Dans un sens n’avoir à gérer la jeune femme fut comme un relâchement ces derniers temps. Sa capacité à poser les mauvaises questions au mauvais moment fut amusant mais avec le recul énervant. Il était incontestable qu’elle délirait alors que son comportement avait renvoyé à son sentiment d’être rattaché à un rêve. Tu te disais qu’elle comprendrait à son réveil la réalité de sa situation et à quel point elle se trompait. Il était impossible de s’endormir en un rêve et elle finirait par mettre cette logique en pratique. Entre temps tu avais ordonné qu’on la prépare à son réveil, qu’elle prenne une douche afin qu’elle cesse d’empester alors que tu avais choisi méticuleusement les vêtements qu’elle allait devoir porter. Tu te demandais si elle avait fait sa difficile alors que tu avais ordonné qu’elle ne manque de rien en matière d’alimentation. Tu étais convaincu qu’une personne qui paressait si têtue qu’elle n’avait touché aux aliments qui lui furent proposés. Peut être avait elle fait le choix de s’affamer toujours convaincu de n’être que dans un rêve ni plus ni moins.

Tu avais en ton cas géré tes affaires quotidiennes après l’avoir ramené en ton merveilleux manoir, après l’avoir emprisonnée entre ces murs. Tu n’avais le moindre remort concernant le traitement que tu lui imposais bien au contraire, tu estimais qu’elle devrait être reconnaissante pour tout ce que tu allais lui éviter. Elle n’était qu’une vulgaire Alice, du moins tu le supposais et t’appartenir signifiait clairement se libérer de bien des poids à Halloween City à condition de coopérer. Le plus dur allait être de lui faire comprendre ceci là où tu ne cherchais la moindre acceptation de sa part.

Tu attendais dès lors en ta bibliothèque en ce manoir qui était tien. Tu avais ordonné qu’on la fasse venir en cette pièce où il était possible de trouver une importante collection de bouquins en tous genres. L’un des coins était occupé par de nombreux instruments orphelins de leurs musiciens alors que tu étais assis en ton fauteuil non loin du foyer des lieux. Tu avais entamé une lecture, à savoir par hasard Macbeth attendant patiemment l’arrivée de ton invité d’exception. Il ne fallut que très peu de temps pour que des talons viennent se heurter au sol des lieux en écho au crépitement du brasier face auquel tu te trouvais.

« - Toujours à être dans le déni ? Je commencerai à me poser des questions vu la réalité de ton cauchemar. »

Tu savais qu’il s’agissait d’elle alors que tu avais ordonné qu’on ne te dérange en parallèle si ce n’est pour ramener celle qui s’appelait Andy.

« - Alors tu as fini par te nourrir ? Après t’être occupée de toi concernant ton hygiène et l’odeur de mort qui t’accompagnait. Que penses-tu de ta prison et de tes nouveaux vêtements ? »

Une question sur ton manoir et sur cette robe longue que tu lui avais imposé, manches longues, dos nu avec un col aux épaules tombantes le tout en une teinte cramoisi. Tu étais convaincu qu’elle allait encore répondre de travers du peu qu’elle t’avait démontré alors que tu étais toujours là en ton fauteuil, absente de ton champ de vision.

Elle ne se fit point prier pour cracher son venin. Au fond tu avais toujours eu l’habitude de ceci, d’un tel traitement et au contraire le tout avait le don de te stimuler en réalité. Ce n’est pas face à l’adversité que l’on avait tendance à se développer, à se bonifier. Il est vrai qu’en dehors d’Halloween City tout le monde te considérait comme un être infâme, abjecte mais ne reconnaissons pas la valeur d’un homme à celle de ses ennemis ? Tu ne tardas donc à doucement abaisser ton livre pour enfin l’observer, décrivant sa tenue qui lui allait relativement bien là où tu te disais ne pas t’être trop trompé sur sa taille. Sa colère et l’hostilité qui émanait de son regard n’ayant qu’un effet sur toi, te stimuler, te donner envie de lui donner encore plus de fil à retordre. Tu étais envieux de lui offrir encore plus de raisons de te définir tel qu’elle le faisait, de lui offrir de quoi te percevoir comme la pire monstruosité qu’elle pourra rencontrer en ce bas monde. Il était si triste pour toi et à la fois si amusant de rencontrer des êtres aux rares idéaux comme elle paressait en témoigner.

