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Les yeux rivés sur la carte.
Se relevant vers la façade.
Vérifiant que c’est le bon endroit.
Tu ne sembles pas t’être trompé.
Et c’est maintenant que tu hésites.
Soupirant de ta propre lâcheté, Sasha.

C’est qu’après votre rupture avec Joy, tu n’as pas pris le temps de… rester en place.
Tu gères très mal les break up.
Expliquant à Jay, qui n'est pas vraiment Jay mais ça aussi c'est compliqué putain, et à Milo, que tu avais besoin d’aller à Crims.
Un petit temps.
Bien sûr, tu as aussi prévenu ton boss à la Taverne et tout es OK, Sasha.

Sauf que là, t’es à deux doigts de te dégonfler.
Prêt à rebrousser chemin, alors qu’il faut que tu le lui dise… avant que tu l’oubli.
Parce que tu le sens, c’est pour bientôt.
Comme tout le reste au fond.
Cette sensation étrange et presque innommable, qu’on évoqués nombreuses entité quand tu les a questionné.

Allez, Sasha…
Mais peut-être qu’elle travaille.
Qu’elle n’est pas là.
Que je vais la déranger…
Putain, allez go go go.

Et tu toques.
Un peu trop timidement au début.
Plus fort après, mais pas avec plus d’assurance pour autant.
Tu entends des pas de l’autre côté au bout de plusieurs secondes.
Le verrou qui saute et la porte qui s’ouvre sur sa belle silhouette.
Un sourire nerveux étire tes traits.
Levant une main pour la saluer, Sasha.

▬ Ah ! Salut, Cherry je- j’sais pas si tu te souviens de moi ? Sasha et euh… j’étais à nouveau de passage à Crims et j’me suis dis que… hmm… ça serait cool de se revoir ?

La vérité, t’es nerveux comme jamais.
Et un poil énervé, parce que t’as l’impression de passer pour un mec random qui drague mal.
Pas que tu saches draguer, Sasha.
Mais c’est ta mère.
Et t’es là pour le lui dire.

avant de l'avoir installé chez elle, cherry n'aurait jamais imaginé à quel point avoir un système de climatisation rendrait ses journées à crims plus faciles. bien sûr elle se doutait que ça lui ferait du bien, elle n'aurait même pas pensé à investir dedans si ça n'avait pas été le cas, mais c'était maintenant devenu l'un de ces luxes dont, elle en était certaine, elle aurait bien du mal à se passer. un éventail ou un ventilateur ne faisaient que brasser l'air qui, au royaume de coeur, pouvait être plus qu'étouffant.

alors elle profitait de sa clim fraîchement installée en faisant un peu de ménage chez elle. elle avait ramassé les vêtements qui avaient fini par traîner dans son salon après des semaines à se laisser aller, les feuilles raturées sur sa table basse et les assiettes en attente d'un bon coup de savon. désormais elle avait presque fini et elle pensait à ce qu'elle pourrait faire ensuite pour se détendre lorsqu'elle entendit des coups frappés à sa porte. elle ferma le robinet et attendit quelques secondes pour être sûre que l'on avait bien toquer avant d'aller ouvrir la porte.

oh, tiens. sasha.

elle ne put s'empêcher de se demander s'il avait juste naturellement l'air nerveux ou si sa trop grande familiarité l'avait mis mal à l'aise.

mais si ça avait été le cas, il ne serait pas revenu la voir, si ?

oh, sasha ! bien sûr que je me souviens. entre donc, fais comme chez toi. tu veux un truc à boire ?

en attendant qu'il réponde, cherry finit rapidement de rincer la vaisselle qu'elle était en train de laver et elle s'empare de deux verres propres pour les essuyer et pouvoir lui en servir un. elle s'adosse contre la porte fermée de son frigo et se tourne vers sasha depuis le coin cuisine, pour lui sourire un instant. ça faisait toujours plaisir de voir un visage amical et peu importe si elle ne le connaissait que très peu. elle n'avait pas l'instinct de survie suffisant pour se dire qu'il pourrait la poignarder et laisser son tas de sable là, sur le tapis ou la table basse.

comment ça va depuis la dernière fois ? de l'évolution dans ta situation, des trucs qui te reviennent ?

elle se retourne vers le frigo et l'ouvre avant de s'accroupir devant afin d'attraper une bière parmi celles qui se trouvaient sur la dernière étagère, puis prend de quoi contenter sasha avant de venir s'écraser sur le canapé.

