ellen - la duchesse

c’est la grande salle de bal. aux chandeliers en cristal. aux vitres immenses sur le jardin. avec le soleil qui rentre et fait des rayons tellement lumineux le saphir rose luit. le marbre rose des colonnes des dalles. la salle de bal est parée pour son invité.

duchesse.

aujourd’hui on a congédié à ses côtés tout le monde. ariel. ses pupilles. ses gardes. leonid. tous. toutes. vacances. brisez. volez. vendalisez. fuyez. duchesse qu’est-ce. qu’on. s’en. FOUT.

dans ses plus beaux atours. les perles au cou. l’or aux yeux aux oreilles. des chaînes en rideaux qui volettent aux lobes. les lèvres rouge pastel. et les drapés blancs aux liserés rouges. aux armoiries écarlates. aux perles de diamants et de grenats.

ils sont simples, les drapés. ils dansent léger sur ses épaules. et les chaussures feutrées à peine éraflent les dalles.

ce sont ses plus beaux atours. ce sont les parures et les apparats de soie de ses mariages. de ses amours. ce n’est pas un deuil. ce n’est pas une peine. la joie est trop grande. duchesse, car aujourd’hui il est grand temps

quand il entre dans la salle de bal les bras écartés, la pose ; je suis arrivé. il est le jour de prendre du temps pour soi. duchesse c’est la célébration. célébrer la vie. célébrer l’éternité. célébrer les cycles comme les saisons amènent leurs lots de beautés de renaissances et d’espoir comme de déraisons. célébrer notre histoire. célébrer notre identité. célébrer nos défaites et nos gloires. célébrer demain qui sera malgré tout, tout,

toujours plus beau qu’hier.

duchesse
son grand sourire
c’est la victoire des joies.

les yeux en pépites d’or qui ne cessent de briller. c’est le mica dans la roche qu’on observe sous tous ses angles. ce sont les bulles dans les flûtes à champagne. les feux d’artifice. les lumières électriques de neverland.

duchesse
on tient sa noblesse
de son goût démesuré
son goût à la vie qui ne cesse de vouloir se célébrer.

alors dans la salle de bal
faites voler les drapés. faites glisser les pas aériens.
on se saisit du passé ; le mettre sur la scène
et on aime. oh ! comme on aime. duchesse
en amour, en amour terrible d’aimer toujours.

il n’y a plus de duc. nul besoin de duc. les amours éternels jamais ne s’éteignent. c’est pour vous, mes tendres. mes chéris. qui se sont battus. qui sont morts. qui m’ont cru. je dédie tous mes cycles. toutes mes rencontres. tous mes futurs amours. je dédie mon histoire. leur histoire. je dédie mes sourires. mes rires. qui se savent mélodieux par la peine des souffrances endurées. je dédie mes combats. mes futurs.

je dédie cette danse qui n’est pas une valse. qui n’est pas un tango. ni un slow ni un charleston. c’est une danse de moi. je suis la duchesse. je le serai toujours. et je danse aujourd’hui mon bonheur d’être en vie.

et il ranime hier. à travers la salle de bal les bras écartés et la voix qui s’éclate. s’époumone. tant pis qu’on ne chante pas juste. ça n’a jamais été notre fort. c’était le talent ténor des ducs.

et il ranime l’amour, duchesse. ce n’est pas de la peine. c’est la nostalgie du sourire en liesse. ivresse. danse danse danse il tournoie dans le soleil. duchesse est reine de son histoire. en second, troisième plan. pour lui c’est le premier.

c’est parce qu’on s’aime. c’est parce qu’on aime. qu’on a les portes du domaine ouvertes. la rage et l’étincelle des révoltes comme si jamais elles ne connaissaient la fatigue. même dans le sommeil. c’est le repos du guerrier. du sage.

duchesse dans sa salle de bal,
ce n’est pas parce qu’on a vécu des cycles et des cycles
qu’il faut cesser de vivre. c’en est fini des tragédies. non, merci ! non, merci !

et le rideau sur sa scène
offrira le rire de gargantua.