On aime le risque, surtout quand il est pour rendre visite au Bandersnatch. Terrible créature retenue contre son gré, forcée d'être un monstre..
C'est quelque chose dont tu t'es toujours amusé Meliodas, mais qui a fini par toucher ton petit coeur au fil des années. A force de le narguer du haut de l'arbre, tu t'es décidé depuis quelques temps à venir directement le voir dans sa niche.

Le chasseur n'est pas dans les parages tu te glisses dans les fenêtres des cuisines vides, sautes sur la table en équilibre et voles sans pression des tranches de lard exposée dans une corbeille avec du fromage. Tu laisses derrière toi une petite pièce d'argent envers ces grouillots qui n'ont rien demandé - et qui vont surement se faire disputer.

A la porte du chenil, tu observes la bête s'adonner à son sport et étires un sourire charmant alors que tu refermes la porte d'un coup de pied.

— « Evidemment ! Tout pour satisfaire sa seigneurie. »

Tu poses la corbeille sur une petite table collée contre le mur et t'approches à pas feutrés de Balthazar. Sans prévenir, tu t'assois en tailleur sur son dos.

— « Allez. Je sais que t'as la force nécessaire de me porter. Heureusement que je suis là, je t'apporte du challenge. »

Le corps tombe lourdement sur le sol et ses grandes mains enserrent ta nuque pour t'y maintenir. La pointe de la griffe s'enfonce dans la tempe mais tu ne perds pas ton sourire avenant. C'est que ça t'excite presque Meliodas d'être ainsi malmené. Surtout par le Bandersnatch. Tu sais surtout qu'il ne tuera pas - il s'est trop attaché à toi depuis les années où tu viens l'emmerder. Lui aussi, doit être un peu masochiste car jamais de toi il n'arrive à se débarrasser.

— « Déçu carrément ?! Allons, n'emploie pas aussi des mots que tu entends tous les jours aussi durement... Tu sais que j'ai un coeur sensible. »

Tu renifles, fais semblant d'être attristé par ses remarques puis te redresses en te massant le cou lorsqu'il te relâche.
Le voilà qu'il juge maintenant ce que tu as volé pour lui !

— « Monsieur Bandersnatch n'est pas facile à satisfaire... Moi qui avait si hâte de venir te nourrir à la cuillère. »

Tu lui fais un clin d'oeil, puis parait offusqué.
Toi, nul ?
Tu croises les bras et lèves le menton d'un air boudeur.

— « Si nul signifie extraordinaire et exceptionnel, je veux bien l'accepter. »

Tu t'étires, toujours assis en tailleur sur le sol.

— « Bon c'est quand on se fout sur la gueule pour ensuite faire tes valises et que tu viennes vivre avec moi dans la forêt ? »

Ce n'est pas des griffes de Balthazar en particulier que tu crains. Ce n'est pas que tu es persuadé qu'il ne te tuera pas, c'est que tu es persuadé de réussir à lui échapper.
Tu joues avec la mort, tout les jours. Comme une vieille amie.
Oh, tu le sais, qu'il pourrait un jour déraper, franchir la ligne inexistante. Tu es dans la cage du Bandersnatch, tu en as conscience. Tu as juste décidé de n'en avoir rien à foutre.
De danser un tango avec le danger, de presque tomber dans le vide, les pieds bien accrochés à la maigre ligne sur laquelle tu t'es placé.

— « Il faut bien Balty. Si je ne m'estime pas, qui d'autre le fera à ma place ? Et toi tu es trop tendu, comme à ton habitude... »

Tu te moques presque de lui. L'observes déguster le lard du coin de l'oeil, méfiant à la vue de ses crocs mais sans arrêter de sourire.
Ton estomac se serre, alors que tu déglutis. T'as chaud Meliodas, surtout quand il est dans la même pièce que toi. Mais tu restes sage, le voleur est dans la cage, le monstre a la rage.
Un mot de trop et c'est le carnage.