Tu finis donc par délicatement reposer ta lecture sur la table à tes côtés avant de te redresser et doucement faire quelques pas en sa direction. Tu allais être cinglant en chacun de tes futurs propos mais n’était-il pas nécessaire d’ouvrir les yeux à cette créature qui se trouvait des plus bien pensantes. Aux oubliettes la bienséance morale, seul les plus faibles s’entravaient de cela alors que tu avais fait le choix de croquer l’existence à pleines dents.

« - Tu penses réellement que j’ai quelque chose à faire de ton avis ? Une personne si cultivée que toi devrait savoir que l’avis d’autres n’a de l’importance et de la crédibilité que si l’on en accorde. »

Un premier coup porté de par ses mots, tu tournais doucement mais sûrement autour d’elle à chaque nouveau pas. Tantôt face à elle puis en son dos, tes orbites morbides se baladant auprès de sa silhouette tel un prédateur. Ce n’était pas une femme comme elle qui allait t’intimider même si en ton fort le plus secret tu la remerciais pour cette adversité et ce divertissement différent. Tu n’allais lui rappeler son état en les égouts, le tout serait trop facile. Tu avais d’autres idées et façons de lui faire comprendre qu’ici elle n’avait aucune valeur hormis celle que tu étais capable de lui accorder par moments.

« - De surcroît tu supposes vraiment que je t’ai amené ici pour simplement me nourrir de ta peur ? Je peux me procurer ce précieux sentiment de biens des façons en ce monde comme celle à laquelle tu as participé. »

Soupirant doucement, comme peiné ou attristé, comme si elle venait de drastiquement chuter en ton estime. Tu étais étonné de voir qu’elle n’avait pas vraiment compris la raison de sa présence en ces murs, la raison de sa survie ni plus ni moins.

« - Tu n’as toujours compris que tu es en vie pour ce que tu as entre tes deux oreilles, au creux de ton crâne ? Je me fiche que tu me détestes, que tu éprouves de la peur ce que je veux c’est simplement quelqu’un de compétant. Quelqu’un apte à abreuver ma curiosité, à me faire découvrir des œuvres que je ne connais et apte à tenir une discussion enrichissante. »

Bien sûr de toi, tu vins conclure par cette ultime phrase.

« - Alors ne stimule pas plus que ça l’idée de te jeter en Halloween City. D’autres trafiquants te trouveront rapidement et au mieux tu finiras en une maison close ou alors esclave, au pire violée et égorgée dans une des rues de la ville. Avant que tu ne rétorques ceci n’est pas de l’intimidation juste la stricte vérité. »

Pas peur de dehors ? Si seulement elle avait vu ce que l’humain est capable et encore plus en Halloween City. Il n’y avait de limites en cette ville et tu savais qu’inconsciemment elle se mentait à elle-même. Tu avais vu sa terreur en ce tunnel, en ces égouts fétides et à quel point elle tenait à sa vie. Il n’y avait rien du mensonge mais lui faire comprendre la vérité serait trop long, trop complexe et tu n’étais pas là pour faire une œuvre caritative. Heureuse, elle devrait l’être à tes yeux vu que tu n’avais jeté ton dévolu sur elle mais cela elle ne pouvait le comprendre. Tu l’avais convoité d’abord simplement pour lui donner la mort ensuite de par ses connaissances mais en aucun cas pour son physique. Tu aurais été tenté de la jeter comme une mal propre, de te débarrasser d’elle et de voir à quel point elle pouvait se débrouiller en cette ville de monstres. La surveiller et apprécier sa progression jusqu’à sa déchéance et un dur retour à la réalité. Il y avait tant de possibilités et il était impossible pour toi de trancher… De savoir ce que tu allais faire d’elle.

Elle se permit dès lors de faire une offre après avoir récupéré le livre sur la table néanmoins tu trouvais cela téméraire. Il lui manquait tellement d’inconnus dans l’équation que sa demande était des plus folles. Savait-elle qu’elle se trouvait devant l’être qui avait hérité des traits de Faust ? De la logique de ce protagoniste à la morale divisée. À pactiser avec un être comme toi il n’y avait qu’une alternative possible, y perdre et non pas y gagner. Décidément tu te demandais si ironiquement le destin ne voulait pas lui imposer un apprentissage à la dure, face à bien des adversités ou si elle avait le don pour se mettre en de biens mauvaises situations.

