tw; mort, light gore.

elle a toujours aimé le pourpre de cette sève — l’extraordinaire de son mouvement, l’élégance de sa phanie, la challeur de sa frénésie et
la célérité de sa fuite, quand survient, soudain, la féroce rupture de son égide.
c’est un ruisseau mêlé au sel d’un léger chagrin, à l’acidité des remords, à l’amer d’une brutale correction qui s’écoule — rivière amarante, elle dévale le ravin de la croupe, caresse la courbure des cuisses, et se jette sur la pierre. la main retient l’affluence, peine à sa rétention, les phalanges ripant sur le cruor obstiné à se vider là, sur le trottoir de macadam, se confondant avec la merde et les stigmates de l’averse de ce matin. elle supporte son supplice en considérant une dernière fois sûrement, le grenat profond de son sang; elle ne songe pas au soleil, à l’océan, à son père, qu’elle ne reverra jamais plus.
mais bien plutôt à ce fluide qu’elle a tant vu ruisseler d’autres corps, émaner de sa propre carcasse haletante.

il ne lui a pas fallu mourir pour savoir de quoi elle était faite — la réponse était évidente; elle était simple amas d’indiscipline dangereuse, de mauvais choix perpétuels, de narcissisme obscène et de témérité funeste. mais qui elle fut ne compte pas, plus; ce qui lui importe, encore, l’aorte peinant à résister, c’est tout ce qu’elle aurait pu être.

elle ne saurait pas bien comment panser la déchirure frustre et triviale qu’on lui avait infligée. elle sentait bien la texture familière des entrailles qui s’évadaient de sa panse, cherchant à singer le sang, mais le fil de sa pensée s’embrouillait, les vestiges de ses études sombrant dans la confusion. elle ne saurait même pas comment se sauver si elle se croisait là, la pommette placardée contre le bitume, la poigne nonchalamment posée sur ses précieuses tripes, l’épiderme érubescent, et les lippes qui commençaient à sécher.
elle ne sait plus comment soigner — elle a tant et tant de fois pillé, extrait, extirpé et dépossédé de défroques éthérisées, que guérir et sauver ? elle ne sait plus,
elle ne fait plus.

mais elle connait la valeur d’un rein sain, le montant d’une expédition, d’une opération illicite.
elle connaît le prix d’un mot de trop, de sa prétention exposée ; elle lui a valu Rosjan, sa violence, son indigence, son affection, son battant.
on dit souvent que les puissants se sentent esseulés, que le pouvoir est une partition de soliste.
elle dira que c’est tout autant le cas pour les misérables.

il y a un goût ferrugineux dans sa gueule — elle le connaît, le savoure — elle tente de déglutir, toussote un énième échec; et son dernier souffle sanglant finit par se dérober.