t’es tranquille peinard à te griller une clope à la fenêtre, t’viens de terminer de distiller une nouvelle eau de vie qui pourra faire rougir salement l’absinthe et la chartreuse tant elle les surpasse en degrés et saveurs - parole de johnny, ça va défoncer les gosiers de tout wonderland

c’est là que tu le vois arriver, alec - et t’en lâches ta clope, yeux écarquillés, la moue trou noir et la stupeur froide qu’apparait presto sur ta nuque ; t’hésite même - genre est-ce que c’est vraiment lui ? on dirait un zombie, pire, un macchabée désarticulé

y’a du sang, y’a des râles, y’a des plaintes

ouesh mais tu te précipites jusqu’à la porte et reposes ses bras sur tes épaules pour le traîner tant bien que mal jusqu’au canapé mais ? t’es tellement sous le choc, et ah fuck whaaaat, y’a du filthy blood partout sur ton t-shirt, sur son t-shirt tu pisses le sang panique panique panique

qu’est-ce que t’as fait ? qu’est-ce qu’on t’a fait putain ? pas le temps de converser, pas le temps de penser, pas le temps de niaiser - johnny boy t’es en mode robot sauveteur
si tu te poses, tu vas clamser’ (et lui avec) de pas savoir quoi faire et de douleur par procu' parce que bordel, c’est ton bro dont on parle là, ton bro, ton pote, ton acolyte
alec, mais putain alec, ça craint, damn it fait chier

tu pars chercher une serviette et une bassine d’eau, choppes une bouteille de rhum au passage serre les dents, ça va piquer tu dis, avant de lui enlever son haut pour y découvrir l’auteur du massacre : a s l a n

aslan ?
mister charming bodyguard ?
aslan ? the aslan ?

poings serrés, moment de flottement -  tu é c l a t e s de rire, relâches la tension, retombes l'cul sur le divan ok aslan baby, on va faire joujou soon toi et moi

et tu ris tellement, et t’as tellement la haine au gosier, et t’as tellement l’amertume au palais, et t’as tellement la rage dans tes éclats hilares - qu’on dirait que lulu’ a décidé de prendre congé de son trône infernal pour venir te posséder, histoire de se faire un barbecue avec tes neurones m’voyez

alec, t’es franchement qu’un pauv’ con soupire johnny be good, soupire, inspire johnny be good, inspire t’as le pif pour te fiche dans les ennuis les plus wtf hein imbibes la serviette de rhum, la poses sans ménagement sur ses côtes j’vais te réparer honey couleuvre mielleuse - et tu souris, mais ça te fait chier de sourire parce que putain t’es bien amoché mh

pensif

te redresses t’avises pas de retirer la serviette récupères ton blouson qui traîne au sol, vous sors deux cigarettes, des allumettes, une que tu cales entre ses lèvres, la seconde entre les tiennes j’ai de quoi effacer tout ça pointes d'un doigt l’affreux outrage par contre ça va faire mal silence vraiment mal

expires
regardes les tâches rouges sur tes manches
j’te conseille de boire cul sec ce qu’il reste de rhum

alec, t’es franchement qu’un pauv’ con
t’laisses pas crever ou j’viendrais pisser sur ta tombe tous les jours jusqu’à ce que ton fantôme se réveille et vienne me hanter l’amitié selon john j. ginsberg

ah ouais c’est pas du mytho hein, mister belle gueule portrait peinture de luxe déconne pas - t’as l’impression que plus il cause, plus il souffre - limite frère, stp, juste ferme ta gueule
c’est que t’as pas envie de vivre par procuration any longer ses tourments - la vue des bleus et des plaies te suffit amplement, merci adieu

te péter le bras hein ? alec a le cuir costaud - t’écrases ton mégot sous ta semelle et le jettes par la fenêtre - c’est un détraqué qu’a de la décence remarque, imagine il t’aurait coupé la teub, t’aurais plus été capable de bander ou d’pisser - sainte marie mère de jésus jouit, quelle horreur petite voix de pouffe, rictus salut, humour noir bonsoir

