Les nouvelles vont vite à Halloween City.
Et, aussi ironique que cela puisse paraître, c'était bien cette ville qui était votre tanière, qui était la moins surveillée par tes précieux chuchoteurs.
C'était bien cette ville qui pouvait alors te cacher quelques vils secrets.
Et te rendre alors totalement insouciante des maux que tu peux provoquer sur ton passage, jusqu'à faire germer une mauvaise idée dans l'esprit déjà bien trop tordu de Belial, qui n'avait besoin que de ta seule flamme pour s'embraser.
Être ainsi conviée par ton ami et collègue, que tu respectais en tout point, ne te laissait pas vraiment en confiance. Il fut rare que vous passiez des soirées consacrées aux loisirs ensemble... Alors, même si tu te dis que cela ne pouvait que concerné le travail... Tu avais un autre pressentiment désagréable.
Sans pouvoir, un seul instant, imaginer ce qu'il en retournait réellement.
Le bruit de tes talons te précède et annonce ton arrivée.
Sonne le glas.
Le bureau d'Alastor. Divin gourou qu'on admire, et le seul à presque pouvoir se vanter de tenir ta laisse.
Tu ne discutes même pas cette proposition. A peine ton regard couleur miel s'attarde sur le sien et que tu le salue d'un léger hochement de tête muet... Tu te plies à cette doucereuse demande et glisse tes mains sur ta croupe pour rabattre ta robe contre... Et pouvoir t’asseoir face à lui.

Tu ne cherches même pas à prendre la parole. Tu sais qu'il a quelque chose derrière la tête. Quelque chose qu'il prend le soin de polir avant de le cracher bientôt sous ton nez. La courbe de ses lippes confirment tes doutes, Blanche. Et ses paroles, douce-amère, aussi.
Une légère grimace trahit l'habituelle quiétude et confiance qui orne ton faciès. Un de tes sourcils se arque... Et tu le questionne du regard. Même si tu fut une bonne menteuse... Il pouvait ainsi lire, l'espace d'un instant, ton trouble face à cette question. Tu savais pertinemment qu'il ne pouvait pas faire référence à ta rupture avec Judas : déjà car cela faisait un petit moment... Et puis... Il n'était pas du genre à jouer le grand frère protecteur et vengeur, prêt à sauter sur les cotes de la vilaine ex... Non?

« .... Excuse moi? »

Ce sont bien les premiers mots qui t'échappent alors qu'un instant, tu tentes de remettre de l'ordre dans tes idées. Loin de savoir comme la situation fut délicate et fortement fâcheuse, un rire volatile s'échappe de ta bouche outrageusement habillée de carmin.

« Tu me prends un peu au dépourvu... Alastor. Tu me connais plutôt bien, maintenant. Tu sais que les peines de cœur n'ont pas de place dans mon existence. »

Un soupire, et tu croises les jambes sans le moindre bruit, perle de pluie glissant le long de la soie de ta toile. Rictus au coin de la bouche, tu continues d'observer avec attention et incompréhension le gourou face à toi. Attentive et surtout curieuse... De connaitre maintenant les vraies raisons de ta présence ici.

« Mais... Tu sembles bien plus informé que moi. Alors, je t'en prie, Alastor. Abreuve moi de ton savoir. »

A tes yeux, rien n'échappe.
(si ce n'est la querelle de tes deux précieux amants)
Et c'est avec soin que tu détailles chaque infime mouvement qui anime le corps de ton interlocuteur. Ses mains, ses lèvres, et ce regard. Tu ne sourcilles pas quand il prend le temps de gâter son palais d'une douceur sucrée, dont l'odeur te chatouilles les narines un court instant... Mais pas suffisamment pour te détourner de ta nouvelle curiosité.
Si lui, à l'air peiné en constatant de l'effet de ton passage, toi, tu ne bronches pas. D'habitude, tu aurais laissé échappé un quelconque rictus satisfait, flattée dans ton ego. Mais ici, ces mots n'avaient rien de flatteur. Alastor présentait ça comme un réel problème. Et tu ne pouvais que savoir à quel point ce don était aussi une malédiction.
Tu n'es pas stupide, Blanche, et les propos du gourou finissent de mettre les pièces de puzzle en place... Bien que des morceaux manquent toujours. Cela explique l'absence de Judas et ses dernières esquives te concernant. De même pour Belial. Il était venu à ton esprit d'ailleurs qu'Alastor en fut coupable : comme pour, justement, les ramener dans le droit chemin et leur rappeler la tâche qui les incombait. Mais... Il y avait donc autre chose. Se... Disputer?