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Elle se souvient de toi.
Tu soupire légèrement soulagé.
Parce qu’au fond, t’es même plus sûr que t’aurais voulu qu’elle s’en souvienne.
Mais bon, tu vas dealer avec, Sasha.
Elle t’invite à entrer et tu ne te fais pas prier une deuxième fois, surtout pas avec la chaleur à l’extérieur.
Dedans il fait bien meilleur.
Cependant, comme chez toi… tu ne peux t’empêcher de te sentir comme un éléphant dans une boutique de porcelaine.

▬ Je veux bien un verre d’eau pour commencer, s’il te plaît, merci.

Et tu vas t’asseoir sur le canapé, Sasha.
Attendant qu’elle revienne.
Une bière pour elle, ça te fais sourire.
Ton verre d’eau qu'elle te tends.
Tu la remercie d’une risette plus large et tu n’attends pas pour boire une gorgée.
T’as beau te plaindre tout les jours du climat à Christmas Town, mais faut croire que tu t’y es habitué… ou sinon c’est juste que l’été(cule) est invivable à Crims.

Tu n’as toujours pas répondu à sa question.
Et tu déglutis de travers, parce qu’il va falloir.
Alors tu reprends une gorgée d’eau.
Dépose le verre sur la table.
Joins tes mains entre elles, prenant une inspiration.
T’as l’impression que tu vas sauter dans le vide.
Et tu finis par te lancer, Sasha.

▬ Et bien… ça va ? Enfin aussi bien que quelqu’un qui s’oublie à la vitesse lumière quoi. Tu hausses les épaules. J’veux dire que euh… c’est vraiment très, trop, rapide. Je prenais des notes dans un carnet de ma vie d’avant, mais j’suis incapable d’en écrire plus… j’ai presque oublié plus de la moitié de ce que j’ai déjà écris. Une de tes mains passe dans tes cheveux. Et c’est pas le pire. Par moment, j’oublie complètement qui je suis. Où je suis et qui sont les gens avec moi. Ça ne dure pas longtemps, jamais plus de quelques minutes… j’ai commencé un deuxième carnet avec mes souvenirs d’ici.

Un soupir t’échappe, Sasha.
Tu reprends le verre d’eau et le fini.
Juste avant de le reposer sur la table.
Le regard qui se relève vers elle.
Cherche le sien.
Sourire faible.

▬ Et toi, ça va ?

enfoncée confortablement contre le dossier de son canapé, puis se laissant rapidement glisser jusqu'au bord de ce dernier, cherry se penche pour ouvrir sa bière avec l'ouvre-bouteille qui traîne toujours sur sa table basse. elle se renfonce dans les coussins moelleux en prenant une gorgée et pose ses yeux sur sasha pour l'écouter parler en hochant périodiquement de la tête. ses sourcils se froncent légèrement au fur et à mesure qu'il explique les évènements récents dans sa vie et lorsqu'il termine, la regarde, elle pose sa bière avant de venir doucement frotter l'épaule du jeune homme.

oh sasha... j'ai entendu que ça arrivait en ce moment. le temps rend les choses... compliquées. c'est l'inverse pour moi, j'ai eu des souvenirs de chose dont je pense pas que je devrais me souvenir. par rapport aux gens sur cette photo que je t'avais montré, par rapport à... je sais pas. la plage ? le sable. je sais même plus si c'est le sable de wonderland ou pas.

