les draps de nuit ; au matin froissés, à la base du lit comme des voiles sur le bord de tomber.
coudes sur un oreiller ; la courbe de son dos, la chute des reins. allongé sur le ventre, susan. on a le scintillement des yeux rivés au-dessus du lit. des mèches couleur hiver
par-dessus l’oreille ; on dirait qu’elle écoute. est-ce que jabberwocky dit quelque chose. susan, lèvres pensives et le corps pâle (marqué) offert au lever du soleil.

le temps présent ; il tourne. pas encore absent. hier avant de te voir on discutait du secret de l’horloge. ce n’est pas grave que susan a dit à son père ; il pourra lui révéler le mystère une autre fois. ce n’est pas grave ça leur donnera une occasion de se voir. et ça le faisait vivre, susan.

un mouvement. à sa gauche ou à sa droite,
la courbe de son dos la chute de ses reins, susan ; le scintillement de ses yeux se tourne vers toi. jabberwocky. retour au matin.

tu as dit

roule de l’épaule, son corps chute sur le matelas. cœur offert qui bat ; le calme du jour.

ma faute ; je pensais à autre chose.

une main dans les cheveux. dégager son visage sans étoile rouge ; c’est pour mieux t’apprécier jabberwocky.

tu m’en donnes la liberté.

m’évader. un scintillement – peut-être un peu distant, encore – qui te fixe. le contact des mains alors susan calcule quelques secondes. la douceur avec laquelle tes doigts contre ses cheveux, les siens qu’il dégage – ne veut pas bousculer l’air ; le geste muet. vers la joue de jabberwocky. la langueur, ce n’est pas de l’amour, apprécier cette peau tout aussi couleur neige que la sienne, susan. on aime ;

la chaleur du corps qui le rend vivant.
perd le scintillement des yeux sur les traits du visage. glisse les doigts vers son menton. tu n’as pas de lèvres jabberwocky ; les lèvres c’est pour les amoureux.

hier, tu es arrivé tard. très tard.

les doigts maintenant vers les roses. la gravure de ton dos. le scintillement des yeux qui se plisse un peu. c’est la nuit d’habitude qu’on t’attend.

tu es encore ici ce matin.

les mots brefs avant l’aurore, jabberwocky. susan n’a rien dit. ce n’est toujours pas de ses affaires, mais on a un pacte signé en silence. (non pas que le cœur se soit déjà déversé sur toi, parfois, un peu) alors

raconte, je t’écoute.

le ton formel, adouci par le réveil.

quand on se transformera en sable, susan on oubliera tout de sa vie d’avant. une existence, une chance. le cœur paisible, alors que jabberwocky

un ordre ; une envie
et le cou couleur hiver ; le sang le tacherait.

la vulnérabilité en dessous de ta souplesse ; chasseur – exécuteur, susan le corps offert, même pas peur jabberwocky. ses mains que tu guides, on les remonte un peu. ne bouge plus. la bouche formelle de rouge ; présent alors que la distance dans ses yeux se fait.

le scintillement, même, s’assombrit un peu ; hausse un sourcil. geste fin, imperceptible. oh, tu es si effrayant jabberwocky. il te croirait presque, ta peau si chaude – vivante – au-dessus du lit. provocation.  

provocation au contact de sa main, susan offre son visage comme sur un plateau d’argent. les lèvres sur un plateau d’argent et

le scintillement des yeux en feux froids. tu as, jabberwocky. quand il se recule,

bien essayé.

passe la langue sur sa lèvre inférieure. remonte encore ses mains le long de ton dos. bandersnatch, même avec sa rage, ses envies, n’a pas osé.

ça te fait sentir plus humain

c’est une question sans marqueur ; susan le sait, tu as déjà ta réponse n’est-ce pas.

je sais qui tu es.

de la main, l’index tracer d’un geste souple – finesse – une ligne sur ta peau remonter si vite vers ta main contre sa joue et sur sa gorge ; placer tes doigts.

à moi aussi ça pourrait arriver. je sens le sang, comme toi. comme eux. (le scintillement des yeux rivés sur jabberwocky) c’est le propre d’être en vie.

les cadavres et leurs chairs ; c’est la création de nouveaux mondes. les charognards et les vers, tout aussi vivants.

les êtres humains le sont ; cruels.

appuie, jabberwocky. susan s’offre davantage. et les doigts d’hiver sur ton poignet ne résistent pas. le scintillement des yeux dans les tiens, semblable aux magnitudes des jeunes étoiles ; brillant. non susan ne te craint pas. dans les veines, c’est étrange au contraire, comme on se sent bien. le sang de bandersnatch, ta violence ; il y a des monstres à wonderland bien pire. refuse de répondre susan, réfléchit, mais

tous les muscles – fraction de seconde – se raidissent. la main contre ton cou, tes épaules, une fraction de seconde céder quand le premier baiser jabberwocky les lèvres – susan doit goûter le sucre, non – au second protéger le cœur et susan le scintillement des yeux glacial devant ton sourire. main contre ton torse, souplesse du corps on te repousse ; se redresse. les yeux coulant sur toi, lèvres pincées. alors,

sans perdre une seconde ;
se rapprocher de toi, blessé piqué.