Tu te redresses d'un mouvement sportif, pliant sur les cuisses pour pousser ton ascension. Tu avances vers le lit et te places à genou, croises les bras sur les draps pour y déposer ta tête.

— « Des trucs de valeur qui n'ont aucune utilité. Ça sert davantage la duchesse. »

Tu pouffes de rire.

— « Evidemment, mon objectif est tout autre. »

Et cette fois l'hilarité s'envole. Malgré un regard sérieux que tu plantes dans le sien, c'est avec légèreté que tu lui dévoiles ton plan.

— « La couronne. »

Tes yeux brillent Meliodas, d'un sérieux insouciant. Tu es déterminé, et personne ne pourra t'arrêter. Du moins, tu comptes bien sur le fait qu'un jour le Bandersnatch puisse t'attraper... moins sur l'éventualité qu'il te jette en pâture au chasseur, moins sur le fait d'être enfermé. Oh ce que ça te rendrait malheureux, l'absence de liberté. Tu ne supporterais pas d'être comme lui, soumis à un collier, prisonnier d'un aussi petite maison. Les bois sont ton domaine, et c'est libre que tu es Meliodas, pas mort, pas vivant, libre dans l'âme et le coeur.

— « Malheureusement Balty... Même si j'adorerai que tu me plaques violemment au sol pour m'arrêter, je te sais capable d'obéir à l'ordre de me tuer. Et vois-tu, je ne chéris pas spécialement le voeu de mourir une seconde fois. »

Soupire bruyant et surjoué, alors que tu le laisses te détacher les cheveux. Hausses un sourcil de surprise et clignes des yeux.

— « Hm... »

Tu passes ta langue sur ta lèvre et lui vole l'élastique des doigts pour te refaire un chignon à la va-vite, te lèves d'une flexibilité sans égal dans les jambes musclées.
Poses une main sur ton bassin avant de le montrer du doigt.

— « Mais bon pour ça il faudrait que tu saches grimper aux arbres. Et courir vite. »

On peut lire une provocation à peine innocente dans le fond de tes yeux quand tu le jauges.
Sautes sur le lit pour lui dérober une babiole sur la table de nuit.

— « Tu m'as l'air rouillé mon vieux. Tu manques d'exercice. »

Tu t'y attendais un peu Meliodas, à ce retournement de situation. Retournement de corps quand il bascule sur les draps, sous les bras musclés du Bandersnatch. Tu te laisses dominer par sa carrure, ni en état de fuir ni n'en portant une once de volonté.
Face à son sourire arrogant, tu t'en protèges en te cachant le visage avec ton bras. Tu étires toi même un rictus insolent et te retient de glousser comme l'idiot que tu es.

— « Pff... hahahaha. Qui sait.... »

Face au monstre, tu perds pied.
Face à la grandeur et à l'immortalité... aussi - alors que d'habitude elles te laissent bien indifférent. Drogué du danger, à croire que tu cherches à dérober bien plus que des babioles quand tu viens ici. Tu cambres le dos et laisses tes bras retomber sur le matelas, alors que tu hausses un sourcil dédaigneux.

— « Si tu penses à me casser en deux juste avec tes mains, oublie. »

Tu tires la langue et te redresses pour t'accouder vers l'arrière.
L'équilibre et le gainage dessinent tes abdominaux  et son souffle chaud vient s'échouer lentement sur sa peau. Tu n'as pas honte de ta masculinité Meliodas et l'ego est aussi fort même en voyage - tu te soumettrais bien à lui mais serait-ce seulement honnête ?

— « Pour le reste je ne dis jamais non. »

Tu viens enrouler tes jambes autour de sa taille pour rouler et échanger vos places. Tes mèches de cheveux tombent sur ses joues alors que tu restes près de lui.
Paupières qui frémissent et les dents viennent lui mordre la lèvre. A sang.
Meliodas au gré des frissons ne sait plus vraiment.