« .... Tu m'en vois... Désolée. Même si je doute avoir quoi que ce soit à me reprocher, tu en conviendras. J'ai toujours mit un point d'honneur à faire passer notre collectivité avant le reste... Tu le sais, non? »

Au diable les traîtres. A tes yeux, cette secte était plus qu'une idéologie. C'était une famille. Et tu désirais plus que tout leur promettre une place de choix...
Le sommet de la chaîne alimentaire.
Mère louve protectrice que tu étais.
Alors, ton dos se décolle lentement du dossier pour t'approcher du bureau qui te séparait de lui. Lentement, et avec attention, tu poses tes mains, tes griffes sur le meuble, pour fixer Alastor du miel de tes iris.

« .... Je ne suis pas responsable des possibles écarts que pourraient commettre ceux avec qui je.... Batifole. C'est important de séparer travail et vie privé, n'est-ce pas. »

Un nouveau rire, léger et simple. Tu retiens un soupire, de peu, pour le laisser mourir derrière tes lèvres avant même qu'il n'ait le temps de les franchir. Le poing sur la table ne la fait pas sourciller.... Mais fait naître un simple et très léger frisson le long de ton échine.
Deux prédateurs que vous êtes.
Yeux dans les yeux.

« Je ne te ferais pas l'affront de te dire que j'irai leur remonter les bretelles moi même... Car je sais que tu es capable de le faire tout seul, et surtout, qu'ils t'écouteraient plus que moi. Alors... »

Tu te penches, à nouveau. Une mèche blanche glisse le long de ton épaule pour s'échouer sur le bureau du gourou. Immobile, poupée de porcelaine, tes lèvres se mouvent, une dernière fois.

« Alors, finis de m'éclairer s'il te plait... Qu'attends-tu de moi ? Si tu y tiens tant, j'irais les gronder, mais... »
Mais il n'est pas question de cela, n'est-ce pas?

Bientôt, il peut profiter de ton parfum, et toi du sien.
C'est fou d'ailleurs que tu ne te sois jamais permis l’extravagance de tenter d'attirer Alastor entre tes draps.
Surement parce que, ironiquement... Tu le respectais trop pour ça.
Et encore une fois, les mots d'Alastor sonnent bien trop à tes oreilles.
Ce verbe sacrifier, couplé à cette individualité, où il fut clairement question de la tienne... Finit de te faire froncer les sourcils, juste avant que ses doigts agiles prennent pleinement possession de ton visage. Ton regard, qu'il cherche du sien, tu le lui offre. Et, même s'il t'en empêche, tu n'avais de toute façon pas tenter d'échapper à cette prise. Tu l'acceptes, docile, laissant au gourou bien plus de liberté que tout wonderland réunit.
Louve sauvage qui abaisse docilement ses oreilles face à son alpha.
Si tu n'es pas soumise, loin de là... Tu as au moins le mérite d'être obéissante.
Quand il commence à dévoiler l'esquisse d'un plan, tu n'as qu'à peine le temps de réagir qu'on fait de toi la plus précieuse des prisonnière. Tes griffes ici, ne te sont d'aucune utilité... Et tu te refuses à faire couler le sang dan ce bureau sacré. Lèvres closes, tu grondes face à l'emprise désagréable qu'on t'infliges malgré toi, peu habituée ta docilité aux premiers venus.... Tu ignores ceux qui te tiennent, comme s'il n'étaient point là. Tes yeux restent sur Alastor, et ce couteau entre ses doigts. Bien que ses muscles soient tendus et parcourut de quelques faibles spasmes, simples réflexes d'une bête n'appréciant que peu être tenue en cage, tu trouves malgré tout de quoi sourire, même lorsque la lame entame l'accoudoir.
Tu n'es pas chez les DS pour rien, après tout.

« Allons, Alastor. Je sais que tu es bien plus malin et réfléchi que ça. »

Doucement, tes paupières se ferment, juste un instant. De quoi mettre de l'ordre dans tes pensées. De quoi enrober tes propos, chercher à flatter Alastor, le ramener à la raison.
Car, si tout ça pouvait avoir des allures de vastes blagues et de menaces trop grosses pour être vraies...
Tu le connaissais maintenant suffisamment pour le savoir totalement capable de
mettre ses propos à exécution.
Et un instant même, tu te demandes si Judas lui même pourrait lui pardonner?
Lui, qui sait effacer tout ses excès.
Qui, d'elle où de lui, Judas?

