ça avait commencé après quelques vols à crims. rien de plus banal ? peut-être. mais rapidement la liste de vols s'était alourdie et avec elle, la prime pour quiconque arrêterait le ou les individus derrière les crimes. évidemment, cherry avait toujours eu du mal à résister à l'appât du gain. ça avait commencé après quelques balbutiements dans son enquête. elle était arrivée chez l'une des victimes et avait grimacé au luxe apparent toujours présent dans la demeure. la justice pardonnerait-elle vraiment un tel étalage de ses fastes ? loin de vouloir dire qu'il l'avait cherché, le décor la poussa à réfléchir à ce qu'elle ferait une fois qu'elle aurait reçu la prime. certainement pas ça.

scènes après scènes, elle s'était amusée à utiliser son don un petit peu partout jusqu'à se dresser une idée claire du profil de sa cible. brun, avec une bonne tête et elle sourit. c'était bien du cherry tout craché que ses préférences se portent inéluctablement sur quelques criminels. songeuse, elle repassait ses visions en vues en surveillant les recoins et en abordant de potentiels témoins. elle aurait probablement pu trouver des dizaines de personnes pouvant piocher dans la psychologie pour trouver une explication à son attirance pour les vilains en herbe mais elle n'en avait ni le temps ni l'envie. pourquoi irait-elle volontairement passer des heures à parler à quelqu'un qui la ferait se sentir attaquée tout du long ?

et pourtant cette impression initiale du voleur lui donna une idée. si elle devait impliquer tant de temps dans cette affaire, autant mêler l'utile à l'agréable. il ne pouvait pas être de crims, parce qu'il n'y avait aucune chance qu'il vive aussi longtemps sans qu'elle ne l'ait remarqué dans le coin. elle avait passé des soirées à écumer les bars de la capitale et lorsqu'elle dû admettre qu'elle en revenait toujours bredouille, elle passa à ceux de neverland. une fois, deux fois, alors, elle cru l'apercevoir. cherry savait exactement ce qu'elle avait à faire. profiter de ses soirées, devenir une habituée, se fondre dans le décor pour attirer le moins d'attention possible.

le décor était posé.

les lèvres peintes en rouge, le corps gainé de satin noir, elle s'approcha un soir en souriant, après quelques verres dans le sang. la main glissa naturellement dans la chevelure de sa cible et elle sourit en repoussant un peu les cheveux en arrière. c'était mieux si elle n'avait pas l'air complètement sobre. c'était mieux si elle s'exprimait comme elle en avait le mieux l'habitude. elle serait flirty, elle serait charmeuse, aguicheuse, elle serait marrante, elle serait intelligente, elle serait parfaite, elle serait tout ce qu'elle pensait que l'on attendrait d'elle.

elle se pencha vers lui pour lui chuchoter à l'oreille.

ça fait quelques soirs que je te vois et je t'avoue que j'ai une confession à faire... t'es vraiment mon type. haha, c'est con si je le dis comme ça non ?

et elle retourna pour s'accouder au comptoir derrière elle, les lèvres tordues en un large sourire.

oh pourvu qu'il morde à l'hameçon.

au fil des années on apprend petit à petit à retenir par coeur ce qu'il faut dire. cherry a un joli minois et ce qu'il faudrait en confiance pour pour combler tout ce dont il serait possible de manquer. on apprend rapidement qu'être jolie, ça se fait beaucoup par l'assurance. heureusement pour elle, la détective est bien loin d'en manquer. elle se retient d'éclater en éloges personnelles lorsque sa cible mord. dans son état actuel, grisée par le succès de sa première approche, l'ambiance de fête, la musique et l'alcool, elle laisse l'instinct parler avant tout.

les yeux s'illuminent alors que l'expression de son visage se brise en éclats de rire. elle le laisse attraper son menton sans broncher et alors que sa main droite attrape le verre, la seconde vient se poser sur le bras avec lequel il la touche. cherry laisse ses doigts remonter lentement jusqu'au poignet et profite de la soudaine proximité pour s'approcher encore un peu plus, toujours un peu plus, s'arrêtant lorsqu'il ne reste plus que quelques millimètres entre leurs lèvres. elle hausse rapidement des sourcils, visiblement amusée. les doigts se glissent sur ceux qui la tiennent et elle se met à murmurer contre ses lèvres.

qu'est-ce que tu vas faire si t'as raison ?

