L'agitation du marché de Crims a toujours été ton point de rendez-vous préféré pour les clients du Royaume de Coeur. Le bruit, la foule, et la facilité à y justifier sa présence étaient définitivement des avantages non négligeables. Cheveux tirés en une queue de cheval, tu avais ainsi traversé une bonne partie du territoire de la Reine Rouge pour rejoindre la capitale afin de rejoindre un habitué. Le fameux Bandersnatch.

Balthazar était un personnage intéressant à bien des égards, mais il ne t'étais apparu que récemment que tu pourrais probablement faire un bien meilleur usage de tes voyages dans les Terres du Sud que récolter le dû du toutou de la Reine. Evidement, personne ne voulait froisser l'arme vivante de Crims, alors tu t'étais dit que peut-être, tu pourrais trouver un moyen de te retrouver dans ses petits papiers pour glaner quelques informations. Comment? T'en savais foutrement rien, mais ça n'allait pas t'empêcher d'essayer.

Tes doigts pianotent sur le rebord des arcades de la rue commerçante. Le voyage a été plus rapide que prévu, et tu as eu le temps de te trouver une nouvelle tenue. Le pull en laine et pantalon en tweed qui t'avait accompagné depuis le Royaume d'Ivoire n'étaient pas adapté aux températures locales. Toi non plus d'ailleurs. Alors pour palier à la monté de la température de ta peau, tu avais opté pour un bas en lin brun assez ample 7/8 et une chemise à manches courte à rayures fines marchandés à un commerçant. Puis tu avais testé quelques spécialité locales et avait même guetté les entrées et sorties du bordel de loin, pour patienter en attendant l'heure tant attendue. Malgré tout, le temps commençait à se faire long, et c'est donc avec un certain soulagement que tu accueillais la silhouette de ton client à l'horizon.

Rejoignant le jeune homme dans la cohue du marché, tu ne pu t'empêcher de penser que ta petite carrure avait parfois ses avantages. Un sourire purement social sur les lèvres, tu saluais à peine le client. Un signe de tête était plus que suffisent.

Même quantité, même prix? J'ai aussi quelques petites nouveautés à tester, s'il te faut de nouvelles sensations.  

Un sourire se dessine sur tes lèvres, quand il te tend le règlement. Tu te doutes de la provenance, mais t'as appris à ne pas poser de questions. Au fond, t'en a pas grand-chose à faire, il faut dire. La monnaie transite rapidement entre tes doigts habitués à compter l'argent avant d'atterrir dans une pochette dédiée de ton sac. Tu en profites pour faire glisser la marchandise entre ton indexe et ton majeur, et discrètement dans la main de Balthazar. L'endroit est peut-être plus calme, mais on est jamais à l'abris d'un regard mal placé.

A l'ombre habitations entourant le marché, tu prends tout de même le risque de sortir une petite fiole violacée de ton inventaire. Le liquide gigotte dans son contenant au rythme de tes mains qui l'agitent devant les yeux du traqueur. Ca brille un peu, en rencontrant les quelques rayons de lumières qui vous atteignent.

Quelque chose me dit que tu pourrais être intéressé par ce mélange. Mélange de différentes plantes de la jungle. Pas hallucinogène pour un sous, mais ça détend... beaucoup. Je suis à peu près certain que ça pourrait aider à soulager ces méchantes cernes.

Tu plisses les yeux, sondant la réaction de l'homme te faisant face, tandis que le produit retourne dans la poche arrière de ton pantalon. Tu voulais pas jouer ta vie sur une mauvaise remarque. Cela dit, t'es à peu près certain que si l'aspect esthétique du problème n'est pas ce qui dérange le toutou de la reine, un remède à la cause sous-jacente pourrait lui être utile. Et serait par la même occasion un bon moyen de gagner un peu de sa confiance.

J'ai pas encore beaucoup de cobaye pour lister les effets, alors je suis prêt à t'en céder pour un bon prix.

Tu cherches pas nécessairement à bien le vendre. Une des rare fois où le profit ne t'intéresse pas. Les possibilités d'une entente avec le Bandersnatch sont bien plus précieuses, tu supposes.