faut bien détendre l’atmosphère

mais putain t’as la haine, t’as la fucking big mama haine but well, t’as la haine sourde… t’sais pas quoi dire pour qu’elle se casse, et t’as pas envie d’consoler alec parce que, ça sert à r - sérieux, est-ce que ça lui enlèverait le sang qui trisse de ses blessures de dire « omg, je me sens si mal pour toi bouhou » ? c’est un truc de fiotte

sortir de ta vie ? tu tiques, hébété - alec qui fait dans l’émotion, c’est nouveau et ça te fait un peu plaisir ok t’avoues (mais ça te conforte surtout dans l’idée qu’aslan l’a bien déglingué) t’as cru j’étais un courant d’air ? j’suis un cancer mon loup et tu m’as choppé sorry, t’es condamné clin d’oeil

ok les choses sérieuses maintenant tu te craques les doigts, tu files dans la salle de bain et reviens avec une boite métallique et un pot de verre d’où ballote un liquide laiteux pas franchement reluisant ça tu l’agites sous ses yeux c’est un mélange de soude, d’alcool à 90 degrés et d’une mixture de plantes que j’ai acheté chez un apothicaire ; qui askip accélère le processus de cicatrisation t’as testé une fois, ça a marché, t’as guéris d’une taillade de couteau sur le ventre en trois jours au lieux de dix

allonges-toi tu dis, avant de lui tendre une canette de bière pour le courage, parce que le rhum c’était ma dernière teille’ tu lui tends ensuite un coussin pour le mordre, parce que sinon tu vas te décrocher la mâchoire traits crispés, johnny t’fais moins le malin

et tu s’assieds au bas du canapé, agites le pot de verre et lui retires son couvercle - parfum acide qui pique tes poils de nez rpz -  sors des gants de la boîte métallique, les enfiles presto

ready ? tu retires la serviette, soulèves le t-shirt let’s go tu prends une petite quantité de la mixture et l’appliques doucement sur les lettres - aussitôt ses chairs crépitent, dégageant des fumets vaporeux et nauséabonds de brûlé et de pourri : voilà ce que ça fait de dissoudre de la viande et d’la colmater en même temps

quand ce sera terminé, je m’occuperais du reste tu souris avec douceur, le diable en rougirait - et que ça reste entre nous alec ton bras, tes bleus, j’ai ce qu’il faut en attendant tu continues d’appliquer l’onguent et de pousser à la disparition la plus totale le prénom du pire des princes charmants

pas possible de n’pas ressentir sa douleur dans les échos de ses cris, coussin ou pas - t’le sais hein, combien ça fait mal d’avoir les chairs qui flambent et s’réparent du flambage, mais là c’est du level 100 niveau souffrance parce que c’est pas juste une petite plaie que tu lui colmates, c’est des trous béants

that’s it for now sourire crispé, tu retires tes gants, roules la serviette en boule, refermes le pot de verre des enfers et pousses un long, très long soupire - d’ici trois-quat’ jours t’auras plus rien ouais, finito bye bye le prénom du charming rat au tour de ton bras now sourire crispé second du nom, il a pas finit d’en chier, ah non, non

la couette c’est après, sorry, faut te les cailler un peu plus grimace embarrassée du type qu’est désolé mais qui s’en fou de l’être parce qu’il a mieux à faire du genre : te soigner retires ton haut pointes du doigt le t-shirt tout froissé, tâché, moite dégueulasse et va pas t’faire des idées clin d’oeil

tu te relèves, quittes le canapé, t’en vas te griller ta 3e tige de la soirée (et certainement pas la dernière), réfléchis quelques instants, le détailles de haut en bas, retiens un rictus mi-empathique mi-moqueur - c’est qu’il ressemble à un gros chien errant battu et j’confirme esh, t’es trop défoncé, donc tu gardes tes élans de baises langoureux pour quand tu pourras gambader façon gazelle et me battre au poker clin d’oeil bis

rpz la brolife

de la boîte métallique toujours ouverte, tu prends un rouleau de coton blanc, une fiole d’alcool et une sorte de pâte jaunâtre aux odeurs de pissenlits et de mimosa - c’est pas trop mal ; tu te marres un peu en sourdine parce que t’as l’impression d’être une infirmière à domicile, section pédiatrie pour gros baby avec gros bobos (ok tu pars loin)