sa main se saisit de celle du jeune homme et sans la lâcher pour autant, elle l'écarte un peu histoire d'avoir la liberté de se retourner vers le comptoir pour s'y presser et boire quelques gorgées du verre que l'on vient de lui offrir. le goût de l'alcool réchauffe quelque peu sa gorge et elle se retourne à nouveau vers son interlocuteur en tenant le verre à la main, le remuant légèrement pour le désigner en esquissant une mine faussement songeuse.

ceci dit, t'es pas sûr d'échanger les rôles ? je suis déjà pas très sobre... et tu m'offres un verre de plus...

l'autre main toujours occupée à jouer avec celle du brun, chatouillant la paume du bout des ongles, cherry repose le verre à moitié vide pour tirer à elle son interlocuteur et commence à dodeliner de la tête au rythme de la musique. elle recule légèrement pour l'entraîner un peu plus loin du comptoir et lève le bras en l'air pour se faire tourner au bout de son bras. le lâchant à peine pour danser quelques instants, la rouquine revient rapidement se coller contre lui et lui attraper le menton pour faire écho à ses actions précédentes. elle lui souffle un peu dans le cou et s'approche de son oreille pour chuchoter.

on devrait commencer par danser, j'ai pas encore de chambre ici.

son corps se mit à suivre le rythme de la musique en se calquant instinctivement sur celui de son partenaire. l'angle dans lequel elle est orientée, pendue par les bras à son cou comme une vulgaire groupie, elle a toute la liberté dont elle a besoin pour sonder son regard. elle ferme les yeux et niche son visage contre le joli brun, laisse les mains s'aventurer sur son col pour essayer de récupérer sur le vêtement quelques souvenirs pouvant l'orienter sur l'emplacement de son butin mais elle n'entrevoit pas grand-chose d'utile. le tissu semble surtout déterminé à lui faire entrevoir toutes les fois où son partenaire du soir l'a enfilé. les visions, sans être forcément déplaisantes, en restent au demeurant inutiles.

la remarque sur le choix potentiel de la chambre la fait sourire et elle se décolle légèrement de lui sans ôter les mains de sa nuque pour le regarder à nouveau, fixer les lèvres alors qu'elles remuent. elle se laisse aller à pencher un peu en arrière, s'abandonne au creux de ses mains. cherry, aux allures de joyau, se laisser aller à quelques éclats d'un rire cristallin. évidemment qu'il serait plus judicieux d'aller dans sa chambre. même si elle devait en venir à oublier l'idée de trouver tout le butin ce soir - elle n'y pensait pas, de toute façon, elle devait admettre qu'elle se satisfaisait très bien de ne pas avoir à payer une chambre de sa poche. la soirée se déroulait pleinement à son avantage et elle n'avait aucune intention d'y changer quoi que ce soit.

verre offert, lit offert, une bonne soirée de travail et assez de divertissement dans la tâche pour dissiper même l'ennui qui parfois teintait ses jours dans ce monde pourtant si merveilleux.

que demander de plus ?

de toute façon, j'suis pas sûre qu'on se concentre bien longtemps sur la décoration de la chambre si ? qu'on aille dans la tienne si ça te chante... on inversera la prochaine fois.

proposition sans équivoque, cherry effleure la nuque de son interlocuteur du bout des ongles et elle se hisse légèrement sur la pointe des pieds pour coller son front contre le sien. une petite lueur de défi brille dans les yeux. dans cette étreinte de soudaine proximité elle aimerait le voir se défiler, peut-être, renchérir, encore plus, guetter les réactions que ses actions pourraient provoquer. le jeu se mêle avec la vérité alors que la détective se rend compte qu'elle s'amuse plus que prévu à flirter et danser. lentement elle commence à se demander où elle veut s'arrêter et parvient à la conclusion qu'elle continuera autant qu'elle le voudra sans trop se poser de questions.

alors dis-moi... tu penses pouvoir danser encore un peu ou tu veux monter avant de perdre tes forces ?