Tu sais quoi, je pourrais même t'offrir la première dose. Te laisser voir par toi-même si c'est ton truc. Un prix d'amis, si on peut dire ainsi?

La petit bouteille qui continuais de roule entre tes phalanges depuis ta poche réapparaît aux yeux du prospect. Tes iris bleutées cherchent la confirmation dans son regard. Ca ne peut pas être aussi facile, si?  

Le monstre froncent des sourcils. Il doute de tes intentions, et il fait bien. Qui encore, dans Wonderland, serait prêt à t'accorder sa confiance, Osvald? Qui serait assez naïf pour te penser capable d'autre chose que de préparer un méfait plus grand que ce que tu ne fait déjà? Alors sa suspicion te fait sourire. Et tu le laisses t'arracher la potion d'entre les doigts. Tu le laisses débiter ses paroles, en silence.

Allons, allons. Disons juste qu'on y trouve tous les deux notre compte, hm?

Tu aimes rester dans le flou, parce qu'honnêtement, tu l'es encore toi-même. T'es pas certain de ce que tu attends de Balthazar. T'as pas planifié plus loin que l'idée, oh si simple, de te mettre dans ses bons papiers. Tu te doutes que ça ne peut qu'être dans ton intérêt, un jour ou l'autre. Et que le jour où tu en auras besoin, tu n'auras pas le temps de gagner sa confiance.

J'ai quelques fioles pour les gaillards qui sont prêt à essayer. La liste est confidentielle pour des raisons évidentes, mais si tu ne veux pas en faire partie, je ne t'obliges pas.

Lentement, tu t'adosse contre un mur à proximité, laissant le temps au Bandersnatch de réfléchir à ta proposition. Sans chercher à l'inciter plus que ça, le satisfaire tout en trouvant un testeur supplémentaire restait un bon deal pour toi. Main dans les poches, tu lui adresse un dernier regard, presque résigné.

Je ne penses pas que tu ais à en savoir beaucoup plus sur mes raisons cela-dit, mais je ne nierai pas qu'elles existent. Alors profite un peu de l'occasion et du faite que tu saches que je suis prêt à te faire quelques faveurs.

Te voilà bien bavard, Osvald. Et tu te demandes si tu n'aurais pas dû tourner sept fois la langue dans ta bouche avant de parler. Votre conversation à beau se faire à voix basse, tu ne sais jamais qui peut tendre une oreille indiscrète pour la Reine au sein de sa capitale. D'un autre côté, l'honnêteté n'est-elle pas la meilleure façon d'obtenir la confiance de l'homme qui te fait face?

Tu ne pourrais pas le dire, n'est-ce pas? Puisque ce cette voie ne t'es pas assez familière.

Sa réponse te fait sourire, Osvald. Tes insinuation à mi-mot on suffit à lui faire comprendre, mais le toutou de la Reine à une bien plus grande gueule que la tienne. Ou il est suffisament certain de la quiétude de l'endroit pour oser parler à voix haute de trahison envers la monarque absolue des terres du sud. Quelque soit l'option, tu ne peux à présent plus vraiment reculer. Et tu n'as d'autres choix que d'accéder à sa requête. Le collier, hein? Sale boulot que de se débarrasser de cette merde, tu en as bien conscience.

Les mains fouillant à nouveau dans ta besace, tu en sors une cigarette entamée et tes allumettes. Une fois, deux fois, le petit morceau de bois vient se frotter au côté de la boîte, avant de s'enflammer, et de partager sa chaleur au tabac qui a déjà trouvé sa place entre tes lèvres. Longue inspiration salvatrice, tu commences déjà à te dire que les choses sont rapidement devenues bien plus compliquées que ce à quoi tu t'attendais. En en même temps que tu souffles cette fumée toxique de tes poumons, tu reprend la conversation à voix basse.

Je veux bien t'aider, mais il va falloir que tu me dises tout ce que tu sais au sujet de tes chaînes.

Dos contre le mur, tu revêts tout à coup cette expression tout à fait sérieuse, et bien plus froide que celle que tu sers d'habitude à tes clients. La bouche toujours légèrement arquée, c'est dans tes yeux qu'on ne perçoit plus l'étincelle joueuse qui y brille habituellement. Le business n'est pas un jeu à tes yeux, et quand arrive le moment de sceller un accord, tu sais le faire comprendre sans avoir à ouvrir la bouche.

