Il y a des femmes au moulin que tu aimes regarder plus que d'autres, dont tu apprécies le contact succinct, que tu aimes écouter soupirer derrière les portes que tu gardes. Une en particulier qui aime piailler ton nom quand elle te voit, s'accrocher à ton cou, caresser tes cheveux quand elle demande de te conter tes aventures. Tu l'aimes bien, au delà de sa bêtise naturelle et de sa superficialité propre à sa féminité exacerbée, dont tu sais faire abstraction pour nourrir une relation d'apparence seulement. D a i s y qu'elle se fait appeler, du moins c'est un détail que tu n'es pas sur d'avoir retenu vu que tu t'évertue à l'appeler "chouchoute".

Et il a fallu qu'elle s'acoquine de ce déchet, chouchoute a trahi et est allée chevaucher la souillure crasse de la maison close. Regard de dégout face à sa honte, et dents serrées derrière les lèvres fermées. Tu avais caché ton mal, poing sur le coeur et t'étais poliment incliné face à eux, pour te confondre en excuses basses. Désolé du dérangement.
Porte qui claque à leurs nez hébétés, tu as ignoré son petit sourire satisfait.

Prêt à le choper à la sortie, Alec s'était évadé pendant plusieurs jours. Avait posé congé alors que le moulin continuait inlassablement de tourner.
La vengeance est un plat qui se déguste froid et là elle est glacée.

La porte principale s'ouvre et tes yeux s'écartent sur Alec qui revient de son petit week-end. Paupières à demi closes et mains derrière le dos, tu ne réagis pas. Ne le salue pas. Daisy piaille et rougit un peu - Fais au moins semblant, sale pute. Tu es avec un client.
Tu suis des yeux sans bouger Alec monter les escaliers qui conduit aux chambres privées.
Tu ne le suivras pas, ah ça non.

Mais tu en meurs d'envie.
A croire que jouer au chat et à la souris ne vous fatiguent jamais. Quand cela prendra fin ?
Tu as d'autres choses à penser que ce sale clébard. Main qui se porte à ton cou pour toucher la cicatrice de sa morsure de bête sauvage. En trembles encore.

Tu cèdes et demandes au garde de te remplacer. Tu montes les escaliers, pas à pas. Fait lentement craquer le vieux bois et atteins la chambre.
Tu l'ouvres et le vois sur la chaise. Il t'attendait ?
Tu entres et refermes derrière toi, bloques l'issue en t'y adossant. Tu le dévisages, ne sais pas encore quoi dire. Tu cherches tes mots, Aslan.

Avant d'étirer un grand sourire.
Un sourire malade et distordu.

— « Ouaf. »

Bon toutou, au pied.

Bon chien.
Tu manques de t'étrangler mais tu gardes la face. Fils de pute, il va voir c'est qui le chien, mais c'est clairement lui et pas toi.
Tu passes ta langue sur ta lèvre, le regard éclairé par la haine comme seule lumière dans ce tunnel - si tu le détestes c'est que tu l'aimes ?
Tu t'en voudrais presque Aslan de lui accorder autant d'importance mais tu peux pas t'en empêcher. Sa voix son sourire et son visage imprimés dans la tête comme une obsession latente, une drogue et pourtant t'es sain Aslan. Il est en train de te contaminer à son petit jeu et pourtant depuis le début c'est lui ton pantin. Qu'il essaie pas d'inverser les rôles.

La voix est calme, douce, posée.
Quand la sienne est un peu trop sensuelle à ton goût. Affront quand il les connait pourtant (tes goûts) et même nu et soumis il en fait clairement pas parti.

— « Tu m'as manqué... mon coeur. »

Les yeux brillent, et le sourire s'étire encore plus large.
Qu'il se souvienne, la dernière fois que tu lui as dit ça. Parce que tu n'es pas bête Aslan, attentif comme un malade, comme un détraqué. Tu as retenu, encaissé chaque sobriquet et tu te souviens qu'il y en a un qu'il n'utilise plus depuis ce soir là.

Tentes de raviver des épisodes douloureux, trop traumatisants pour qu'il surenchérisse encore de sa grande gueule.
Tu avances de quelques pas, le toises de haut.

— « Je t'avais averti, non ? Que ça se passerait pas comme ça. »

Agrippes le manche de ton épée à ta ceinture.