c’est peut-être parce que tu confonds la vie avec la mort. ça arrive souvent quand on est éternel. la mort te met en arrêt. c’est tout. tu as l’impression

mouvement souple, s’asseoir sur tes genoux. les yeux qui ne te quittent pas.

comme un reset. une autre enveloppe. les mêmes souvenirs. ça s’égare. (glisse les doigts contre ton cœur) tu t’égares. continuer sans trop savoir. attendre la fin, la vraie. du pareil au même.

à quoi je te sers, dis.
de l’autre main, tes lèvres, du bout des doigts les effleurer. scintillement des yeux évasif.

les lèvres, je te l’ai dit. c’est fait pour l’amour. et tu t’essaies toujours.

pourquoi. (sans amour on a dit) et on se vexe. mais on te garde.
à quoi je te sers, dis.
et tu le fais parler ; tu sais, susan déteste les longues explications.

comme toutes les autres vies que tu as eues. comme toutes les réincarnations. vous essayez beaucoup de choses. le rire. l’amour. la haine. la violence. vivre.

le scintillement des yeux un peu plus grand, mot murmuré contre ta peau. si près de toi.

vous essayez. nuance. peut-être que si la mort vous paraissait vraiment banale, peut-être te rendrais-tu compte, jabbercocky (parce que tu oses) que c’est tout ce que vous faites ;

v i v r e.

pour qui, pour quoi, le sais-tu. on ne supporte plus vos contradictions. existence en voile.

vous fermez les yeux un jour, vous vous réveillez et votre corps a changé. c’est tout. vous êtes ici. ça s’appelle la mort pour vous parce que nous sommes là. nous fermons les yeux un jour. et ils restent définitivement fermés. dead. inanimés. c’est comme ça que vous le voyez, que la mort existe. et vous avez décidé qu'il fallait se dire en vie contre elle. on dirait.

lèvres pincées à chercher tes yeux. à quoi je te sers, dis. le ton formel, blessé peut-être.

pour ce qui est de la peur, j'ignore pourquoi.

pourquoi devant le feu de ta rage, susan reste debout. ne te tournerait le dos pour rien au monde.

les lèvres pincées
et les sourcils froncés, menton qui se redresse,
le scintillement des yeux froid sur toi ; quelle moue on se force à faire.
puis la question au travers du regard, un peu
tranchante. de quoi as-tu besoin, donc.
les lèvres pincées plus fort ; te les refuser jabberwocky.

se laisse chuter dans le silence – ce n’est pas
une chute
quand tu l’entraînes – on a les mots
dans la gorge
un peu formellement récalcitrant.
loin d’être cruel,
jabberwocky, le scintillement des yeux plissés ose encore te dire
que tu es
juste fendant.

arrête de sourire.

trop à l’aise et ce n’est pas ton antre ; ta clé
sur le bout de la commode. et les miroirs de la chambre les corps reflétés, susan regard rivé sur toi, menton levé à la manière d’un prince, laisser sa peau
se coucher contre la tienne. nous aussi, là
d’un souffle on pourrait t’embrasser. plus doucement que tu ne sais le faire ;
te montrer ce qu’est l’amour et te faire taire pour toujours.

on ne fait rien. pose les coudes contre ton torse et le scintillement des yeux te surplombe jabberwocky, un haussement de sourcil ; formalité mesquine

pour quelles raisons je les rouvrirais, mes yeux

on les fermera quand ça nous chantera. à quoi je te sers, dis. et parfois
(le garder pour soi) parfois susan comme on pense
qu’enfin plus rien n’aurait d’importance.

mais il faut toujours que tu t’entêtes ;
TU me fais faire la tête
se redresse susan, piqué. bras tendus au-dessus de ta peau. insulté susan – vraiment – comment peux-tu parler de son cœur c’est le tien
pourquoi tu viens c’est bien pour parler de toi
ton corps ton cœur à toi
domine jabberwocky susan dressé sur le lit à t’entendre il veut
quitter les draps. reprendre son pantalon enfilé souplesse fine ; on ne le boutonne pas
car on se retourne avec tes mots en suspens, formel tranchant ; et alors quoi

s'il n'y a plus de regard pour toujours. vas-y. dis. pour voir.
le scintillement des yeux sous les mèches couleur hiver. perdu susan, vexé. ne comprend pas. se place devant le lit, milieu. croise les bras devant toi.