et c’est tipaaaaar again tu te rassois sur le canapé à ses côtés, cales ta clope dans le cendrier, choppes délicatement - oui m’sieurs dames, il sait être délicat johnny - son bras tout foutu tout fichu puis le poses sur tes cuisses ; t’appliques la pâte avec générosité et minutie, te tords la bouche de peine et de dégoût lorsque tu sens sous sa peau les os qui bougent plus qu’ils ne le devraient t’as le coude fêlé, une entorse des ligaments au poignet et l’épaule démise ouais, être ancien boxeur ça aide, mais surtout : avoir des yeux qui peuvent grossir façon microscope ce qu’ils voient, jusqu’au plus infime sillon dans le derme, jusqu’à la plus infime émission de chaleur sous les tissus libidineux… ouais, ouais, ça aide

t’as loupé ta vocation, t’aurais dû être chirurgien

ok, maintenant tu t’attèles à momifier les susnommés poignet et coude - jusqu’à la jonction de l’épaule que CLAC ! tu remets en place - right t’as rien dis, right t’as pas prévenu mais oh, c’est mieux ainsi sorry la moue ingénue

un bandeau (que dis-je, un étau), aussi serré, faudrait s’appeler hulk pour le couper là, ça va t’permettre d’éviter que les fêlures s’aggravent petite tape sur sa joue gauche tâches de n’pas trop t’en servir, au moins pour une semaine, le temps que les os se revitalisent et que ton organisme fasse le reste fiouuuuuuu t’expires tout ton saoule et ta tension, avant d’retrouver l’amertume de ta clope et d’extraire deux canettes du pack traînant là

t’en coinces une entre ses mains, rabats un plaid qu’était replié en boule près de ton accoudoir, le déploies sur lui ; limites tu le bordes façon mochi, non - rouleau de printemps on dirait vraiment un petit papy tu ris

profond râle de contentement, roules ta tête sur son épaule safe tu sens mauvais hinhinhin, no shame, no filter go douche après stp

tu l’toises genre voir s’il va vraiment un peu mieux et si son coup des couilles de chameau - où t’as ris comme un gredin à t’en racler la glotte (aïe) - c’était pas un élan de perche de la mort de la douleur et poof il clamse ? non non ok il va bien

c’est juste son humour de merde qui répond à ton humour de merde

ouais tu pues la chienne clin d’oeil j’te connais fdp, t’viens de te trouver un joujou dangereux et t’vas pas le lâcher hein tape sur le crâne - ça t’empêchera pas d’y mettre ton grain de sel johnny, histoire d’affirmer qu’on touche pas à ta mif sans d’abord dire bonjour à tes dix doigts rpz

et pour ta gouverne, j’ai été champion de boxe petit air fier mais c’était avant petit air nostalgique j’suis sûr de t’en avoir parlé petit air de doute osef ouais osef - t’as qu’une envie là, c’est de kiffer votre moment de branleurs, les bières fraîches et les clopes à foison

du coup tu t’cales mieux dans le divan, les jambes sur lui - again (ouais on change pas les habitudes de femme au foyer trompée (humour humour)) en vert hein t’regardes les murs chaud de fou, ma vie pour le vert et le pétillement sauvage dans tes yeux ça fait ressortir le rouge ça sublime le sang

bordel t’as soif de sang

mh

stop it

j'veux un bain out of nowhere
ou comment exprimer à voix haute le brouhaha de désirs impromptus de ta cervelle

soupire

presto coup d’oeil sur son épaule - coucou johnny qui peut pas s’empêcher de s’inquiéter

soupire bis - dixième clope allumée entre tes lippes, moment de réflexion

alec t’sais pas si tu dois capter son regard ou si tu préfères le bazarder dans le vide you know qu’avec ana, vous êtes les seuls qui comptez ravales ta salive baby, craches tes vagues à l’âme tu comptes eeeeeeh mater le vide c’est chouette en fait si j’tourne mal, t’continueras à m’border le soir hein ? moquerie en deux teintes ; t’as juste envie qu’il te dise qu’il ne te lâchera jamais

that’s it