences même éphémères.