angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


C’est qu’il est tôt.
Mais pas de repos pour les braves.
Encore moins pour les catins.

De toute façon, Narcisse n’est jamais fatiguée.
Jamais lassée de cette vie.
En a-t-elle seulement le droit ?
Alors elle se pare comme tout les jours.
Trop légèrement.

Parce qu’elle a oublié comment s’habiller « normalement ».
Et pourtant, elle cherche toujours le juste milieu.
Pas question que cela soit trop.
Ou justement, pas assez.
Dentelle et satin noir.

Talons aux pieds.
Elle tangue avec les étoiles.
C’est là qu’elle t’a vu Narcisse.
Toi, assit dans le petit salon.
Dénotant avec le tableau qu’offre cette pièce.

Sourire bien trop doux faisant front à l’air narquois du tiens, Alastor.
Et un léger rire, sincère, lui échappe.
Une pause ?
Doucement, sur la pointe des pieds elle s’avance.
Pas maquillée, à peine coiffée.
Il paraît que c’est ainsi qu’on la préfère à Narcisse.
Sans trop d’artifices.

▬ Vous poseriez la question aux fauteuils ? Savoir s’ils n’en ont pas plus qu’assez de supporter des culs toute la journée ?

Bien sûr que non.
Et il en va de même pour elle.
Narcisse n’ignore pas qui tu es Alastor.
Elle sait que c’est toi le chef des Dark Shadows.
A ta simple façon d’exister, elle le sait.
Et parce qu’elle est ici depuis bien trop longtemps.
Ici, à cause de toi… n’est-ce pas ?
Du bout des ongles, elle caresse le velours rouge.

▬ Vous désiriez quelques choses ?

Autre que voir Benvolio, parce que ça elle le sait.
Elle le sait depuis que vos regards se sont croisés.
Là, Narcisse veut connaître le plus grand.
Le plus profond de tout tes désirs Alastor Haunting.

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Elle a l’habitude des regards.
Insidieux et qui déshabillent.
Narcisse approche quand tu lui fais signe.
Ne s’installe pas et ris vis à vis des fauteuils.
Et tu parles de considération, Alastor.
Risette qui se fait plus mélancolique.
Parce qu’elle a oublié.
Oublié ce que c’est de se considérer.
De s’aimer et de se respecter soit-même.
Cependant, elle fait mine de réfléchir.
Un instant, avant de répondre :

▬ Il m’est compliqué de donner un avis constructif sur moi-même, mais au vu de l’attrait des clients, je peux sûrement dire que je le suis plus que ces fauteuils.

Fauteuils sur lesquels tu n’as jamais passé suffisamment de temps pour émettre un avis constructif dessus.
Et tes prunelles sont sombres.
Sourire qui s’est éclipsé, alors que tu l’invites, non pardon, lui ordonne de venir s’installer près de toi.
Narcisse se déplace.
Grâce dans les jambes.
Délicatesse à l’assise.
Elle n’a pas peur.
Si bien qu’elle demande.
Ose poser la question.

Ça s’agite soudainement.
Ribambelle de désirs enfouis.
Nombreux et… rien.
Il n’y a rien de particulier, rien qui ressort du lot.
Et cela, c’est des plus étranges.
C’est la première fois.
Si bien qu’elle ne bouge même pas Narcisse, quand tu enfonces tes ongles dans sa cuisse.
Regard perdu dans le tien, à chercher des réponses qui sembles pourtant ne pas exister.

Surprenez-moi.
Ce n’est qu’à ce moment là qu’elle remarqua ton sourire.
Qu’elle pris conscience de ton contact.
De cette électricité entre vous.
Et parmi tout les désirs qui occupaient ton crâne, elle choisi celui-ci, Narcisse.
Celui qu’elle avait tant l’habitude de combler.
Tout les jours, tout les soirs.
Passer du temps avec elle.

Main qui glisse sur la tienne.
Doigts qui se mélangent, alors que les prunelles restent bien fixées sur les siennes.
Étrange sensation à nouveau.
Un haut-le-cœur ?
Ignorant, elle se redresse malgré tout.
Risette énigmatique.
Mouvement de la tête qui t’invite.
Talons qui se tournent légèrement.

▬ Vous venez ?

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Enrober de sucre le diable.
L’idée est plaisante.
Elle fait briller une étincelle dans son regard.
Et oh que non, Alastor, tu ne sait pas ce qu’elle est.
Narcisse n’est pas une simple pute.
Elle est le reflet de tout ce que tu désires.
Parce que justement, elle ne se considère pas.
Elle ne se définit pas comme précieuse.
Juste peut-être un peu plus confortable qu’un vieux fauteuil usé au velours rouge, qui a emprisonné l’odeur du tabac froid.
Parce que Narcisse est objet elle aussi.
Au même titre.
Objets de désirs.
Reflet des vérités.

