Il y a bien des jours où tout peut arriver, même le plus improbable. Un des plus hauts faits de Wonderland que la surprise et l’imprévu, tout ce que tu ne supporte pas, tout simplement parce automatiquement cela résulte d’une action hors de ton contrôle, que tu ne peux ni maitriser, ni appréhender. Et c’était un de ces matins agréable où elle pensait sincèrement que tout se déroulerait parfaitement à l’égal des rouages minutieux d’une horloge. D’autant qu’aujourd’hui, c’était une de ces journées, que tu aimais à réserver à la fabrication de poudre, tu n’avais invité personne, et tu doutais que Crowe passerait, même si sa visite n’aurait pas été de refus.

Claquement bruyant de la porte, qui te fait presque sursauter, manquant de te faire briser la fiole qui tourne entre tes doigts, regard dardant vers la source du bruit, alors que telle vipère tu te redresse, pour mieux appréhender qui ose ainsi troubler le calme agréable qui envahit ton atelier. Fureur empreinte dans tes geste, agacement dans le regard, le tout savamment contenu dans une sensualité indécente.

C’est là que tu tombes sur elle.

Bouche bée, fureur toute envolée, alors que tes yeux croisent cette silhouette taillée, muscles saillants, peau tannée, peau qui te semble si douce rien qu’à l’œil nu, ton regard dérive sur les courbes avant de se reprendre avec violence, te laissant dégluttir et esquisser un sourire.

« Velvet, quelle joie de te voir ici. Puis-je t’offrir un thé ? »

Tu caches derrière ton dos tes mains sales et un peu tremblante, tâchant de te reprendre et vite, ce lièvre ayant toujours cette fâcheuse et terrible manie de te mettre dans tous tes états sans que tu ne puisses même en comprendre la raison, où que tu puisse le contrôler, et ça te rends folle, te remplit de rage, de fureur autant que d’un extrême sentiment de quiétude qu’à la savoir là. Chez toi.

Tu te racles doucement la gorge, attrape rapidement une théière et deux tasses, le plus précieux set de ta collection, orné de fleur peinte à la main sur la porcelaine délicate, que tu déposes sur un joli plateau en bois. Un set réservé seulement pour Velvet. Tâchant de te reprendre, vite. De ne plus te laisser aller aux tribulations mentales qui t’assaillent sans répit et qui semblent vouloir lentement te faire plonger, te noyer.

« Oh mais qu’elle indélicate, Installe-toi dans un des fauteuils, que me vaut le plaisir de ta visite ? Que puis-je faire pour toi ? »

Doucement le thé vient à être versé dans les tasses, alors que tu cherches toujours à contenir les tremblements qui te parcourt, que tu chasse l’idée macabres qui a eu la mauvaise idée de te traverser.


Terrible pensée que tu étouffe dans un sourire qui se veut doux, du moins aussi doux qu’il t’es capable de l’être. Alors que du bout des doigts tu déposes la tasse entre les mains de Velvet, ton pouls s’accélère telle une pulsion incontrôlable, alors que l’idée de tenir tel oiseau rare Le lièvre dans une cage dorée pour l’éternité, sonne telle musique à tes oreilles. Mais une fois encore avec brutalité tu chasses l’idée, te demandant la raison réelle de sa visite impromptue.

Peut-être avait-elle simplement envie de te voir ?

Tu pourrais rire de toi, pour avoir laissé cette idée traverser ton esprit décousu et écorché. Qu’aurait le Lièvre de Mars à faire de toi, simple Alice, Araignée étrange et empoisonnée, qui a par de la poudre ne peut tout simplement rien lui apporter.