elle se veut réconfortante. elle ne sait plus vraiment comment elle s'est sentie, lorsqu'elle a commencé à voir ses souvenirs se dérober à elle, mais elle sait ce que ça fait de se demander ce qu'elle a bien pu vivre avant. qui elle était avant. ce qui comptait pour elle. elle est définitivement morte, ça, elle le sait, enterrée, cette ancienne partie d'elle qui pourtant ces derniers temps semble se battre pour revenir un peu à la surface. l'ancienne cherry, si tel était même son nom, parce que parfois elle en doute, semble prendre un malin plaisir à se rappeler aux souvenirs de sherlock holmes et c'est là une bien cruelle farce que le temps lui joue.

elle continue de frotter le dos de sasha un moment et hésite une seconde avant de finir sa bière d'un seul coup puis de se verser un verre d'eau pour elle-même.

s'il y a des choses dont tu veux te rappeler, je peux peut-être t'aider ? seulement si tu en as envie. mon pouvoir me permet de lire le passé des objets que je touche alors si tu as quelque chose qui te vient de ta vie d'avant ou même des moments de wonderland que tu as oublié, je peux peut-être t'aider à combler les vides ?

un léger soupir lui échappa et elle se releva un peu pour aller ajuster la climatisation avant de s'adosser contre le mur et de reposer ses yeux sur le jeune homme dans son canapé. c'est marrant comme elle arrive à sentir qu'elle est honnête et comment elle ressent une véritable envie de l'aider. sans même être payée en plus. elle prend un instant pour le dévisager et repense au jeune homme de la photo qui s'est mis à hanter ses rêves, récemment. est-ce que c'était pour ça qu'elle voulait aider sasha ? une pathétique tentative de la cherry d'avant, de se racheter en aidant quelqu'un comme elle aurait dû aider cette personne ?

je sais qu'on se connaît pas depuis longtemps mais je sais pas, y'a un truc qui me donne envie de t'aider. c'est pas tous les jours facile ici.

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Sa main se pose sur ton épaule.
Doucement elle caresse.
Naturellement, elle te rassure.
Et tu fermes les yeux, Sasha.
Juste un instant.
Profitant du contact, tout en te disant que tu ne sais pas si tu es rassuré ou horrifié de savoir que tu n’es pas le seul.
Puis elle te reparle de sa photo.
Cette même image bien fixe, contrairement aux clichés qu’on produit à Wonderland.
Cette photographie qui hante tes nuits.

Tu te raidis un peu.
Alors qu’elle frotte ton dos.
Il va falloir que tu lui dises ça.
C’est pour ça que t’es là, Sasha.
Mais trop gentille, Cherry veut t’aider.
Et toi, tu souris comme un con.
Parce qu’elle t’explique son pouvoir et que t’as une idée, sûrement de merde…
Mais une idée quand même.
Sa proposition est touchante.
T’es personne pour elle et pourtant…
T’as quand même l’impression qu’il y a quelque chose au fond d’elle qui sait.

▬ Merci.

Cherry se redresse.
Tu la suis du regard.
Les yeux dans les yeux.
Là tu sais que c’est à toi de jouer, Sasha.
Surtout après son avant-dernière phrase.
Y’a un truc qui me donne envie de t’aider.
Tu soupire longuement.
Juste avant de défaire la chaîne à ton cou.
Faire glisser la bague dans ta paume.
Et de l’inviter d’un regard à revenir sur le canapé.
Tu sais tout ce qu’elle va voir de toi en la touchant, tout ce qui est lié à ce monde et une partie de l’ancien, mais elle va surtout se voir elle.

▬ Tiens.

Et tu la fait glisser dans sa main.
Attendant sagement, Sasha.
Longues minutes.
C’est qu’il doit y en avoir des trucs là-dedans.
Puis ça doit être un choc.
Peut-être même que c’est tellement le bordel qu’elle n’y comprends rien.
Ou alors, tu pourrais avoir fait buguer tout le principe même et ça, ça serait sûrement problématique
Mais après un moment, elle te semble de nouveau avec toi, t’as la gorge un peu serrée, c’est vrai, mais tu réussis quand même à articuler.
Sans la regarder.