éternel sourire narquois.

feignant une mine surprise que l'on réponde à ses provocations, cherry ne peut s'empêcher d'éclater de rire lorsque l'on saisit sa main pour l'entraîner vers les chambres. c'était presque trop facile. elle doit admettre se laisser surprendre pour de vrai lorsqu'il vient la plaquer contre le mur, prend doucement son visage entre ses mains lorsqu'il l'embrasse et vient saisir les siennes dès qu'il arrête. les yeux qui pétille d'amusement, c'est trop tentant de retenir le ton moqueur dans la voix lorsqu'elle le regarde.

t'embrasses souvent les filles avant de leur donner ton prénom ?

la main se glisse autour du poignet de monsieur le gentleman cambrioleur et sans elle le tire avec elle pour monter les escaliers. arrivée en haut, à son tour, elle le plaque contre le mur, juste à côté de l'encadrement de la porte. la détective revient se coller contre sa cible pour lui mordiller un instant la lèvre inférieure. pendant ce temps les mains, non contentes de vouloir s'occuper, se séparent. elle laisse les doigts de sa main droite lui chatouiller le ventre et remonter le long du torse tandis que la seconde glisse s'entremêler à celle du brun jusqu'à toucher le métal froid du trousseau.

évidemment, elle ne peut pas s'empêcher de laisser sa curiosité glisser - n'est-ce pas là la marque d'une bonne détective ? quelques instants à utiliser son pouvoir sur l'objet lui suffisent. les clés sont formelles et cherry le sait désormais, les mains les ayant aidées à ouvrir la porte se sont rarement retrouvées vides. le jackpot oui, ça l'était, de plus qu'une façon. elle les insère dans la serrure et appuie sur la poignée pour pousser le battant de bois. à ce moment-là seulement elle décide de reculer d'un pas et elle s'infiltre dans la chambre comme si celle-ci lui appartenait.

elle laisse ses yeux inquisiteurs se balader sur le mobilier quelques instants avant de retourner sa tête vers le jeune homme sans tourner son corps. à la place, elle incline légèrement la tête en avant et relève ses cheveux d'une main pour dévoiler les tatouages que l'on aperçoit sur son dos, l'arrière de la robe et sa fermeture éclair argentée. cherry lui adresse un petit clin d'oeil provocateur avant de retourner la tête pour continuer d'inspecter la chambre.

j'pense que je dirai pas non à un peu d'aide, si ça te tente.

les muscles se tendirent légèrement sous le contact inconnu et elle ne put s'empêcher de suivre mentalement la course des doigts contre sa peau. incapable de se retenir de frissonner lorsque les lèvres s'écrasent dans son cou, cherry laisse échapper un petit éclat de rire. il la retourne vers lui et elle perce le regard d'une lueur de défi lorsque les paumes se pressent contre sa chair. les mains ne perdent pas de temps à le retenir et à la place, elle jette mollement les clés sur le canapé. puis, lorsqu'elles viennent se saisir des poignets de son suspect numéro un, c'est pour le tirer avec elle avant de le pousser fermement sur le lit.

elle a le menton légèrement relevé, un sourire mesquin sur le visage et ses doigts viennent orienter le visage du brun dans sa direction. ils n'y restent que quelques secondes cependant, avant de glisser le long du cou pour se mettre à tirer sur le tissu comme pour exprimer leur impatience. lentement ils descendent jusqu'en bas du torse pour se glisser sous le vêtement et la détective ne peut pas s'empêcher de sourire de plus belle lorsqu'elle vient s'asseoir à califourchon contre les cuisses de sa cible du jour. elle aurait, songea-t-elle, toute la liberté d'explorer la pièce une fois qu'elle l'aurait épuisé. alors, elle intercala le bas du haut entre ses majeurs et ses index pour se faire impérieuse.

allez, enlève-moi ça.




lorsqu'elle reprend enfin de la distance, elle se laisse retomber en arrière et lâche un petit soupir de contentement lorsque son dos entre en contact avec le matelas. tirant le drap contre son corps, cherry prend quelques secondes pour respirer avant de venir s'accouder sur le lit pour se tourner vers meliodas. au moins, songea-t-elle, si elle ne parvenait à rien trouver de concluant à ramener ce soir, elle n'aurait quand même pas gâché sa soirée. elle vient jouer avec les cheveux bruns de ce dernier, les repousse en arrière pour mieux l'observer.

en fait je pense que ça me réussit, d'aborder les gens.

ses yeux continuent de se perdre quelques secondes sur les traits du visage de son interlocuteur afin qu'enfin elle décide de s'en détacher. elle s'installa correctement sur le dos pour fixer le plafond et cala ses bras derrière sa tête en sifflotant. maintenant, il ne lui resterait plus qu'à attendre qu'il finisse par s'endormir pour pouvoir se balader librement dans la pièce et toucher un peu tout ce qu'elle voulait. elle avait besoin d'une excuse, donc...

ça m'a épuisé tout ça. tu comptes pas me mettre à la porte, hm ? tu devrais plutôt me passer un truc à enfiler pour dormir...