— « Est-ce que je dois tapisser les murs de ton sang pour que tu fermes enfin ta gueule et tes fesses ? »

Dis-le encore.
Plutôt crever s'il réclame, tu t'abaisseras pas à satisfaire son petit ego et ses moindres désirs. Tu remarques d'un oeil expert son bras trembler, bien qu'il tente de te le cacher. Il se passe quoi si tu donnes un coup dedans ? Il se passe quoi si tu le fais tomber de sa chaise ?
Et il se passe quoi si tu l'assommes avec le manche de ton épée, si tu lui éclates le crâne à répétition ? Que son sang se déverse sur le sol blanc...
Souffle qui s'accélère et tu desserres ta cravate légèrement. De l'air, de l'air. Merde.

Tu restes imperméable à ses petites provocations puériles (ou du moins tu essaies) concentré sur ton seul objectif. Lui faire ravaler sa fierté et ses paroles.
Le regard s'écarquille quand il mentionne Daisy. Grimace disgracieuse alors que tu passes une main dans tes cheveux.

— « Bravo à toi. Tu as réussi à me gâcher mon plaisir. C'était la seule potable et tu l'as souillé. »

Mensonges.
Tu veux juste pas lui laisser croire qu'il a encore une chance de t'atteindre. S'il a décidé de la jouer comme ça, il doit s'arrêter là.
Mais c'est pas ce qu'il sous entend avec ses menaces à peine dissimulée. Tu paniques Aslan, sueurs qui glisse de la tempe. Tu refuses de le prendre au sérieux. Serait-il... ? Non. Impossible. Il ne connait ni Diane ni Nicole - et encore moins le lien spécial qui t'unit à elles.
Et bordel ... ce que tu préférerais être à leurs côtés, plutôt qu'avec ce dégénéré.
Pourtant c'est à lui que tu penses jour et nuit, à comment le détruire, l'anéantir une bonne fois pour toutes.

Tant pis tu dois....
L'arrêter maintenant.

Tu donnes un violent coup de pied dans les pieds de la chaise, chassé contrôlé pour le forcer à s'effondrer. Une fois au sol, tu appuies ton pied sur son torse.
La rage qui déforme tes traits.

— « Couché, clebard. Lèche le sol. »

Soulève légèrement le pied pour prendre de l'élan et écraser ses côtes.
Et voilà, encore une fois il te fait péter un câble.

— « C'est pas mon prénom que j'aurai dû te greffer mon coeur mais celui de mon clebs. »

Ah il est content hein, de te faire craquer encore et encore quand tu tentes de rester digne, de rester sage. Mais c'est plus fort que toi quand il est dans la pièce, quand il te nargue avec son petit sourire. Tu veux lui refaire le portrait - le souiller. Merde.

Ultime provocation et Alec en oublie encore l'essentiel. N'apprend-il jamais ? Est-il mentalement atteint, en plus d'être une créature dégénérée ? Tu siffles entre tes lèvres mauvais avant de ricaner avec douceur en le voyant protéger son visage.

— « Tu me sidères. J'ai jamais vu un mec aussi con que toi. »

Lentement, tu défais ta ceinture, enlèves la boucle et la tires dans son intégralité.
Attendez, attendez, c'est pas ce que vous croyez.
Tu détaches l'épée du support et la laisses tomber au sol. Tu marches sur sa jambe pour l'immobiliser, lui arracher un geignement plaintif. Aussi l'empêcher de se relever.

— « Je te l'ai dis, je vais te dresser. »

Te penches sur lui, t'assois sur son dos et enroules la ceinture de cuir autour de son cou.
Serres serres serres pour l'étrangler. En a fait une jolie laisse que tu t'amuses à tirer. A deux doigts (deux points) de briser ses cervicales.

T'es en colère Aslan, tellement en colère et même ce spectacle navrant n'arrive pas à te calmer.

— « Bon chien. »

Que tu lui répètes, pour lui rappeler qui est le maitre.

Oui, c'est ça. Qu'il la ferme un peu. Regard qui s'excite, en transe, alors que tu l'empêches de respirer. C'est jouissif à observer, le voir se tortiller comme une dinde alors qu'il cherche de l'air. Tu lui aurais bien claqué le ... non. C'est dégueulasse.
Tu serres un peu plus fort, enroule le bout de la ceinture de ta main pour pas lâcher la laisse alors qu'il tente de s'en défaire.

— « HAHA, t'es ridicule ! »

T'espère qu'il se sent pas assez humilié comme ça, parce que t'es pas prêt d'arrêter. Tu connais pas les limites Aslan, tu les as trop souvent dépassé et encore une fois tu vois pas le mal dans ce que tu fais - c'est normal. C'est ton dû ; c'est sa faute à LUI. Il t'a provoqué, il assume maintenant.