▬ T’es née le 12… arvil ? 1977 et tu t’appelais Cherry Gardner. S-Sur ta photo, le bébé, c’est m… moi, et le mec à côté c’est mon… père. Tu inspire un coup, Sasha, le regard qui se lève vers le sien. Et s-si je suis là, c-c’est parce que je voulais te dire que t’es ma… mère, avant que je l’oubli.

Tu sens que t’as les yeux qui piquent.
Mais les larmes refuses de couler.

elle revient sur le canapé lorsqu'il la regarde et se saisit doucement de ce que sasha lui tend. cherry est heureuse de pouvoir aider. elle ne prend pas vraiment le temps d'inspecter l'objet à l'oeil nu, puisqu'elle sait qu'utiliser son pouvoir dessus lui en dira bien plus que ce que ses pupilles ne pourront jamais lui murmurer. elle effleure la bague avec confiance et perd rapidement le nord, ainsi que son sourire, lorsque c'est son propre reflet qu'elle aperçoit.

il y a cette bague, avec un grenat parce que c'est sa pierre de naissance, lui dit sa propre voix, qu'elle se voit acheter et glisser sur une chaîne pour qu'il l'ait toujours près de son coeur avant de passer le collier au cou du bébé de la photo, de sa photo. l'instinct maternel lui va bien, elle pense, c'est doux. elle voit un bisou sur le front et lentement elle se voit disparaître du paysage, la bague vit quelques années dans un tiroir puis retourne au tour du coup d'un jeune homme qui se tient désormais devant elle. elle voit un conservatoire, un cimetière, une fête. wonderland. un profond sentiment de vertige.

et lorsqu'elle décolle enfin sa main, le sentiment de vertige persiste et elle pose sa main sur son front.

quoi ?

et la voix étranglée de sasha résonne dans ses tympans, comme désireuse de ne pas lui laisser de répit. le bébé de la photo. sa mère. cherry gardner. un violent sentiment de déjà vu lui vrille la tête et elle peut entendre une voix, une voix féminine qui est la sienne prononcer encore une fois des mots familiers, à des personnes dont pourtant elle ne se souvient pas. enchantée. celle qu'elle était. la mère de sasha. cherry a un petit mouvement de recul et elle s'appuie contre l'accoudoir du canapé, pour fixer le vide un instant. essayer de trouver les mots.

je... est-ce que tu veux... une copie de cette photo ? je.. je sais pas quoi te dire, je suis désolée de n'avoir pas été là pour toi, je suis désolée que...

elle s'arrête d'un coup, un flash dans son cerveau. elle déglutit bruyamment et décide de se montrer un peu égoïste, pour un instant, juste pour un instant. elle pose ses deux mains sur les épaules de son... fils ? et le regarde droit dans les yeux, l'air grave. elle se doute bien qu'il n'a probablement pas envie d'y penser mais à cet instant précis, oui, c'est trop important pour elle. elle ne sait pas si ça va l'aider ou pas, se doute que ce n'est probablement pas une information nécessaire puisque de toute façon c'est trop tard maintenant, mais elle en a besoin.

alors elle se lance.

sasha. je sais que tu oublies mais est-ce que tu te souviens de comment je suis... qu'est-ce qu'il m'est arrivé, sasha ? je t'en supplie. j'ai besoin de savoir. dis-moi que tu te souviens.

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Tu la regarde.
Poser une main sur son front.
Réaliser et t’as les yeux rouges.
Un peu envie de crever au fond.
Parce que tu te doutes sans savoir.
Ce qu’elle a vue, ce que t’as vécu, Sasha.
Et elle s’appuie contre l’accoudoir.
Fixe le vide.
C’est normal.
C’est ce que tu te dis.

Et sa voix qui résonne.
Une copie de cette photo ?
Tu hoches de la tête, Sasha.
Incapable de dire « oui ».
Sachant que ta voix se serait brisé.
Parce que tu veux cette photo d’elle.
Ce cliché de elle et toi.
Le seul qui persiste.
Cherry s’excuse.
Et tu te redresses d’un seul coup.