Tu le sens gronder entre ses dents et ça ne t'arrache même pas un soubresaut. Insolent Meliodas quand tu soutiens le regard du Bandersnatch. Le monstre ne fait peur que s'il sort les griffes et les crocs, et encore.
Tu n'as pas peur de grand chose, hormis s'il se décidait à les planter dans les personnes que tu aimes et veux protéger. Tu sais qu'il en est capable, si on lui ordonnait.

Il tire sur tes cheveux et tu bascules la tête vers l'arrière sans résister, le regard baissé pour chercher à capter le sien, sans sourire. Geins de douleur quand il croque la peau - fruit défendu Meliodas à la chair tendre et juteuse.

Vos lèvres se cherchent à mesure que les tiennes se font dévorer. Balthazar n'est pas doux et c'est exactement ce que tu viens chercher. Il y a une fascination pour la bête qui ne t'effraie pas, attise un désir presque juvénile à vouloir provoquer encore et encore (jusqu'à la mort).

— « La couronne m'irait bien mais c'est faire le détour dans ta niche qui m'amuse davantage. Les ambitions ne sont pas... » Gémissement. « ... un obstacle à mes plaisirs coupables. »

Le sang de la lèvre éclatée se pare en oeuvre d'art sur ta peau marquée. Tu détaches tes cheveux Melio, les laisses dans le bas de ta nuque et vient poser tes mains sur ses épaules pour prendre de la hauteur, le dominer du regard quand il prend déjà le contrôle du corps.
Désabusé.

— « Tu peux me juger autant que tu veux l'ami, t'as pas l'air foncièrement contre. »

Cette fois c'est toi qui vient chercher ses lèvres. Savoures la saveur, parcours l'épiderme et dessine le trait du masque d'os à sa mâchoire.
Nullement impressionné mais tellement fasciné.

Tu ôtes ton t-shirt, le balances à l'autre bout de la pièce.
Hausses un sourcil ; l'as-tu seulement déjà vu le torse pourvu d'un tissu ?

— « Qui a encore peur de la bête ici ? »

La bouche n'est décidément qu'outil esclave de l'arrogance.
Ça brule dans les entrailles.

La bête est réveillée, grogne et râle alors que tu soupires déjà. Tu prends tes aises, sur ce corps qui ne cesse de vouloir te dévorer. Qui marque ta peau pour en sceller sa propriété. Sommes-nous libre, face au Bandersnatch ?
Sommes-nous nous, aux bras de Balthazar ?

Tu aimes le regard qu'il te lance, lubrique jusqu'au bout des doigts, jusqu'à la pointe de ses crocs. Tu bascules avec lui, sens l'excitation grimper à mesure que vos bassins se frôlent. Fermes les yeux à sa question - grand sourire.

— « Moi ? »

Tu le laisses faire, l'invites à aller plus loin alors que la ceinture saute. Balthazar a l'habitude de semer la mort et d'entrainer la peur. Mais il est aussi réputé pour son avidité de la chair - d'une toute autre manière. Loin d'être le premier, loin d'être le dernier ; de quoi devrais-tu être effrayé, si ce n'est du fait qu'il ne t'apprécieras pas plus après ?

— « Je pense qu'on a été trop gentil avec toi. Ils sont tous à trembler face à toi mais... avoue-le. Tu n'es pas si méchant chien que tu en as l'air. »

Tu viens faire de même avec son bas, que tu baisses d'un coup sec malgré tes doigts délicats. Passes ta langue sur ta lèvre inférieur et rentres les épaules.
Il n'y a pas que lui qui peut se montrer vorace. Et tu sais où est ta place.

Malin Meliodas, quand tu imagines pertinemment que la provocation ne marchera que trop bien provoquera l'effet attendu et escompté.
Tu veux sonder sa colère, tu veux encaisser sa rage car tu veux l'avoir pour toi aujourd'hui comme il n'a jamais été hier, tu veux l'épuiser pour demain.

Et quand ta main vient chercher la sienne, tu t'abandonnes à vos doigts liés.
L'âme encore plus sauvage qu'au moment où tu es entré.