non. ce serait trop simple. si, parce que tu as les yeux ouverts, ça voudrait dire que te voilà vivant. tu peux bien voir les choses c’est inutile si tu oublies de respirer pour toi-même.

soupire susan. regarde par la fenêtre.

tu es un îlot, jabberwocky.
idiot

tu dis peut-être la vérité, puisqu’il y a des millier de façons d’être en vie. tu es peut-être pris dans une autre version que celle qui te convient.

démarche de nuit, silencieuse près de la commode. bras croisés ; c'est pour se protéger. encore. scintillement plus doux posé sur toi.

mais tuer te convient parfois. contradiction putride.
stupide.

comme on te dévisage, avec la démarche souple, mais l'équilibre du corps en choc contre le meuble, et la douleur le fait se retourner
percuté dans les côtes et le bois de la commode a vibré
au bord la clé chute
susan
stupeur
ne voit plus qu'elle
au sol.

c’est son nom que tu dis.
on ne sait plus. on l’a oublié
pour une seconde d’éternité.
égaré au sol sur la fonction déséquilibrée ; le métal qui sert à ouvrir les brèches entre vous établir des distances franchissables pour les mots pour les cœurs le métal aux dents mordantes pour écorcher les portes laisser une marque des clefs de soi des millier de sois une clé de ton existence au sol chute libre c’est sa faute est-ce qu’on te perdra par sa faute dans le métal la fonction de ton nom s’est un peu dissoute on se demande à présent pour cette clé qui es-tu

jab.

décroche susan. le scintillement des yeux se cherche dans le tien, avec les doigts – ton contact, reprend l’équilibre susan, reviens vers toi.

jab.

ton nom comme une prière
cligne des yeux, observe la clé.

j’ai cru

place ton identité en métal dans ta paume, ne lâche plus ta main des siennes. on s’est senti un peu cassé.

j’ai cru te voir disparaître. si elles se retrouvent par terre c’est qu’on les a égarées, nos clés. alors

d’une main vouloir toucher ta peau ; ailleurs, revoir la cartographie de ton corps, des doigts évasifs sur ton ventre si clair.

comment peut-on rentrer chez soi dans cette condition.

et solitude s’écorche à l’entrée du cœur, les doigts sur ton sternum, à l’antre de ton univers.

si elle est restée intacte, alors tu reviendras

fronce les sourcils susan, pourquoi demander.

ma faute. je t'ai fait perdre du temps.

refuse de te regarder ; on craindrait de voir le vide, l'illusion que tu étais ici. nous aussi, on ne veut pas que tu partes si loin.

respire, susan.

je veux que tu reviennes encore.

toujours, ça ne compte que pour aujourd’hui, pour hier.
susan, on se vexe. ça ne se fait pas d’énoncer ses désirs ; ce pouvoir est dédié aux reines. sous tes doigts, les siens frémissent. pour se dérober ou pour s’assurer que tu dis la vérité. et s’il fallait s’autoriser

s’il fallait cesser toute frontière ; susan,
on cèderait à l’envie
de faire sien ta peau,
ton corps, mais pas ton cœur.
(trop loin petit gardien séculaire
pour avoir droit à la sélection
des amours)

soutenir ton regard ; ton histoire
respire et à la manière des princes reformater la forme, tenir contenance et comme le voulait si bien sa mère, exalter à nouveau la délicatesse du blanc. faire un geste ; pour retirer ta main libérer son menton

pour te voir par lui-même.
(faire les choses par soi-même)

mais fronce les sourcils, susan le scintillement des yeux glisse derrière toi. pensif. terminer son geste sur ton poignet, les doigts couleur hiver le serrent un peu. caresse. on ne pourrait pas te faire mal, on n’en a pas la force.
t’aimer un peu trop.

la question que tu poses, ce n’est pas compliqué, la seconde, elle le fait douter. pourquoi maintenant jabberwocky. lèvres formelles, scintillement des yeux inquisiteurs et susan détourne un peu la tête. que feras-tu, que diras-tu alors. si les choses qu’on enlise doivent être déterrées déposées à tes pieds ; des bouts d’un peu d’insignifiance qu’on abandonne

aussitôt l’existence comprimée par elle.
te raconter ce qu’on ne se dit pas
à soi.

veut s’éloigner, prendre son bain loin de toi, susan
mais même pas une résistance contre ta présence.
se laisser pousser sur les draps déjà défaits, mains sur ton torse. les cheveux en fils de neige autour du visage. (ne pas regarder la clé)

guide-moi.

alors les éclats des yeux brillent davantage comme des étoiles nouvelles. avale ravale tout. vient prendre tes mains – regard rivé accroché dans le tien et ça brûle de feux froids – sur la peau de ses hanches, vient déposer ton contact.