▬ Cherry non… ne t’excuses pas, ce n’est pas de ta… faute.

Tu voulais la prendre dans tes bras.
Hésitant à l’appeler « maman ».
Mais elle pose ses mains sur tes épaules.
Son regard qui plonge dans le tien.
L’instinct qui cri que ça pue.
Et tu déglutis de travers, Sasha.
Dans l’attente, jusqu’à ce qu’elle assène.
Demande ce qui devait l’avoir retenu ici, puisque la clé semble être un souvenir.

Soupirant, tu t’écartes légèrement.
Le dos qui revient contre le dossier.
Mains qui se joignent entre elles.
Tu fixes tes doigts un instant.
Humecte tes lèvres, Sasha.
Et soupire, une nouvelle fois.
T’as aucune envie de t’en souvenir.
Aucune envie de lui en parler, mais…
Tu le lui dois et tu te lances, le ton grave.

▬ T-Tu… sur le campus où tu étudiais des filles ont été retrouvés mortes. Tu enquêtais et tu as fini par découvrir qui c’était… et il t’a tué. Inspiration tremblante. Et c’était mon p-… géniteur. Tu renifles, Sasha, serrant tes mains entres elles. J-J’ai été placé en famille après… parce qu’il a été arrêté et que… personne ne voulais de moi.

T’ose pas dire que c’était ses parents.
Parce qu’en soit t’as compris, Sasha.
Tu sais, tu lui ressembles, beaucoup.
Et ça te crèves de l’intérieur.
T’aimerais tellement plus être comme elle.
Ton regard glisse sur Cherry.
Et t’as cette risette triste qui tire tes traits.
Soudainement, c’est sortie.
Les larmes se sont mises à dégringoler sur tes joues.

▬ Pa-Pardon…

c'est bizarre d'être comme ça, face à ces souvenirs et ces sentiments qui ne sont pas les siens. elle regarde sasha et elle comprend très bien ce qu'elle représente pour lui mais le temps a tout effacé et elle n'est plus prête à être mère. serait-ce même vraiment nécessaire ? son fils a assez grandi pour la dépasser maintenant, en taille comme en âge physique. elle réalise que la silhouette qui la hante lui a volé sa vie et ça l'enrage, d'une colère insidieuse qu'elle ne comprend pas vraiment.

cherry, pourtant, pensait avoir réussi à faire le deuil de celle qu'elle était.

et elle essaie d'être forte mais quand elle le voit pleurer, c'est plus fort qu'elle et elle fond en larmes. elle n'a jamais été douée pour gérer ses émotions de tristesse alors, la respiration tremblante, elle souffle un peu et ose une petite plaisanterie pour essayer de dédramatiser la situation. après tout, elle va bien ici. tout va bien dans le meilleur des mondes. c'est wonderland, ses fantaisies et sa magie. rien de comparable à l'effroi du monde d'avant.

... je couperai sa partie de la photo avant de te donner une copie, hein...

cherry se lève, lentement, pour aller se prendre une nouvelle bière et en chercher une pour sasha juste au cas-où, remplissant aussi son verre d'eau fraîche au passage. elle en profite pour récupérer quelque chose dans une étagère et revient s'asseoir sur le canapé. elle s'empare doucement de la main du jeune homme et y dépose ce qu'elle a récupéré. c'est un petit caillou, tout simple en apparence, mais cachant une capacité précieuse. lui en donner un, ça sonne juste. comme la bonne chose à faire.

écoute... si tu gardes ça, je pourrais te retrouver. même quand tu auras oublié. je serai là pour toi et je me souviendrai pour nous deux. je ne t'oublierai plus jamais sasha, c'est promis.

les doigts viennent caresser sa joue et doucement essuyer les larmes.

merci. je me doute que ça doit pas être facile pour toi. merci de me l'avoir dit.