Regarde bien sa courbe.
Oui, celle que tu caresses de ta main.
Elle ne te rappelle rien ?
Tu ne le sens pas dans tes mains ?
Une impression de déjà-vu ?
Comme si sa peau douce tu l’avais déjà touché de tes doigts, alors que c’est la première fois vous vous voyez, non ?
Vois comment se mouve son corps.
Comment les expressions glissent sur ses traits.
Captes l’innocence dans sa voix.
La forme de ses yeux.
Quand elle te regarde assise sur le lit.
Le sourire mutin qu’elle a en coin.

Narcisse elle ne perçoit pas l’insulte.
Elle la survole sans l’atteindre.
Et qu’est-ce qu’elle en sait ?
Alors, elle hausse des épaules.
C’est la seule réponse que tu auras, Alastor.
Parce qu’elle s’en fiche.
Elle ne fait pas la course avec les autres.
Se laissant tomber comme une poupée.
Regard dans le tiens, qui soutiens.
Narcisse elle ne tremble pas.
Et pourtant, son souffle s’accélère.
Le cœur qui bat plus fort.
Ce n’est pas la peur, mais cela y ressemble.
Elle ne sait pas mettre le nom dessus…

Pantin entre tes doigts.
Narcisse elle a l’habitude.
Ce n’est pas là que réside le problème.
Non… le soucis c’est tes doigts, Alastor.
Quand ils la touche, ça lui donne envie de vomir.
De courir aussi.
Et tes lèvres sur sa peau.
Frisson, gémissement.
C’est loin d’être du plaisir.
Pourquoi ?
Narcisse ne sait pas.
Elle ne comprend pas.
Alors qu’elle devrait se faire mutique.
Parce que ce n’est pas elle qui décide.
Elle hoquette malgré tout contre les draps :

▬ Qu-Quelque chose… ne va p-pas… ?

Ne peut retenir la question.
Parce que c’est dans sa nature de s’inquiéter pour les autres et même toi, Alastor, tu y as droit.

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Narcisse étouffe.
Le cœur qui bat aux tempes.
Elle s’est rarement sentie aussi vivante.
Sans savoir si c’est une bonne nouvelle.
Est-ce qu’on attend cela d’elle ?

Hoquette des mots.
Et tu resserres ta prise.
Lui coupe le souffle.
Cheveux que tu tire et une main dans son dos.
Corps qui se cambre, grimace sur les traits.
Mais pas un son ne lui échappe.

Non.
Narcisse ne sait pas comment le prendre.
Est-ce que tu réponds à sa question ?
Ou à une interrogation interne ?
Et ça claque.
Elle se mord la lèvre.
Toujours pas de son.

Soudainement, tu t’écartes.
Et Narcisse a l’impression que l’air revient enfin dans ses poumons.
Se retournant sur le lit.
Rabattant ses jambes pour s’asseoir en tailleur et le regard aux pupilles dilatées qui te fixes.
Elle observe tes mouvements.
Ton allure, Alastor.
Narcisse elle lit.

Jusqu’à ce que tu t’allonges à côté.
Soufflant que tu as besoin d’une pause.
C’est étrange cela… mais elle comprend.
Ses doigts frôlant là où tu as posé les tiens.

▬ J’ai… J’ai comme une impression de… je ne sais pas.

Ça lui secoue les entrailles.
Quelque chose qui remonte de loin.
Souvenirs oublié sûrement.
Et à la fois, tu ne veux pas y croire.
Comment c’est possible ?
Sourire soupir.
Elle touche encore.
Comme si la réponse allait apparaître.
Se dessiner sur sa peau.

▬ Irréel… désolé.

Doux murmure.

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Employée à savoir.
Elle n’en est pas certaine, Narcisse.
Ce n’est pas son rôle, savoir.
Dire la vérité un peu plus déjà.
Bien que cela ne soit pas non plus ça qu’on attend d’elle entre ses murs.

Son regard te détailles, Alastor.
Narcisse elle analyse le ton de ta voix.
Tes gestes.
Elle lit tout ce qu’elle peut.
Cherche à démêler, alors que tu reprends bien vite la parole.

▬ Au dessus de nous...

Murmure léger.
Plus pour elle-même que pour toi.
C’est quelque chose de transcendant.
Cela vous dépasse en tout point.
Vous supplantes dans cette chambre.

Durant un vague instant, Narcisse essaye de se replonger dans le passé… celui qu’elle avait ici à Wonderland.
Parce qu’elle le sait.
Elle sait qu’au début on ne l’appelait pas ainsi.
Et pourtant, impossible de mettre le doigt dessus, alors que cela semble être juste là, sur le bout de la langue.

Tu lui dis de se rhabiller.
Non, tu lui ordonnes, Alastor.
Bien éduquée, Narcisse va se couvrir.
Enfile la longue robe de chambre noire en satin qui traîne sur le dossier de sa chaise à la coiffeuse.
Elle la noue à sa taille, juste avant de se tourner à nouveau vers toi.
Narcisse n’en fera pas plus.
« S’habiller » n’est pas une notion qu’elle comprend de la même façon que le commun des habitants de cet étrange pays.

