« Susan ?! »

Qu'elle s'exclame avec une surprise sincère. Jamais elle n'aurait imaginé apercevoir le réparateur à Halloween City, car rares étaient ceux qui tentait de s'y aventurer. Ses deux mains jointes sur sa bouche grande ouverte, comme pour limiter les dégâts ou bien afficher l'incroyable qu’est sa présence.

« Tu es venu jusqu'ici pour moi ? »

Sans doute aurait pu-t-elle être touchée, si cela n'avait pas été gage d’hasardise.

« Tu n'as pas peur des grands méchants ? »

Parce que c'était ce que beaucoup disaient d'eux. Méchant et chaotique, terroriste même par moment. Car après tout, même pour Braxton, il était difficile de nier que certains d'entre eux étaient… Étranges. Et timidement, elle s'approche à petit pas jusqu’à lui. C'est alors face à lui qu'elle se met à rigoler naïvement.

« Je rigole. »

Puis reste droite, réfléchi dans un murmure incompréhensible.

« La pièce manquante hum. »

Secoue frénétiquement la tête de droite à gauche.

« Non, mais j'ai vu un tigre ! »

Un grand tigre à dents de sabre qui n'avait malheureusement pas fait long feu.

« Tu penses qu'elle est ici ? Ma pièce manquante. »

Encore une fois, d'un pas que Braxton tente de se rapprocher un peu plus.

Elle acquiesce simplement en écho à son geste et en sa répétition. Alors elle s’exprime d’un sérieux déconcertant.

« Oui, un tigre. »

Qu’il était normal de croiser au détour d’une ruelle. Comme si Braxton présentait les choses d’une manière détachée, elle dont on ne pouvait imaginer qu’elle pourrait partir à l’aventure à la moindre occasion. Car elle était capable de jouer les fragiles et surtout, tenait énormément à ses affaires et à sa petite personne.

S’approche encore d’un pas. Qu’il soit étrange que Susan ne réagisse pas, qu’il soit ainsi las et statique. Comme s’il ne s’en rendait pas compte, comme s’il était là, sans vraiment être là. Ailleurs, ou peut-être qu’il n’en a pas conscient, oublie simplement Braxton et ses mauvaises habitudes. S’imagine qu’à force, elle ne tenterait plus rien. Mais c’est bien parce que Susan force à l’éviter, qu’il s’essaie à la malice de se couvrir, s’imaginant que ça puisse arrêter son champ d’action que Braxton ne s’arrêtera jamais sur sa lancée.

La tête qui arrête les mouvements incessants pour finalement tomber. Reste penchée sur le cotée, les yeux grands et observateur. Braxton pensive qui des yeux dévorent son interlocuteur.

« Symbolique hum. »

La symbolique n’était-il pas quelque chose d’abstrait. Halloween City, les Dark Shadows avaient-ils même un intérêt majeur dans son existence ou n’étaient-ils pas l’égale de sa naissance lorsqu’on y réfléchissait réellement.

« Un lieu qui m’aurait marqué du coup ? »

Mais quand était-il réellement. Braxton qui sans doute, était venue au monde déjà bien cassée, écorchée avant même d’avoir été élevée. Rigole alors très légèrement, séductrice d’un clin d’œil amusé.

« Ça pourrait être l’endroit où on s’est rencontré. »

Ou la première fois où ses envies avaient explosées.

Elle à le rire sincère, le rire enfantin. Celui qui se serait fait prendre mais qui tente malgré tout de semer le doute dans l’esprit de son interlocuteur. Timide mais amusée, sa main s’élève devant sa bouche comme pour masquer cet égaiement. Son chez-lui était tellement chargé d’objet à réparer qu’il aurait pu être possible que l’un des tiens s’y soient égarés. C’était toujours comme ça de toute façon, le plus important qui disparaissait comme ça, soudainement. Sans crier garde et surtout, prenait un long moment avant qu’on se rendre compte qu’il n’était plus à portée de main.

Alors tu avais haussé des épaules alors qu’il tournait à ta gauche.

« Peut-être bien. »

Parce qu’elle n’en savait rien. Comme elle ignorait qu’elle pouvait être cette fameuse pièce égarée. En vérité, il était impossible que Braxton se soit brisée chez lui, lors de leur première rencontre. Car il n’y avait rien de marquant, rien de troublant. C’était juste amusant.

« Ah. »

Elle soupire. Un long moment. Fait semblant de réfléchir. Qu’est-ce-que cela changerait à sa vie ? Oh pas grand-chose lorsqu’on y pensait. Braxton qui avait toujours été ainsi, sans cette pièce qui était censée la rendre normal face aux maux d’autrui. Cette pièce qui sans doute, ne lui permettrait pas d’entreprendre les pires abominations.

« J’imagine que je serais triste. Faussement. Mais ce que je ferais ? »

Elle reste silencieuse, incertaine. Oui au final, elle était venue avec cette idée en tête car plusieurs personnes lui avaient dit qu’elle était cassée ? Mais dans les faits ? Qu’il fût difficile d’y penser, comment pouvait-on savoir à l’avance. Le futur qui n’existait pas tant l’incertitude qui l’enrobait.

« Mais toi tu n’as pas l’air comme d’habitude. »

Qu’elle change de sujet à force de l’observer. Lui qui n’a pas la même aura qu’à l’habitude.

Perdu. Ailleurs. Pensif. Sans gants aussi. Ô Susan ne prends tu plus cette mauvaise manie de protéger ta peau, pensant que c’est un vulgaire serrage de main qui viendrait provoquer cette douleur que tu n’arrives pas à oublier ?

« Non pas que ça m’intéresse. »

C’était simplement barbant s’il était lassé d’exister. Bien que c'était quelque chose que Braxton pouvait lui offrir.