Le blanc poussière qui ravale les plaines t’ennuies. Tu marches depuis tellement de temps maintenant que tes pas ont été effacés, tu saurais rentrer, mais sans trésor à tes bras, tu ne t’y résouds pas.
Déjà quand tu es partie, tu n’as pas aimé cette journée. A ton levé, sans joie ou gaieté, tu as aperçu ton reflet dans un grand miroir. Du vert, toujours du vert ; il accapare ton visage, tes pas et ton sillon. Tu t’ennuies du vert aussi, il t’a déjà trop défini. Ce jour, tu veux être autre, tu veux être inconnue à la couleur, que le froid de ta peau se repeigne plus qu’aucun autre cri de pinceau. Tu enfiles un bonnet, essayes tant bien que mal d’y fourrer ta crinière que tu ne brosses pas.
C’est assez inédit pour toi, tu décides d’aller de toi même dans le royaume pâle et fade. Sans te tromper, sans but, juste pour te confronter à l’immaculé et t’y fondre. Pensant, si il n’eut jamais eu un temps où tu pouvais t’y confondre, ce serait bien ce jour-là.
Tu as marché sans voir que ta peinture tâchait de vert les plaines, les vallons et tout ce que tu a laissé derrière toi. Puis tu t’es retournée pour attraper une pierre que tu avais aperçue ; retrouvée confrontée à une étendue de vert ignoble et hurlant. Tu as mordu tes lèvres jusqu’au sang, voulant exploser sans détonation. Même les herbes semblaient haïr ton vert. Le vent te chantait ton ridicule, sifflant dans tes oreilles la risée de ta teinture. Incapable de limiter ton écoulement, incapable de choisir tes actions ; déterminée, acharnée, totalement incapable.
Alors que ton effroi t’avait immobilisée, comme attendant qu’on vienne te terroriser pour te sauver, une voix vint briser l’écho.
Je suis le petit pain d'épice, mais l'on appelle Gin et je voyage depuis halloween city depuis... un moment je dirais. A qui ai-je l'honneur ?
Oh et je vous serrerait volontiers la main, s'il m'en restait me voyez...
Il t’affronte avec deux pauvres moignons inodores comme indolores, une vaste blague. Un soubresaut de ridicule jusqu’au commissures de ses lèvres.
Je m’appelle Aubry. Que fais-tu là ? Pourquoi viens-tu me déranger, ne vois-tu pas que je suis débordée ?
Tu lèves les bras autour de toi, démontrant la vallée comme s’il s’agissait d’une énorme entreprise que tu étais en train d’entreprendre. Dérangée, pas vraiment, plutôt secouée par une autre présence venue interrompre ton mélodrame personnel.