« Je suis à tes cotés depuis bien trop longtemps, maintenant. Tu sais parfaitement comme je sais me rendre utile. Comme je te suis précieuse. Te priver de moi serait... Une erreur fort regrettable. Et tu n'es pas de ceux qui font des erreurs. »

De ta voix douce, tu distilles ta tendresse. Tu appelles le gourou à s'apaiser.
Tu caresses l'animal dans le sens des poils.
Tes yeux s'ouvrent à nouveau, et vont chercher les siens. Même s'il a diminué de taille... Un rictus, faible et timide, orne tes lèvres.... Surement pour offrir une bienveillance supplémentaire à son tortionnaire future

« Ne me fait pas payer leur travers. Tu sais pertinemment que ça ne servira à rien. Et ça serait... Contre-productif, pour notre cause »
Et tu sais très bien comme c'est tout ce qui importe, à ses yeux.
Du moins, presque.

Perfide et agaçant.
Alors pourquoi tu ne peux peux pas t'empêcher d'être, d'une certaine manière, éternellement fascinée par lui.
Il est profondément dérangé.
Définitivement plus que toi.
Rivalisant aisément avec Belial.
Tu ne peux même pas t'empêcher de ne pas lui en tenir préjudices,
quand il se moque allègrement de toi.
De ce lien, étrange mais présent, qui vous unit l'un à l'autre.

Tes yeux dans les siens, tu subis son rapprochement.
Tu ne cherches même pas à lui échapper.
Tu t'étais déjà poser cette question.
Quelle goût pouvait avoir la bouche d'un gourou.
Tu es à la fois déçue et ravie.
Ses lèvres sont aussi assassines qu'habiles.
S'il n'était pas qu'il était... Tu aurais pu en faire des merveilles.

S'il passe son doigt sur ses lèvres, toi, c'est ta langue que tu fais danser sur ces dernières, comme pour recueillir les derniers fragment de lui qu'il à daigné abandonner sans t'en cacher, amusée, joueuse.
Si tu savais qu'il n'aurait pas osé te faire du mal,
une voix intérieure et discrète t'avait rappeler de ne jamais baisser ta garde.
Que personne n'est irremplaçable.
Pas même toi, bien que cela blesse grandement ton ego.

« Je trouve aussi. Au moins là dessus, nous sommes d'accord. »

Tes mots ne font évidemment pas écho à ce que tu devines être l'ironie d'Alastor concernant l'attrait que tu faisais naître chez la plupart. Mais plutôt à ce combat, dont tu ignorais tout, qui avait visiblement animé Judas et Belial... Assez pour agacer votre gourou.
Tu es d'ailleurs ravie de retrouver la liberté de tes mouvements. Tu en profites pour te dégourdir un instant l'épaule droite, pestant silencieusement contre les chiens qui avaient osés poser leur patte indigne sur ta personne... Avant de porter tes doigts à ce poignard, toujours figé dans l'accoudoir. D'un geste sec, tu le déloges, et le tend à Alastor... Le faisant bondir entre tes doigts pour maintenant le tenir par la lame, et lui tendre la manche... Inoffensive. Tes yeux confrontés inlassablement aux siens, bien que bien doux et tendres.
Sans rancune.

« Ô, Alastor, si tu savais comme ces mots me brisent le cœur. »

Gorgée d'ironie à nouveau, alors qu'il s'amuse de la situation.
Tu décides de simplement l'y accompagner.
Après tout, il t'avait offert un joli frisson, et c'était chose suffisamment rare pour être soulignée. Et salué.

« Je sais que le tien est déjà prit. »

Qu'est-ce qu'on sous-entend, là? Prit par la secte? Wonderland? Opal? Judas?
Tant de possibilités.
Mais jamais de réponses.
On joue doucement avec tes flammes, Alastor.
Surement parce qu'on t'apprécie.
Même si tu montres les crocs.
Parce qu'on est comme ça, et qu'on aime les bêtes, surtout les plus sauvages.
Qu'on a un faible pour eux.
Surement pour ça qu'on t'a rejoins.
Parce que t'es beau à en crever, quand nos vies sont entre tes doigts.

Un soupire, et voilà que tu lui tournes le dos. Outre la pression et la provocation... C'est bien de la préoccupation qu'on peut lire dans tes grands yeux d'habitude si tranchants, Blanche. Parce qu'Alastor venait de t'expliquer pourtant ils t'avaient évités,
sans t'offrir aucune réponse.

« Je vais tirer cette histoire au clair. Savoir ce qui s'est passé. Et m'assurer que, plus jamais cela n'arrive, Alastor. »

Ce n'est même pas une promesse que tu lui fais.
Cette promesse, elle est pour toi.
Et toi seule.