Le pas stable à travers les allées, des regards qui glissent et les murmures dessinent tout autour une cacophonie à laquelle il ne prête pas (plus) attention. C'est qu'il a l'habitude d'entendre les pions pleurer, Jabberwocky, c'est qu'il a l'habitude de les écouter-
Monstre !
Attention écarte toi oh !

Tu ne vois pas qu'il veut passer ?
Et les ombres alors s'écartent, à son passage se taisent pour reprendre aussitôt -les visages se tordent de peur face à la noirceur du regard, et pourtant l'homme dragon se fait plein de prestance aujourd'hui. C'est qu'il doit voir sa Reine, l'écouter, lui obéir. Qu'y-a-t-il de plus à faire ? Il ne sait pas (ne veut pas savoir). Au virage prend à gauche pour s'arrêter face à ces enfants (s'ils n'en ont pas l'apparence ils en ont l'âge, face à ces siècles de vie) aux regards pétillants pas encore baissés.

Ils observent la bête droit dans les yeux, bloquent le passage et se demandent, se demandent oh si fort qu'il les entend si cet homme est réellement effrayant.
Ils le défient.
S'approchent.
Les pas sont puissants mais il ne tremble pas, le Jabberwocky.

— C'est une mauvaise idée.

La pire qui soit.
D'oser le chercher.
Ils n'arrêtent pas -ne connaissent pas.
La peur.

Le sang.
C'est évident.

C'est pour ça qu'il n'aime pas les Hommes
(n'aime personne)
Ils sont imprudents.
Idiots.

Ils bousculent les habitudes, ces trois-là. Font naître dans le vert de ses yeux le rouge de la haine, poussent, poussent, poussent. Une fois. (lui serre le poing) Deux fois. (la mâchoire qui se crispe)

Arrêtez ça.
Vous allez mourir, vous savez ?

Trois fois.
Le masque tombe.
Et le visage entièrement dévoilé laisse place à la colère la plus profonde. Un rugissement qui s'échappe (est-ce bien ça que l'on entend ?), il repousse avec violence ces doigts trop proches de lui, brise les os du premier bras qu'il attrape et se délecte des cris quand il sent son corps se tordre de douleur -se transformer.

Les os qui craquent et puis
Plus rien.
Soudain le vide, même la torture s'est enfuie.
Il reste là.

Abasourdi.

Un cri qui s'élève et ils tournent tous la tête vers toi qui sort de ta cachette -et le monstre ne sourit pas, ne bouge même plus (à croire qu'il est mort, on aimerait).

Tes excuses sont vacillantes jeune enfant.
Tes mensonges sont flagrants.
Qui es-tu ?

— C'est toi qui a fait ça.

Les gardes (ces idiots !) déjà oubliés, c'est à toi qu'il offre toute son attention désormais. Ce n'est pas une question -une affirmation. C'est toi la responsable. Pourquoi ? Il ne comprend pas, ne s'en satisfait pas. Alors le menton se lève et
Un pas après l'autre
Il avance
Vers toi.

Il est effrayant aujourd'hui
Déchaîné.

— La salle du trône n'est pas dans cette direction.
Sa Majesté s'y trouve pourtant, il le sait.

— Les cuisines non plus.
Elles sont à l'opposé.

Les pas qui se stoppent à quelques centimètres à peine de ta frêle silhouette, il te surplombe Jabberwocky -prédateur prêt à te dévorer.

— Explique-toi.

Tu n'auras qu'une chance.

Ce qu'il allait leur faire ?
Les brûler.
Tous jusqu'au dernier, il l'a juré.
Et toi
Toi
Tu l'en as empêché.

Ce n'est pas qu'il te déteste, ni qu'il déteste ça mais.. Le Jabberwocky déteste les surprises car elles ne sont jamais bonnes (jamais pour lui en tout cas).

— Peu importe, n'interviens pas.

Les iris brûlants de colère et sa main qui tire empoigne brusquement ta chevelure pour te rapprocher de lui.
Un murmure à l'oreille
Une menace.

— La prochaine fois je te tue.

C'est que le Jabberwocky n'a pas besoin d'être dragon pour offrir le sang.
Soudain les sourcils se froncent et le regard gronde de plus belle avant qu'il ne te pousses violemment.
Il a besoin d'espace pour se retourner
Esquiver l'attaque
Ignorer les cris -les tiens
(les siens surtout)

Le soldat ne ménage pas ses forces alors lui ne le fera pas non plus.
Il se demande, lorsqu'il esquive encore avant de contre-attaquer, comment Juliette réagira.
Il ne devrait peut-être pas le tuer, pourtant
Ah-
Trop tard, il s'est emballé.

La rage dans les yeux et la lame droit dans le coeur.
Pourquoi diable les humains ne savent-ils jamais esquiver.
C'est qu'il ne se sent même pas un peu mieux
C'était..
Beaucoup trop rapide.

Alors la bête assoiffée lâche la lame pour laisser le corps s'effondrer avant de se tourner dans ta direction.
Du sang sur les mains
Du sang sur le visage
Du sang partout jusqu'à l'âme
Ne sais-tu toujours pas qui il est ?

— Voilà ce que je comptais leur faire, tu vois.

Même pas besoin de pouvoir pour ça.

— Vous les humains, vous êtes faibles.

Trop.
Toi aussi.

Vous aussi.
Le visage qui se crispe.
Elle monte, elle monte si vite la colère.
Vous aussi, c'est ce que tu as dis.

H u m a i n

— Je ne suis pas humain.

Tu te trompes.
Il ne peut pas l'être, pas vrai ?
Ce n'est pas pour ça qu'il a été crée -l'humanité.
(l'amour)
S u s a n.

Ce n'est pas pour ça.