▬ Est-ce que je peux vous êtres utiles, d’une quelconque autre manière ?

Elle se sentait mieux, loin de tes mains.
Son professionnalisme ressortait soudainement.
Nouvelle risette, toujours plus belle.

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Regard doux sur ta silhouette.
Qui se perd sur les traits de ton torse.
Détailles les cicatrices.
Les éclats d’existences… bien trop longue.

Tu dis que tu ne paiera pas, Alastor.
Cela, Narcisse s’en doutait.
Elle n’a même jamais imaginé le contraire.
Parce qu’après tout, même s’il s’était passé quelque chose… Benvolio te fait attendre, n’est-il pas normal que tu profites de ses filles, alors que tu patientes ?
Bien sûr que si.
C’est la moindre des choses.
Narcisse le sait et ce n’est pas la seule chose dont elle a conscience.

▬ Oh… je ne le sais que trop bien.

Tes désirs ils sont siens.
Elle a ouvert ta boite, Alastor et Narcisse sait qu’il n’y a rien pour elle là dedans.
Rien qu’elle puisse combler.
Parce qu’au fond… il n’y a rien.
Toi aussi tu es fais de vide.
D’un vide qui te pèses bien plus que ce que tu le souhaite, n’est-ce pas ?

Regard qui suit la clope entre tes doigts.
Puis la fumée qui s’échappe de tes lèvres.
C’est là que tu as repris la parole.
Elle approuve d’un mouvement du menton.
Narcisse est bien son prénom.
Et tu poses cette question.
Fameuse interrogation qu’elle se plaît à demander à tout vas sans avoir de réponse personnelle à fournir.
Son sourire se crispe légèrement.
Notamment quand tu lui intimes de ne pas répondre « rien », mais aussi de ne pas mentir.
Tu ne le sais pas, Alastor, mais Narcisse ne ment jamais et sa réponse risque de te déplaire.
Pour votre plus grand malheur à tout les deux.

▬ De rien. Là est sûrement le problème, mais je n’ai envie de rien. Son regard qui se plante dans le tiens. Tout comme vous. Il n’y a rien qui ressort et qui se dénote du reste. Vous désirez tout, et à la fois, vous n’avez envie de rien. Je pensais être la seule à être ainsi, mais il faut croire que nous sommes deux.

Il y a peut-être quelque chose à y comprendre.
Ou justement, absolument rien.
Du bout des doigts, elle caresse les pétales du bouquet le plus près de sa main.
Songe et non… il n’y a rien.
Pas d’envies.
Après tout, les objets ne sont qu’objets pour les désirs des autres, pas pour eux même.

angel of the morning ★
désirer est un verbe incompréhensible.
c'est ne pas voir.
c'est chercher.
c'est regretter l'absence,
espérer, rêver, attendre.


Trop jeune pour ne rien désirer ?
Non, elle ne croit pas.
Cela est seulement son enveloppe.
Son esprit lui, il est si vieux.
Il a enduré plus qu’une vie humaine.
Plus que ce qu’elle aurait dû vivre si…

Narcisse ne sait plus.
Et habituellement ce n’est pas quelque chose qui la hante, loin de là.
Elle s’est faite à cette vie.
Mais toi, Alastor, tu remues les doutes.
Le passé oublié et qui elle était.
Peut-être qu’elle désire savoir.
Comprendre pourquoi vous c’est ainsi.

Et bien sûr, tu demande, Alastor.
Comment peut-elle savoir ?
Il est vrai qu’elle ne l’évoque jamais.
Cependant, aujourd’hui cela semble différent.
Narcisse n’est pas une menteuse.
Pas non plus du genre à rester évasive.
Alors elle ne se démonte pas.
Après tout, Benvolio l’a bien choisi parce qu’elle avait cette capacité, non ?

▬ C’est en cela que réside tout mon pouvoir. Je sais ce qui vous anime, ou plutôt, ce qui ne vous anime pas.

Peut-être qu’elle en a trop dit.
Trop pour tes oreilles, Alastor.
Parce que tu l’allonge sur le lit, à nouveau.
Plaquée contre les draps.
Sursaut quand la cigarette brûle son oreille.
Pourtant, elle ne cris pas.
Se mordant l’intérieur de la joue.
C’est que Narcisse a connue bien pire.
Surprise qui pourtant s’imprime sur ses rétines.

Dis-moi, quelle est ta plus grande peur ?
Elle hoquette, prête à répondre.
Comme toujours.
Sauf qu’elle n’en a pas besoin.
Le cauchemars commence.
Narcisse se sent s’éparpiller.
Tes doigts qui s’enfoncent, glissent et dérapent… s’ouvre contre le miroir qui se brise.
Il y en a tellement des morceaux.
Beaucoup trop pour les recoller.
Seule sa tête reste intacte.
Le reste est bon pour la poubelle.
Larmes silencieuses qui roulent.
Et pourtant sa bouche articule ce simple mot :

▬ Voilà.