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Elle fond en larmes.
Et ça te détruis, Sasha.
La bulle du sanglot semble éclater.
Tu n’hésites qu’une vague seconde.
Juste avant de te pencher pour tout doucement l’enlacer.
C’est que tu l’as souhaité si longtemps.
Espérer depuis tout petit.
Dès que tu as compris qu’elle, elle n’était pas ta vraie maman.

Mais voilà qu’elle est là.
Dans tes bras.
Sauf que tu n’es plus un petit garçon, Sasha.
Est-ce que tu as encore besoin d’une maman.
Tu voudrais bien dire « oui ».
Mais t’es pas assez égoïste pour le lui imposer.
Alors tu t’écartes, piles quand elle tente une touche d’humour.
Tu te forces à rehausser tes lèvres.
Approuvant d’un mouvement de tête.

▬ Merci.

Une nouvelle-fois, tu la suis du regard.
Cherry se lève et retourne chercher une bière, sauf qu’elle en prend aussi une pour toi.
Tu te sers un nouveau verre d’eau avant.
La remerciant d’un sourire, Sasha.
Et fronçant les sourcils en la voyant prendre un truc que tu n’identifie pas.
Quand elle revient, elle prend ta main et y fait glisser un petit cailloux.
Tu l’observes un instant.
Les explications arrivent.

Tu pensais en avoir fini avec les larmes.
Mais ses mots… OOF.
Naturellement, tu appuis ta tête contre sa main.
Tu l’observes un instant, Sasha.
Avant de renifler et d’essayer de te calmer.
Mettant le petit cailloux dans ta poche, priant pour ne pas oublier son existence.
Cherry te dis merci.
Ouais, c’était pas facile, mais il fallait.
Alors tu hausses des épaules.

▬ C’est moi qui doit te dire merci… je ne voulais pas m’imposer, mais… j’avais besoin de te le dire.

Tu lui souris, un peu tristement.
Persuadé qu’elle aurait été une super maman.
Et tu prends une inspiration un peu tremblante, pas très assuré.
Mais ça aussi tu dois le faire, Sasha.

▬ En fait, j’veux pas m’imposer du tout. J’suis grand et… je sais pas… ça serais sûrement un peu bizarre que je t’appelle maman. J’veux pas non plus que tu te sentes responsable ou que tu te reproche quoique ce soit. Ça a pas été fun tout les jours, c’est vrai, mais… ça va. Tu attrapes ta bière. Je… J’avais une sœur et en vrai, tu m’y fais un peu penser… Tu secoue la tête, Sasha. Pardon, c’est encore plus bizarre.

Et tu bois une gorgée.

il évoque la possibilité de t'appeler maman puis sa soeur et tu souris doucement. tu sais qu'ici certaines personnes font des enfants et continuent leur vie mais ça ne t'a jamais paru comme quelque chose qui était pour toi. tu ne te rappelles plus d'avoir un jour pensé avoir la fibre maternelle. même lorsque tu regardais cette photo, tu n'étais pas sûre que cet enfant était le tien. tu ne savais pas à qui il avait pu être s'il n'était pas le sien mais ça te paraissait bizarre. au fond, tu te demandais sûrement comment ton cerveau avait osé te faire oublier jusqu'à ton propre enfant.

ce monde était définitivement cruel, par moments.

il prend une gorgée et tu l'imites, avant de venir essuyer tes lèvres du revers de ta main. tu le regardes et tu souris, lui tapotant doucement l'épaule pour essayer de le rassurer. ça faisait beaucoup à digérer d'un coup, c'était certains, mais tu voulais veiller à ce qu'il ne s'en veuille pas de t'annoncer ça comme ça. après tout il t'avait permis d'élucider l'un des plus grands mystères de ta vie, la nature de celle d'avant. dans des élans de curiosité profonde, tu t'étais souvent demandé comment tu étais et si tu avais beaucoup changé. et alors que tu t'approches pour le prendre dans tes bras, doucement, pour ne pas le brusquer, tu te dis qu'au final, tu n'as peut-être pas tant changé que ça.