« - Oui je l’ai lu effectivement je ne passe pas mes journées à tuer des gens ou à en traumatiser d’autres. »

Une touche de sarcasme facilement discernable en tes paroles. Tu avais clairement remarqué qu’elle portait une grande attention à l’ouvrage, comme si sa simple forme physique avait eu le don de captiver son attention. Il ne restait plus aucun doute en ton esprit sur ce qu’il y avait en son cerveau. Une femme avec des connaissances qui était un vrai trophée et dont le potentiel serait sans doute gâché ailleurs mais car il y a toujours un mais là où tu es joueur, tu avais une idée. Il était temps à Faust d’imposer son pacte dément et d’ignorer le sien bien trop maigre, pas assez intéressant.

« - Cette offre n’est pas équilibrée surtout en ta situation. Ca serait plutôt à moi de proposer. »

Croisant les bras dès lors, immobile au milieu de la pièce où elle se tenait tout à l’heure. Tu étais pensif te demandant bien ce qui était susceptible de réellement t’intéresser toi au plus profond.

« - Tu vas apprendre à jouer d’un instrument ici, celui de ton choix et tu me feras un petit concerto après cela tu seras libre. »

Pensait-elle s’en sortir avec une simple discussion sur un livre ?

« - Ton périple dépendra de ta capacité à apprendre. »

Le tout allait être long néanmoins, tu souhaitais qu’elle sache jouer d’importants morceaux, non pas la première composition venue.

Et c’est ainsi que ses espoirs s’envolèrent, ce vieux clou glissant le long du parquet en un bruit qui ne manqua pas de raisonner en la pièce. Tu t’étais dès lors doucement contenté de pencher la tête en la décrivant toujours de ces orbites cadavériques. Pauvre femme qui ne savait réellement ce qu’elle faisait et ce avec quoi elle avait voulu jouer. Il y avait toujours des répercussions mais celle qui concernait cet acte serait en suspens pour l’instant alors que vous aviez d’autres sujets plus importants à aborder. Ignorant en réalité ce contretemps qu’elle venait de faire naître, votre sujet de conversation était bien plus intéressant et tu te devais de rapidement surenchérir sur ses propos. Tu n’avais pas de préférence pour un quelconque instrument même s’il est vrai que le piano était des plus nobles. Le violon ou le violoncelle était aussi de très bons choix mais de par cette question son choix était sans doute scellé au plus profond de son esprit. Pleinement satisfait tu ne pouvais l’être néanmoins de par encore et toujours ce détail qui était des plus récents alors que tu lisais avec tant d’aisance la terreur qui la traversait.

On ne tente pas de jouer avec un prédateur on se contente de l’observer ni plus ni moins et mademoiselle n’avait sûrement jamais appris cette leçon. Tu possédais en cet instant précis une rare tranquillité d’esprit, sachant pertinemment qu’elle venait elle-même de creuser sa propre tombe ou s’en rapprocher selon ton bon vouloir. Tu fis donc quelques pas en sa direction avant de délicatement récupérer l’ouvrage et le reposer contre la table où il se trouvait au départ. Tu étais là, face à elle alors que tu fis comme si de rien n’était encore une fois.

« - Effectivement j’ai un piano. »

Indiquant l’instrument qui se trouvait en un coin de la pièce auprès d’autres. Tu fus quelque peu étonné et amusé de voir qu’elle n’avait su le remarquer plus tôt. Tu avais fortement pensé le fait qu’elle fut trop occupée par son clou pour penser à autre chose et à sa propre survie d’une façon acceptable, d’une façon qui pouvait marcher là où sa tentative était minable.

« - Mais s’il te faut plus de temps alors tu en auras. Tout dépend de tes capacités à toi. »

Une dernière réplique concernant le fléau de bien des générations, le fléau d’une société et de l’humanité, l’absence de confiance en soi. Tu le connaissais, tu l’avais bien trop connu en ta vie de mortel même si tu ne t’en rappelais mais en tant que Belial cela faisait si longtemps que tu l’avais balayé. Tu vins avec la plus grande délicatesse te saisir de ses mains, les tiennes gantées glissant le long de ses doigts, de sa peau pour les attraper.

« - En cette proposition tout dépend de toi mais je suis convaincu que tu as du talent Andy. »

Tu tentas dès lors de docilement insuffler plus que de simples mots, tu tentas d’insuffler un sentiment qui devait lui être inconnu présentement de par ta magie. De la confiance ? Ou de l’espoir ? Une chose semblable sans doute mais qui pour une fois était entièrement dans son intérêt surtout de par sa grave erreur que tu n’oubliais pas. Tu n’oublies pas tout comme tu ne pardonnes pas ou alors très rarement.