avant ton arrivée,

fait glisser tes doigts jusqu’à la bordure de son pantalon.

ta clé se sent toujours bien seule. elle semble plus froide. et plus sombre. je la garde dans ma chambre ; ailleurs, je risque de l’égarer parce qu'elle est cruelle et aime bien me faire chercher.

d’une main venir caresser la joue de jabberwocky, sur un coude se redresser
croit venir chercher ses lèvres, mais à la dernière seconde, les yeux glissent ailleurs ; susan un baiser dans son cou.

et de la jambe venir écarter l’une des tiennes. te faire chuter un peu – plus près de lui. sourire qui s’étire, malice.

tout ce que je peux faire, c’est te guider vers nulle-part.

les yeux dans la distance, pince les lèvres susan. redresse la tête et tes mains un peu plus bas que ses hanches et ses mains viennent contourner ton ventre.

où t'attend la même personne pour écouter ton existence. c'est votre luxe que de pouvoir changer. dépendant des rencontres.

et susan, refuser le luxe de te dire
jabberwocky parfois on te trouve lent à revenir
et terriblement seul en t'attendant parmi la nuit froide.

formalité ironique. ris, jabberwocky.

pourquoi veux-tu savoir. après des siècles.

on ne dira pas ;
on aime savoir que
ça te fait quelque chose dans le cou les baisers
et toujours fuir tes lèvres par soi-même.
on a commencé à te connaître ; un peu.

et susan on adore.
au-dessus des lèvres en un trait formel
le scintillement des yeux, le sens-tu
amusé.

des contours de ton ventre les doigts comme sur la surface d’eau – on refuserait d’en perturber l’éclat par des gestes indélicats – se glissent dans ton dos. apprécier le tatouage sur ta peau. des caresses, jabberwocky t’allonger et briser la distance ; te rapprocher les nez se touchent.

et de la jambe la contorsion souple – presqu’un souffle – retirer le drap te mettre à nu
et la voix murmurer

oh, ça te va. comme tu es simple. tu apprécies les petites choses.

lève le menton et près de ton nez
les lèvres en un sourire malice

j’aime bien ce côté de toi.

puis river le scintillement des yeux dans les tiens, la bouche l’expression en feu froid. reprendre la distance du cœur. on s’est échappé sous la chute des fonctions avec cette clé cruelle, jabberwocky ton esprit comme ton instinct

beaucoup trop
vif.

scintillement des yeux à la manière des princes il faut garder contenance, susan.

ah bon.

il ne dit jamais. vraiment ?
le bout des doigts sur tes lèvres et sous ton corps, le sien plus près encore ; geste souple des hanches et de la jambe remonter ta cuisse.

tu m’agaces avec ton pointillisme. c’est peut-être parce qu’il faut savoir garder les plaisirs. pour avoir l’écoute disponible de partout.

on sait que c’est faux.
alors te donner un avertissement jabberwocky. te prévenir.
avec tes mains sur sa peau. et cet air si sérieux, susan on en fronce les sourcils. qu’est-ce qui t’arrive dis-moi.

je serai toujours là pour entendre les choses que tu veux bien me dire. tu as tes devoirs, tes fonctions. tes besoins. comprends-moi

et l’une de tes mains
comme un ordre la poser sur son cœur
que tu entendes les battements
et que tu saches ; c’est ce que tu veux jabberwocky,
savoir.

as-tu besoin de connaître ce dont tu te passais depuis notre première rencontre. ce dont tu te passes une fois qu’il y a seulement toi. et moi.

lève un sourcil, susan
presque malice.
et on t’empêche de partir
contre ton bassin au-dessus de lui
serrer les jambes.

as-tu besoin de savoir que parfois je suis, certes, (claqué un peu à contrecœur) dans un état latent, car le champion de sa reine a, cette fois, contourné le lieu où je me trouve. et donc, je me dois de tuer le temps

pardon, père.
le scintillement des yeux ; orgueil et réticence, mais puisque tu as demandé

en t’attendant. as-tu besoin de savoir que (et on appuie sur ce qu’on dira) bien malgré moi, il y a peut-être une partie de ce que je suis qui a besoin de toi. (silence) après tout ce temps.

le scintillement des yeux se plisse, te défie jabberwocky. et on voudrait s’évader encore. on regrettera l’honnêteté
(elle empêche toute contradiction)
on le sait, susan.

incline la tête sur l’oreiller. et les nez à nouveau se touchent. le murmure, sur un plateau d’argent qui refuse pourtant de t’offrir sa tête.

si tu connais la réponse, tu sais quoi faire. ce que je veux.

glisse les doigts le long de ton cou, s’arrête avant d’atteindre ta nuque.

maintenant.