ne t'excuse pas, vraiment. je ne peux même pas imaginer ce que tu as ressenti lorsque tu m'as vu dans les rues de crims... mais je serai là pour jouer le rôle que tu auras besoin que je joue.

tu te détaches légèrement et essuies le reste de tes propres larmes avant de rire un peu pour détendre l'atmosphère.

je pense qu'on va tous les deux avoir besoin d'un temps d'adaptation mais ça va aller. t'as toujours ma carte, t'as toujours ce caillou. c'est trop tard pour changer le passé mais je suis là si tu veux qu'on ouvre un nouveau chapitre ensemble.

un léger soupir t'échappe et tu t'étires un peu, avant de lui sourire de plus belle. c'est qu'il a quand même raison. tu n'y peux rien si tu es morte et tu ne peux plus revenir en arrière mais ça ne te coûte rien de faire de ton mieux pour le futur. être là pour lui, comme tu n'as pas pu l'être toutes ces années. au fond, cherry, ça ne te paraît pas si mal.

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Elle sourit et te tapote l’épaule.
Et tu le sais, Sasha.
Parce qu’elle est ce genre de personne.
Celles qui te disent de ne pas t’excuser.
Toi qui demande toujours pardon.
Comme si d’une façon ou d’une autre c’était toujours un peu de ta faute.

Ta mère te presse contre elle.
Dans ses bras.
Et tu te fais égoïste, Sasha.
Profiteur aussi.
La prenant aussi dans les tiens.
Te laissant aller contre elle.
Écoutant ses mots pour toi.

▬ Je ne veux pas que tu joue un rôle… juste que tu sois… toi, et là… je suppose.

Passant sous silence ce que tu as ressentis quand tu l’as vu dans cette rue de Crims.
Parce que ce n’est pas si grave.
Ou plutôt, tu refoules ainsi, Sasha.
Te forçant à sourire quand elle s’écarte.
Lui offrir une belle risette.
Qui va bien avec son rire.

Tu approuves d’un mouvement vif de la tête ses premières paroles.
Oui, cela va prendre un peu de temps.
Mais de ce que tu ressens, Sasha, du temps, ici, tu vas en avoir un paquet.
Et la suite te bouleverses quelque peu.
Venant glisser sa main dans la sienne.

▬ M-Merci. Ça serait… génial.

Cette fois-ci, tu ne forces pas la risette.
Elle est naturelle et un peu triste.
Terriblement belle, Sasha.

sasha sourit et ton coeur se réchauffe d'une sensation étrangère mais pourtant si familière. tu ne peux pas t'empêcher de te demander si ça serait bizarre de lui embrasser le front alors à la place tu te contentes de lui frotter la tête pour ébouriffer légèrement ses cheveux. une idée te traverse la tête et tu ne prends même pas la peine d'y penser deux fois avant de la proposer. après tout tu as tout le temps libre du monde vu que tu ne prends pas vraiment d'enquêtes hors du royaume de coeur en ce moment alors pourquoi pas ?

je fais rien en ce moment alors... tu peux rester si tu veux. pour dormir, je veux dire. hey sasha, tu veux que je te fasse ton plat préféré ? ça ou le mien ? on va rattraper un peu le temps perdu.

tu te relèves et t'approches d'une commode pour fouiller un peu, en tirant un pyjama d'homme, un des nombreux objets qu'une quelconque conquête avait oublié chez toi. ça avait du bon parfois, t'avais arrêté de compter le nombre de fois où tu les avais convaincus de te prêter leurs fringues pour appuyer sur leur corde de possessivité avant de les virer au petit matin, leurs vêtements toujours sur le dos. c'était gratuit, après tout. tu viens apporter le pyjama à sasha et laisse échapper un petit rire.

tiens j'ai ça pour toi si besoin, tu pourras le garder après.

alors, tes yeux dérivent en direction de la fenêtre.

au-dessus des toits, immensité du ciel.

le début d'un nouveau chapitre.