Toi être déçu ? Il te suffisait de sortir de Halloween City et voir ce monde trop parfait à son image pour être déçu et il était donc possible d’assumer qu’elle te décevait aussi en permanence mais… Car il y avait toujours un mais, il y avait cette combativité en elle qui te donnait envie de te divertir avec sa personne doublée d’un savoir non négligeable. Son adversité avait le don de la garder en vie paradoxalement aux côtés de quelques autres plus à tes yeux. Tu n’avais pas spécialement envie de lever la main sur elle, d’abimer cette chétive créature mais il était nécessaire d’avouer aussi que parfois le tout te démangeait de par son insolence rare. Une insolence qui se fit des plus marquées en sa dernière prise de paroles alors qu’elle rejeta tes mains et eux une réaction bien étrange. Tu ne pensais pas qu’elle soit détraquée au point où les effets de ton pouvoir aient fini par faire naître une réaction improbable, tout sauf planifiable en elle. De vous deux c’était elle qui se devait d’être stable et non toi et tu avais du mal à interpréter le tout.

Tu n’avais perdu contenance néanmoins bien au contraire et elle venait une nouvelle d’un peu plus attiser ta curiosité même s’il y avait cette énigme concernant ton pouvoir. Tu ne te fis point prier pour raisonner à voix haute dès lors commençant à tourner autour d’elle tel un prédateur prêt à planter chacun de tes crocs en elle.

« - Il y a quelque chose qui n’est pas normal avec toi… Tu n’as pas réagi comme tu l’aurais dû… »

Un vrai mystère alors que tu ne te doutais nullement que son pouvoir était en cause. Qui aurait pu penser justement que Wonderland lui avait offert la capacité de réduire au silence la magie des autres à défaut elle-même d’en avoir une qui collait à sa personnalité. Quoi que même ce raisonnement que tu portais était erroné mais inconcevable à tes yeux. Tu vins de nouveau te figer face à elle en ton manège, ces orbites morbides au niveau de ses yeux alors que tu avais dû te pencher pour te mettre parfaitement à sa hauteur.

« - J’apprécie grandement ta proposition, l’audace peut être parfois bien récompensé mais… »

Car une seconde fois il y a toujours un mais avec toi, on ne jouait pas si facilement avec tes règles, avec tes offres. Tu te devais toujours d’avoir le dernier mot ni plus ni moins.

« - Et si c’est toi qui me tues… »

Ton masque s’ôtant sur ces mots, l’objet prenant la forme d’une simple boucle d’oreille qui vint se loger au niveau de ton lobe afin qu’il ne soit trop encombrant. Ton visage à découvert alors que ton souffle fouettait la peau de son visage, tu conclus donc ta phrase et ta proposition.

« - Tu seras dispensée d’y assister et de jouer ce morceau. »

Était-ce une provocation ? Sans doute alors que tu lui remémoras ce simple détail.

« - Comptes-tu courir jusqu’à ce clou rouillé et tenter ta chance Andy ? »

Accentuant le nom de la fille du feu, que le jeu commence.

Elle t’épiait comme bien d’autres quand ils pouvaient enfin voir ce visage. Ces traits qui n’avaient rien d’un monstre bien au contraire, cette unique parcelle de ton être qui n’était pas couverte de cicatrices. Des cicatrices issues de tes pires années, de ta renaissance ou de tes multiples divertissements et enfin des douces caresses de Blanche qui laissait toujours son empreinte sur toi tout comme tu lui rendais la pareille. Peut-être te pensais elle plus humain ainsi mais elle ne tarderait à déchanter face à tes multiples réactions qu’elle allait enfin pouvoir apprécier. Une réaction qui n’allait se faire tarder là où tu fus comme agréablement surpris et charmé par sa parfaite description. Vous ne vous connaissiez que depuis si peu de temps et voilà que son portrait était incomplet mais déjà intéressant. Si seulement elle savait comme le mot psychopathe était un doux euphémisme te concernant… Que tes activités ne se limitaient à la chasse à l’homme mais elle avait fait mouche concernant ton aspect artistique. Si seulement avait elle connaissance de ta relation conflictuelle avec les femmes même si tout se déroulait pour l’instant plutôt… Bien avec elle.