Le Jabberwocky n'est pas humain il est-
Un caprice.
Le caprice de deux enfants en quête d'amusement (u n d r a g o n).
Un m o n s t r e, tu sais ?

— Les humains ont un coeur. Tu l'as vu.

Lui n'en a pas, inconnu, jamais eu.
Lui les transperce, les coeurs.
Il les brise et les broie -les ombres de celui qu'il se fut construit il y a des siècles de ça aussi, il le brise.

Alors s'il laisse ta première interrogation sans réponse -permet à l'évidence de se frayer une place dans tes pensées (la réponse est toute trouvée, pas vrai ?), il se permet un sourire à la seconde.
Terrifiant, Jabberwocky.

— Je suis au service de Sa Majesté, je n'ai rien à protéger.

Rien d'autre qu'elle, pense t-il.
( c r o i t - i l )
C'est pour ça qu'il n'hésite jamais.

— Tu ne t'es toujours pas expliquée.

Il n'a pas oublié.
Qu'as-tu fais ?
Que faisais-tu.

— Ton pouvoir ?

Il n'a jamais entendu parler d'une quelconque magie de ce type, ici. Que les habitants de Wonderland soient capable de contrôler les éléments ou autres bizarreries c'est une habitude mais une annulation complète ? Étonnant. Jabberwocky reste dubitatif un instant, le regard toujours méfiant posé sur toi -c'est la suite de tes paroles qui le fait sortir de ses réflexions.

— Je ne te tuerai pas.

Le ton toujours aussi grave et désagréable.
Ce n'est pas qu'il ne veut pas, tu sais.
Mais tu es devenue bien trop précieuse tout à coup pour qu'il t'achève sans autorisation. Juliette ne le pardonnerait pas.

— Qui es-tu ? Ici. Qu'est-ce que tu fais ?

Ton identité, ton rôle, donne lui tout, Andy.
Qu'il puisse te chercher si tu fuis.
Te retrouver et te détruire lorsque l'occasion se présentera.
Ça arrivera forcément, tu sais.
Juliette et ses caprices -lui et ses colères.

Il te déteste déjà.
S'approche de ton visage, plus menaçant que jamais pour s'arrêter à quelques centimètres de ta peau seulement. (sent ton souffle sur son visage)

— Ne refais plus jamais ça.

Murmuré assez bas et pourtant si proches que vous êtes il sait que tu l'as entendu.
La bête se recule alors, attrape ton poignet -parce qu'il n'a pas oublié, Andy.
Le but de sa visite et.
Toi.

Qu'est-ce que tu faisais.

Il t'embarque sans sommation, te tire à sa suite tandis qu'il vous dirige vers la salle du trône.

— Sa Majesté n'aime pas attendre.

Et lui est déjà arrivé au bout de sa patience alors.
Advienne que pourra.

Jabberwocky droit les yeux dans ceux de sa Reine, il ne tremble pas (jamais) quand elle semble gronder silencieusement. Il sait qu'il est en retard mais ne s'en excusera pas -continuera comme elle à jouer des politesses pour tromper les petites gens.
Rapidement elle le délaisse pour poser son regard sur toi, Andy.
Andy si jolie Andy si mal à l'aise si..
Détestable à venir troubler la paix de sa chère Juliette.

— Andy, Votre Majesté.
— Elle est la raison de mon retard, ma Reine.

Un léger signe de tête respectueux qu'il lui adresse avant un regard plus long de sous-entendu. Est-ce que tu connais cette fille, Juliette ? N'a pas le temps d'ajouter quoique ce soit que déjà tu tentes de t'extirper -t'enfuir!
Tu as raison.
Pour ton bien il le faudrait, pas vrai ?

Mais tu sais, Andy.
Jabberwocky n'œuvrera jamais pour toi.

— Tu restes ici.

Sans quitter Juliette des yeux, la voix autoritaire c'est à toi qu'il l'adresse -implacable Jabberwocky. À retardement, après un silence, son visage se tourne alors pour poser sur toi un regard meurtrier.
Le plus effrayant sans doute que tu n'ais jamais vu.

Une chance.
Tu as une seule chance de rester en vie, Andy.
Saisi là.

Puis il se détourne de nouveau pour s'adresser à sa Reine cette fois, bien moins sauvage qu'il ne l'eut été avec toi jusqu'ici.

— C'est une servante, une Alice, une hérésie. Elle est capable d'annuler les pouvoirs.

J'ai pensé que ça pouvait t'être utile -regard entendu.

Juliette si douce et lui s'en retrouve
T o t a l e m e n t
Désabusé.

Ce n'est pas qu'il n'en a pas l'habitude, de ces sourires mielleux et de cette fausseté si grande lorsqu'elle t'approche Andy, c'est simplement qu'il ne s'y habituera jamais. (ne le veut pas)
Ça le dégoûte.

Jabberwocky alors ne bouge pas, observe sa tendre Reine agir (mentir).
Il ne peut que rouler des yeux sans grande discrétion -ne se cache d'aucune d'entre vous puisque Juliette tournée vers toi ne le voit pas de toute façon- le regard tantôt détourné, tantôt fixé sur vous deux.

Sombre, le regard.
Inquiétant, tellement que tu pourrais presque l'entendre gronder dans ton imagination.
Ce n'est pas grave, il s'en fiche bien.
Pense ce que tu veux, fais ce que tu veux -mais n'espère rien n'espère plus.

Tu es condamnée, Andy.

Et lui n'a plus rien à faire qu'attendre désormais, les ordres de sa chère Juliette.

— Je resterai autant de temps qu'il vous plaira, ma Reine.

Il ne comptait pas s'en aller.
Préfèrerait néanmoins n'avoir pas à observer ces élans dégoulinants d'amour mensonger.