Et si tu m'en voudrais si tu devais y laisser ta peau quelques fois.

Tu ne pourrais en effet garantir que ton plan se passe tout à fait comme prévu, ni que tu puisse t'en sortir sans utiliser les trois jours de récupération en cas de mort violente du concerné. Et bien que tu ne puisses non plus pas dire que tu y auras recours, tu veux te laisser toutes les options disponibles pour accomplir cette tâche pas tout à fait comme les autres.

Nouvelle inspiration de poison. Pour dissiper l'idée que toi, tu n'auras qu'un seul essai dans cette quête. Pour ne pas encore contempler la question du risque démesuré que tu prend, à affronter le courroux de la Reine Rouge. Une autre part de toi sait que les Dark Shadows bénéficieraient de la libération du Bandersnatch. Qu'avec cette influence supplémentaire et la loyauté de celui qui terrorise les habitants du Royaume de Coeur, tu n'aurais plus grand-chose à craindre. Mais le danger reste non-négligeable. Et si l'échec de la mission te serait léthal, il y a tout de même quelque chose d'excitant, dans l'idée de mettre sa vie en jeu.

Il allume, lui aussi, un bâtonnet de tabac. Lueur rougeâtre au bout de ses doigts, fumée sortant du coin de ses lèvres, pour y perdre ses mots. Peut-être aussi l'envie de consommer autre chose. Le sachet de poudre entre ses doigts se compresse sous la pression de ses pulsions. Et tu suis avec amusement cette manifestation du manque que tu peux lui faire ressentir.

Il t'expliques, Balthazar, la douleur qu'il ressent, à la seule volonté de ses tortionnaires. Il t'expliques qu'il a tout essayé. Qu'il ne peut pas s'échapper. Et la haine qui le consumme à l'égard du créateur de la laisse qui le suit dans la vie comme dans la mort. Tes yeux roulent, pensif, à cette déclaration qui ne te surprend pourtant pas - bien sûr, qu'il aurait essayé. Un créateur qui peut rendre faire suivre son dans l'immortalité, hein? Les bâtisseurs de se monde te viennent immédiatement en tête. Et si tu n'es pas certain de comment tu pourrais leur tomber dessus un de ces jours pour en savoir plus, ça reste une meilleure piste que de tirer sur le collier jusqu'à ce qu'il se brise, ou te brise indéfiniment.

L'idée te fait à nouveau frissonner. Mélange d'excitation et de terreur. Pas à cause de la menace à mi-mot du Banderstatch, mais de tes propres démons. Longue aspiration de nicotine pour te calmer, et l'expiration qui va avec pour enfumer un peu plus l'espace que vous partagez. Pour faire disparaître ses mots de l'atmosphère.

Contrairement à la Brigade, je suis pas très meurtre pour le fun. C'est juste, tu sais... Au cas où.

Le pouce qui agite la cigarette, laissant tomber la cendre à tes pieds, et tu te redresses, Oz, fait un pas de côté. T'as probablement toutes les infos que tu pourrais avoir de lui, de toute façon. Et si tu n'as pas encore de plan défini, tu es persuadé qu'il ne s'attends pas à ce que tu fasses quelque chose de si tôt. Si c'était gérable si rapidement, il serait déjà libre, n'est-ce pas?

Bon. Eh si si c'est tout ce que tu as comme info, j'imagine qu'il me reste qu'à voir ce qui peut se faire. Je promets rien, mais j'y penses.

Finger gun amusé, ton expression est aussi revenue à celle bien plus casuelle et légère que tu arbores si souvent. Le sérieux ne te sied pas au teint bien longtemps, et en quittant le favoris de la reine, rien ne t'obliges plus à apparaître aussi austère. Simple signe de main, et tu t'éloignes déjà, Oz, en ne manquant pas de proposer un prochain arrangement. Faut bien faire tourner le business.

Fait moi savoir quand t'auras besoin d'une prochaine livraison, t'as comme l'air d'en avoir besoin en ce moment.