Tu la vis ramasser le clou, amusé alors que tu souriais face à cette situation qu’elle t’offrait et ses propos ampli d’un rare espoir. Cette médiocre arme face à toi, tu vins la saisir brutalement d’une de tes mains pour lui arracher d’un geste sauvage. Tu jetas dès lors l’objet bien plus loin en la pièce avant de faire un nouveau pas vers elle, atrocement proche alors que les frontières de l’acceptable se détruisaient.

« - J’apprécie ta description de ma personne je dois l’avouer même si elle est minime et que tu ne doutes point du fait que cela est juste la partie visible. »

Ses mots frais à elle, son refus de se soumettre. Tu ne pouvais y remédier présentement mais contrairement à d’autres tu avais exigé quelque chose de simple la concernant, une petite ingrate doublée d’exigence. Quel sort allais-tu lui réserver ?

« - Je te retourne le compliment, dommage tu es presque charmante… Si tu n’étais pas si indomptable même si ceci te rend… Comme irrésistible. »

Tu ne te fis point prier sur ces propos pour attraper son poignet et la tirer vers toi, l’enlaçant en une putride étreinte. L’abjecte création que tu étais la choyant alors que tu avais fait exprès de poser ton front contre le sien. Tu avais bien souvent utilisé la violence physique sous sa forme la plus simple ou encore la psychologie mais ici tu avais varié les deux en quelque sorte. Un acte non pas forcément des plus exotiques en ton esprit destructeur tu repris bien rapidement la parole en la retenant à tes côtés. Ton regard ne fuyant le sien bien au contraire, vos êtres si proches.

« - Continue de dire que tu ne te soumettras pas Andy, c’est si beau car tu ne te rends pas compte que je pourrais t’enchaîner dans la plus sombre salle de ce manoir. Que je pourrais ensuite te laisser croupir te nourrissant simplement en te brisant jusqu’au point où tu n’oserais même plus sortir de cette prison, la considérant comme ton foyer. »

Tu avais soufflé cela avec ce ton si glacial, cette voix dénuée de vie concluant définitivement par cela.

« - Tu souhaites encore me tenter ? »

Pas la moindre phrase, juste un semblant de protestation de sa personne qui vint bientôt se taire pour ton plus grand plaisir ? Venais-tu de gagner ? Il ne fallait crier victoire trop tôt mais tu étais convaincu avoir fait un grand pas en ton entreprise ou plutôt celle que tu voulais lui imposer. Tu ne savais juste pas ce que tu pouvais estimer comme trop facile ou non avec elle ne connaissant guère plus sa résilience. Peut être était elle plutôt du genre à aboyer qu’à mordre tout bonnement comme beaucoup trop de monde. Tu la voyais si merveilleusement incapable de rétorquer une réponse négative face à une potentielle triste réalité. Tout son corps témoignant de son mal être, ces quelques gouttes perlant son visage et te faisant triomphale sans qu’elle ne se soit permise de prononcer quoi que ce soit encore. Son aveu ne tardant à tomber, celui-ci sonna au creux de tes oreilles comme la plus belle mélodie possible en ce moment précis.

C’est en un rare acte d’humiliation que tu vins déposer le plus délicatement possible tes lèvres contre sa joue avant de doucement te redresser et la dominer de ta carrure. Ton étreinte se faisant plus fébrile alors que tu vins la relâcher, un léger sourire auprès de ton faciès. Il n’était pas triomphal mais assez vicieux, assez amusé par la situation…

« - Enfin une parole raisonnée, magnifique. »

Tu désignas donc du regard la porte de la bibliothèque rajoutant ce simple commentaire.

« - Tu peux disposer, nous nous reverrons pour le dîner. »

Tu ne doutais point du fait qu’elle allait partir maintenant, retourner en la chambre qui lui était attribuée qu’un de tes serviteurs allait lui indiquer. Tu avais d’autres choses à faire et surtout présentement tu devais lui laisser retrouver consistance pour la voir qui sait plus tard te tenir tête de nouveau, un divertissement agréable. Tu fis quelques pas en la pièce donc pour rejoindre ton fauteuil non loin de la lecture que tu avais entamée avant qu’elle arrive.

« - Et n’oublies pas ton clou, peut être qu’il te servira un jour. »

Remuant déjà le couteau en la plaie fraîche, tu étais infecte et impitoyable même en les moments d’apaisement alors qu’elle venait de passer son pacte avec le diable. Elle le respecterait et tu ferais tout ce que tu peux pour t’en assurer et la briser si nécessaire.