Mais il attrape la ceinture et va pour tirer de toutes ses forces. Dans un reflexe, tu arques le sourcil et lâche tout - le laisse s'éclater le nez sur le sol à cause du contrecoup. Tu siffles, bats des cils et se penches sur son oreille.

— « Grave erreur. Je vois que le chien a toujours la rage. »

Tu profites qu'il soit un peu affaibli par le choc, dans les vapes pour choper ses bras, lier ses poignets solidement avec le bout de la ceinture - toujours reliée à sa nuque. La tires vers l'arrière pour qu'il te regarde. S'il se débat il s'étouffe.

Et tu viens t'asseoir en tailleur devant lui, t'accoudes sur ta cuisse pour reposer ta tête sur ta main. Tu souffles sur un cheveu blond qui s'est déposé sur ton nez. Souffles pour le faire voler.
Puis déposes ton regard sur Alec devant toi. A ta merci, encore. C'est presque nul que ça soit si facile mais t'as le regard doux et rassurant. Pour autant.

— « Alleeeez... Aboie juste une fois et je te détache. Promis. »

Juré.

Hm.
Tu fais la moue.
T'as oublié qu'Alec est encore plus con que toi quand on le provoque, et pas du genre à obéir facilement. Il y a des failles dans ton plan, t'auras beau le tabasser, tu seras jamais satisfait, parce qu'Alec se pliera pas. Peut-être dans la mort, et pour ça il faudrait que tu ailles au bout de tes menaces. Tu soupires Aslan, il te fait chier.

A son miaulement, ton visage se déforme par l'agacement et tu serres les dents, lui enfonces ton pied dans la figure.

— « La ferme. Aaaah tu me dégoûtes putain. T'es vraiment dégueulasse. »

Viens attraper ses cheveux dans ta poigne pour soulever son visage. Qu'est-ce que tu pourrais faire de lui ? Pathétique, comme ça.

— « Vraiment tu... »

Tu entends des bruits de pas dans l'escalier.
Tournes la tête vers la porte, interpelé. Si quelqu'un rentre ici et vous vois... Merde.
Tu serres les dents et te redresses, prends ton épée et traines Alec dans un coin de la pièce. Angle mort parfait si quelqu'un ouvre juste la porte.
Les pas se rapprochent et tu viens le coller contre toi - plaques ta main sur sa bouche, une autre sur son cou. Chuchotes.

— « Un bruit et t'es mort. »

On est mort tous les deux.

Dans quel merdier tu t'es fourré encore ?
T'es pas serein Aslan, ça serait mentir que d'oser prétendre que ton coeur ne s'est pas affolé un instant en entendant la poignée se tourner, la porte grincer.
Alec ne se débat pas, il se cale même contre ton épaule, tente de respirer pas trop bruyamment et t'es pas confortable. Les muscles tendus, la goutte de sueur qui perle le long de ta tempe parce que tu paniques un peu, la respiration irrégulière et le corps d'Alec ... trop prêt. Trop prêt et tu peux pas t'empêcher d'y penser.
Corps en réaction à force de trop penser. Merde.

La fille entre, tu reconnais à sa voix qu'il s'agit de Maria. La plus jeune du moulin - clairement pas l'une des plus belles. Elle cherche Alec, tu notes.
C'est quoi leur lien entre eux ? Il l'a baisé, elle aussi ? Ils se chevauchent tous dans ce putain de moulin ou ça se passe comment ?

T'entends une autre fille derrière, et elle c'est Daisy.
Pensée fugace qui te traverse, c'est elle que t'aurai aimé attacher et étrangler, pour ce qu'elle a osé te faire. Tous les deux en fait - à se regarder sans pouvoir se toucher. Tes pupilles se dilatent Aslan, il est trop prêt trop prêt trop PRÊT. Ta main sur sa bouche appuie trop, presque à l'en étouffer.

La porte se referme et tu le relâches, le pousses violemment devant toi et rampes à quatre pattes jusqu'à lui, te redresses à genoux. Tu essuies la sueur sur ton front d'un revers de manche et te pinces l'arrête du nez.

— « Imbéciles. »

À l'encontre des filles que tu entends grimper à l'étage au dessus en pouffant.
Tu le toises, sévère - et l'ego peut-être un peu sali. Les joues un peu teintés de rose tu lui colles une gifle, plus sèche et rapide que vraiment douloureuse.

— « Ça t'amuse d'essayer de m'humilier hein ? Essaie pas de m'abaisser à ton niveau de clébard en chaleur. »

Le souffle un peu court, tu passes en reflexe ta main sur la morsure de ton cou et le foudroie du regard. Merde.

— « Je vais te faire gueuler pour de vrai. »